Homélie du 4ème dimanche de l’Avent B

par le père Yvan Maréchal
Lectures : 2 S 7,1-16 ; Ps 88 ; Rm 16,25-27 ; Lc 1,26-38 20 décembre 2020
« Je vous salue, Marie, pleine de grâce. » Combien de fois avons-nous prononcé cette prière toute simple, dans les moments de joie comme dans les moments de peine, en reprenant les paroles de la salutation de l’ange Gabriel : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » L’Angélus, que nous pouvons prier matin, midi et soir, ne fait pas autre chose quand il nous introduit dans la venue du Seigneur Jésus dans notre chair, en portant l’annonce joyeuse de l’ange, en énonçant le consentement de Marie et en affirmant l’incarnation du Fils de Dieu en elle.
Nous sommes peut-être habitués aux représentations picturales de l’Annonciation. Nous connaissons par exemple les peintures de Grünewald, de Donatello ou de Fra Angelico, où Gabriel est souvent figuré toutes ailes déployées, majestueux et plein d’assurance, devant Marie assise en prière, en extase, sans peur aucune, mais pleine de confiance.
À l’Annonciation se réalise en effet ce qui était attendu depuis des siècles, comme l’exprime saint Paul dans la lettre aux Romains : « révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence, mystère maintenant manifesté au moyen des écrits prophétiques, selon l’ordre du Dieu éternel, mystère porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi ». Le mot « mystère » signifie ce qui est fermé et conservé dans le silence, ce que Dieu gardait dans son cœur, mais qui est désormais révélé, porté à la connaissance des hommes, ce qui est donc manifesté. Ce mystère, c’est donc ici la révélation du Dieu caché faite à toutes les nations. Depuis les prophètes qui l’ont annoncée, depuis David qui a reçu la promesse d’une descendance et d’une royauté pour toujours, la venue du Sauveur est attendue par toute l’humanité. À l’Annonciation s’accomplit alors le consentement au salut exprimé par le oui de Marie.
Dans la première lecture, c’est-à-dire dans le Deuxième livre de Samuel, le roi David de Jérusalem habite une maison de cèdre et il a la mauvaise conscience de savoir que l’arche d’alliance, qui symbolise la présence de Dieu, est abritée par une simple toile de tente. C’est pourquoi il prend la décision de construire un temple pour Dieu. Ainsi Dieu qu’il honore et qu’il veut servir pourra être vraiment présent au milieu de la cité de Jérusalem. Cependant Dieu lui-même intervient par l’intermédiaire de son prophète Nathan pour lui faire à la fois un blâme et une promesse. En effet, contrairement au projet royal, David ne construira pas le temple, parce que la maison de Dieu ne peut pas être faite de mains d’homme. Mais Dieu, qui a édifié le royaume de David en le soutenant dans ses victoires, lui bâtira une maison : cette maison voulue par Dieu ne sera pas une maison de pierre, parce que Dieu ne peut pas vraiment être contenu dans la pierre, elle sera plutôt la grande famille royale, la descendance de David : « Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. » Cette construction inouïe sera donc avant tout humaine et spirituelle. Bien plus, la promesse faite à David et à sa descendance s’adresse à nous aussi aujourd’hui, si nous croyons qu’elle s’est accomplie en Jésus-Christ.
Dans l’Évangile de saint Luc, Marie reçoit à son tour un messager prestigieux, bien plus qu’un prophète, puisqu’il s’agit de l’ange Gabriel qui lui annonce qu’elle a été choisie par Dieu pour mettre au monde un fils ; elle a donc été élue pour être le temple dans lequel Dieu établira son Fils, elle sera le temple de la présence du Seigneur. Marie est « Comblée-de-grâce », parce que dès le premier instant de son existence, Dieu avait choisie Marie et il l’avait préparée, pour qu’elle devienne le temple déjà annoncé à David 1000 ans auparavant et pour qu’elle établisse en elle la demeure de son divin Fils. Ce Fils, c’est Jésus, qui est plus que le fils de David : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » En Marie, Dieu veut donc former un corps composé à la fois d’une nature divine semblable à la sienne et d’une nature humaine semblable à la nôtre. Ce Fils de Dieu et de Marie sera le Messie attendu par Israël. Il est aujourd’hui le sauveur attendu par toute l’humanité.
À l’Annonciation, Marie s’interroge pourtant sur la façon dont se fera la conception de son enfant. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » Marie ne se pose pas de question sur la conception biologique de l’enfant, mais elle demande comment elle doit entrer dans le mystère de Dieu et accueillir le projet de Dieu. L’ange lui en donne alors la réponse : « l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. »
Le fils que Marie concevra ne sera pas comme Jean-Baptiste qui fut une récompense offerte à Zacharie l’homme juste et à son épouse Élisabeth la stérile. Il ne sera pas l’enfant d’un vieux couple, l’enfant que l’on n’espérait plus attendre. Il sera davantage, il sera l’enfant de la virginité, le premier homme d’une nouvelle humanité, d’une nouvelle création accomplie par l’Esprit Saint.
C’est pour cela que Marie est appelée à prendre une décision. Et le monde attend le oui de Marie, comme l’exprime saint Bernard dans son Sermon sur les louanges de la Vierge Marie : « Ta réponse, ô douce Vierge, Adam l’implore tout en larmes, exilé qu’il est du paradis avec sa malheureuse descendance ; il l’implore, Abraham, il l’implore, David, ils la réclament tous instamment, les autres patriarches, tes ancêtres, qui habitent eux aussi au pays de l’ombre de la mort. Cette réponse, le monde entier l’attend, prosterné à tes genoux. Et ce n’est pas sans raison, puisque de ta parole dépendent le soulagement des malheureux, le rachat des captifs, la délivrance des condamnés, le salut enfin de tous les fils d’Adam, de ta race entière. Ne tarde plus, Vierge Marie. Vite, réponds à l’ange, ou plutôt, par l’ange réponds au Seigneur. Réponds une parole et accueille la Parole ; prononce la tienne et conçois celle de Dieu ; profère une parole passagère et étreins la Parole éternelle. Pourquoi tarder ? Pourquoi trembler ? Crois, parle selon ta foi et fais-toi tout accueil. (…) Lève-toi, cours, ouvre lui : lève-toi par la foi, cours par l’empressement à sa volonté, ouvre-lui par ton consentement. » Toute l’histoire humaine dépend donc de Marie et de sa réponse. Pour que Dieu puisse se révéler pleinement, il faut qu’il y ait une collaboration humaine, sinon l’œuvre de Dieu ne pourra pas s’accomplir. Marie se présente alors comme la vraie croyante qui accepte de collaborer fidèlement au projet du Seigneur. Et c’est ainsi que se réalise l’incarnation dans le sein de cette femme qui se livre totalement à l’œuvre de son Fils : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Marie ose poser un acte de foi devant le mystère invisible et s’engage totalement au service de Dieu. Comme Marie, nous devons oser vivre de la foi et croire dans la vie que Dieu donne, car rien n’est impossible à Dieu. Trop souvent, dans notre foi, nous passons à côté de Dieu, parce que nous l’attendons ou le cherchons dans des actions extraordinaires, sur une route menée à la mesure de notre projet et de nos désirs. Le chemin du Seigneur nous paraît déroutant et nous fabriquons ainsi nous-mêmes le sentiment de l’absence de Dieu. En réalité, ce n’est pas Dieu qui s’absente, c’est nous qui avons quitté la vie cachée de Nazareth. Ce n’est pas l’heure de Dieu qui tarde, c’est nous qui ne l’attendons plus. Marie, elle, n’a pas d’autre projet que de laisser Dieu agir et de trouver grâce auprès de lui. C’est pourquoi, même si le message de Dieu l’ébranle, parce que l’irruption de son amour est toujours bouleversante, sa première réponse est toute sublime : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Cher paroissiens, nous aussi, nous sommes invités à entrer dans cette même collaboration à l’œuvre de Dieu. Est-ce que comme Marie, nous y inscrivons toute notre bonne volonté, tout notre oui inconditionnel à Dieu ? Ou au contraire baissons-nous les bras, parce que la tâche est trop lourde à porter, parce que Dieu semble nous demander un effort trop grand, parce qu’il semble se taire ? Aujourd’hui peut-être, il n’est pas trop tard pour reprendre le chemin de conversion préparé par Jean-Baptiste, ressaisir une vie spirituelle qui se relâche et se mettre au service du Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force. Peut-être aussi qu’à notre manière nous pouvons engendrer par la foi le Fils de Dieu, comme le dit saint Ambroise dans l’une de ses Homélies sur l’évangile de Luc : « Heureux, vous qui avez entendu et qui avez cru ; car toute âme qui croit conçoit et engendre le Verbe et le reconnaît à ses œuvres. Que l’âme de Marie soit en chacun de vous, pour qu’elle exalte le Seigneur ; que l’esprit de Marie soit en chacun de vous, pour qu’il exulte en Dieu. S’il n’y a, selon la chair, qu’une seule mère du Christ, tous engendrent le Christ selon la foi. (…) Toute âme qui peut vivre ainsi exalte le Seigneur, comme l’âme de Marie a exalté le Seigneur, et comme son esprit a exulté en Dieu son sauveur. »

