Homélie du 14 février 2021 6e dimanche ordinaire

Lv 13,1-2+45-46     Ps 31     1 Co 10,31-11,1     Mc 1,40-45

 

 

Dimanche dernier, nous avons laissé l’évangile sur ce dernier verset : « Et (Jésus) parcourut toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »  

C’est pour proclamer la Bonne Nouvelle que Jésus est sorti, comme il le dit lui-même. Il n’est pas seulement sorti de la maison de la belle-mère de Pierre ; il est sorti du Père pour venir chez nous annoncer l’Evangile.

Après ce verset, on s’attendrait à un discours. Or, la première chose que St Marc rapporte, ce n’est pas un discours de Jésus, ce n’est pas un enseignement en paroles, mais un enseignement en acte. Ce que St Marc raconte, c’est la guérison d’un lépreux. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu, en la personne de Jésus, s’est laissé toucher par un lépreux.

Vous savez ce que représente la lèpre pour les temps bibliques. Comme pour nous, c’est une maladie très contagieuse ; voilà pourquoi le malade doit se tenir à l’écart ; il n’a pas même le droit d’entrer dans les villages ; il doit signaler sa présence en agitant une crécelle ; les gens charitables lui laissent à manger en disposant de la nourriture à la limite des habitations. Mais, bien plus que cela, la lèpre exclue le malade de la communauté des croyants. Non seulement il ne peut plus entrer dans les synagogues, puisqu’il ne peut entrer dans les villages, mais il ne peut plus monter au Temple de Jérusalem pour les grandes fêtes juives. Le lépreux est non seulement exclu de la société civile, mais de la société religieuse. En ce temps-là, le civil et le religieux ne sont ni séparés ni séparables. L’un entraîne l’autre. L’exclusion du lépreux est une exclusion totale. Personne n’a le droit de le fréquenter, ni même de le toucher. Car le contact physique entraîne non seulement le risque de la contagion, mais rend celui qui touche aussi impur que celui qui est touché.

Le lépreux est un intouchable.

 

Jésus est donc sorti pour proclamer l’Evangile. Et la première Bonne Nouvelle que rapporte st Marc est le geste étonnant de Jésus : il touche le lépreux. Pour Dieu, en la personne de Jésus, aucun homme n’est intouchable. Pour Dieu, en la personne de Jésus, toute impureté, soit de corps, soit de cœur, est guérissable pour peu que le pécheur, dise, à sa manière : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir. »

La Bonne Nouvelle pour laquelle Jésus est sorti du Père est la nouvelle de notre guérison. Nous sommes des malades guérissables. Nous sommes des pécheurs pardonnables. Qui que nous soyons. Quel que soit notre péché. Voilà la Bonne Nouvelle à recevoir à l’aube du Carême.

Pour Dieu, en Jésus, aucun homme n’est intouchable.

 

De cela, on peut tirer plusieurs conséquences.

La première, c’est que Dieu, en Jésus, ne nous guérit pas, ne nous pardonne pas du haut de son ciel, comme Louis XIV du haut de son trône. Il vient chez nous, il vient jusqu’à nous ; il prend sur lui ce qui nous rend malades. Il se charge de nos maladies spirituelles. Il réalise ces paroles du prophète Isaïe que nous entendrons encore une fois lors du Vendredi saint : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était frappé. »

La seconde conséquence, c’est qu’aucun de nos péchés n’est impardonnable, qu’il soit petit ou grand. Souvent, nous nous jugeons nous-mêmes impardonnables, et nous n’osons pas nous approcher du sacrement du pardon. Il m’est arrivé, une fois, d’entendre une personne me dire que son péché était si gros que Dieu ne pouvait le lui pardonner. C’est elle qui se jugeait, c’est elle qui se condamnait. Jésus ne condamne personne : il est sorti pour nous annoncer la folie de son amour et donc la réalité de son pardon. A ses yeux, aucun péché n’est impardonnable ; il suffit que nous tombions à ses genoux en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Dieu, en Jésus, s’est laissé toucher par nos misères, et c’est pourquoi il nous touche à son tour pour prendre sur lui ce qui nous défigure.

La troisième conséquence est que, si pour Jésus, tout homme est fréquentable, si pour Jésus personne n’est intouchable, il serait bon d’utiliser le temps du Carême pour apprendre à regarder autrui comme il nous regarde. Dans notre seconde lecture, St Paul écrit : « Imitez-moi comme moi aussi j’imite le Christ. »  Pour le Christ, personne n’est intouchable. Comment l’imiter, comment nous inspirer de lui ? Peut-être déjà – et cela vaut pour chacun de nous– en prenant conscience de toutes les personnes qui sont à nos yeux intouchables, infréquentables. De toutes celles à qui il nous est si difficile d’accorder notre pardon. Le Carême ne serait-il pas le moment de réouvrir tous ces dossiers et de réexaminer la question ?

