Homelie du 13 juin 2021

  11ème dimanche ordinaire   Année B

Ez 17, 22_24     Ps 91(92)     2 Co 5,6-10     Mc 4,26-34

Par le Père Jean Paul Cazes

Jésus est probablement un charpentier, comme son père Joseph, mais il est aussi paysan et poète.

Les deux paraboles qu’il nous donne aujourd’hui parlent de la croissance des plantes. C’est sous cet angle qu’elles ressemblent à la première lecture où Ezékiel parle aussi de la croissance d’un cèdre « sur la haute montagne d’Israël. »

Les paraboles sont des comparaisons. Jésus souhaite nous parler du Règne de Dieu et, pour cela, il utilise ce qu’il a remarqué dans la vie quotidienne des agriculteurs de Galilée. Ce sont des comparaisons, j’y insiste. Le Règne de Dieu n’est pas un homme qui jette en terre la semence ; le règne est comme un homme qui sème. Le règne de Dieu n’est pas une petite graine de moutarde, il est comme une graine de moutarde. Un peu comme le Saint Esprit n’est pas une colombe, mais comme une colombe.

De plus, la comparaison ne porte pas d’abord sur le semeur ou sur la graine. La comparaison porte, les deux fois, sur la croissance qui ne dépend pas du semeur, et sur la croissance inattendue pour une si petite graine.

Jésus est venu révéler l’existence du règne de Dieu à un peuple qui ne croyait pas à la vie éternelle. L’expression « royaume de Dieu », ou « royaume des cieux » est similaire à règne de Dieu mais elle a l’inconvénient d’indiquer un lieu ; or le royaume de Dieu n’est pas un lieu mais un état d’esprit. Il est donc préférable d’utiliser l’expression « règne de Dieu » qui met l’accent non pas sur un lieu, mais sur les valeurs que Dieu nous offre : l’amour, la joie, la paix, la justice ; et j’ose dire aussi : la vraie liberté, la vraie égalité et la vraie fraternité.

Toutes ces valeurs ont été semées dans notre terre par un homme, Jésus. Lui-même se compare à un semeur lorsqu’il dit dans son enseignement : « Ecoutez. Voici que le semeur est sorti pour semer. » (Mc 4, 3)

Jésus, par sa vie, son enseignement, ses gestes, sa mort et sa résurrection, a semé toutes ces semences. Elles sont déjà dans notre terre. La vie humaine de Jésus a été efficace. Devant les possibilités de découragement, de désespoir qui peuvent nous habiter, il y a là un premier acte de foi suggéré par Jésus : il a semé dans notre terre l’amour, la paix, la justice. L’acte de foi est nécessaire car nous voyons mieux et plus souvent autour de nous et en nous la haine, la rancune, la guerre et l’injustice. Nous sommes appelés à croire qu’amour, joie, paix, justice sont présents en nous et autour de nous et qu’ils travaillent la terre comme des ferments positifs.

Mais leur début est minuscule. On m’a dit quelques fois : : « Je regrette de ne pas avoir vécu du temps de Jésus ; je l’aurais suivi. » Peut-être. Moi, je pense plutôt que je ne l’aurais pas remarqué. Car, en réalité, peu l’ont vu au cours de sa brève vie terrestre. Pourtant, ça ne l’a pas empêché de semer toutes ses semences qui sont appelées à grandir.

La seconde parabole est très facile à faire comprendre aux petits enfants de 3 à 6 ans, non pas par des explications, mais en leur faisant mimer. Qu’est-ce que souhaitent les enfants, sinon grandir ? Ils sont comme une graine. Vous les asseyez par terre, et vous leur demandez de se faire le plus petit possible, de se recroqueviller sur eux-mêmes. Puis, par exemple sur un fond musical très léger, vous leur demander de se déplier lentement, puis de se lever, puis d’étendre les bras. Et lorsque leurs bras sont tendus, vous y accrochez ce que vous avez découpé à l’avance : des nids d’oiseaux, des feuilles, des fleurs … Je vous assure qu’ils comprennent très bien cette parabole de la croissance du règne de Dieu.

C’est par exemple de cette manière qu’on peut honorer la dernière remarque de Jésus : « Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre …dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. » Jésus est un excellent pédagogue. Il est venu nous révéler l’existence du Règne de Dieu et nous donner les moyens d’y accéder. Mais cette vérité, il ne nous l’assène pas en nous disant : « C’est la vérité, tant pis si vous ne la comprenez pas ! » Toute vérité est bonne à dire si elle est dite avec délicatesse ; toute vérité est bonne à dire mais si elle est dite pour le bien de l’auditeur. Et Jésus, qui est pédagogue, ne délivre pas la vérité sans faire attention à la manière dont ses auditeurs sont capables de l’accueillir. Pour être bonne pour nous, la vérité de Jésus nous est donnée avec charité, c’est-à-dire avec délicatesse et pédagogie. La vérité sans la charité risque de blesser ; la charité sans la vérité risque de n’être que de la guimauve. Le psaume 84 affirme avec beauté : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. » (Ps 84,11)

Voilà pourquoi le règne de Dieu a des débuts si petits : pour ne pas nous effrayer. Les débuts du règne de Dieu sont aussi petits que Jésus dans sa crèche.Mais leur croissance nous mène, avec Jésus, jusqu’au cœur de Dieu.

 

 

 

 

Homelie du 6 juin 2021    SAINT SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

Exode 24, 3-8     Ps 115 (116b)     Hbx 9,11-15     Mc 14,12-16+22-26

par le Père Jean Paul Cazes

Le temps pascal s’est terminé voici quinze jours. Dimanche dernier, nous fêtions la Sainte Trinité, c’est-à-dire le but de notre vie éternelle ; aujourd’hui, nous fêtons le Corps et le Sang du Christ, c’est-à-dire le moyen pour parvenir au but.

Dimanche prochain, nous retrouverons les dimanches appelés « ordinaires », les dimanches en vert, après cette longue séquence de violet en Carême et de blanc au temps pascal. Après le sommet du temps pascal, nous redescendrons dans la vie spirituelle habituelle. Un peu comme Pierre, Jacques et Jean sont redescendus dans la vallée après le sommet de la Transfiguration. Dans cette vie, on ne peut pas rester indéfiniment au sommet : il faut redescendre car c’est là qu’est notre vie, notre travail, notre engagement chrétien. Mais on ne descend pas dans l’état où on est monté : dimanche prochain, nous retrouverons la vie habituelle en étant formés et armés pour cela par le sacrement que nous fêtons aujourd’hui.

Je souhaite souligner trois points, sans pouvoir, malheureusement, les développer suffisamment : Vivre avec le saint sacrement, vivre personnellement comme le saint sacrement, vivre communautairement comme le saint sacrement. Il y aurait une quantité extraordinaire d’aspects à soulever, mais on ne peut tout dire.