Homélie du 3e dimanche de l’Avent

13 décembre    3ème dimanche de l’Avent   Année B

Isaïe  61, 1-2a+10-11     Ps : Lc 1     1 Th 5, 16-24     Jn 1, 6-8+19-28

 

Dimanche dernier, j’ai vécu une toute petite expérience qui m’a donné à penser. Je m’étais proposé d’aller voir trois groupes d’amis durant l’après-midi ; comme tous les autres, je ne les avais pas vus depuis longtemps. Je leur avais téléphoné et mis au point un horaire. A 14h, j’étais à mon volant, mais plus de batterie ! Depuis, j’ai une batterie neuve, tout est rentré dans l’ordre. Mais, dimanche dernier, tout allait mal. Différentes aides m’ont été offertes, mais rien n’allait. Si bien que je suis resté ici et que je n’ai vu personne. Mon moral est descendu en flèche. 

Pourtant, il y a des choses bien plus graves que de ne plus avoir de batterie et de ne pas pouvoir visiter des amis. Mais cette toute petite expérience m’a fait toucher du doigt que nos équilibres sont très fragilisés en ce moment, et qu’un rien peut les mettre en danger. 

 

C’est avec cela dans la tête et le cœur que j’aborde avec vous ce troisième dimanche de l’Avent qui est le dimanche de la joie. Son nom latin est « Gaudete », c’est-à-dire, « réjouissez-vous ». Il correspond au quatrième dimanche de Carême qui est aussi un dimanche de la joie : « Laetare »

La première oraison du début de la messe dit : « Dirige, Seigneur, notre joie vers la joie d’un si grand mystère. » Isaïe dit : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. » St Paul écrit : « Soyez toujours dans la joie … »

Comment entretenir la joie en nous et entre nous ?

Ou comment la réveiller ? 

 

Cela peut être très blessant, pour tel ou tel d’entre nous, d’entendre « Soyez toujours dans la joie … » C’est peut-être pour lui comme si la Parole de Dieu ne tenait pas compte des difficultés qu’il traverse en ce moment. 

Il y a les difficultés communes que nous connaissons tous ; il n’est pas nécessaire que j’en dresse la liste. Et puis il y a les difficultés propres à chacun : maladie, perte d’emploi, relations familiales, décès … Alors, si la toute petite difficulté que j’ai vécue dimanche dernier a mis – provisoirement – mon moral à plat, combien plus toutes ces difficultés ! 

Parler de la joie, dans ce contexte, peut sembler blessant ou naïf.

Et pourtant, n’est-ce pas de cela que nous avons besoin ? 

La joie fait tellement de bien ! Je ne parle pas de la gaité, même si la gaité est une bonne chose ; mais la gaité passe, comme passe les décorations et les cotillons d’une fête. 

La joie, du moins la joie chrétienne, est autre chose que la gaité. La joie chrétienne repose sur la certitude d’être aimés par Dieu le Père. La naissance de son Fils en notre humanité nous dit cet amour. Nous sommes aimés, tels que nous sommes. C’est cela le salut ; n’oublions pas que le nom de Jésus signifie « Dieu sauve ». Voilà sur quoi repose notre joie. Joie et Jésus, ça va ensemble !

 

Cette joie-là a plusieurs particularités.