 

Seigneur Jésus, il nous est aussi dur d’accorder le pardon que de le demander. Toi qui t’es laissé toucher par nos misères, accorde-nous de nous laisser toucher par toi et, à notre tour, de toucher nos frères à cause de toi.

 

Homélie du 7 février 5e dimanche du temps ordinaire

Jb 7, 1-4+6-7     Ps 146     1 Co 9, 16-19+22-23     Mc 1,29-39

Par le Père Jean Paul Cazes

A lire et relire la première lecture et l’évangile de ce jour, comment ne pas nous y reconnaître ? Les questions de santé nous ont toujours touché, à tel point que la formule spontanée des vœux que nous venons à peine d’échanger est « Bonne année, bonne santé ».

Les questions de santé sont en ce moment omniprésentes, à tel point que les informations à la radio ou à la télé ne parlent presque que de cela, comme si le reste du monde avait disparu. A part les élections américaines, nous ne savons plus guère ce qui se passe en Syrie, en Afghanistan ou en Birmanie. On nous parle de la fabrication des vaccins en Chine, mais on ne nous dit presque plus rien sur la situation à Hong Kong. On sait que Spoutnik V est un vaccin sûr, mais on ne sait plus trop où en sont les droits de l’homme en Russie.

Les problèmes de santé nous tracassent, plus peut-être aujourd’hui qu’à un autre moment. A cause des détresses qui sont les nôtres, nous nous tournons vers Jésus. C’est un réflexe normal.

La question que je me pose, quand même, est de savoir si notre piété sera la même une fois que nous serons sortis de la pandémie. Pour le dire plus crûment, et de façon un peu provocatrice : est-ce que nous utilisons bien Jésus ? Est-ce que nous l’utilisons pour ce pour quoi il est fait ? Pour prendre des images : nous n’utilisons pas une aiguille à broder pour coudre du cuir ; nous n’utilisons pas un marteau pour souder ; nous ne jouons pas au rugby avec une balle de tennis.

 

Certes, Jésus affirme avec force qu’il se fait notre serviteur ; il dit lui-même être «venu non pour être servi mais pour servir. » (Mt 20,28) Et il lave les pieds de ses disciples.

D’autre part, Jésus nous incite à demander. Demander des grâces au Seigneur, c’est reconnaître que nous ne pouvons rien sans Lui. C’est reconnaître qu’il est comme un Père à notre égard et qu’il prend soin de nous parce qu’il nous aime. « Demandez, on vous donnera …frappez, et on vous ouvrira. » (Mt 7,7) La prière de demande est une des formes de la prière que Jésus nous recommande. Par exemple, la seconde moitié du Notre Père est faite de prières de demande : Donne-nous aujourd’hui … Pardonne-nous … ne nous laisse pas entrer en tentation … délivre-nous du mal. Ce serait mal connaître le cœur du Père que de ne pas lui adresser toutes nos demandes.

 

Faisons le point : Jésus, qui s’est fait notre Serviteur, nous encourage à demander. Or, en ce moment, les questions de santé sont omniprésentes. Il est donc normal de les lui présenter, il est donc normal de lui dire nos détresses de santé, et toutes les détresses qui en découlent.

 

Cependant, je me demande si utilisons bien Jésus, comme il souhaite être utilisé. Encore une fois, je m’exprime de manière un peu provocante.

Pour illustrer ma question, examinons les intentions de prière qui sont demandées à chaque messe.  Il y a beaucoup de demandes – et c’est normal. Par contre, il y a peu de remerciements et d’actions de grâce. En bonne logique, il conviendrait qu’il y ait au moins autant de remerciements que de demandes.

Encore une fois, il est juste de présenter au Seigneur nos questions, nos problèmes, nos détresses. En particulier dans le domaine de la santé. Mais Jésus est-il venu pour être notre docteur-miracle ? Jésus est-il notre super-vaccin ?

De son temps, il a guéri des malades : l’évangile de ce jour en est témoin. Mais il n’a pas guéri tous les malades de son époque. Il a ressuscité Lazare, mais il n’a pas ressuscité tous ceux qui étaient morts à son époque. Il a pacifié ceux qui étaient habités par des esprits impurs ; mais pas tous.

Ce qui me fait dire : avons-nous bien compris et admis ce qu’il est vraiment venu faire au milieu de nous, ou bien sommes-nous uniquement en train d’utiliser sa puissance à notre service ? Ne sommes-nous pas comme ces juifs qui, après la multiplication des pains, voulaient que Jésus devienne leur roi ? (Jn 6, 14-15) C’est si pratique d’avoir un  roi qui donne à manger. C’est si pratique d’avoir un Seigneur qui guérit tout le monde.

