Carême 2024

 

Chemin de croix chaque vendredi à 15 heures dans l’église
16 et 23 février, 1er, 8, 15 et 22 mars.
 

Confession

Chaque jeudi et chaque vendredi de 17h30 à 19h à partir du 29 février.

Réveillon solidaire, l’engagement des bénévoles de Saint-Vincent-de-Paul

A Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, un réveillon solidaire a été organisé ce samedi 30 décembre pour les personnes seules. L’équipe des bénévoles de la conférence locale de Saint-Vincent-de-Paul trouvent un sens à leur engagement en accueillant, avec fraternité et charité, les personnes âgées ou isolées qui se retrouvent seules à Noël.

https://www.ktotv.com/video/00434130/reveillon-solidaire-societe-saint-vincent-de-paul

Homelie du 7 janvier 2024     Dimanche de l’Epiphanie   Année B

Par le pere Jean Paul Cazes

Isaïe 60,1 à 6   Psaume 71 (72)   épître de saint Paul aux Ephésiens 3, 2-3a+5-6 Matthieu 2, 1 à 12

Depuis le temps que je vous le dis, vous avez certainement retenu qu’on ne connaît pas le nombre des mages, qu’on ne sait pas s’ils sont rois, qu’on ignore leur nom et qu’on ne sait pas si l’un d’eux était jaune, le second blanc et le troisième noir. Tout cela n’est pas dit dans l’évangile que je viens de lire, cet évangile qui est le seul passage des quatre évangiles où l’on parle des mages. Tout cela n’est que folklore. Et je ne mélange pas le folklore et la réalité.

Je crois, puisque Matthieu le dit, que des mages sont venus d’Orient pour adorer Jésus. Je sais même, grâce à eux, que Jésus avait peut-être deux ans lorsqu’ils sont arrivés auprès de lui. Vous savez que c’est sur l’indication des mages que le roi Hérode a fait massacrer les enfants de Bethléem ; or, l’évangile précise : « tous les enfants jusqu’à deux ans. » (Mt 2,16). Ce qui veut dire que les mages ne sont pas arrivés à la crèche tout de suite après les bergers.

Mais, encore une fois, j’essaie de faire la différence entre le folklore et ce que dit l’évangile auquel je fais confiance. Le folklore, par lui-même, ne m’ennuie pas ; ce qui m’ennuie, c’est que beaucoup estiment que savoir le nombre, le rang social, le nom et l’origine ethnique des mages fait partie de la foi. Je vous promets que non. Mais alors, dans cet épisode, où est la foi ?

Elle est dans ce que les premiers chrétiens ont su voir et qui est toujours vrai pour nous aujourd’hui. Saint Paul, dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse, l’exprime en quelques mots remarquables. Il écrit : « …toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. » D’une autre manière onpourrait dire : le Dieu que les Juifs attendaient depuis des siècles vient de se manifester en Jésus. Et ce Dieu, né chez les Juifs, est offert à tous les peuples.

Les tout premiers chrétiens étaient juifs, comme la Vierge, comme les apôtres et les disciples ; mais très vite, grâce à l’action de Paul, beaucoup – et de plus en plus nombreux – sont venus de peuples non-juifs. Voilà pourquoi ces chrétiens se sont reconnus dans les mages qui venaient d’Orient, ce qui veut dire qu’ils n’étaient pas juifs. Dans la personne des mages, des non-juifs venaient adorer le Dieu des Juifs. D’où l’importance énorme de cette fête pour les premières générations de chrétiens : dans les mages, ils fêtaient l’accession des païens dans l’héritage transmis par les juifs.

C’est cela qui est important ; peu importe le nombre, le nom, le rang social et l’origine précise des mages. Ce qui compte, c’est ce que leur existence, à laquelle je crois, signifie que les païens sont associés aux richesses que Dieu a confiées aux juifs pour qu’elles soient enfin remises à tous les hommes.

