Homélie du 14 novembre

14 novembre 2021 33ème dimanche Année B
Dn 12,1-3 Ps 15 Hbx 10,11-14+18 Mc 13,24-32

14 novembre 2021   33ème dimanche  Année B

Dn 12,1-3     Ps 15     Hbx 10,11-14+18     Mc 13,24-32

Par le père Jean Paul Cazes

            Je ne suis pas Jésus-Christ, mais je peux vous dire que si les 200 nations représentées à la COP 26 ne respectent pas scrupuleusement les engagements qu’ils viennent de prendre hier, les frontières maritimes de la France et de bien d’autres pays seront rétrécies d’ici 2050, et beaucoup d’îles seront englouties par la montée des eaux.

            Je ne suis pas Jésus-Christ, mais je peux vous dire que si la Russie et l’Europe ne parviennent pas à s’entendre, le drame humanitaire entre la Biélorussie et la Pologne va s’aggraver.

            Ceci pour dire que lorsque Jésus nous parle d’une grande détresse, du soleil qui s’obscurcira et des étoiles qui tomberont du ciel, il ne fait que dire ce que disent toutes les revues scientifiques. La révélation que Jésus nous apporte n’est pas dans l’annonce des catastrophes naturelles ou humaines que nous sommes capables de prédire comme lui.

            Nous ne sommes pas habitués au genre littéraire utilisé aujourd’hui par Jésus. Nous connaissons d’autres genres littéraires, comme la tragédie, la comédie, les fables, les lettres …mais nous ne connaissons pas le genre littéraire apocalyptique qui est présent dans le Nouveau comme dans l’Ancien Testament. Alors que nous comprenons ce que veut dire La Fontaine quand il fait parler les animaux, nous avons du mal à comprendre ce que veut dire Jésus quand il utilise le genre littéraire apocalyptique. Certains pensent qu’il faut le prendre au pied de la lettre, d’autres que ce sont seulement des images. Dans le premier cas, les journaux scientifiques ne disent pas autre chose que Jésus, et on ne voit pas bien ce que Jésus vient révéler. Dans le second cas, si ce ne sont que des images, pourquoi y faire attention ? Et quel crédit accorder alors aux paroles de Jésus ?

            Au lieu d‘être tétanisés par la grande détresse, le soleil et la lune qui s’obscurcissent et les étoiles qui tombent, essayons de prendre un peu de hauteur. Qu’est-ce que Jésus est venu faire en ce monde ? Quel est le but de sa mission ? St Jean nous le dit explicitement (je cite) : « Dieu en effet a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3,16-17). Ainsi, quand Jésus nous parle de détresse, il ne nous envoie pas une malédiction, mais il utilise ces images pour attirer notre attention. Comme lorsqu’on attire l’attention d’un enfant en lui disant qu’il vaut mieux regarder à droite et à gauche avant de traverser. Le discours de Jésus n’est pas descriptif et scientifique, il est pédagogique.

            Si donc Jésus est venu nous sauver, la révélation de l’évangile d’aujourd’hui n’est pas dans l’annonce de la grande détresse, mais dans ce qui suit. On peut ainsi relever trois éléments de révélation, c’est à dire trois éléments de l’annonce du salut.

D’abord, le retour final du Ressuscité qui rassemblera l’humanité. Ce qui veut dire que, pour Jésus, malgré les soubresauts de l’histoire, l’humanité ne marche pas vers sa destruction mais vers son accomplissement et son rassemblement en Dieu. Là est notre espérance chrétienne. Si nous avons quelque chose à dire au monde, nous, les disciples de Jésus, c’est bien cela. Il ne s’agit pas d’un vague espoir, mais de la vertu d’espérance, qui est autre chose que l’espoir. L’espoir est un souhait, un désir, mais il est hypothétique ; on ne peut être certain qu’il se réalisera. L’espérance est une certitude de foi. Par la foi, nous croyons que Jésus ressuscité reviendra pour rassembler l’humanité dans la miséricorde du Père.

L’espérance est une réalité de foi, pas une démonstration scientifique. A tel point que Jésus lui-même, dans sa réalité d’homme, affirme ne pas en connaître le moment. Voilà une notation intéressante : Jésus ne sait pas tout, il fait confiance au Père. Il serait d’ailleurs très intéressant de méditer sur ce que Jésus ignore en tant qu’être humain et sur sa foi et sa confiance dans le Père. Jésus n’a pas fait semblant d’être homme : si je puis dire, il a joué le jeu en devenant homme dans le sein de la Vierge ; il ne sait pas tout mais se remet constamment entre les mains de notre Père.