Lorsque Simon le cherche et le trouve en train de prier, Jésus lui répond : « Allonsailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » Certes, de grand matin, il est sorti de la maison pour aller prier. Mais ce n’est pas de cette sortie-là qu’il veut parler. Il est sorti de son Père, il est venu jusqu’à nous. Et pourquoi ? Pour proclamer l’Evangile. Voilà sa mission. Il n’est pas venu pour être le docteur universel et guérir toutes les maladies physiques. Les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il a accomplies de son temps, les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il accompli du nôtre, sont les signes d’une autre guérison infiniment plus profonde et plus universelle qu’il est venu offrir à tous : la guérison de tout être et de l’être tout entier, la possibilité enfin réalisée d’être unis à notre Père et rassemblés dans un même peuple de frères et de sœurs. C’est ce qu’on appelle le salut.

Jésus s’est fait notre Serviteur par amour pour nous permettre d’accéder, grâce à lui, à notre Père. Son outil : la prédication de l’Evangile. St Paul l’a parfaitement compris, lui qui écrit aux chrétiens de Corinthe dans notre seconde lecture: « Frères, annoncer l’Evangile … c’est une nécessité qui s’impose à moi. »

 

Il est normal de demander au Seigneur Jésus de nous aider dans nos détresses, et spécialement en ce qui concerne notre santé et celle de nos proches. Mais Jésus est venu nous offrir, par sa mort et sa résurrection, une toute autre guérison dont les guérisons physiques en sont le signe. Savons-nous demander la guérison du corps sans oublier celle de notre être entier ? Savons-nous autant remercier que demander ?

 

En résumé, savons-nous regarder Jésus et le prier pour ce qu’il est venu faire chez nous, c’est-à-dire : apporter l’Evangile du salut ?

Carême 2021

Une messe en plus pendant le Careme : à 7h le mercredi matin

Le Carême avec le chemin de croix

Un chemin de croix se déroulera chaque vendredi de Carême à 15 h, à partir du 19 février.

Le Carême avec les catéchumènes

Sept catéchumènes adultes recevront les sacrements de l’initiation pendant la nuit de Pâques : Elya, Hanjin, Herman, Keng, Kévin, Laura et Nicole. Leur Appel décisif sera célébré, dans l’église de l’Immaculée-Conception à Boulogne, le samedi 20 février après-midi, et leurs trois scrutins, dans notre église Saint-Pierre-Saint-Paul, les dimanches 7 mars à 11 h, 14 mars à 11 h et 21 mars à la messe du soir.

Le Carême avec saint Joseph

Dans notre église, la chapelle de gauche est dédiée à saint Joseph et, comme l’indique une plaque, une consécration de la paroisse y a été prononcée le dimanche 20 mars 1892. Le pape François place l’année 2021 sous le signe de saint Joseph dans sa récente lettre apostolique Patris corde (« un cœur de père »), qui se présente comme une série de sept méditations sur la figure du père adoptif de Jésus. C’est pourquoi, le vendredi 19 mars, nous renouvellerons la consécration à saint Joseph, pour que l’époux de Marie protège notre paroisse de la pandémie et de toutes sortes d’affliction. « Joseph est l’homme de la réponse sereine parce que croyante aux inattendus de la vie et de l’histoire. » (Mgr Rougé)

Le Carême avec Laudato si’

L’année 2021 est aussi une année consacrée à la relecture de l’encyclique de François sur la sauvegarde de la maison commune et la conversion écologique. Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement propose un parcours spirituel en six séances, intitulé « Nous habitons tous la même maison ». Il invite 1) à écouter l’appel du Seigneur à partir des lectures liturgiques ; 2) à contempler le monde à partir d’une citation de Laudato si’; 3) à chercher un chemin de conversion pour agir à partir des questions posées ; 4) à offrir une action de grâce au Seigneur à partir d’une prière.
Ce parcours de Carême, que vous trouverez dans les présentoirs de l’église, pourra être utilisé soit en petites équipes paroissiales de Carême

Le Carême avec la réconciliation

Il est possible de se confesser pendant l’adoration, chaque jeudi et chaque vendredi entre 16 h et 17 h 45. Des célébrations pénitentielles auront lieu dans l’église Saint-Adrien le mardi 23 mars de 15 h 30 à 17 h 30, dans l’église Saint-Maurice de Bécon le mercredi 24 mars de 15 h à 17 h et dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul le 25 mars de 15 h 30 à 17 h 45.