C’est ce que Paul appelle un mystère. Dans le langage biblique, le mot mystère signifie : réalité de foi. C’est dans ce sens-là que le prêtre proclame tout de suite après la consécration : « Il est grand le mystère de la foi. » Aujourd’hui, le mystère de l’Epiphanie la réalité de foi de l’Epiphanie – est que tous les hommes sont associés au salut offert dans la personne de Jésus-Christ. Contrairement au mot mystère en français, le mystère de foi n’est pas caché mais dévoilé, manifesté : c’est le sens même du mot Epiphanie. Epiphanie signifie « manifestation », « révélation ». Le mystère de foi est révélé : « …par révélation, écrit Paul, (Dieu) m’a fait connaître le mystère…Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage » que le peuple juif. 

Voilà pourquoi l’Eglise tout entière ne peut être que missionnaire. Certes, il y a des missions particulières dans des contrées encore éloignées. Mais si l’un d’entre nous disait : je ne suis pas missionnaire, il n’aurait pas compris le sens du mystère de l’Epiphanie. Toutes les nations, tous les peuples, toutes les cultures, tous les âges sont appelés à entrer dans l’héritage de la foi. On n’est pas missionnaire de la même façon envers un chinois perdu au fin fond de sa province, ou son voisin de palier. Mais toutes les formes de mission sont nécessaires, et aucun baptisé ne peut dire : ce n’est pas de mon ressort.

Tant d’hommes, de femmes et d’enfants ignorent encore le Christ, y compris dans notre entourage, y compris dans nos familles. J’entends si souvent la douleur des grands parents devant l’athéisme pratique de leurs enfants, et l’absence de baptême pour leurs petits enfants ! Il y a encore tant à faire pour que le Christ soit connu, aimé et suivi !

 

Que les mages, qui ont marché si longtemps avant de découvrir Jésus, nous donnent leur espérance et leur patience : grâce à l’Esprit saint, le découragement n’est pas à l’ordre du jour.

Le mystère de foi de l’Epiphanie est toujours à l’œuvre !

Homelie de NOËL 2023

par le pere Jean Paul Cazes

Attention, Noël, DANGER !

Vous connaissez ces panneaux de circulation triangulaires qui signalent une sortie d’école. Eh bien, il en faudrait de semblables pour signaler Noël. Car Noël est bien loin d’être une fête ruisselante de bons sentiments et d’enfant Jésus guimauve tout rose et tout blond comme un Viking ; d’ailleurs, il devait plutôt être brun de peau et noir de cheveux, en bon sémite qu’il était !

Noël est si dangereux que beaucoup de nos compatriotes, sous prétexte de laïcité mal comprise, fêtent Noël sans Jésus. Noël est une fête de changement, de transformation, de conversion. Noël, fête de la naissance de Jésus, nous appelle à renaître chaque année. Quelqu’un a dit à peu près ceci : « Si Jésus naissait mille fois, cela ne servirait à rien s’il ne naît pas en nous. »

Nous sommes rassemblés pour fêter sa naissance, c’est une bonne chose. Mais, si nous avions la possibilité d’interroger Jésus, je ne sais pas s’il serait si heureux que cela. Car il n’est pas venu en ce monde pour qu’on le fête, mais il est venu pour nous faire naître. Si nous sortons de cette messe ou de ces jours de fête aussi vieux qu’avant, ce Noël n’aura servi à rien. Si notre vie chrétienne ne prend pas un coup de jeune, un coup de renouveau, à quoi bon fêter Noël ? Si nous voulons une fête pour la fête, le 1er janvier est là qui sert à ça !

Mais alors, comment naître avec Jésus en ce Noël ? Par exemple, en mettant réellement en œuvre deux mots clef d’aujourd’hui : Paix et Joie.

La Paix – pas la tranquillité – la Paix entre les hommes de bonne volonté, c’est ce qui rend gloire à notre Dieu. A part prier – ce qui est essentiel il nous est pratiquement impossible de réduire les différents conflits en cours. Mais nous pouvons faire beaucoup contre la violence quotidienne qui gangrène de plus en plus notre pays. Vous savez certainement qu’une nouvelle fois, le maire d’une petite ville s’est fait agresser avant-hier. La violence est partout, elle est en nous. Pouvons-nous nous contenter de ce constat, nous qui venons adorer le Prince de la Paix ? Bienheureux les artisans de Paix, bienheureux celles et ceux qui accepteront, grâce à l’Enfant de Noël, de jeter un coup d’œil sur leurs propres mouvements de violence pour demander à l’Esprit Saint le don de la maîtrise de soi. Pensons-y tout à l’heure au moment d’échanger un geste de paix avec nos voisins de ce soir,que nous ne connaissons peut-être pas, mais qui sont nos frères et sœurs dans la foi.