D’abord, elle ne masque pas nos difficultés ; elle n’est pas un remède miracle. Par contre, elle est une force particulière pour voir autrement ces difficultés et les porter avec courage puisque Jésus est venu les porter avec nous.

 

Elle a une autre particularité : loin de diminuer si on la distribue, elle augmente quand on la donne. Alors, je lance une proposition : affichons carrément la raison de la joie de Noël, et affichons-la sur nos fenêtres. J’appelle ça : l’évangélisation par la fenêtre. Collons en grand sur nos fenêtres le nom de Jésus. C’est bien de mettre des sapins, des étoiles, des père Noël et tout le reste ; mais c’est du folklore. Ce n’est pas le folklore qui apporte la joie, c’est le nom de Jésus ! Je rêve de voir nos fenêtres décorées par le nom de Jésus. Il n’est pas difficile de découper les cinq lettres du nom de Jésus, de les colorier et de les coller sur nos fenêtres. Demandez à vos enfants ou à vos petits-enfants de le faire, ils seront ravis. 

C’est bêta, c’est nunuche, c’est infantile ? Non !

C’est accepter de s’afficher publiquement comme chrétiens, et ce n’est pas si facile que ça vis-à-vis des voisins. 

Et pourtant, c’est notre magnifique mission ! 

Un de mes amis, jeune curé dans le diocèse de Versailles, a décidé, avec ses paroissiens, d’un projet d’évangélisation qu’il a nommé : « Aimer Jésus et le faire aimer ». C’est là qu’est la joie de Noël.

 

Nous avons douze jours pour dire « la joie de Jésus » par nos fenêtres !

Homélie du 2e dimanche de l’Avent

6 décembre 2020 2ème dimanche de l’Avent Année B
Isaïe 40, 1-5 + 9-11 Ps 84(85) 2 P 3,8-14 Marc 1, 1-8

Vous savez certainement que, depuis dimanche dernier, qui fut le premier jour de la nouvelle année chrétienne, nous sommes entrés dans l’année liturgique B durant laquelle les dimanches nous donneront l’évangile selon St Marc dont nous aujourd’hui avons les tout premiers versets : « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »
Certes, les évangiles nous aident à découvrir nos péchés et, surtout, à nous tourner vers celui qui pardonne ; cela est affirmé dès le verset 4 : « Alors, Jean, celui qui baptisait … proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » Que cela nous aide à nous confesser avant Noël.
Mais imaginons un instant que tous les hommes soient sans péché, pensez-vous que Jésus serait venu ? Car c’est bien lui qui est venu pardonner nos péchés. Alors, si nous étions purs de tout péché, que serait-il venu faire au milieu de nous ?

Je vais vous raconter une petite histoire. Ma filleule, Agnès, qui est actuellement maman de deux garçonnets, avait trois/quatre ans à l’époque. Ses parents vivaient dans les environs de Tours. J’essayais, comme je pouvais, d’aller voir ma filleule de temps à autre. Chaque fois, en bon parrain que j’étais, je lui apportais un petit cadeau. Cette fois-là, je n’avais pas eu le temps de faire mes courses. Je suis arrivé les mains vides. Agnès m’a fait comprendre qu’elle attendait un cadeau ; je lui ai dit : « Ma chérie, aujourd’hui, le cadeau, c’est moi ! » Elle a peu apprécié ! Nous sommes souvent des « Agnès » dans la vie chrétienne. Nous espérons des cadeaux sans faire attention au donateur.

Je reprends ma question : si les hommes étaient sans péché, pensez-vous que Jésus soit venu ? Sa venue aurait-elle une utilité ? Je pense que Jésus serait venu à notre rencontre ; car nous avons beaucoup plus besoin de lui que de ses cadeaux. C’est lui le cadeau ! La venue de Jésus au milieu de nous n’est pas d’abord utilitaire : elle est amoureuse. Aurions-nous été sans péché qu’Il serait venu tout simplement parce qu’il nous aime et veut nous dire l’amour de notre Père.

Les évangiles ne sont pas d’abord, et fondamentalement des livres de morale. Bien sûr, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Il est vrai que l’enseignement de Jésus a une valeur morale de premier ordre; Jésus nous aide à construire notre vie, à choisir entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice, entre la paix et la guerre, entre le pardon et la vengeance, entre l’amour et la haine. Les évangiles sont pour nous une source de sagesse. Mais ils ne sont pas des codes de bonne conduite. Ils sont la révélation d’une personne qui nous offre son amour afin que nous lui répondions par notre amour, d’où le titre de l’évangile selon st Marc : « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »

Ce titre est un programme. Il annonce le plan suivi par st Marc. Deux grandes parties dans son évangile. Première partie : Jésus est le Messie (ou le Christ, puisque vous savez que ces deux mots sont équivalents, l’un en hébreu, l’autre en grec). Seconde partie : Jésus est le Fils de Dieu. Ces deux parties s’articulent autour de la profession de foi de St Pierre au chapitre 8. La première partie va du baptême de Jésus à la profession de foi de Pierre. La seconde va de la profession de foi de Pierre à la Passion/Résurrection. En passant, remarquons que Marc commence son évangile non pas à la naissance de Jésus, comme Matthieu et Luc, mais à son baptême : c’est l’étendue de la mission de Jésus qui intéresse Marc. Et cette mission consiste à sauver l’humanité par l’adhésion à sa personne.

Marc veut nous mettre en présence de la personne de Jésus-Christ, bien plus que nous donner la totalité de son enseignement. D’ailleurs, même st Jean n’écrira pas la totalité de ce que Jésus a dit et fait puisqu‘il écrit : « Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. » (Jean 20, 30-31). St Jean résume dans ces deux versets l’intention de st Marc.
Ce qui nous sauve, nous les baptisés – et l’humanité à travers nous – ce n’est pas de suivre un enseignement moral à la lettre – même si cet enseignement est de première importance – mais d’être unis à la personne de Jésus, Christ, le Fils unique de Dieu son Père et notre Père.