Vivre avec le saint sacrement. Encore une fois, je ne vais vous apporter aucune explication scientifique. L’Eglise ignore, et moi aussi, comment le pain et le vin consacrés deviennent corps et sang sacramentels du Ressuscité.  Il n’existe aucune formule biologique ou chimique qui expliquerait la réalité spirituelle qui nous rassemble ce matin. Et heureusement ! Car si une telle formule existait, nous serions obligés de croire, ce qui ne serait plus la foi. Car la foi est essentiellement une adhésion libre. Mais il y a d’autres chemins que les explications scientifiques pour connaître la vérité, heureusement ; connaître quelqu’un ne se fait pas par formules mathématiques mais par une vie commune. La vie commune avec le Christ revêt beaucoup d’aspects : la prière, la lecture de la Bible, les actes de charité. Et, au sommet, l’Eucharistie reçue pendant la messe et vénérée durant les temps d’adoration. C’est en fréquentant le saint sacrement, comme on fréquente quelqu’un, qu’on apprend à le connaîtreet à le comprendre.

Vivre personnellement comme le saint sacrement, c’est mon second point. Si nous allons à la messe, ce n’est pas pour accumuler des jetons de présence comme les députés à l’Assemblée nationale. Il ne nous sera pas demandé combien de fois nous sommes allés à la messe ; il nous sera demandé si la messe nous a vraiment transformés, convertis. En exagérant, mieux vaut aller à la messe une fois dans sa vie et être enflammé par l’amour du Christ et des autres, qu’y aller 10.000 fois sans progresser d’un millimètre. Car un des buts de la messe c’est de nous permettre de devenir semblables au Ressuscité. Par le baptême, nous sommes fils et filles de Dieu, frères et sœurs du Christ ; par la confirmation, le même Esprit circule en Dieu et en chacun de nous. Mais comment ressembler au Christ qui, seul, a su plaire au Père ? C’est là où le saint sacrement vient à notre aide. Nous mangeons le pain consacré pour devenir nourrissants pour nos semblables. Nous communions au Christ ressuscité pour devenir comestibles, mangeables, pour nos semblables. Un des buts de la messe est de nous faire devenir ce que nous recevons. Nous recevons le pain vivant pour devenir à notre tour un pain vivant.  

Vivre communautairement comme le saint sacrement : c’est mon troisième point. Le corps du Christ est donné à chacun de nous pour que, tous ensemble, nous construisions le corps du Christ. Non, je ne bafouille pas ! Le sacrement de l’Eucharistie est donné à chacun de nous pour que nous construisions le corps du Christ qu’est l’Eglise. Les forces de chacun sont limitées ; les capacités de chacun sont limitées ; chacun n’a pas reçu tous les dons : ce sont des constatations de bon sens. Mais celui qui, après avoir communié, se retrancherait derrière ses limites pour ne pas coopérer à la construction de l’Eglise et à sa mission, celui-là n’aurait rien compris au sacrement reçu, il rendrait nulle sa communion, il viderait sa communion de sa signification et de sa portée. Si nous recevons le corps sacramentel du Christ sans aider à construire, chacun à sa manière, le corps du Christ qu’est l’Eglise, mieux vaut s’abstenir de communier jusqu’à ce qu’on ait décidé de retrousser ses manches. Prenons l’exemple de notre propre corps : si nous mangeons sans dépenser nos forces, nous risquons une mauvaise obésité. De la même façon, si nous nous contentons de « manger » le Christ sans nous dépenser pour son Eglise, notre vie spirituelle ne sera pas en bonne santé. Il y a mille façons d’être au service de l’Eglise : il suffit de prendre pour soi les annonces paroissiales de chaque dimanche et voir laquelle convient à nos capacités.

 

Vivre avec le saint sacrement, vivre personnellement comme le saint sacrement, vivre communautairement comme le saint sacrement : tout cela est très bien exprimé dans une des prières de la messe du 27ème dimanche ordinaire qui sera ma conclusion : « Accorde-nous, Seigneur notre Dieu, de trouver dans cette communion notre force et notre joie, afin que nous puissions devenir ce que nous avons reçu, c’est-à-dire le corps du Christ. »

 

Homelie du 30 mai 2021   Sainte Trinité   Année B

Dt 4, 32-34+39-40     Ps 32     Ro 8,14-17     Mt 28, 16-20

Par le Père Jean Paul Cazes

Nous avons commencé notre messe comme d’habitude par un signe de croix dit au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit : tel est le condensé de notre foi chrétienne. La Trinité, révélée par le mystère pascal ! C’est ce que représente devant vous la fresque peinte sur le cul de four de notre église. Vous y voyez le Père sous les traits d’un vieillard plein de sagesse qui tient le globe de l’univers. Le Fils est assis à sa droite comme nous le disons dans le Credo ; il tient sa croix et le livre des évangiles. Et l’Esprit, sous l’aspect d’une colombe, les baigne de ses rayons de feu.

 

La Sainte Trinité !

Certains chrétiens disent : pourquoi se compliquer les affaires avec la Trinité ? Il est suffisant de prier Dieu, de parler de Dieu. Pardon de le dire : mais, en ce qui concerne le langage, il n’y a pas de différence entre ces chrétiens et les musulmans.

D’autres chrétiens disent : « Je prie Jésus car le Père est trop lointain. » D’autres encore disent : « Je m’attache à l’Esprit parce qu’il est plein de dynamisme alors que le Christ est trop sévère. »

Peu s’adressent directement au Père et pourtant Jésus lui-même nous invite à utiliser ce mot de « Père ».

Que l’on passe par le Fils ou par l’Esprit Saint, la prière emprunte un bon chemin, dans la mesure où on la laisse aller jusqu’au bout. Et le bout du chemin de la prière, c’est le Père.

A la Pentecôte, nous avons compris que l’Esprit n’est pas là pour lui-même, mais pour nous rappeler ce que Jésus nous a dit. Et Jésus n’est pas là pour lui-même puisqu’il nous conduit vers le Père d’où il est sorti.

L’Eglise ne s’amuse pas à compliquer la foi. Elle se veut fidèle au Christ qui nous donne l’Esprit et nous conduit vers le Père. Et pour chacun de nous, c’est être fidèle au Christ et à l’Eglise que de recevoir l’Esprit et de vivre en enfants du Père.

 

Oui et pardon de me répéter – un certain nombre de chrétiens estime que croire en la Trinité est une complication inutile. Et pourtant, la foi en la Trinité correspond tellement à ce que nous sommes ! La Bible nous dit que nous sommes à l’image de Dieu ; qu’est-ce que cela veut dire ? Beaucoup de choses, par exemple : nous sommes nés de l’amour et faits pour l’amour puisque Dieu est amour ; nous sommes appelés à la liberté puisque Dieu est souverainement libre ; en nous et en Dieu existe le même Esprit, celui qu’il a insufflé dans les narines d’Adam selon le poème extraordinaire de la Création...