La Joie – pas la gaité, même si la gaité est sympathique – la Joie est une autre caractéristique de l’esprit de Noël. Elle est comme la Paix : pour l’avoir en nous, il faut paradoxalement la répandre. On ne peut la ressentir que si on la donne, ce qui demande un effort de sortie de soi. Il est possible que certains d’entre nous soient venus, ce soir, avec le cœur gros à cause de la santé, ou du travail, ou de la famille. Jésus n’est pas la solution miracle de tous ces problèmes. A priori, ce n’est pas lui qui guérira notre santé, qui nous trouvera un bon travail ou réconciliera la famille. Mais c’est lui qui nous garde l’espérance, c’est lui qui nous donne la force de combattre, c’est lui qui ouvre l’avenir, car, comme toutes les naissances, celle du Christ, Dieu fait homme, fait fleurir l’espérance.

 

Oui, Noël est un danger, un bienheureux danger qui nous pousse à ne pas nous refermer sur nous-mêmes, alors que nous aurions tendance à penser que nous sommes les plus malheureux des hommes.

Noël, fête de la naissance non seulement de Jésus mais de toute personne de bonne volonté.

 

L’espérance est dans la crèche de Jésus : il nous est seulement demandé d’aller la cueillir auprès de Lui.  

Père Henri Njongyang

« Oui, il est bon, il est doux pour des frères (et sœurs) de vivre ensemble et d’être unis » ! (Ps
132).
Nous voilà, de nouveau, ensemble et c’est ce verset du Psaume 132 qui m’habite au moment où je vous écris pour me présenter. C’est pour moi une immense joie et un vrai bonheur de revoir la beauté et la bonté qui transparaissent sur le visage de chacun de mes frères et de chacune de mes sœurs en Christ, de la Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie.
Je suis Henri DJONYANG, prêtre du diocèse de Maroua-Mokolo dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Je suis né le 13 juillet 1974 à Maroua. Je suis l’aîné d’une fratrie de 11 enfants. Papa et celui qui occupait le troisième rang de la fratrie nous ont précédés auprès du Père dans l’éternité en 2014. Maman, mes quatre petites sœurs et mes cinq petits frères vont bien et vivent tous au Cameroun.
J’ai été ordonné prêtre le 24 mai 2003 à Maroua. Après quelques années de services rendus dans mon diocèse, mon évêque m’a envoyé en France pour une mission d’étude en théologie. La Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul m’a accueilli, avec bras et cœur grandement ouverts, le 27 août2015. Après deux années de vie ensemble, je recevais du Collège d’Étude Doctorale de l’Institut
Catholique de Paris une bourse d’excellence qui me rapprochait de l’Institut Catholique. Me voici, à présent, de retour parmi vous, en cette nouvelle année pastorale 2022-2023, vers la fin de mes études, pour vivre avec vous et achever ensemble, la main dans la main, ce que nous avions si bien commencé : une connaissance mutuelle dans un amour fraternel à la suite de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous redit en ce 24ème dimanche ordinaire l’éternel amour
miséricordieux de son Père pour chacun et chacune de ses enfants que nous sommes.
Henri, votre frère !

Homélie du 4 juin 2023   Sainte Trinité 

Exode 34,4b-6+8-9     Ct Dn 3     2Co 1311-13     Jn 3,16-18

Par le Père Jean Paul Cazes 

Un philosophe, Gabriel Marcel, avait comparé un problème et un mystère. Sur un tableau noir, il avait tracé deux cercles égaux. L’intelligence faisait peu à peu le tour du premier ; et, quand le tour était achevé, le cercle disparaissait puisque le problème était résolu. Quant au second cercle, l’intelligence y entrait, car elle était faite pour cela, mais elle ne finissait jamais de découvrir l’ampleur du mystère et de s’en émerveiller.