Père Jean Paul Cazes

Homélie du premier dimanche de l’Avent

Premier dimanche de l’Avent B, 29 novembre 2020
Lectures : Is 63,16-64,7 ; Ps 79 ; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37
Au début de ce temps de l’Avent, nous commençons une nouvelle année liturgique dans la même disposition d’attente que celle où nous nous trouvions à la fin de l’année liturgique. Dimanche dernier, en la fête du Christ Roi de l’univers, nous attendions son retour glorieux en tournant notre regard vers la fin des temps. Aujourd’hui, le premier dimanche de l’Avent nous dispose à attendre plutôt l’avènement du Messie à l’aube de la nouvelle Alliance : Dieu vient parmi les hommes en Jésus-Christ. Tel est le mystère de l’incarnation que nous célébrerons à Noël, la fête de la Nativité du Seigneur Jésus !
L’attente nous fait souvent éprouver une absence, un manque, et donc le désir de quelque chose, ou plutôt le désir de quelqu’un : oui, nous avons soif de Dieu ! Mais en sommes-nous pleinement persuadés ? Avons-nous réellement soif de Dieu ? Nous manque-t-il vraiment ?
En cette année cruelle, où le confinement se prolonge et crée un malaise dans notre société, nous manquons de relations humaines, d’affection, d’écoute et de consolation. Bien des personnes que nous rencontrons sont tristes et angoissées, parce qu’elles font l’expérience d’une rupture, d’une absence ou d’un vide d’humanité. Mais souvent nous avons aussi l’impression que c’est la présence de Dieu qui est laissée comme une place vide dans le monde. Qui n’a pas fait l’expérience de l’absence de Dieu, de ce Dieu impalpable et invisible qui cache son visage et que nos sens extérieurs ne peuvent atteindre ? Qui n’a pas fait aussi l’expérience de l’abandon de Dieu ?
C’est exactement ce que ressentait le peuple d’Israël dans les propos du prophète Isaïe, dans la première lecture. La méditation d’Israël sur son histoire est exprimée comme une confession adressée à Dieu, qu’il appelle « notre père, notre rédempteur depuis toujours ». Israël reconnaît en effet qu’il s’est égaré dans l’errance, en dehors des chemins de Dieu, qu’il s’est endurci à cause de son péché et qu’il est sans crainte, c’est-à-dire que le lien spirituel au Seigneur s’est disloqué. C’est pourquoi, Israël crie son désir de la venue d’un Dieu qui se fasse proche de lui : « Reviens, à cause de tes serviteurs (…). Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face. » Et aussitôt le peuple d’Israël reçoit la capacité de se souvenir de la puissance et de la bonté que Dieu lui a manifestées dans le passé, Israël peut se disposer à attendre une nouvelle manifestation de la puissance et de la miséricorde divines à son égard, car répète-t-il : « maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. » En invoquant le nom de Dieu comme Père, Israël, comme un fils, reprend le chemin de la foi et persévère dans la confiance en son Seigneur qui peut tout pour lui. Le psalmiste ajoute aussitôt après : « Réveille ta vaillance et viens nous sauver. Dieu de l’univers, reviens ! »
C’est vrai, pendant l’Avent, nous sommes tous invités à nous réveiller du sommeil, de l’engourdissement spirituel, du laisser-aller ou de l’habitude qui s’installe en nous. « Prenez garde, restez éveillés », nous dit Jésus aujourd’hui à la fin de l’Évangile de Marc, juste avant d’entrer dans sa Passion. La parabole laisse d’ailleurs entendre que Dieu est « comme un homme parti en voyage ». Comme des veilleurs, nous attendons alors son retour impromptu. « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » Quelle insistance de la part de Jésus dans cette attitude de veille active, qui signifie une quête inlassable des signes de la venue du Seigneur parmi les hommes ! Il nous arrive bien parfois d’avoir quelques grâces, mais trop souvent Dieu se cache ; la foi est davantage une vie spirituelle menée dans l’obscurité que dans la lumière éclatante du matin de Pâques. En ce moment, la nuit qui s’allonge progressivement à la fin de l’automne est un signe sensible de notre nuit intérieure. C’est pourquoi le temps de l’Avent est propice à la disposition du cœur qui veille dans la nuit, c’est-à-dire un cœur attentif aux visites inattendues de Dieu dans notre vie quotidienne, un cœur attentif à la proximité de Dieu dans les événements qui nous entourent, un cœur qui se laisse modeler par le travail secret de la grâce divine en lui et qui place toute son espérance dans le Seigneur. L’Avent est chaque année un temps de grâce qui nous est accordé pour accueillir Dieu qui vient dans notre chair raviver notre désir de vivre et d’agir pour lui et de préparer le retour final du Christ, comme nous le disons dans la liturgie : « Nous attendons ta venue dans la gloire. » Voilà pourquoi nous devons tous aiguiser notre vigilance.
Dans la nuit obscure et dans la nuit de la foi, l’Avent nous situe donc dans une attente vigilante, mais il nous dispose également à la joie. Comme un ami attend son ami, comme une mère attend son enfant, comme la Vierge Marie attend la mise au monde de Jésus, notre cœur est tendu vers la venue joyeuse du Sauveur. C’est ainsi que Noël ne sera pas le pur souvenir d’un événement du passé, mais un véritable mémorial, au même titre que l’eucharistie, c’est-à-dire l’actualisation du mystère de la Nativité de Jésus ou plus précisément la réalisation dans notre vie de foi aujourd’hui de la venue de Dieu dans notre chair pour nous sauver. Même si cette année Noël ne sera peut-être pas un Noël normal, se préparer à la visite et à la manifestation divine devrait déjà instiller la joie au fond de nous et nous inviter déjà à rendre grâce dans notre prière.
C’est ce que fait saint Paul dans la deuxième lecture quand il écrit aux Corinthiens : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. » Avec saint Paul, moi aussi je veux rendre grâce à Dieu pour vous, chrétiens de Courbevoie, qui pendant ces dernières semaines de confinement pour des raisons sanitaires, avez mené une vie de foi cachée chez vous, coupés de la célébration habituelle de la messe, et qui avez apporté un élan de ferveur dans notre église paroissiale en participant à la seule communion proposée le dimanche midi ainsi qu’à la prière personnelle, aux offices et à l’adoration. Avec les restrictions qui nous sont encore imposées, persévérons toujours dans la foi et la relation vivante avec le Seigneur !
Quelle grâce allons-nous donc demander à Dieu en ces jours qui nous séparent de Noël ? Nous lui demanderons de nous aider à adopter une attitude positive de veilleurs au cœur de nos nuits ou de nos détresses, de nous aider à ne pas baisser la garde mais à garder courage. Nous lui demanderons d’être animés par la joie et intérieure et extérieure, parce qu’elle est la joie d’une foi agissante qui nous rend témoins de l’espérance qui est en nous. Oui, montrons autour de nous, dans notre famille, dans notre quartier, dans notre lieu de travail, que nous vibrons à la fois sous le signe de la présence actuelle de Jésus et dans l’attente de son retour. « Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient, pour les siècles des siècles. Amen ! »