Je m’arrête sur un autre aspect de notre ressemblance avec la Trinité. Chacun de nous est en même temps fils, frère et père ; ou, pour le dire au féminin : fille, sœur et mère. Ces trois aspects existent en chacun de nous, même si, pour de multiples raisons, nous sommes fils unique et que nous n’avons pas d’enfants. D’une manière ou d’une autre, ces trois capacités de relation existent en nous : relation filiale, relation fraternelle, relation paternelle. Chacun de nous, dans l’unité de sa personne, est capable de vivre en même temps des relations de fils, de frère et de père.

 

En disant cela, ne pensez pas, s’il vous plaît, que je viens d’expliquer le mystère de la Sainte Trinité. Je ne viens pas de l’expliquer, mais de la suggérer. On n’explique pas un mystère comme on explique un problème de maths. Par contre, on le suggère pour mieux le découvrir, l’admirer, le chanter, l’adorer et en témoigner car les mystères de la foi chrétienne nous correspondent.

Il y a, évidemment, des différences entre la Trinité et nous ; il n’empêche que nous lui correspondons. Oui, nous sommes différents de la Trinité, mais nous lui sommes adaptés. Si bien qu’en méditant sur ce que nous sommes, nous entrevoyons ce qu’elle est. Le couple humain, là où deux personnes différentes construisent une unité d’amour, nous permet de comprendre que les trois personnes divines, différentes, sont unies par un unique amour.

Le fait d’être, en même temps fils, frère et père nous dit quelque chose de la Trinité. Car, encore une fois, nous lui correspondons.  Admirer quelque chose de la Trinité, c’est découvrir quelque chose de nous. Dire quelque chose de nous, c’est, par analogie, pressentir quelque chose d’elle.  

Pour souligner en souriant cette correspondance, qui est en même temps ressemblance et différence, j’évoque un tableau de René Magritte que vous connaissez certainement. Ce tableau représente une pipe accompagnée de la légende suivante : « Ce n’est pas une pipe. » La pipe est peinte avec beaucoup de réalisme, mais ce n’est pas une pipe qu’on peut bourrer de tabac et fumer. Entre le tableau et l’objet, il y a des différences évidentes, et pourtant le tableau et l’objet se correspondent.

D’une manière analogue, il existe entre la Trinité et nous de multiples correspondances. Au cas, donc, où l’un de nous serait tenté de brader la Sainte Trinité, soi-disant pour simplifier notre foi, qu’il fasse attention à ne pas brader et abimer l’être humain qu’il est lui-même. Car la Trinité – grâce à la diversité des trois personnes et à leur unité la Trinité dit quelque chose de ce que nous sommes, nous, les êtres humains.

Méditer la Trinité, c’est découvrir qui est l’homme, découvrir qu’il est une personne c’est-à-dire bien plus qu’un simple individu.

Permettre à l’homme d’augmenter ses capacités de relations filiales, fraternelles et paternelles, c’est rendre gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit.

 

Un théologien disait en une formule condensée : « La Trinité, c’est mon programme social. »

J’espère vous l’avoir suggéré.

 

 

 

 

Homelie de l’Ascension de l’Année B (13 mai 2021)

 

Lectures : Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20

Il y a 40 jours, nous avons fêté la Résurrection du Seigneur Jésus. Le jour de Pâques, Jésus acquiert en effet une vie nouvelle qu’il manifeste à ses amis au cours de diverses apparitions, à Jérusalem ou en Galilée, mais cette vie nouvelle n’est pas encore étendue à toute l’humanité.

Aujourd’hui nous célébrons l’Ascension, ou bien comme l’écrit l’évangéliste saint Marc dans la finale de son évangile et comme nous le proclamerons dans le Credo tout à l’heure, nous rappelons que Jésus « est monté aux Cieux » et qu’il « est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ». Ceci indique d’une part, qu’il a rejoint la gloire et l’honneur de la divinité, où il était engendré comme Fils de Dieu avant tous les siècles, et d’autre part, qu’il participe à la puissance et à l’autorité de son Père, car Jésus-Christ est, avec son Père, Seigneur de l’univers et Seigneur de l’histoire. Par ailleurs, cette glorification de Jésus, élevé au même rang que Dieu le Père, signifie qu’il reçoit du Père le pouvoir de communiquer ce qu’il a lui-même obtenu : il peut désormais nous transmettre sa vie divine de Ressuscité et nous envoyer son Esprit Saint.

En outre, cette exaltation de Jésus est l’expression de son désir permanent d’être auprès de son Père. Car, sorti du sein du Père, Jésus est venu dans le monde pour conduire les hommes au Père ; il n’a pas d’autre volonté qu’être lui-même avec son Père et associer tous les hommes à la même gloire que lui. Donc si Jésus rejoint son Père, il nous donne aussi accès à son Père. Grâce à lui, nous discernons notre horizon et notre avenir et notre regard peut fixer le ciel : nous avons l’impression que le ciel a été créé pour que nous puissions louer et glorifier le Seigneur.

Saint Paul a écrit dans un texte que nous lisions le jour de Pâques : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. » (Col 3,1) La vertu d’espérance consiste donc à tendre vers Dieu, à jeter l’ancre en Dieu. À travers leurs recherches satisfaites ou insatisfaites, en participant à la création, en vivant dans la prière et la charité et en amenant leurs frères à l’Évangile de la vie, les chrétiens parcourent les étapes de ce trajet vers Dieu. Lorsque Jésus monte au ciel, il disparaît aux yeux de ses amis, de ses disciples et aussi de Marie sa mère, mais il les élève tous avec lui. Il échappe à leurs regards, pour être présent d’une autre manière. Son absence, en fait, est une présence de Jésus encore plus intime et plus belle. Désormais par l’Esprit qu’il enverra, Jésus ne sera pas seulement à Jérusalem ou en Galilée, mais partout sur la terre, en tout homme qui croit en lui. Voilà pourquoi dans les Actes des apôtres, les disciples sont interpelés par les anges, des messagers de Dieu vêtus de blanc. Les apôtres doivent se relever, se mettre debout pour annoncer la Bonne Nouvelle dans le monde entier. En montant au Ciel, Jésus ne nous abandonne pas, mais il nous prépare une place, il nous y installe déjà, pour que notre vie terrestre soit plus belle et plus spirituelle. Ainsi le Seigneur profite-t-il de notre collaboration, pour poursuivre sa mission.