Cela signifie que notre intelligence est faite pour le problème comme pour le mystère ; mais elle résout le premier et contemple le second. Elle fait disparaître le premier, et découvre sans cesse le second. Elle enferme le premier dans son raisonnement, elle est contenue par le second. Le problème est maîtrisé par notre intelligence, alors qu’elle s’émerveille et ne cesse de découvrir l’ampleur du mystère.

Je vous dis cela pour affirmer, une fois encore, que le mystère de la Sainte Trinité n’est pas une question de mathématique idiote ou 3 serait égal à 1. Il ne s’agit pas de mathématique, il s’agit de relation d’amour. Notre foi affirme que trois personnes distinctes, de même nature et d’égale dignité, s’aiment à ce point qu’elles ne forment qu’un seul Dieu ; ce n’est pas plus improbable que ce que disent tous les fiancés : ne faire plus qu’un par amour dans l’unité de leur nature humaine et le respect de leur égale dignité. Mais ce que le couple humain a tant de peine à réussir, les trois personnes divines le réalisent pleinement ; c’est pourquoi elles sont à l’origine de tout amour vrai.

Si le Dieu-Trinité est à l’origine de tout amour vrai, c’est parce qu’il vit cet amour de l’intérieur. Il ne peut nous demander d’aimer que parce que l’amour fait partie de sa propre vie ; mieux : l’amour est sa vie. St Jean écrit que Dieu est amour (1 Jn 4, 8, 16). Il ne s’aime pas lui-même égoïstement, comme s’il était renfermé sur lui, mais, entre les Trois personnes l’amour est une sorte de va et vient permanent. Et ce va et vient, cet échange permanent est fécond, comme est fécond l’échange d’amour entre les époux. L’amour en Dieu donne naissance au monde de manière permanente : Dieu ne cesse d’être créateur par amour comme les parents sont procréateurs par amour.

Le parallèle entre l’amour humain et l’amour qui unit les Trois personnes divines ne vient pas de moi, il est présent tout au long de la Bible depuis le début dans la figure d’Adam et Eve jusqu’au dernier chapitre de l’Apocalypse où l’Eglise est assimilée à une épouse qui attend impatiemment son époux (je cite) : « L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! » (Apo 22,17)

 

Une autre manière d’aborder la sainte Trinité serait de de voir comment tout ce que nous disons et pensons de la personne humaine trouve son origine en elle. Nous sommes fiers, à juste titre, de la déclaration des droits de l’homme. Nous nous en réclamons chaque fois que les états totalitaires bafouent ces droits. Nous attendons de nos dirigeants qu’ils aient le courage de les rappeler dans leurs négociations internationales. Or, tous ces efforts pour promouvoir les droits de la personne humaine ont pour origine lointaine la méditation des pères de l’Eglise sur ce qu’est une personne à l’intérieur de la Trinité. Peu à peu, ils ont réussi à préciser ce que sont les personnes divines, ce qui a eu comme conséquence une meilleure vision de ce qu’est la personne humaine à l’image de la personne divine. D’une certaine façon, on peut affirmer que notre civilisation de la personne trouve ses racines en l’affirmation des Trois personnes en un seul Dieu.

En tout cela, notre intelligence est à l’œuvre pour inventorier la richesse de la foi en la Sainte Trinité. Mais si nous pensions parvenir un jour à tout savoir à son sujet, nous serions dans l’erreur. Ce serait la même erreur que d’affirmer que la fresque qui orne le cul de four de notre église est la Sainte Trinité. Non, cette fresque n’est pas la Sainte Trinité ; elle essaie de la traduire par des formes et des couleurs ; mais la sainte Trinité est bien autre chose que cette fresque, et bien au-delà. Personne d’entre nous, et pas même l’Eglise y compris dans ses plus hautes instances, ne peut affirmer connaître totalement la Sainte Trinité. Nous ne connaissons même pas totalement les personnes avec qui nous vivons, et pourtant, nous continuons à les croiser, à leur parler, car leur fréquentation est pour nous source de vie. De même la Trinité à laquelle nous ne pensons pas tout le temps, mais que nous marquons sur notre corps chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix.