Homélie du 32ème dimanche Année A

8 novembre 2020     32ème dimanche Année A

Sg 6,12-16     Ps 62     1 Th 4,13-18     Mt 25,1-13

Je pense, sans grand risque d’erreur, que vous connaissez tous cette parabole. Quand j’étais gamin, on l’appelait la parabole des vierges sages et des vierges folles. Grâce aux progrès de la psychiatrie, le mot folie a pris un sens beaucoup plus précis, si bien que de « folles », les premières jeunes filles sont devenues « insouciantes » et les autres « prévoyantes ».

Avec cette parabole, l’évangile selon St Matthieu en est arrivé au chapitre 25 qui fait partie du dernier grand discours de Jésus avant le drame de la Passion qui sera raconté à partir du chapitre 26. Du point de vue liturgique, nous approchons de la fin de l’année chrétienne : dans quinze jours, nous fêterons le Christ roi de l’univers ; dans trois semaines, nous commencerons une nouvelle année avec le premier dimanche de l’Avent. Voilà pourquoi il nous faut accueillir avec reconnaissance la dernière phrase de notre évangile : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

En lisant et relisant notre parabole, j’ai été frappé par un détail, comme cela arrive souvent quand on lit et relit un texte. Ce détail a tourné en rond dans ma tête et je me suis dit qu’il y avait certainement là une richesse à découvrir. Ce détail est celui-ci : « Au milieu de la nuit … ».

Le milieu de la nuit : ce moment particulier qui est en même temps minuit et zéro heure.

Au milieu de la nuit : moment particulier où s’achève un jour qui ne reviendra plus pour que commence un nouveau jour.

Ce milieu de la nuit qui évoque le sommeil pour celles et ceux qui ont le bonheur de pouvoir dormir. Le sommeil est présent dans la Bible depuis le mystérieux sommeil d’Adam qui laissa jaillir Eve de son côté, jusqu’au sommeil de Joseph qui accueille l’enfant né de son épouse par la grâce de l’Esprit.

Au milieu de la nuit, nous fêtons la naissance de Jésus. La liturgie utilise un verset splendide du livre de la Sagesse pour ouvrir la messe de Noël. Je cite : « Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, ta Parole toute puissante s’élança du trône royal. » (Sg 18,14) La Parole de Dieu s’élance vers nous depuis son trône royal ; mais, comme le dit Paul aux chrétiens de la ville de Philippe (Phi 2,6-7), le Verbe de Dieu – lui qui était l’égal de Dieu – s’est dépouillé de son rang pour prendre la condition de serviteur et devenir semblable aux hommes : et Jésus naît de Marie dans la nuit des bergers et des anges.

Au milieu de la nuit : moment particulier où, comme pour un passage de témoin dans une course, le jour qui finit transmet de manière mystérieuse la lumière au jour qui commence.

C’est au milieu de la nuit, la nuit sainte du sabbat de la fête juive de la Pâque, que Jésus passe de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière. Chaque année, le samedi saint, nous entrons dans l’église sombre, dans la nuit de la foi. Nous avançons derrière la flamme du cierge pascal qui distribue peu à peu le feu à nos cierges, et nous chantons : « Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père, saint et bienheureux Jésus-Christ ! »

Et voici qu’au milieu de la nuit un cri s’élève : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » Qui pousse ce cri ? Jésus ne le dit pas. Souvent, cette tournure impersonnelle est une forme de respect pour désigner Dieu. Si cela est exact, c’est Dieu lui-même qui nous crie : « Sortez à la rencontre de l’époux que j’ai choisi pour vous. N’ayez pas peur de la nuit : c’est la nuit de la Rencontre. » Toutes les nuits, depuis celle de la Création jusqu’à celle de la Rédemption, sont là pour nous dire : « Sortez à la rencontre de l’époux ». Sortons de nous-mêmes, sortons de notre sommeil, sortons de nos routines pour nous précipiter vers Celui qui vient vers nous. Car il vient, il ne cesse de venir depuis la nuit de Noël. Le Dieu qui est le nôtre est un Dieu qui vient, pas un Dieu qui reste caché dans son ciel.

Il vient pour des épousailles. « Dieu … a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16) Jésus est l’époux promis au monde entier et à chacun de nous. Car la vie chrétienne n’est pas une vie de loi et de préceptes moraux : c’est une vie d’union avec le Christ. Une union dans la nuit de la foi avant qu’elle devienne totale et définitive « dans la salle de noces » du royaume.

Au milieu de la nuit, au milieu de nos nuits, la nuit du confinement, la nuit de la santé, la nuit de la solitude, la nuit de la peur, la nuit du manque de travail, la nuit des relations familiales, il est possible que nos lampes vacillent et peut-être même s’éteignent. Mais c’est dans la nuit qu’il est beau de croire en la lumière, comme l’écrit si joliment Edmond Rostand. Et même si nos lampes se sont éteintes, le Christ est venu les rallumer, et les rallumer sans cesse. Car il n’est pas venu pour condamner le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui. (Jn 3,17) Pourquoi voudrait-il condamner celles et ceux qu’il vient épouser, même au milieu de leurs nuits ?

Père Jean Pierre Cazes

Homélie de la Toussaint

Solennité de la Toussaint 2020

Lectures : Ap 7,2-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12

Dans le livre de l’Apocalypse, nous entrevoyons une foule immense de saints de toutes nations, races, peuples et langues, se tenant debout devant le trône de Dieu et devant l’Agneau, revêtus de robes blanches et portant les palmes de la victoire à la main. Ce scénario représente l’adoration du Dieu Très-Haut. La solennité de la Toussaint que nous fêtons aujourd’hui manifeste l’élévation de l’Église des saints vers le Ciel et lui confère une dimension d’éternité.