Pour résumer, voilà ce que commente le pape Benoît XVI dans son livre Jésus de Nazareth (t. 2, p. 320-321) : « Le Jésus qui prend congé ne s’en va pas quelque part sur un astre lointain. Il entre dans la communion de vie et de pouvoir avec le Dieu vivant, dans la situation de supériorité de Dieu sur toute spatialité. Pour cela, il n’est pas « parti », mais, en vertu du pouvoir même de Dieu, il est maintenant toujours présent à côté de nous et pour nous. (…) Puisque Jésus est auprès du Père, il n’est pas loin, mais il est proche de nous. Maintenant il ne se trouve plus dans un lieu particulier du monde comme avant l’Ascension ; maintenant, dans son pouvoir qui dépasse toute spatialité, il est présent à côté de tous et tous peuvent l’invoquer – à travers toute l’histoire – et en tous lieux. »

Nous sommes faits pour le ciel et tous les maîtres spirituels en ont exposé un aspect au cours de l’histoire de l’Église. Un siècle après l’apôtre Paul, saint Irénée écrit : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, mais la vie de l’homme c’est la vision de Dieu. » La finalité de l’homme n’est à rechercher ni dans l’homme ni même dans la création qui lui a été confiée ; elle est en Dieu seul. Au XVIème siècle, Thérèse d’Avila enfant l’avait très bien compris à sa manière. Elle n’avait que 7 ans, lorsqu’elle entraîna son frère Rodrigo loin de la maison paternelle, chez les Maures, c’est-à-dire les Musulmans qui vivaient en Espagne, dans l’intention de se faire décapiter et d’obtenir ainsi la gloire des martyrs. « Je suis partie, écrit-elle dans sa Vie, parce que je veux voir Dieu, et que pour le voir, il faut mourir. »

Au XIXème siècle, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voulait elle aussi monter au ciel. À 5 ans, elle en parlait déjà à sa mère, Zélie Martin, qui écrivait dans une lettre : « La petite Thérèse me demandait l’autre jour si elle irait au Ciel. Je lui ai dit que oui, si elle était bien sage ; elle me répond :  » Oui mais si je n’étais pas mignonne, j’irais en enfer… Mais moi je sais bien ce que je ferais, je m’envolerais avec toi (maman) qui serais au Ciel, comment que le Bon Dieu ferait pour me prendre… tu me tiendrais bien fort dans tes bras ?  » » Plus tard, alors qu’elle est entrée au Carmel, sainte Thérèse écrit qu’elle a toujours  désiré d’être une sainte, mais qu’elle se considère trop petite pour atteindre ce désir d’aller au Ciel ; voilà pourquoi elle a cherché le moyen le plus rapide d’y accéder par une petite voie toute nouvelle, qu’elle présente dans son troisième cahier manuscrit : « Nous sommes dans un siècle d’inventions : maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Éternelle :  » Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi.  » Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu, ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel, j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé :  » Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux !  » Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. Ô mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux chanter vos miséricordes. » (Ms C, 2 v°, 3 r°)

Voir Dieu ! Je voudrais tant que ce soit le désir fondamental de chacun d’entre vous. Vous n’avez été créés ni pour la déchéance ni pour la mort, mais pour la vie, la vie en Dieu, la communion à Dieu. Participer à la vie de Dieu dès maintenant, c’est déjà le voir et jouir de sa bonté. Voilà le chemin que le Christ est venu tracer pour tout être. Élevez donc votre âme vers le seul Seigneur de la Vie ! Amen !                                                                Père Yvan Maréchal

Homelie du dimanche 9 mai

9 mai 2021   6ème dimanche de Pâques   Année B

Ac 10, 25-26+34-35+44-48     Ps 97     1 Jn 4,7-10     Jn 15, 9-17

Par le Père Jean Paul Cazes

Quand Jésus nous dit : « Bienheureux les pauvres… » je pense qu’il veut d’abord parler de son Père, de lui-même et de l’Esprit Saint avant de parler de nous. Dieu est le pauvre par excellence. Il n’a rien à nous donner. Il ne nous donne pas de cadeaux comme nous le faisons entre nous. Dieu n’a rien à nous donner ; il se donne.

Lorsque Jésus dit « Soyez dans la joie car votre récompense sera grande dans les cieux », il ne nous laisse pas miroiter des gratifications, ou la Légion d’honneur, ou je ne sais quoi d’autre. La récompense qu’il nous promet, ce n’est pas une chose ; c’est lui-même. Dieu n’a rien à nous donner sinon lui-même. Dieu n’a rien ; il est. Dieu ne donne rien, il se donne. Les grâces qu’il nous accorde sont comme des reflets de la grâce suprême ; et la grâce suprême, le don suprême qu’il nous accorde, c’est son Fils et son Esprit. Il nous les donne gracieusement, gratuitement, sans mérite de notre part, qui que nous soyons : « Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu » affirme notre première lecture.

Cette manière de faire s’appelle l’amour. A nous qui ne méritons rien, Dieu se donne par amour. Il est amour, et il nous donne son amour pour que nous puissions vraiment le connaître. Puisque son amour est en nous, nous pouvons vraiment connaître Dieu « car il est amour ».

Par curiosité, j’ai compté combien de fois apparaît ce mot. Il apparaît quatre fois dans les trois versets de la lettre de St Jean, et quatre fois dans les huit versets de l’évangile. Quatre fois aussi sous différentes formes verbales dans st Jean, et sept fois dans l’évangile. Si nous ne l’avons pas entendu, c’est qu’il faut régler notre « sonotone spirituel » !

Comme dans notre foi, l’amour est le maître mot de nos lectures de ce jour, en partenariat avec d’autres mots importants comme « connaître », « vie », « commandements », « demeurez ». Car l’amour dont il est question ici est bien plus vaste et plus profond que l’affectivité.

Ne serait-ce que par son origine. L’amour dont Jésus et st Jean nous parlent ne trouve pas son origine dans notre psychologie mais en Dieu lui-même. « L’amour vient de Dieu … car Dieu est amour. » Jésus nous a dit que comme lui et avec lui nous pouvons dire « Père » pour nous adresser à Dieu ; nous pouvons utiliser un autre mot : « Amour ». C’est aussi un nom propre de notre Dieu.

 

St Jean nous révèle ici deux caractéristiques de l’amour selon Dieu. C’est un amour qui fait vivre ; c’est un amour qui se donne.