Le Carême avec le jeûne et l’aumône

 

Jeûner a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa Parole. De plus, jeûner en Carême n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à l’aumône. L’abstinence de viande s’impose tous les vendredis de Carême. Le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, le chrétien se prive substantiellement de nourriture. Nous proposerons une offrande de Carême en faveur de 3 actions : CCFD, les Chrétiens d’Orient et ceux de Birmanie.

Le Carême avec les entretiens sur la prière

 

Dimanche 7 mars : La part de l’homme dans l’oraison.

Dimanche 14 mars : La part de Dieu dans l’oraison et l’acte de foi.

Dimanche 21 mars : L’adoration du Saint-Sacrement.

Homélie du 31 janvier 2021 4ème dimanche Année B

Par le Père Jean Paul Cazes

Dt 18, 15-20     Ps 94     1 Co 7,32-35     Mc 1,21-28

​Le passage de l’évangile que nous lisons ce matin est situé au début de l’évangile selon st Marc : il s’agit des versets 21 à 28 du premier chapitre. Depuis le début du chapitre, en 20 versets, Marc a évoqué la prédication de Jean-Baptiste, puis le baptême de Jésus, sa tentation au désert, le début de sa prédication et l’appel de Simon, d’André, de Jacques et de Jean. 

​Et là, tout de suite, dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus enseigne et il guérit. Tout de suite, Marc nous dit que nous sommes en présence d’une manifestation divine , d’une sorte d’épiphanie. En effet, Jésus dit et Jésus agit. Rappelez-vous le premier chapitre du livre de la Genèse : « Dieu dit … et cela fut. » « Dieu dit : Que la lumière soit … Et la lumière fut… Dieu dit : Qu’il y ait un firmament … Il en fut ainsi… »

C’est la plus ancienne description de Dieu : un Dieu qui parle et dont la parole est efficace. Un Dieu dont la parole et l’action ne sont pas séparées. Un Dieu qui dit vrai, un Dieu à la parole de qui on peut faire confiance. 

D’où la stupéfaction de ceux qui sont présents ce jour-là dans la synagogue. Bien sûr, ils ne professent pas leur foi en la divinité de Jésus ; curieusement, celui qui reconnaît la divinité de Jésus, c’est l’esprit impur qui habite un pauvre homme malade . Les autres n’en sont pas encore là ; cependant, ils sont étonnés par l’enseignement de Jésus. Cet homme parle avec autorité, c’est-à-dire qu’il enseigne sans se référer aux scribes anciens, comme le font tous les scribes qui enseignent dans les synagogues. Habituellement, quand un scribe enseigne, il se réfère à ses prédécesseurs ; à la limite, il ne fait que répéter ce que les anciens ont dit ; il met leur enseignement au goût du jour, il n’innove pas. Jésus ne procède pas ainsi, et c’est cela qui crée la stupéfaction chez ses auditeurs. Sans le formuler de cette manière, ils se demandent qui est cet homme. C’est la question fondamentale de tous les évangiles : la question de   l’identité de Jésus. 

Marc écrit : « Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. » Souvent, dans les évangiles, on voit Jésus enseigner. Mais jamais, ou presque, on ne dit à ces moments-là quel est le contenu de son enseignement. C’est le cas aujourd’hui. Il enseigne, et il va guérir. Il enseigne d’une manière tout à fait inédite qui crée la stupéfaction chez les auditeurs, mais on ne sait pas ce qu’il enseigne.

Ou plutôt, si ! On voit bien ce qu’il enseigne en parlant et en guérissant, en parlant et en agissant comme Dieu au premier chapitre de la Genèse. Il enseigne : LUI ! Il enseigne QUI il est. Il enseigne que la promesse offerte à Moïse est en train de se matérialiser sous les yeux des fidèles de la synagogue. 

Dans la première lecture de ce jour, nous avons entendu ce que le Seigneur promet à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi… » 

Rappelez-vous ce que nous avons entendu, pendant l’Avent : « Les prêtres et les lévites posèrent à Jean-Baptiste cette question : « Qui es-tu ? Es-tu le Christ ? Es-tu Elie ? Es-tu le Prophète ? » (voir Jn 1, 19-21). On se demande souvent de quel Prophète parlent les prêtres. Très probablement de celui qui est annoncé dans notre première lecture, c’est-à-dire d’un Prophète qui parle et agit dans l’esprit de Moïse. Comme Moïse, Jésus est législateur, mais il fait plus que donner une loi : il est lui-même la Loi d’amour. Comme Moïse, il est libérateur, mais il ne libère pas seulement les Hébreux, il libère tous les hommes. Comme Moïse fait entrer en Terre Promise, Jésus fait entrer les hommes dans son Royaume. Jésus est un Prophète, mais bien plus qu’un Prophète : il est Dieu incarné. Son enseignement est autre chose qu’un code moral. Si nous cherchonsun code moral, nous le trouvons dans le Décalogue de Moïse. Ce que Jésus apporte, ce n’est pas un Décalogue mis au goût du jour, ce n’est pas une Loi améliorée, c’est la Loi d’amour du double commandement, cette Loi qu’il a lui-même totalement suivie en donnant sa vie pour tous les hommes de tous les temps, de toutes les races et de toutes les cultures. 