Mais cette élévation lumineuse semble obscurcie en ce moment par la seconde vague de contamination du Covid qui nous replonge dans le confinement et par le massacre d’innocents qui priaient leur Seigneur il y a quelques jours dans une église de Nice. Ce regard vers le ciel semble bientôt nous abaisser vers la terre, quand demain nous célébrerons une dernière messe pour commémorer nos fidèles défunts, ces êtres qui nous sont chers et qui sont morts tout au long de l’année, tout particulièrement ceux qui ont succombé à la pandémie ou qui sont morts au printemps dernier dans l’enfermement et la solitude la plus inhumaine des maisons de retraite. Avec le changement d’heure récent, la précocité de la nuit et l’approche de l’hiver nous apparaissent aussi comme des signes de mort. Cependant évoquer la mort le 2 novembre au lendemain de la fête glorieuse de la Toussaint ne signifie pas vivre la mort comme une condamnation, mais la vivre comme un passage qui nous fait vivre en plénitude la vie éternelle déjà reçue au baptême. Dans trois semaines enfin, en la solennité du Christ-Roi de l’univers, nous achèverons l’année liturgique et nous insisterons sur la récapitulation de tous les temps dans le Christ.

En fêtant aujourd’hui tous les saints officiels ou inconnus, nous voulons célébrer Dieu et sa gloire. Une des prières eucharistiques adresse à Dieu cette parole : « Toi qui es vraiment saint, toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur, nous te prions. » Dieu seul est saint. Il a déjà manifesté sa sainteté dans le passé, dans de majestueuses théophanies, comme au mont Sinaï dans le buisson ardent ou à l’intérieur du temple de Jérusalem. La sainteté de Dieu exprime toute la richesse, toute la vie, toute la puissance et toute la bonté qui le distinguent du monde où nous nous trouvons. Pourtant puisque l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme est lui-même revêtu de cette sainteté et il la reçoit par participation. Sa vie acquiert donc un caractère sacré, que nul n’est en droit de soustraire, un caractère inaliénable qui va de sa conception à son terme. C’est pourquoi un meurtre est une atteinte à la sainteté de Dieu ; et c’est pourquoi le pape François plaide pour l’abolition universelle de la peine de mort. Personne ne peut s’arroger le droit de se prendre pour Dieu, qui est le seul maître de la vie et de la mort.

Pour un chrétien, c’est l’Esprit Saint qui au baptême produit en l’homme la sanctification de sa vie, dans laquelle il doit sans cesse se replonger et se renouveler. Le saint, c’est celui qui se laisse inonder, envahir par le Dieu saint, c’est celui qui est habité par l’Esprit de Dieu et qui devient un temple du Seigneur. Le saint n’est pas un héros inaccessible ou une vedette de spectacle, mais celui qui mène sa vie en communion avec Dieu dans la plus grande simplicité et souvent de façon effacée.

Il est vrai que certaines figures de saints nous frappent par leurs dons exceptionnels ou leurs talents de thaumaturge, comme saint Antoine du désert, qui au IIIème siècle, guérit à la manière de Jésus des personnes possédées par le démon, comme saint Martin de Tours, qui au IVème siècle guérit un paralytique, ou plus près de nous, comme le Padre Pio, qui au XXème siècle possédait le don d’ubiquité. D’autres saints cependant revêtent moins d’éclat, mais ont été de véritables lumières, là où ils se trouvaient, comme saint Jean de la Croix au XVIème siècle, qui traça la réforme de l’ordre du Carmel sur les routes d’Espagne, ou Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus au XIXème siècle, qui vécut au fond de son Carmel à Lisieux et fut pourtant déclarée patronne des missions. Il y a aussi près de nous le bienheureux Carlo Acutis, emporté par une leucémie foudroyante en 2006 à l’âge de 15 ans et béatifié à Assise il y a seulement 15 jours, parce que dès son plus jeune âge il avait un amour de l’eucharistie hors du commun, qu’il savait témoigner du Christ dans sa famille peu pratiquante et auprès de ses amis avec une audace inouïe et qu’il nourrissait les pauvres croisés sur son passage.

Ce qui anime la plupart des saints, c’est en fait l’expérience des béatitudes qui les a unis au plus haut point à Jésus. Tout être aspire au bonheur et cette aspiration est inscrite en son cœur. Mais tous les êtres n’ont pas la conscience éclairée du vrai bonheur auquel ils sont destinés par Dieu. Jésus, venu parmi nous, nous enseigne comment vivre le bonheur en communion avec Dieu son Père, le bonheur qui plaît à son Père. Justement les saints, d’une manière ou d’une autre, ont approché cette réalité spirituelle : c’est la pauvreté du cœur qui n’a d’autre richesse que celle du cœur de Dieu ; ce sont les larmes qui sont versées sur leur péché et qui accueillent la consolation du Père de toute miséricorde ; c’est la douceur du tempérament ou du caractère qui reçoit en échange de Dieu un espace de douceur ; c’est la faim et la soif de Dieu, car Dieu est leur seule justice ; c’est la miséricorde donnée aux autres qui leur ouvrent alors les portes de la miséricorde que Dieu veut leur donner ; c’est la pureté du cœur qui donne accès à la vision de Dieu ; c’est la recherche de la paix qui est une œuvre de Dieu ; c’est l’acceptation de l’épreuve, de la souffrance ou de la persécution, pour accompagner le fardeau porté par le crucifié.

Ces huit béatitudes sont huit expressions du bonheur authentiquement et pleinement vécu par Jésus lui-même. En prenant notre condition humaine, Jésus mène à sa perfection le chemin que tout être doit parcourir pour mener à bien son existence selon le projet de Dieu le Père. Ce chemin est un élan vers Dieu, et précisément le mot « heureux » signifie en hébreu « marcher droit devant soi » ou bien « progresser » ; d’ailleurs le traducteur et poète André Chouraqui traduit ce mot par « en marche ! » Ce mouvement de bonheur, qui fait vivre selon le bon vouloir du Père, introduit alors dans le royaume des Cieux, là où l’homme est consolé, rassasié, comblé de miséricorde et d’allégresse. L’homme et la femme n’ont donc d’autre but que la vision de Dieu qui est leur destinée pour l’éternité. Si ici-bas nous ne voyons Dieu qu’à travers le voile de la foi, le jour de sa manifestation pour chacun d’entre nous, nous le verrons face-à-face, tel qu’il est, comme l’écrit saint Jean dans sa première lettre. Par les fruits de justice que nous recueillons sur cette terre, par l’application que nous mettons à connaître, à servir et à aimer Dieu, nous préparons notre accès à la gloire du Ciel, où déjà nous précèdent ceux qui ont rougi leurs vêtements dans le sang de Jésus, l’Agneau, par le sacrifice de leur vie, et où nous précèdent ceux qui ont blanchi leurs vêtements dans une vie unie au Christ dans l’amour. Le monde a besoin de saints, pas seulement au Ciel, mais aussi sur la terre ; soyons de ceux-là ! Ce défi vous est lancé à tous, en particulier en ces temps difficiles. Il est lancé aux enfants, il est lancé aux jeunes, il est lancé aux adultes, il s’adresse aussi aux personnes âgées. Que chacun à sa place rivalise de zèle pour transformer notre monde qui donne la triste impression d’être mortifère !