Un amour qui fait vivre : oui, c’est par amour que Dieu a créé le monde, qu’il ne cesse de le créer, et qu’il crée chacun de nous. Mais Dieu ne se contente pas de nous donner la vie de ce monde : il nous donne sa vie, il nous la donne par le baptême et par tous les sacrements, en particulier par l’Eucharistie. Il nous donne et nous redonne la vie par son pardon. Car non seulement il nous donne sa vie, mais il en prend soin il l’entretient en nous comme le dit si bien la prière de la messe du 6 mai dernier : « Dieu qui nous as sanctifiés et qui nous as donné le bonheur quand nous étions pécheurs et malheureux, prends soin de tes dons, prends soin de ton œuvre. » Ainsi, chaque fois que nous entretenons la vie, chaque fois que nous favorisons la vie, la vie physique et la création, la vie intellectuelle et sociale, la vie artistique, la vie spirituelle, nous sommes dans la logique de l’amour de Dieu. Et chaque fois que nous tournons le dos à la vie, en nous et chez les autres, nous nous écartons de Dieu qui est amour et vie. Comme l’écrit le Pape : « La teneur spirituelle d’une vie humaine est caractérisée par l’amour qui est somme toute « le critère pour la définition définitive concernant la valeur ou la non-valeur d’une vie humaine. » (Pape François citant Benoît XVI, Fratelli tutti n° 92)

Un amour qui se donne : c’est la seconde caractéristique de l’amour selon Dieu que st Jean nous révèle dans la seconde lecture. On peut ranger l’amour en deux grandes catégories : l’amour qui prend et l’amour qui donne. Nous connaissons bien l’amour qui prend : je prends tel objet parce que je l’aime ; je prends telle nourriture parce qu’elle me fait plaisir. Cette sorte d’amour est nécessaire à notre vie ; mais elle devient suspecte lorsqu’elle s’attache aux personnes. Voilà pourquoi, dans les formules admises pour le sacrement de mariage, je n’aime pas celle qui dit : « Monsieur X. voulez-vous prendre Mademoiselle Y. comme épouse … ? » On prend le train, on prend ses clefs, on prend son temps … mais on ne prend pas une personne ; on l’accueille. Car l’autre grande catégorie de l’amour, celle qui nous rend semblable à Dieu, est l’amour qui donne, l’amour qui se donne. « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés … » Et l’amour de Dieu est non seulement un amour qui se donne, mais un amour qui devance notre réponse. Lorsque je reçois la confession d’enfants qui s’accusent souvent de désobéir à leurs parents et qui s’engagent désormais à mieux leur obéir, je leur suggère de devancer la demande de papa ou de maman : par exemple, de mettre la table avant que maman l’ait demandé. Une obéissance qui anticipe la demande et ne se contente pas de répondre ! Voilà une humble mais réelle forme d’amour humain qui correspond à l’amour de Dieu et qui répond au désir du Christ : « Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »    

 

Dans le livret « Prions en Eglise » à la date de ce jour, il y a quelques bonnes questions page 75 ; je vous les cite en conclusion de cette homélie :

« De quelle manière puis-je dire que Dieu se manifeste dans ma vie par amour pour moi ?

Est-ce que j’accepte d’être aimé ?

Quels signes la communauté des croyants à laquelle j’appartiens donne-t-elle de l’amour de Dieu ?

Qu’est-ce qui m’empêche d’aimer les autres ?

Qu’est-ce qui me pousse à aimer les autres ? »

 

Homelie du 4e dimanche de Paques

25 avril 2021   4ème dimanche de Pâques   Année B

Actes 4,8-12     Ps 117(118)     1 Jn 3,1-2     Jn 10,11-18

Par le Père Jean Paul Cazes


Grâce à l’évangile d’aujourd’hui, celui du Bon Pasteur, l’Eglise entière prie pour les vocations. Toutes les vocations, bien sûr, mais, plus particulièrement pour les vocations sacerdotales.

            Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de donner un titre à mon homélie.

Voici ce titre : « Du bon usage des prêtres. »

 

            Nous allons offrir cette messe pour demander au Seigneur de nouvelles vocations sacerdotales. Toutes les paroisses du monde entier vont prier à la même intention au même moment. Et cela, nous le faisons depuis des années et des années. Mais ça n’a pas l’air de changer grand-chose ! Cette année, dans notre diocèse, il y aura deux ordinations, dont celle de Thibaud, et c’est vraiment une belle joie. J’ai entendu dire qu’à Paris, il y aura douze ordinations. J’ai envie de dire ce que les Apôtres ont dit au sujet des cinq pains et des deux poissons pour 5000 hommes : « Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Effectivement, si la joie est grande d’accueillir ces nouveaux prêtres, leur nombre ne compense pas celui des départs à la retraite et des décès. Pourquoi notre prière semble-telle si peu efficace ? Pourquoi notre Père, qui voit les besoins de l’Eglise de son Fils, semble-t-il sourd et muet ? Nous prions et demandons beaucoup ; mais est-ce la bonne demande ?

            Au chapitre 9 de l’évangile selon st Matthieu, Jésus dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt 9,37-38) Jésus lui-même nous demande de prier le Père, ce qui veut dire que, dès les premiers moments de la vie de l’Eglise, les ouvriers étaient trop peu nombreux : à ce point de vue, la situation est donc semblable aujourd’hui. De plus, si on lit bien ce verset, on peut en tirer une bonne conséquence : la moisson sera toujours plus importante que le nombre des ouvriers. La moisson sera heureusement toujours plus abondante que le nombre des ouvriers. Imaginez la situation inverse : ce serait catastrophique. Trop d’ouvriers pour une moisson squelettique ! Alors, heureusement, la moisson est plus abondante que le nombre d’ouvriers et le sera toujours. C’était le cas hier, c’est le cas aujourd’hui et ce sera le cas demain. Et cette situation est d’abord un motif d’action de grâce avant d’être un motif de lamentation. Oui, merci Seigneur de nous donner une moisson abondante : il y a tant de choses à faire, tant d’évangélisation à entreprendre, ne serait-ce que dans nos quartiers, dans nos propres familles…

 

            C’est là où le titre de mon homélie trouve sa justification : « Du bon usage des prêtres. » Sur 50 ans de ministère actif, je fus curé durant 25 ans, responsable de communautés à Neuilly, à Rueil, à Vaucresson et Marnes. J’ai essayé de remplir honnêtement ma charge. Mais ma vocation n’était pas d’être curé. Ma vocation était – et est toujours – d’être prêtre. En tant que curé, il m’a fallu faire beaucoup de choses qui ne relevaient pas de ma compétence sacerdotale. Heureusement, j’ai toujours trouvé, auprès de moi, des collaboratrices et des collaborateurs efficaces. Pendant mes 25 ans de curé, la seule année où j’ai vraiment vécu ma vie sacerdotale sans qu’elle soit alourdie d’éléments secondaires, fut mon année à l’Arche, au milieu de personnes souffrant de handicap. Pendant un an – un an de bonheur – j’ai été prêtre sans être curé. L’Arche m’a utilisé – si je puis dire – comme prêtre et pas comme curé.

            Je transpose et je généralise cette expérience : j’ai le sentiment que les communautés paroissiales dans leur ensemble, du moins en France, n’ont jamais appris à bien utiliser leurs prêtres. Elles gardent les prêtres pour elles et pour la célébration des sacrements, la messe en particulier.