Le chrétien ne se définit pas par une loi morale, même si la morale est évidemment importante. Le chrétien se définit par son attachement à la personne de Jésus-Christ, par sa foi et sa confiance en la personne de Jésus-Christ, par son amour en la personne de Jésus-Christ. C’est l’amour du Christ pour nous, et notre amour pour lui qui nous donne la force d’aimer nos frères. 

Et c’est ainsi que sa renommée se répandra de plus en plus, non plus dans la région de Galilée, mais dans celle de  Courbevoie. 

Homélie du 3e dimanche du temps ordinaire – 24 janvier 2021

Par le Père Jean Paul Cazes

Jon 3, 1-5+10     Ps 24     1 Co 7,29-31     Mc 1,14-20

Ce troisième dimanche du temps ordinaire est devenu le dimanche de la Parole de Dieu par la décision du Pape François.

 

« Dieu dit … et cela fut. »

Vous connaissez ce refrain : on le trouve dix fois de suite dans le merveilleux poème de la Création du monde, au premier chapitre du livre de la Genèse.

« Dieu dit : Que la lumière soit … Et la lumière fut… Dieu dit : Qu’il y ait un firmament … Il en fut ainsi… »

C’est la plus ancienne description de Dieu : un Dieu qui parle et dont la parole est efficace. Un Dieu dont la parole et l’action ne sont pas séparées. Un Dieu qui dit vrai, un Dieu à la parole de qui on peut faire confiance.

Il a fallu dix siècles d’histoire, dix siècles de prière et de méditation, dix siècles de sainteté et d’infidélités, dix siècles de péché et de pardon pour que le peuple de Dieu, en la personne de St Jean, disciple de Jésus, puisse écrire ces mots fabuleux : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1,1)

Il a fallu dix siècles pour arriver à concevoir que la Parole de Dieu n’était pas quelque chose mais quelqu’un. Cette Parole de Dieu, ou ce Verbe de Dieu, c’est Jésus, fils de Marie, mort et ressuscité pour tous les hommes. La Parole de Dieu a pris chair ; et dès lors elle a pu traduire en mots humains la pensée éternelle de son Père. La Parole de Dieu qui a créé le monde a accepté de devenir créature pour se mettre à notre portée.

On lit dans le livre du Deutéronome (Dt 8,3) : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu ». Ce qui était une merveilleuse image, Dieu lui-même l’a prise au mot : c’est de la bouche de Jésus que sort toute parole nourrissante pour nous.  Pour nous, Jésus, vraie Parole de Dieu faite chair, est devenu aussi notre vrai Pain. Pain et Parole sont intimement liées dans la messe que nous célébrons. On ne peut pas célébrer l’Eucharistie et communier au Pain vivant si on ne célèbre pas d’abord la Parole de Dieu. C’est ainsi que la phrase du Deutéronome que je viens de vous citer est en quelque sorte prémonitoire ; elle annonce, avec quelques siècles d’avance, la forme du culte qui nous rassemble aujourd’hui pour nous nourrir. La messe contient, de façon inséparable, le temps de la Parole et le temps de l’Eucharistie. « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » Pour la vérité de notre foi, nous ne pouvons pas nous contenter de recevoir l’Eucharistie si nous ne lisons jamais au moins les Evangiles.

 

Lorsqu’à la fin de la lecture de l’Evangile, le prêtre dit : « Acclamons la Parole de Dieu », ce n’est pas un livre que nous acclamons, c’est le Christ dont les paroles viennent d’être proclamées. Le livre est vénérable, la Bible est vénérable, mais elle renvoie à Celui qui est la Parole véritable, le Christ Jésus. Quand nos frères musulmans parlent de nous, ils disent que nous sommes la religion du Livre. Ils n’ont pas saisi ce qui est le fondement de notre foi. Ce n’est pas un Livre, si saint soit-il :  c’est Dieu fait homme et rempli d’Esprit Saint. Je vous ai déjà cité mon ancien professeur d’Ecriture sainte, le Père Trinquet, un savant, très méticuleux sur la connaissance du texte biblique. Ce savant nous a dit un jour : « Mes amis, notre religion ne repose pas sur de vieux bouts de papyrus. Elle repose sur l’Esprit Saint. » Nous ne croyons pas en un texte, mais en Dieu le Père, en Dieu le Fils mort et ressuscité, en Dieu l’Esprit Saint. Par contre, le texte, lu et relu, étudié, discuté, « mâchonné », est le témoignage le plus précieux de la pédagogie de Dieu qui, à travers l’histoire très concrète d’un petit peuple, nous amène jusqu’à rencontrer la Parole de Dieu faite chair. Voilà pourquoi lire la Bible, toute la Bible, et pas seulement le Nouveau Testament, est si important pour nourrir notre foi. Toute la Bible, y compris à travers ses difficultés, est le chemin que Dieu a pris pour nous mener à rencontrer, à écouter, à communier et à suivre sa propre Parole devenue homme pour que, en échange,  nous soyons divinisés.