Père Yvan Maréchal

Homélie du 23ième dimanche A

Courbevoie, le 6 septembre 2020

Lectures : Ez 33,7-9 ; Ps 94 ; Rm 13,8-10 ; Mt 18,15-20

Il est une chose qui m’étonne de plus en plus de nos jours, c’est l’individualisme, dans lequel vit notre société, comme si chacun vivait tout seul dans son coin. Cela est vrai dans la vie des quartiers de nos villes, cela est vrai au travail, en entreprise et surtout au télétravail, cela est vrai dans nos familles et jusque dans la vie des couples. D’ailleurs, ce que l’on appelle en  ce moment des gestes barrières, qu’il faut adopter à cause de la situation sanitaire, crée encore plus un climat de repli, de peur et de distanciation entre les personnes. De plus, cet individualisme caractérise aussi la vie de l’Église. Il arrive souvent qu’une personne se présente à moi en exprimant sa préférence de vivre sa foi toute seule et de décider arbitrairement ce qu’elle est en droit de croire et de ne pas croire. À chacun sa foi, à chacun sa vérité !

Or aujourd’hui, Jésus nous donne un enseignement sur la vie communautaire. Il nous apprend que nous ne pouvons pas nous passer des autres et que nous en avons besoin pour exister. Pour l’illustrer, il prend l’exemple de la correction fraternelle. La correction fraternelle cherche à tout mettre en œuvre pour ramener celui qui a péché à l’intérieur de la communauté et à le réconcilier avec son prochain. Nous rencontrons tous des difficultés à nous parler face-à-face et à dialoguer en vérité, sans agressivité et sans violence. Nous avons bien des raisons qui nous freinent et nous arrêtent, car nous sommes souvent remplis de ressentiment et d’aigreur et nous cherchons plutôt la haine et la division que la réconciliation et l’union.

Il faut bien du courage pour dénoncer le mal qui détruit et pour conduire le pécheur sur le chemin de la vie. La correction fraternelle ne veut ni juger ni condamner celui qui a mal agi. Elle signifie que l’on n’est pas indifférent à l’autre et que l’on veut son bien. La correction fraternelle n’est motivée ni par la vengeance ni par la punition, mais par l’amour du prochain, par l’amour de cette personne que l’on souhaite éloigner du mal. Comme le rappelle saint Paul dans la lettre aux Romains : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. » La correction fraternelle ne recherche donc que le bien de la personne. Quand une personne commet le mal, non seulement elle se fait du mal à elle-même, mais elle fait aussi du mal à quelqu’un d’autre, et même à toute la communauté. Je me souviens du regard triste d’une de nos paroissiennes rencontrée cette semaine : son fils s’était bagarré ce matin-là avec un camarade de classe et cette mère avait été convoquée par le directeur de l’école pour rencontrer l’autre famille. La faute de son fils avait donc nuit à un autre jeune que lui-même et à la famille de ce jeune et elle avait même affecté sa propre mère. Le péché d’une seule personne peut donc avoir un retentissement sur toute autre personne. À l’inverse, la sainteté d’une seule personne peut sanctifier toute la communauté. Et c’est plutôt dans ce sens que nous devons œuvrer.

Jésus indique quatre étapes pour tirer le pécheur d’affaire. À la première étape, il nous dit de tout faire tout pour rencontrer directement le pécheur, pour attirer son attention sur le mal qu’il a commis, l’avertir et le guérir. Si l’on n’y parvient pas, la deuxième étape est plus communautaire : elle associe des témoins qui exhorteront le pécheur par une parole qui arrange tout, par une douceur qui respecte l’autre, par une patience qui prend du temps, afin de faire pression sur le frère ou la sœur qui a péché et l’amener à changer d’attitude. Si l’on n’y parvient toujours pas, la troisième étape en appelle à l’assemblée de l’Église, c’est-à-dire à toute la communauté chrétienne, afin d’éviter la partialité dans le jugement ou bien une vengeance personnelle et injuste. Pour finir, Jésus conseille de considérer le pécheur comme un païen ou un publicain : cela signifie le remettre entre les mains de Dieu après avoir épuisé toutes les solutions, c’est-à-dire compter sur la seule prière qui peut agir efficacement. Il est certain que ce n’est pas l’Église qui exclut le pécheur, c’est le pécheur qui s’exclut de lui-même.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus précise deux autres conditions en faveur de la vie fraternelle au sein de la communauté chrétienne : « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. » Voilà toute la valeur qui est accordée à la prière, sa force et son efficacité qui permettent d’obtenir toujours plus de grâces. Et Jésus ajoute : « En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Il est donc impossible de vivre sa foi tout seul. Il est fondamental de se réunir à plusieurs au nom de Jésus, pour que son action ait plus de force.