            Elles gardent les prêtres pour elles. Or Jésus nous dit aujourd’hui : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos : celles-là aussi il faut que je les conduise. »Je me souviens du Père Raymond Vankersbielck qui a longtemps vécu ici-même. C’était une force de la nature. Il passait une partie de ses nuits au milieu des jeunes de la rue. C’était du temps qu’il ne donnait pas à la paroisse, et pourtant, du temps vraiment utile pour la mission. Les paroisses accepteraient-elles aujourd’hui de grand cœur que leurs prêtres passent une bonne partie de leur temps sur les périphéries, comme dit le Pape François ?

            Les paroisses gardent leurs prêtres pour la célébration des sacrements, mais pas beaucoup pour la formation. Or – pardon de le dire sans nuance – une messe sans formation de la foi n’aide pas à vivre en chrétien-missionnaire dans le monde. Jésus a formé ses disciples durant trois ans avant de les envoyer porter la Bonne Nouvelle dans le monde.

            Pendant mes 25 ans de responsabilité curiale, j’ai fait beaucoup d’administratif et pas beaucoup de direction spirituelle. Or il me semble que les prêtres sont plus ordonnés pour guider spirituellement que pour remplir des papiers ou surveiller les ouvriers qui repeignent le presbytère. Beaucoup de chrétiens ont recours aux psychologues, et c’est une bonne chose ; mais les consultations spirituelles, pour parler ainsi, sont ignorées, délaissées, ce qui est dommage.

 

            En souriant – car il faut savoir sourire des choses graves – j’estime que cette journée de prière devrait servir non pour demander de nouveaux prêtres, mais pour que le St Esprit apprenne aux communautés chrétiennes à mieux se servir des prêtres qu’elles ont déjà.

Homélie du 3e dimanche de Pâques

18 avril 2021  3ème dimanche de Pâques   Année B

Ac 3, 13-15+17-19     Ps 4     1 Jn 2,1-5a     Lc 24,35-48

Par le Père Jean Paul Cazes

Le temps pascal est bien plus important que le Carême.

Le Carême est un temps de préparation. Le temps pascal nous offre 50 jours pour reprendre, méditer, relire, approfondir tout ce que le mystère pascal nous apporte. Le temps pascal est comme l’épanouissement du Carême : il faut donc y faire très attention.

Comme dimanche dernier, l’évangile d’aujourd’hui est un récit de présence du Seigneur.   J’aime mieux parler de « présence du Seigneur » que d’apparition, car ce mot laisse une impression désagréable de prestidigitation. Oui, le Seigneur Jésus se rend présent auprès des Apôtres et de leurs compagnons, comme il se rend présent par son Eucharistie. D’ailleurs, au sujet de l’Eucharistie, on parle de « présence réelle », et on a vraiment raison !

 

Dans notre évangile, je souhaite insister sur un verset qui est une des richesses du temps pascal. Un verset et deux enseignements.

 

D’abord le verset qui dit  (je cite) : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire et restaient saisis d’étonnement. »  Voilà une chose curieuse. Marie-Madeleine et les autres saintes femmes sont déjà venues, le matin, annoncer aux Apôtres la résurrection de Jésus ; les Apôtres eux-mêmes savent que Jésus est ressuscité puisqu’il est apparu à Pierre ; les deux disciples d’Emmaüs qui sont au milieu deux ce soir leur ont raconté ce qui s’est passé sur la route et comment ils ont reconnu Jésus à la fraction du pain. Jésus manifeste sa présence au milieu d’eux, et malgré tout cela, « ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. »  

Si vous voulez bien, ce soir ou demain, relire d’un seul coup les finales des quatre évangiles, c’est à dire ce qui est écrit depuis le matin de la résurrection jusqu’à la fin des évangiles – ce n’est pas long, je vous assure – vous verrez comment la joie des Apôtres est mêlée à leurs difficultés de croire. Dimanche dernier, la liturgie nous donnait l’épisode de Thomas ; et Thomas n’est pas le seul à ressentir des difficultés et des doutes !

 

De cela, je tire deux enseignements.

Le premier est celui de la véracité des évangiles. Aucun des quatre ne cache les difficultés de croire. Si nous étions dans une secte, nos textes auraient prudemment effacé toute difficulté. Tout est rose dans une secte ; il faut attirer l’indécis, lui présenter la doctrine du gourou et de la secte sous les aspects les plus faciles, les plus riants. Ce n’est pas le cas des évangiles. Je pense d’ailleurs que si le christianisme était une secte, on n’aurait jamais entendu parler de la crucifixion de Jésus, pas plus que des doutes de ses disciples.

 

Le second enseignement que je tire du verset : « ils n’osaient pas encore y croire »,c’est la prise en compte, par l’évangile lui-même, de nos propres difficultés de croire. Nos difficultés de croire sont accueillies par les évangiles.

Qu’il est difficile de croire que Jésus est vraiment ressuscité !

Oui, nous y croyons, bien sûr, sinon nous ne serions pas ici. Nous y croyons, mais … !  mais nous sommes des giscardiens de la foi.

Nous y croyons, mais nous nous posons des tas de questions quant à la résurrection de la chair qui fait pourtant partie du Credo.

Nous y croyons, mais, souvent, nous n’osons pas en témoigner quand nous parlons de la foi lorsque nous dînons avec des amis non-croyants.

Nous y croyons, mais pas suffisamment pour nous engager davantage dans la vie de l’Eglise.

Nous y croyons mais nous nous posons tant et tant de questions sur la vie future.

Nous y croyons, mais nous connaissons des amis chrétiens, généreux, plus croyants que nous, qui ne croient pas en la Résurrection.

Du fond de nous-mêmes, nous refusons la mort, nous savons que nous sommes faits pour la vie, mais nous n’osons pas croire en la réalité de la résurrection du Christ et en la promesse de la nôtre.

Jésus ne nous force pas. Jésus ne nous oblige pas. Jésus ne nous démontre pas d’une manière scientifique qu’il est vivant. Jésus souhaite que notre adhésion de foi soit un acte de liberté, un acte d’amour, et non pas une soumission devant une preuve irréfutable.

Tant mieux si, parmi nous, certains ne sentent aucun doute devant la résurrection : qu’ils sachent en rendre grâce pour aider les autres. Qu’ils fassent comme Jésus : qu’ils ne forcent pas, qu’ils n’obligent pas et, surtout, qu’ils ne méprisent pas ceux qui n’osent pas encore y croire.

Et que ceux qui n’osent pas encore y croire ne se sentent pas rejetés par le Christ. Qu’ils viennent à lui, humblement, et lui présentant leurs difficultés.

Jésus ne nous cache pas les difficultés de la foi. Pour nous aider à avancer, il ouvre l’intelligence des Apôtres, de leurs compagnons – et de nous-mêmes – à la compréhension des Ecritures. Encore faut-il que nous les ouvrions !

Nos difficultés à croire ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique, ni grâce à une bonne prière adressée à la Vierge. Marie ne peut vouloir que ce que veut son Fils. Jésus nous dit d’ouvrir les Ecritures, de les lire, de les mâchonner, de les commenter, de nous y heurter, de les lire avec d’autres. Marie ne peut que nous y encourager.