 

Même si, au point de vue esthétique, je n’apprécie pas spécialement notre fresque, je trouve très significatif qu’elle orne le chœur de notre église. Le simple fait d’entrer dans cette église est comme le symbole d’un cheminement spirituel : nous pénétrons par la porte d’entrée, nous cheminons vers le chœurpar la Parole et l’eucharistie ; grâce à Jésus crucifié et ressuscité, nous montons vers la Trinité. Et c’est finalement dans sa vie d’amour partagé que nous trouverons notre vie éternelle, nous dont la vocation est d’être divinisés.  

Alors, comme l’écrit Paul aux chrétiens de Corinthe, « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous », vous, chrétiens de Courbevoie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homelie du 23 avril 2023   3ème dimanche de Pâques

Par le Père Jean Paul Cazes 

Actes des Apôtres 2,14+22b-33     Psaume 15     2P 1,17-21     Lc 24,13-35

 

« Le même jour, dit notre évangile, c’est-à-dire le premier jour de la semaine », le dimanche, le jour de la résurrection du Christ. Nous avons fait du dimanche le dernier jour de la semaine, le weekend, alors qu’il est le premier, le jour du renouveau, le jour de la vie qui triomphe de la mort.

Deux des disciples, qui étaient probablement présents lors de la dernière Cène, et qui ont vu tout ce qui s’est passé depuis, quittent Jérusalem, cœur de la foi juive. Symboliquement, ils quittent leur foi, comme beaucoup de nos contemporains ; ils se dirigent vers l’ouest, vers le soleil couchant ; ils quittent aussi leur espérance : « Nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ».On est probablement en milieu de journée; ils marcheront ainsi jusqu’au moment où le jour baisse.

Or, ils vont vivre le jour le plus extraordinaire de leur vie. Le Christ marche auprès d’eux mais ils ne le reconnaissent pas. Souvent on se demande pourquoi Cléophas et son compagnon n’ont pas reconnu Jésus. J’ignore la réponse exacte, mais je fais appel à notre expérience. Combien de fois, nous non plus, n’avons-nous pas reconnu Jésus présent dans notre vie ? Combien de fois, plongés dans nos difficultés et nos problèmes, n’avons-nous pas ressenti comme une absence de sa part alors qu’il marchait à nos côtés ?

Les deux disciples accumulent les signes de la résurrection sans pour autant percevoir la présence du Ressuscité. Ils citent les femmes qui sont allées au tombeau dès le matin ; ils citent les anges ; ils citent certains de leurs compagnons – certainement Pierre et Jean – et, malgré tous ces témoignages, leurs yeux restent fermés : ils ne reconnaissent pas Jésus ressuscité à leurs côtés. Une des raisons de leur cécité est probablement qu’ils s’étaient fait beaucoup d’idées sur ce que devait accomplir le Messie, justement comme délivrer Israël de la présence des romains. Comme nous lorsque nous enjoignons à Dieu d’accomplir telle guérison, de rétablir la paix dans un ménage ou entre pays en guerre, et que rien ne se passe comme nous voudrions que cela se passe. Alors, nous pleurons : « Où es-tu Seigneur ? Ne me laisse pas seul ! » Nous voudrions tellement que Dieu fasse ce que nous voulons ; nous avons tant de mal à voir qu’il fait autrement et tellement mieux !

Quelles sont les lunettes que nous suggère Jésus pour guérir notre cécité ? D’abord, notre intelligence. Je ne parle pas ici de QI, de quotient intellectuel. Je ne parle pas de diplômes et de connaissance de l’hébreu, du grec et du latin. Je parle de cette connivence que chacun de nous peut avoir avec l’Ecriture en la fréquentant de façon habituelle, ne serait-ce qu’ à travers les textes de chaque jour. Oui, l’Ecriture est difficile à comprendre, mais elle est d’autant plus difficile qu’elle est peu lue. Il en va de l’Ecriture comme d’une personne. Plus on fréquente quelqu’un, plus on partage sa vie et ses préoccupations, mieux on le connaît. Les premières lunettes que Jésus lui-même nous recommande est la lecture humble mais opiniâtre de l’Ecriture. Sinon, nous risquons, nous aussi, d’être des esprits sans intelligence, lents à croire tout ce que Matthieu, Marc, Luc et Jean ont écrit pour affermir notre foi.