 

Comme je vous l’ai dit, et comme vous le savez certainement, ce troisième dimanche du temps ordinaire est le dimanche de la Parole de Dieu. Une des raisons de cette qualification est que ce dimanche est fêté pendant la Semaine de prière universelle pour l’unité des chrétiens. Si beaucoup de sujets nous séparent encore des protestants, des orthodoxes et des anglicans, des sujets fondamentaux nous unissent déjà : le même baptême, le même Notre Père, la même Bible, le même amour et la même foi en la personne de Jésus, né de Marie, notre Seigneur, mort et ressuscité pour tous les hommes. Longtemps, nous, catholiques, nous avons pensé que la Bible était « protestante ». La Bible n’est ni protestante, ni orthodoxe, ni catholique : elle appartient à tous ceux qui reconnaissent en Jésus-Christ la Parole de Dieu faite chair. Anglicans, catholiques, orthodoxes, protestants, malgré nos différences encore sensibles, nous sommes rassemblés par la même Parole de Dieu, cette Parole vivante qui a dit juste avant de mourir : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient un en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17,21)

 

Telle est la Parole de Dieu : une Parole de vérité et de réconciliation en vue de la foi du monde. Et cette Parole est efficace : voilà pourquoi je crois que l’unité entre baptisés est en marche pour que le monde croie en Jésus-Christ. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire 17 janvier 2021

1 S 3, b-10+19     Ps 39     1 Co 6,13c-15a+17-20     Jn 1,35-42

Par le Père Jean Paul Caze

Une fois n’est pas coutume : je vais laisser de côté la première lecture et l’évangile pour m’intéresser à la  première lettre de St Paul aux chrétiens de Corinthe.

 

Les mots « âme, esprit, corps » n’ont pas été inventés par Descartes. Mais Descartes les utilise à sa manière. Pour lui, l’être humain est composé de trois éléments bien distincts, presque séparés et antagonistes.

La Bible n’utilise pas ces trois mots de la même manière. Lorsqu’elle parle du corps, comme Paul le fait aujourd’hui, elle désigne l’être humain tout entier, et pas seulement une de ses composantes. A tel point que le mot grec « soma » (d’où nous en avons tiré le verbe somatiser, l’adjectif somatique) le mot grec « soma » peut être traduit en français non seulement par le mot corps, mais par le mot vie, ou par le mot homme. Le corps, pour la Bible, n’est pas un des trois composants de l’homme, mais l’homme tout entier regardé sous son aspect physique.

Pour essayer d’être clair, prenons l’exemple d’une fleur. Nous pouvons la considérer sous plusieurs aspects : l’aspect esthétique, l’aspect botanique, l’aspect économique. Ces trois aspects sont liés : cette fleur a été cultivée (aspect botanique), voilà pourquoi elle est belle (aspect esthétique), et voilà pourquoi elle coûte cher (aspect économique). Mais cette fleur est unique ; elle revêt en même temps ces trois aspects, mais il est possible de la regarder sous l’un d’eux sans ignorer les autres.

Il en est de même dans la Bible lorsqu’elle parle de l’être humain.

Dans la Bible, le corps humain n’est pas une composante séparée, et encore moins opposée, de l’âme et de l’esprit. Le mot corps est une façon de parler de tout l’être humain à partir de son aspect physique. A cause de Descartes, nous avons réduit le corps à être seulement une composante de l’être humain. Et, pire, lorsque nous parlons aujourd’hui du corps, nous avons tendance à le réduire non seulement à la sexualité, mais à la sexualité économique ; il n’y a qu’à regarder les affiches publicitaires pour s’en convaincre.  Je ne sais plus qui remarquait qu’à l’approche de l’été, une devanture de pharmacie risque de devenirplus voyeuriste qu’une devanture de sex-shop. Je pense qu’il est faux de dire : « J’ai un corps » ; le corps n’est pas une chose qu’on possède et qu’on peut traiter n’importe comment, y compris le réduire en marchandise. Par contre, il est vrai de dire : « Je suis mon corps ».