 

Nous essayons de faire des efforts durant le Carême.

Et si ouvrir la Bible était notre effort pour bénéficier du temps pascal ?

 

Homélie du 2e dimanche de Pâques

dimanche de la miséricorde, 11 avril 2021

Lectures : Ac 4,32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Dans l’évangile de saint Jean, MarieMadeleine est le premier témoin qui rencontre le Christ ressuscité et elle devient la première annonciatrice de la bonne nouvelle de Pâques en attestant : « J‘ai vu le Seigneur ! » Tel est le privilège accordé à une femme qui se tenait présente au pied de la croix avec Marie, mère de Jésus.

Aujourd’hui, dans le même évangile de Jean, nous nous situons le soir de Pâques. L‘ambiance est très différente : la maison est verrouillée, les disciples sont barricadés, certains d’entre eux sont transis de peur. Telle est la manifestation de leur incrédulité. Pourtant Jésus vient, il ne traverse pas les murs comme un fantôme, il est là présent, d’un seul coup : sa présence au milieu d’eux est nouvelle ; il se manifeste avec un corps glorieux marqué par les plaies du supplice.

Dans le livre de la Genèse, aux origines de l’humanité, Dieu venait dans le jardin d’Éden à la brise du soir, mais c’était pour révéler à l’homme son péché. Ici, le soir de Pâques, Jésus vient dans la maison des apôtres pour réconcilier le monde avec lui-même qui a porté le péché du monde sur la croix et qui lui envoie le souffle de l’Esprit Saint. Dans l’évangile de Jean, cet épisode se présente déjà à nous comme une Pentecôte. À la création, l’homme recevait le souffle de Dieu dans ses narines pour vivre, puis disparaître ; ici à la création nouvelle,l’homme reçoit l’Esprit du Père et du Fils, qui introduit à la vie définitive dans l’amour.

Cet Esprit Saint que sur la croix Jésus avait remis avec son dernier cri à son Père, c’est le souffle de l’Esprit que Jésus s’empresse à son tour d’insuffler sur ses apôtres : « Reçevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » C‘est un Esprit divin, fait pour réconcilier les hommes et leurrendre l’unité qui a été brisée par le péché. Car la mission des disciples est une œuvre de réconciliation universelle. Puisque l’unité a été brisée par le refus d’amour, c’est l’Esprit d’amour qui la restaure. Les disciples sont donc envoyés pour affronter le monde du péché, du refus et de la division. L’Esprit Saint fait comprendre à chaque être qu’il est enfant de Dieu et qu’il peut retrouver l’harmonie de sa vie en appelant Dieu « Abba, Père ».

Nous pouvons alors constater la pertinence de la fête célébrée aujourd’hui. La miséricorde divine prend en effet sa source dans le mystère de Pâques : elle provient d’abord de la lutte de Jésus contre le pouvoir du mal à Gethsémani, dans le jardin du mont des Oliviers ; elle provient ensuite de son pardon donné lors de sa mort sur la croix ; et elle provient enfin de l’explosion de vie qu’il suscite au jour de sa résurrection en envoyant le souffle de l’Esprit Saint. La miséricorde divine signifie que Dieu se penche sur la misère du monde, que cette misère est recueillie dans son cœur blessé au point d’en mourir par amour pour nous et de désirer nous sauver de tout mal.

La conséquence de la miséricorde est alors la paix et la joie, ainsi que le toucher. « La paix soit avec vous », déclare Jésus à trois reprises. Cette expression n’est pas une salutation, elle ne signifie pas la paix comme la donne le monde. Le mot hébreu shalom signifie le calme et l’harmonie de tout notre être, la prospérité et l’achèvement de notre humanité recréée. C’est la paix que Jésus est luimême et qu’il transmet à la place de la haine que le monde a exercéecontre lui au cours de sa Passion. C’est la plénitude du don de Dieu qui offre un immense bonheur spirituel. La rencontre avec Jésus ressuscité peut donc combler les disciples jusqu’au plus profond d’eux-mêmes.

La joie apportée par Jésus n’est pas une joie qui efface les épreuves passées, puisqu’il ne faut jamais oublier une épreuve au risque de devenir amnésique, mais c’est une joie qui est pardon reçu, acceptation, compréhension, intimité parfaite entre Dieu et les hommes, signe de la reconnaissance et de l’adhésion complète des disciples. Jésus peut alors énoncer une nouvelle béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Cette joie a jailli dans les témoins oculaires du Christ ressuscité et elle rejaillit aussi sur tous ceux qui adhèrent dans la foi à leur message ; cette joie est désormais celle de tous ceux qui sont réconciliés avec le Père.

Une semaine plus tard, la maison des disciples est encore verrouillée, mais c’est l’occasion pour Jésus de rencontrer Thomas, le disciple qui était absent le jour même de la résurrection. Son incrédulité prolonge celle des dix autres disciples pendant toute une semaine. Il demande des preuves tangibles et il permet ainsi une certitude plus grande : il devient le porte-parole de la certitude de la résurrection. Thomas a besoin de voir et de toucher et Jésus veut l’attirer jusque dans ses plaies. L’évêque Basile de Séleucie, au Vème siècle, nous rapporte le monologue intérieur que saint Thomas a pu méditer : « Mes doutes ne disparaîtront qu’à sa vue, dit-il. Qu’il blâme mon manque de foi, mais qu’il me comble de sa vue. Maintenant je suis incroyant, mais lorsque je le verrai, je croirai. Je croirai lorsque je le serrerai dans les bras et le contemplerai. Je veux voir ces mains trouées, qui ont guéri les mains malfaisantes d’Adam. Je veux voir ce flanc, qui a chassé la mort du flanc de l’homme. Je veux être le propre témoin du Seigneur et le témoignage dautrui ne me suffit pas. Vos récits exaspèrent mon impatience. L’heureuse nouvelle que vous apportez ne fait quaviver mon trouble. Je ne guérirai de ce mal, que si je touche le remède de mes mains. »

Toucher de la main, c’est le geste que Thomas n’a pas réussi à accomplir au Calvaire. Il lui faut désormais toucher véritablement le corps de celui qui est allé jusqu’au bout de son donpour lui, il lui faut toucher la souffrance et la mort, il lui faut ressentir les épreuves de la croix. Par ce geste, Jésus ne demande pas à Thomas pourquoi il était absent au Calvaire. Jésus l’oblige plutôt à faire un retour en arrière dans sa mémoire, pour l’introduire dans l’intelligence des événements récents. Le mauvais souvenir de la Passion permet alors à Thomas de comprendre sa lâcheté, sa peur, son reniement, et de discerner combien Jésus a agi par amour pour lui et pour tous les hommes en vue de pardonner leurs péchés.