Aujourd’hui nous formons l’Église convoquée par le Christ pour célébrer l’eucharistie, et à la sortie nous serons envoyés dans nos maisons, puis dans nos écoles, sur nos lieux de travail ou de loisirs, pour continuer à témoigner du Christ, de sa Parole qui stimule et de son Corps qui nous habite. Aujourd’hui nous acceptons aussi de nous réconcilier avec Dieu et nous décidons de nous réconcilier les uns avec les autres pour être des artisans de paix. Aujourd’hui nous voulons construire une communauté fraternelle qui vit du commandement de l’amour, en prêtant une attention toute particulière à chacun personnellement, sans délaisser ni marginaliser personne. Le Seigneur dit en effet au prophète Ézéchiel : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. » Aujourd’hui le Seigneur dit donc à chacun de vous : « Je fais de toi un guetteur. »

Voilà pourquoi, cette année, nous mettrons ensemble en place un véritable processus de croissance spirituelle de notre paroisse : nous chercherons à nous enraciner profondément en Dieu dans une relation vivante avec Jésus-Christ et avec sa Parole ; nous chercherons à nouer une vraie vie fraternelle où l’amour des frères et des sœurs est signifiant pour le monde qui nous entoure ; nous chercherons à devenir disciples en nous laissant former, enseigner, configurer et transformer par le Christ ; nous chercherons à servir tous nos frères sans en oublier un seul ; nous chercherons enfin à être missionnaires, en annonçant la Bonne nouvelle autour de nous. Appelés par Dieu à le suivre, nous sommes aussi tous envoyés pour une grande mission, celle de faire des disciples de Jésus. Si nous sommes appelés, c’est pour appeler à notre tour. Si nous nous laissons évangéliser, c’est pour évangéliser à notre tour. Pour cela, j’ai besoin de vous tous, j’ai besoin de votre prière, de vos bras, de vos jambes, de votre intelligence, de vos talents, de vos compétences. Dès aujourd’hui je vous appelle tous au nom du Seigneur. Allez-vous donc répondre à son appel et à l’appel de l’Église ? Venez et marchez à sa suite, vous ne serez pas déçus. Oui, devenez des guetteurs du Seigneur !

Ascension

Évangile

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 16-20)

Alléluia. Alléluia.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples,
dit le Seigneur.
Moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la fin du monde.
Alléluia. (Mt 28, 19a.20b)

Homélie

Prière universelle

Refrain :

  1. Christ, tu es ressuscité. Accorde à ce monde amour et miséricorde. Que ses gouvernants soient les garants du droit et de la justice, afin que la Paix gagne le cœur des opprimés.

      Seigneur, nous te prions

Refrain :

  1. Christ, tu es monté aux Cieux. Inonde-nous de ta lumière. Porte secours à nos frères et sœurs malades, aux personnes âgées, aux victimes de cette pandémie, ceux qui nous ont quittés, reçois leurs âmes dans ton amour.

             Seigneur, nous te prions.

Refrain :

  1. Christ, tu es assis à la droite du Père. Envoie sur nous la force de ton Esprit. Qu’il ne cesse d’animer tous les membres de ton Eglise répandue jusqu’aux extrémités de la Terre

             Seigneur, nous te prions.

Refrain :

  1. Christ, tu es toujours avec nous. Aide-nous à demeurer dans ton amour. Que les multiples épreuves de la vie renforcent l’espérance et nous conduisent vers Dieu par ton chemin.

           Seigneur, nous te prions.

Dimanche 17 mai

Sur aleteia :

Voici comment célébrer, à la maison, le 6e dimanche de Pâques, 17 mai 2020

Évangile

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21)

Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia (Jn 14, 23)

Homélie

Prière universelle

Refrain : Entends-nos prières, entends nos voix. Entends-nos prières monter vers Toi.

 

  1. Pour ceux touchés par le Covid 19, et leurs soignants, le pape François encourage à redécouvrir le chapelet chez soi pour aider à surmonter cette épreuve.

Seigneur, nous te prions.

 

Refrain : Entends-nos prières, entends nos voix. Entends-nos prières monter vers Toi.

  1. Pour ceux et celles en attente de leur baptême et pour les confirmants. Accorde à chacun une espérance confiante et une foi profonde.

Seigneur, nous te prions.

 

Refrain : Entends-nos prières, entends nos voix. Entends-nos prières monter vers Toi.

  1. En cette journée des chrétiens d’Orient, dont certains sont des martyrs de la foi, nous les confions, ainsi que leurs persécuteurs à ton immense miséricorde.

Seigneur, nous t’en prions.

 

Refrain : Entends-nos prières, entends nos voix. Entends-nos prières monter vers Toi.

  1. Ce dimanche 17 mai est la date du 100ème anniversaire de saint Jean-Paul II. Nous croyons qu’il est ressuscité, vivant auprès de Toi, et dans nos cœurs.

Seigneur, nous t’en prions.

 

Refrain : Entends-nos prières, entends nos voix. Entends-nos prières monter vers Toi.

Dimanche 9 mai

Évangile

« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 7-14)

Alléluia. Alléluia.
Si vous demeurez dans ma parole,
vous êtes vraiment mes disciples ;
alors vous connaîtrez la vérité, dit le Seigneur.
Alléluia. (Jn 8, 31b- 32)

Évangile

Homélie

Homélie

Prière universelle

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.

  1. Seigneur, que ton Esprit suscite en ton Eglise des serviteurs et des servantes de Ta Parole, pour qu’elle soit féconde et se multiplie.

 Nous te confions tout particulièrement, en ce dimanche, les diacres permanents qui sont au service de Ta Parole, de la liturgie et de la charité.   

Seigneur, nous te prions.

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.

 

2.Seigneur, nous te confions les catéchumènes dont le baptême est retardé en raison de la pandémie et qui ont hâte de faire partie des « pierres vivantes » de ton Eglise.

Seigneur, nous te prions.

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.

 

  1. Seigneur, assiste tous les gouvernants de ce monde pour qu’ils œuvrent avec sagesse, sollicitude et générosité. Pour qu’ils trouvent des solutions sociales et économiques pour le bien de tous.

Seigneur, nous te prions.

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.

 

  1. Pour les malades, pour les victimes de l’épidémie du coronavirus et pour ceux qui œuvrent auprès d’eux avec beaucoup de dévouement.

Pour tous ceux qui contribuent à assurer notre vie quotidienne, en particulier ceux qui viennent en aide aux personnes âgées ou isolées.

Seigneur, nous te prions.

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.

 

  1. Seigneur, nous te confions par l’intercession de la Vierge Marie, notre communauté qui est privée de rassemblement. Que ses membres unis par la communion spirituelle, n’oublient pas de suivre ton Fils qui nous conduit vers Toi, Lui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie »

Seigneur, nous te prions.

Refrain : Sur la terre des hommes, fais briller Seigneur ton Amour.