La Bible dit la grandeur du corps parce qu’elle dit la grandeur de l’être humain aux yeux de notre Dieu.

Le passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe nous le suggère de trois manières.  

 

D’abord, le corps, notre corps, est promis à la résurrection. Ne me demandez pas comment cela se fera, je n’en sais pas plus que vous, et Jésus ne le dit pas. Mais soyons logiques : si nous croyons que Dieu notre Père est Créateur, si nous croyons qu’il a créé l’univers entier, si nous croyons qu’il est le créateur de l’être humain, pourquoi serait-il plus difficile de croire qu’il a la faculté de nous ressusciter ? Il n’a pas été plus difficile à Jésus de dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés », que de lui dire : « Lève-toi et marche. »(Mc, 2,9) De la même façon, il n’est pas plus incroyable de penser que Dieu nous appelle à la résurrection comme il nous a appelés à l’existence. Notre corps – c’est à dire notre être tout entier – est promis à la résurrection, celle que Jésus a inauguré le matin de Pâques.

 

Car nous sommes unis au Christ. C’est le second point de la réflexion de Paul. Il s’adresse aux chrétiens de Corinthe dont la vie n’est pas moralement irréprochable. Il aurait pu leur adresser un discours très moralisateur. Or, il ne leur parle ni de permis ni de défendu. Il leur dit : par votre baptême, vous êtes liés au Christ.   Vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont liés au Christ mort et ressuscité. Voilà pourquoi vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont promis à la résurrection.

 

Vient alors le troisième point de réflexion de Paul : notre corps – y compris dans son aspect le plus matériel, le plus charnel – notre corps est le temple de l’Esprit Saint. Plus encore que le tabernacle de bois doré devant lequel beaucoup d’entre nous viennent s’incliner puisqu’il contient le Saint Sacrement, notre corps est le vrai tabernacle de la présence divine. C’est notre corps qui a reçu l’eau du baptême. En rigueur de terme, nous devrions nous incliner les uns devant les autres après la communion. Le vrai tabernacle, c’est nous, chacun de nous.

 

Quelle est la raison fondamentale des trois points de réflexion de Paul ? Si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est promis à la résurrection, si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est membre du Christ par le baptême, si notre corps – y compris dans son aspect le plus charnel – est le véritable tabernacle de la présence divine, c’est pour une seule raison que Paul énonce de cette façon : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. » De même que les époux ne s’appartiennent plus à eux-mêmes puisqu’ils se sont donnés l’un à l’autre, y compris dans leurs corps, ainsi les baptisés que nous sommes ne s’appartiennent plus à eux-mêmes – y compris dans leur corps – mais sont membres du Christ. Car le Christ a payé le prix fort, si je puis dire, pour nous libérer de tout esclavage et nous lier à lui par amour. Le montant qu’il a versé, c’est sa Vie tout entière, sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Comme le dit Paul : le Christ nous a achetés à grand prix.

D’où la phrase finale qui est une sorte de cri de triomphe : « Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »

 

Notre religion est une religion d‘incarnation, pas une religion de purs esprits sans consistance. Nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie et qui, par sa chair crucifiée et ressuscitée, nous attache solidement et définitivement, tout entiers, à notre Père et Créateur. Comme le dit un théologien contemporain (A. Guesché), le corps est un chemin de Dieu vers l’homme, et un chemin de l’homme vers Dieu. Puisque nous sommes plongés par le baptême dans le Christ, Dieu fait chair, prenons ce chemin pour rendre gloire à notre Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur, dans la lumière de l’Esprit.

 

 

Entretiens sur la prière

Le dimanche matin dans l’église

Les prêtres de la paroisse vous proposent une série de 8 courts enseignements sur le thème de la prière, entre janvier et avril. Ces conférences seront données dans l’église le dimanche entre 10h15 et 10h45.
Les sujets abordés seront :

  • dimanche 17 janvier : Pourquoi prier ? Dans quelle disposition d’esprit
  • dimanche 24 janvier : La prière vocale
  • dimanche 31 janvier : La prière liturgique
  • dimanche 7 février : Le Christ, parole éternelle du Père
  • dimanche 7 mars : La part de l’homme dans l’oraison
  • dimanche 14 mars : La part de Dieu dans l’oraison et l’acte de foi
  • dimanche 21 mars : L’adoration du Saint-Sacrement
  • dimanche 11 avril : La prière comme acte missionnaire

Homélie du 10 janvier 2021 Baptême du Seigneur

par le Père Jean Paul Cazes

Isaïe 55,1-11     Cant. Is 12, 4bcd+5-6     1 Jn 5, 1-9     Mc 1, 7-11

 