Toucher les plaies de Jésus, c’est aimer « mon Seigneur et mon Dieu » qui s’est donné à moi dans la surabondance de l’amour. Mettre la main dans le côté de Jésus, c’est sentir les battements de ce cœur qui a tant aimé le monde. Pour un Juif, la croix est une malédiction, mais Jésus la fait reprendre par Thomas comme une grâce. Pour les disciples, la croix est lelieu d’un châtiment et d’une condamnation à mort, mais Jésus la fait reprendre par Thomas comme un pardon. Pour tout homme, la croix est un instrument d’accablement et de destruction, mais Jésus la fait reprendre par Thomas comme un mouvement d’amour et un acte de recréation.

Il ne faut donc pas oublier, mais comprendre autrement les trois annonces de la Passion que Jésus avait indiquées au cours de sa montée à Jérusalem. En sa résurrection, Jésus éclaire ses disciples sur le sens de la Passion. L’apôtre, envoyé en mission par le souffle de l’Esprit, passera comme le Christ par la Passion, mais ce sera pour devenir à son tour signe et source de rémission des péchés. Avec saint Thomas et avec les autres disciples du Seigneur, soyons les témoins du mystère de la croix, soyons les témoins du ressuscité marqué des stigmates du crucifié : c’est vrai ! Jésus en son corps est passé de la mort à la vie pour l’éternité. Amen !

Père Yvan Maréchal

Homélie de la Vigile Pascale

 Les textes que nous avons lu dans cette vigile nous ont fait parcourir l'histoire sainte du peuple de Dieu. Nous avons lu plusieurs récits : récit de la création, du passage de la mer Rouge, de la résurrection dans l'Évangile. J'espère que vous êtes sensible à ce langage de la liturgie, et que vous percevez la valeur de cette démarche de mémoire. Mais certainement, nous sommes moins sensible que nos pères. La culture contemporaine se soucie très peu de la faire mémoire. Elle se soucie non pas du passé, de la tradition mais de l'avenir, du progrès. Plus d'intérêt pour la sagesse de nos pères. Plus de sentiment d'être héritier de nombreuses générations. 
Pourquoi nous chrétiens ne pouvons-nous pas nous satisfaire de cela ? Surtout parce que Dieu s’est révélé à nous dans le passé : il a parlé par des hommes tel que Moïse, par des événements tel que le passage de la mer rouge, et enfin par le Christ qui est Dieu lui-même. Cette révélation c'est close vers le deuxième siècle. Nous croyons que cette révélation a une valeur divine qu'aucun progrès simplement humain ne peut atteindre. Il y a bien un sens chrétien du progrès, mais il est d'abord assimilation de cette héritage, et réalisation du projet divin. La parabole du bon grain et de l’ivraie nous dit que le bien et le mal croissent jusqu'à la moisson qui est image de la fin du monde. Cela signifie que notre monde marche vers un accomplissement, un achèvement. Notre histoire a un but. 
Nous ne sommes pas rescapé sur un radeau au milieu de l'océan, comptant sur nos propres forces et sur le hasard pour notre salut.
Nous sommes fils, nous connaissons notre origine et notre destination. Nous avons lu deux textes prophétiques, d’Isaïe et Ézéchiel, ils témoignent que Dieu connaît l'avenir, qu'il est maître de l'histoire. En faisant mémoire nous pouvons entrer dans ce projet, coopérer à l'œuvre de Dieu. En tenant notre place, en vivant notre vie quotidienne, nous pouvons participer à cette œuvre. C'est tous ensemble que nous réalisons cette œuvre commune, formée de liens entre générations et entre les hommes d'une même époque. Ce que chacun apporte à la réalisation du monde, est partagé est commun. Ainsi tous les élus dans le royaume peuvent se réjouir de ce que chacun apporte. Ces liens de dépendance deviennent liens de charité, pour le plus grand bonheur des élus. Les catéchumènes qui vont être baptisé s'apprêtent à entrer dans ce corps, corps en croissance depuis la création jusqu'à la fin du monde.

Thibaud Guespereau

Homelie du dimanche des Rameaux

Dimanche 28 avril 2021    RAMEAUX   Année B
par le Père Jean-Paul Caze

Si vous me permettez de sourire avec des choses graves, je dirai : qui d’entre nous acceptera vraiment d’être cas-contact avec Jésus au long de cette semaine ?

Ceux qui, dans les rues de Jérusalem, ont chanté : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! », ceux-là n’étaient ni meilleurs ni pires que nous.

Ils étaient probablement heureux d’acclamer le descendant de David ; ils espéraient probablement qu’il serait son successeur et qu’il siègerait sur son trône, rendant ainsi à Israël une gloire perdue depuis longtemps.

Ça, c’était le dimanche, le premier jour de la semaine juive.

Le vendredi suivant, ils crieront « A mort, à mort, crucifie-le ! »

 

Il n’est pas aisé d’être cas-contact avec Jésus, de se laisser imprégner par lui, tel qu’il veut être et non pas tel que nous le rêvons.

Jacques et Jean, deux de ses Apôtres, lui ont demandé de devenir ses ministres, tant ils pensaient que Jésus allait rétablir le royaume de David.

Au pied de la croix, ils étaient absents.

Ils ont suivi Jésus, jusqu’à un certain moment, puis ils ont rompu le contact.

 

Aujourd’hui, nous sommes venus chercher de pauvres brins de buis qui orneront, pendant un an, nos croix, nos statues, nos portes. C’est bien.

Mais, au-delà du folklore, saurons-nous être cas-contacts avec Jésus jusqu’au bout ?

Le buis n’est pas magique. Qu’il soit béni ou non, il n’a aucun pouvoir. Il ne protège de rien, ni de la maladie, ni de l’échec, ni du péché. Le buis n’est là que pour nous orienter vers Jésus. Le buis n’est là que pour ça : nous rappeler qui est Jésus, ce qu’il a fait pour nous, et nous attacher à lui.  

 

Au pied de la croix, on ne trouve que des femmes, à part Jean, le disciple bien-aimé. Selon St Marc, qui est l’évangile que nous suivons cette année, il y avait Marie-Madeleine, Marie, la mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé. On s’y perd devant toutes ces Marie, d’autant qu’il faut ajouter la Vierge Marie que, curieusement, Marc ne nomme pas, contrairement à Jean. Toutes ces femmes « qui le suivaient et le servaient quand il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem. » (Mc 15,41)

Elles seront les dernières au pied de la croix ; elles seront les premières à venir le dimanche, le matin de la Résurrection.

Elles n’ont pas rompu le contact avec Jésus, malgré sa mort.

 

Demandons leur intercession, surtout celle de la Vierge, pour qu’au cours de cette semaine nous soyons cas-contact avec Jésus à travers sa Passion, pour accéder à sa Résurrection.