Alors, si même le Christ ignore quand il viendra rassembler l’humanité entre les mains du Père, quel est le signe qu’il nous donne ? A quoi reconnaître que ce moment approche ? Curieusement, pas à la grande détresse ; pas au soleil et à la lune sans éclat ; pas aux étoiles qui chutent. Alors à quoi ? A quelque chose qui ressemble au signe du printemps qui arrive. Que c’est joli ! Jésus est un vrai poète. Un printemps à venir : voilà comment Jésus nous parle de sa venue, ce qui est tout autre chose qu’une catastrophe ; mais c’est aussi un grand bouleversement : la nature qui se réveille est un grand bouleversement. Dans ce bouleversement de printemps, « ton peuple sera délivré ». Et les maîtres de justice, comme l’écrit le prophète Daniel, c’est-à-dire ceux qui auront été ajustés à Dieu, deviendront le ciel nouveau puisqu’ils « brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais. »    

           

           

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homélie du 10 octobre 2021

  10 octobre 2021 28ème
dimanche ordinaire Année B
Sg 7,7-11 Ps 89 Hbx 4,12-13 Mc 10,17-30
Nous venons à l’église, le samedi ou le dimanche, non pas pour nous
évader de la vie quotidienne, mais pour entendre autre chose que ce que nous entendons à la radio ou lisons dans les journaux. Et la Parole de Dieu qui nous est donnée, ainsi que le sacrement de l’Eucharistie nous sont une force précieuse pour retourner dans notre vie quotidienne. Pourtant, il y a des événements qui ne peuvent être passés sous silence : la remise du rapport Sauvé en est un.
Je ne vais pas vous en parler, car je n’ai pas lu les quelques deux mille
pages du rapport. Vos prêtres et l’Equipe d’animation pastorale sont en train d’essayer de monter une soirée au cours de laquelle un des membres de la Commission Sauvé viendrait nous présenter son travail de façon condensée.
Je ne vais pas vous parler du rapport, mais vous indiquer deux ou trois
points utiles en ce temps particulièrement délicat.
D’abord, la prière. La prière personnelle comme la prière
communautaire. Il y a beaucoup de petites équipes dans notre paroisse,
beaucoup de fraternités, de maisonnées : que la prière d’intercession pour les victimes, pour l’Eglise en général, et aussi pour les criminels, fasse partie de la vie de ces équipes. Je vous cite une pensée d’un religieux orthodoxe, le père Silouane, qui disait : «Tiens ton âme en enfer, sans perdre l’espérance.» C’est-
à-dire : ne ferme pas les yeux devant le mal, mais crois que l’amour de Dieu est vainqueur du mal.
Ensuite, les réformes nécessaires de l’Eglise. Peut-être allez-vous dire
que ces réformes ne sont pas de notre ressort mais du ressort du Pape et de
nos évêques. Eh bien figurez-vous que le Pape lui-même nous demande notre avis. A partir de ce mois d’octobre, il lance une vaste consultation dans tous les
diocèses du monde. Il appelle cela une démarche synodale ; ce mot de
« synodale » vient de « sun », qui veut dire ensemble, et de « odos » qui veut dire chemin. Le Pape souhaite que l’Eglise devienne un « chemin ensemble », et non un troupeau résigné qui ne fait qu’attendre et subir des ordres venant d’en haut. Le document préparatoire à la consultation dit ceci : «La capacité
d’imaginer un futur différent pour l’Eglise et ses institutions…dépend pour une large part…des processus d’écoute, de dialogue et de discernement communautaire, auxquels tous et chacun peuvent participer et contribuer.»
Comment ne pas faire le rapprochement avec notre première lecture qui dit :
«J’ai prié, et le discernement m’a été donné.» ? J’espère que, sous peu, notre évêque nous indiquera les moyens de répondre concrètement au souhait du Pape. Et il serait de notre part étonnant de ne pas participer même humblement, à ce besoin de réforme des structures de l’Eglise au moment même où le rapport Sauvé le souhaite.
Je souhaite évoquer une fausse-piste de réforme que j’ai entendu je ne
sais combien de fois depuis quelques jours dans la bouche de parlementaires autant que de journalistes : le mariage des prêtres. Cette question se pose, je la crois légitime. Mais elle n’est pas adaptée comme réponse à la situation que
le rapport Sauvé place sous nos yeux. On ne se marie pas pour échapper à des pulsions sexuelles ; on se marie par amour, du moins c’est ce que j’espère.
Marier les prêtres uniquement pour éviter qu’ils ne deviennent pédophiles est un mépris envers l’épouse. Et si l’état de mariage empêchait vraiment les crimes de pédophilie, on se demanderait pourquoi il y en a tant au sein même
des familles. Encore une fois, même si le mariage des prêtres est un vrai sujet, je ne pense pas qu’il soit une réponse adaptée à la gravité de la situation.
On ne peut sortir que par le haut d’une situation aussi grave. La phrase
du général de Gaulle gravée sur une stèle place Charras évoque bien ce que
nous avons à entreprendre. Il dit : «Face aux grand périls, le salut n’est que dans la grandeur.» Il disait cela de la guerre ; j’applique sa phrase au péril où se trouve notre Eglise. Une des solutions de fond sera de retrouver la pensée
de la Bible en général, de l’évangile en particulier, en ce qui concerne la
noblesse du corps. Quand je parle du corps, je parle d’une réalité plus vaste
que la sexualité. Notre religion est une religion d’incarnation. Comme le
proclame un théologien contemporain (Adolphe Gesché), le corps est le chemin
de Dieu vers l’homme, et chemin de l’homme vers Dieu. Il faut prendre au
sérieux notre condition corporelle qui est un vrai chemin spirituel ; le spirituel ne s’oppose pas au corporel. Le Fils de Dieu lui-même a pris corps dans le corps de la Vierge Marie. En mettant de côté notre corps dans notre cheminement spirituel, nous avons favorisé l’émergence de la seule sexualité et de ses déviations.
La prière, la réforme des structures – en écartant les fausses réponses -,
la redécouverte d’une véritable spiritualité chrétienne du corps, voilà des pistes qui nous permettront de sortir des périls dans la grandeur, en tenant notre âme en enfer sans perdre l’espérance.