Les secondes lunettes sont à l’évidence le partage du pain eucharistiquedont le récit d’aujourd’hui est un témoignage. Vous avez discerné, à l’écoute de cet évangile, la structure fondamentale de la messe que nous célébrons en ce moment : le temps de la Parole, durant lequel le Christ lui-même interprète l’Ecriture, puis le temps de l’Eucharistie pendant lequel, comme lors de la Cène, le Christ rompt le pain et le donne. Comme pour l’Ecriture, c’est la fréquentation assidue de la messe, et des autres sacrements, qui nous permet de comprendre le sens de ces gestes, non seulement avec notre intelligence, mais aussi avec le cœur.

« Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. » La messe n’est pas un acte magique ; c’est un acte pédagogique. Comme un bon instit, elle nous apprend peu à peu, à découvrir la présence du ressuscité dans la vie quotidienne comme il est présent dans la réalité eucharistique. Elle nous apprend à écouter avec attention les Ecritures ; elle nous apprend à découvrir le Christ vivant dans de très humbles réalités comme le pain et le vin ; elle nous apprend à devenir nous-mêmes nourriture pour autrui comme le Christ est nourriture pour nous ; elle nous apprend à pardonner comme le Christ nous pardonne. Elle nous apprend à témoigner du Christ auprès de nos familles, de nos amis, même si notre témoignage n’est pas reçu. Elle nous redonne foi et espérance : « A l’instant même ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem » pour découvrir qu’ils ne sont pas seuls à croire, alors qu’ils se sentaient si seuls dans leur tristesse.

Non, nous ne sommes pas seuls à croire : les baptisés de Pâques nous le disent, eux qui ont ouvert les yeux. Nous sommes l’Eglise du Christ, cette Eglise qui, malgré ses défaillances et ses fautes, se lève encore et encore pour affirmer : « Le Christ est ressuscité ; en vérité, il est ressuscité ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homelie du 2 avril 2023    Dimanche des Rameaux   Année A

 

Isaïe  50, 4-7     Psaume 21     Ph 2,6-11     Mt 24,14 – 27,66

Par le Père Jean Paul Cazes

Nous sommes venus, ce matin, avec nos soucis, nos problèmes, nos peurs et nos questions. Nous sommes venus trouver un peu de réconfort, et nous avons raison.

Le Dieu que nous acclamons avec nos rameaux n’est pas un Dieu de colère mais de miséricorde. Il n’est pas un Dieu de vengeance, mais de pardon. Il n’est pas du côté de la mort mais de la vie.

Si quelqu’un d’entre nous pense venir adorer Jupiter, il se trompe : qu’il change son regard, qu’il se convertisse. Si quelqu’un d’entre nous a peur de Dieu, il se trompe : qu’il change son regard, qu’il se convertisse.

Nous sommes venus chercher des rameaux. C’est une bonne chose ; ils vont nous accompagner durant toute une année en étant accrochés à un crucifix, ou à une image, ou au-dessus d’une porte. Ils seront là non pas parce qu’ils portent bonheur car, par eux-mêmes, ils ne peuvent rien ; ce ne sont même pas des plantes médicinales. Par contre, ils seront là pour nous rappeler en quel Dieu nous croyons. Ils seront là pour nous rappeler que Dieu, par Jésus-Christ, se donne à nous. Jésus-Christ fait toujours le premier pas : il vient toujours vers nous, il se donne à chacun de nous, il donne sa vie, il donne sa présence. En réponse, il attend de nous que nous agissions de la même manière entre nous. Il attend que nous acceptions de nous pardonner, de nous respecter, de nous entraider. En un mot : de nous aimer. Non pas en nous embrassant d’une manière superficielle, mais en donnant notre vie les uns pour les autres.

Surtout, si vous n’êtes pas d’accord – et c’est votre droit – ne prenez pas de rameaux ; leur présence muette vous rappellerait trop le Dieu d’amour et de pardon auquel nous sommes tous appelés à nous convertir.

Mais, si vous êtes venus ce matin en espérant trouver un peu de réconfort au milieu de vos soucis, de vos problèmes, de vos peurs et de vos questions, alors, partez en paix avec vos rameaux, et que le Dieu de miséricorde vous accompagne tout au long de l’année.