Par cette fête du Baptême de jésus, nous sommes encore dans le temps de Noël. La liturgie nous incite à voir plus large que ce que nous pensons ordinairement. Pour nous, Noël est passé ; pas pour la liturgie, et c’est elle qui a raison. Noël n’est pas seulement le 25 décembre; c’est une manière d’être, c’est une vie. Pour essayer de caractériser Noël et le temps de Noël, on peut dire qu’il s’agit d’un échange, et même d’un admirable échange. La liturgie le dit en latin : un « admirabile commerium. » En Jésus, Dieu se fait homme pour que nous soyons élevés à la dignité de fils et de filles de Dieu. En Jésus, Dieu se fait mortel pour que nous puissions accéder au Royaume de Dieu. En Jésus, Dieu se plonge dans notre état de pécheurs, sans pécher lui-même, pour nous offrir sa sainteté.

 

Par la fête d’aujourd’hui, Jésus se plonge dans le baptême incomplet donné par Jean-Baptiste pour nous offrir son Baptême, c’est-à-dire sa mort et sa résurrection. Par le baptême que nous avons reçu, nous n’avons pas été plongés dans l’eau du Jourdain, mais dans la mort et la résurrection de Jésus. La fête d’aujourd’hui n’est pas la fête de notre baptême mais la fête du baptême donné par Jean et reçu par Jésus. La fête de notre baptême, c’est Pâques.

 

Mais aujourd’hui, nous continuons à nous émerveiller de ce que fait Jésus pour nous : dans sa naissance, dans sa sainte famille, dans son épiphanie, dans son baptême, il ne cesse de venir habiter dans nos pauvres réalités humaines pour nous élever dans sa réalité divine. Le temps de Noël qui se termine aujourd’hui est vraiment le temps de l’admirabile commercium.

 

Le temps de Noël, qui s’est ouvert par une naissance, se termine sur une autre naissance, une naissance qui ouvre tout l’évangile : la naissance spirituelle du Fils de Dieu.

Je ne vous apprends rien si je vous dis que l’évangile selon st Marc, celui que nous allons suivre au long de notre année liturgique, l’évangile selon st Marc ne mentionne pas la naissance charnelle de Jésus. Luc et Matthieu en parlent. St Jean évoque, si je puis dire, la naissance éternelle du Verbe de Dieu : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » : vous connaissez cet admirable Prologue de St Jean ! Mais dans Marc, rien de tout cela.  

Marc commence son évangile par le témoignage, en quelques rapides versets, de Jean-Baptiste qui offre un baptême d’eau et de conversion. Et tout à coup, de manière inopinée, sans transition, le texte nous place en présence du Sauveur : « En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. »

Il est évident que st Marc était conscient de ce qu’il écrivait en ce qui concerne le baptême reçu par Jésus : l’eau du Jourdain, les cieux qui s’ouvrent, l’Esprit qui descend sur Jésus, la voix du Père. Par contre, je ne sais pas si Marc était conscient du fait que les mots qu’il utilise évoquent vraiment une naissance : Jésus est plongé dans les eaux, puis il sort des eaux et les cieux s’ouvrent (je pense que ce sont des réalités qui parlent aux mamans) ; puis l’Esprit qui descend non seulement comme une colombe mais comme un vêtement ; enfin la voix paternelle qui reconnaît – au sens fort du terme – l’homme Jésus comme son propre Fils.

Je précise tout de suite : Jésus n’est pas devenu Fils de Dieu le jour de son Baptême ; Jésus est Fils de Dieu dès sa conception dans le sein de Marie. Mais puisque Marc ne raconte pas la naissance humaine de Jésus, il l’évoque avec des mots très forts au moment du baptême. Ce baptême est réellement une naissance par l’eau et dans l’Esprit comme Jean l’a annoncé : « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

 

Que la naissance de Jésus soit racontée par Matthieu et Luc, qu’elle soit évoquée par Jean et Marc, la réalité est la même : depuis sa naissance charnelle et spirituelle, le Christ vient au milieu de nous, en nous. Il partage notre existence pour nous faire partager la sienne. Il est vraiment fils de Marie comme nous pour que nous devenions fils et filles de Dieu comme lui.

Le temps de Noël, dans toute son extension, depuis la Nativité jusqu’au Baptême de Jésus, est le temps de l’admirable échange entre le Christ et nous.

Noël est bien plus qu’une date sur le calendrier : c’est un style de vie.

 

Notre ligne spirituelle pourrait donc être celle-ci : comment vivre humblement mais réellement dans l’esprit de Noël durant les jours qui viennent ? Autrement dit : pour nous, chrétiens, qu’est-ce qui reste de Noël dans notre vie, à part le souvenir d’un moment heureux pour certains, ou difficile pour d’autres ?

Que l’Esprit Saint nous aide à mettre en pratique l’esprit du temps de Noël !