Projet pastoral

A travers les 5 essentiels (Adoration, Belle fraternité, Charité-service, Disciple – Formation, Evangélisation), nous voulons vivre une dynamique de croissance et construire une communauté paroissiale composée de disciples missionnaires. Ancrés dans le Christ, nous sommes habités par le désir de l’annoncer.

Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie          Dimanche 3 octobre 2021

Voulezvous que la paroisse entre dans un profond sommeil, comme la Belle au bois dormant? Voulezvous que la paroisse se meure ? Non ! Alors, j’ai besoin de vous tous.

Nous venons de vivre près de deux ans de pandémie et notre communauté a subi des défections et des coups, au même titre que les entreprises, les associations, les clubs, les cinémas, les salles de spectacle ou les restaurants. Toutes ces activités-ci doivent reconquérir leur clientèle et nous, paroissiens de SaintPierreSaintPaul de Courbevoie, nous devons partir à la pêche. Jésus ne disait-il pas à saint Pierre, le jour où il l’appelait sur le lac de Galilée après la pêche miraculeuse : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Peutêtre considérez-vous le passé avec nostalgie ? C’était si bien au bon vieux temps ! Peutêtre tournezvous le regard vers cet âge d’or qui n’est plus, lorsque l’église était pleine, lorsque les salles de catéchisme ou d’aumônerie étaient combles. Je n’ai jamais connu cette époque et je ne la connaîtrai certainement pas. Allons-nous baisser les bras pour autantet démissionner à notre tour ? Non, nous allons nous retrousser les manches et commencer une nouvelle aventure. Nous allons nous mobiliser, pour affirmer que Dieu est toujours là, même si nous nous croyons parfois un peu abandonnés. Nous sommes convaincus que Dieu a besoin de nous, pour continuer à transmettre sa vie et sa miséricorde sur le monde. La fête de la rentrée paroissiale aujourd’hui en est un vibrant témoignage et je remercie déjà tous les acteurs de la réussite de cette journée, malgré la pluie envoyée par le créateur ! La vitalité est à l’œuvre dans notre vie paroissiale et nous voulons encore témoigner autour de nous, pour ne laisser personne indifférent à l’expérience fondamentale et transformante que nous faisons de Dieu. En ce mois d’octobre, l’intention de prière du pape François à l’adresse des chrétiens est la suivante « Prions pour que chaque baptisé soit impliqué dans l’évangélisation et disponible pour la mission, à travers un témoignage de vie ayant le goût de l’Évangile. » Soyons donc convaincus d’une chose : nous sommes revenus au temps des premiers chrétiens, comme les douze apôtres dans le livre des Actes dans le Nouveau Testament ; c’est pourquoile pape veut faire de chacun de nous un disciple missionnaire à l’exemple de ses apôtres. Pour cela, il existe certainement de nombreuses recettes. Je vous en propose une seule qui est testéedepuis des années par plusieurs paroisses et qui porte aujourd’hui des fruits de fécondité. Certaines de ces paroisses sont même à nos portes, à quelques kilomètres d’ici.

Je veux donc embarquer la paroisse dans un élan de vie chrétienne à la fois personnelle et communautaire, habitée par le souffle de l’Esprit Saint. C’est un élan qui repose sur cinqdynamiques de croissance, cinq sources de fécondité, que l’on appelle aussi les cinqessentiels, les cinq essences de la vie chrétienne, qui sont représentées sur le beau tableau peint par Isabelle. Ces cinq essentiels sont un peu comme cinq vitamines qui vont doper la paroisse, qui vont donner une impulsion, une force spirituelle à chacun personnellement, à chaque équipe, à chaque activité, à chaque groupe qui se rencontre, à chaque pôle paroissial. Il s’agit d’entrer dans une démarche de croissance de la paroisse, qui fasse de chacun un disciplemissionnaire prêt à former d’autres personnes qui deviendront à leur tour des disciples et des missionnaires de l’évangile de Jésus-Christ. Il importe donc de comprendre la logique de ces cinq essentiels.

La première vitamine est la vitamine A : A comme Adoration. Il s’agit tout simplement de rencontrer Dieu, de se tenir en sa présence, de l’aimer et de se laisser aimer par lui. Il s’agit donc d’ancrer sa vie dans le Christ en faisant l’expérience d’une relation personnelle et vivante avec Jésus. Adorer, c’est prier, célébrer, louer, rendre grâce, intercéder, personnellement ou en petit groupe ou en communauté, à travers de belles liturgies, qui soient attirantes etinspirantes, parfois animées par une chorale priante. Nous avons multiplié les adorations du Saint-Sacrement. Nous lancerons cette année des veillées de prière et des messes des jeunes le dimanche soir et nous soignerons la liturgie avec des équipes liturgiques de choc. Adorer, c’est pour chacun se reconnaître fils ou fille de Dieu. C’est la première étape essentielle.

La deuxième vitamine est la vitamine B : B comme Belle fraternité. Il s’agit de vivre l’amour du prochain, l’accueil et le soutien mutuel, dans des petits groupes d’Église de taille familialeou en équipe ou en maisonnée. Cette fraternité favorise ainsi l’insertion de chacun dans la communauté chrétienne. Car en vivant une belle fraternité, on partage la vie, la foi et la prière. Nous avons multiplié les équipes de fraternité l’an passé et nous continuerons à le faire cette année, parce qu’un chrétien ne peut pas vivre tout seul sa foi, il doit l’entretenir et la partager. Chacun se reconnaît donc frère ou sœur en Jésus. C’est la deuxième étape essentielle.

La troisième vitamine est la vitamine C : C comme Charité, une charité active et serviable à l’image du Christ qui lave les pieds de ses disciples. Il s’agit de s’engager dans la communauté pour en servir la vitalité et la fécondité. Il s’agit aussi de discerner chez soi et chez les autresles talents ou les charismes, favoriser la prise de responsabilité du plus grand nombre, appeler à s’engager. Il y a à Saint-Pierre-Saint-Paul tant de services à rendre. Venez nous aider ! Je m’émerveille de voir des paroissiens prendre en charge la sacristie ou prendre un temps d’accueil aux messes ou au presbytère. Quel dévouement ! La communauté s’organise alors pour accomplir efficacement sa mission à l’intérieur d’elle-même et à l’extérieur d’elle-même. On partage ainsi ce que l’on a reçu et on sert ses frères et sœurs en Christ en fonction de ses capacités ou de ses compétences. Chacun se reconnaît donc serviteur au sein de la communauté. C’est la troisième étape essentielle.

La quatrième vitamine est la vitamine D : D comme Disciple. Il s’agit de grandir, de poursuivre la conversion de son cœur, de développer son intelligence de la foi, de discerner et de cultiver ses talents et ses charismes. C’est comme un chemin catéchuménal où l’on progresse dans la foi ou encore c’est comme une formation permanente, pour que la foi reste vivace. On éprouve le besoin de se former. Et cette année, nous multiplions justement les offres de formation : étude biblique, étude théologique, découverte de ce qu’est l’Église verte.C’est pour cela que chacun doit se reconnaître disciple en se mettant à l’école du Christ. C’est la quatrième étape essentielle.

La cinquième vitamine est la vitamine E : E comme évangélisation. Il s’agit d’annoncer Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous à ceux qui ne le connaissent pas encore. Il s’agit de conduire à Jésus, de faire découvrir aux autres autour de soi l’amour de Jésus, de témoigner de son expérience de Dieu. Je sais qu’il y a quelques années vous avez vécu l’aventure de Saint-Pierre-Saint-Paul-hors-les murs pendant le temps de l’Avent. Nous réinventerons des actions d’évangélisation. Et chacun reboosté par les quatre premières vitamines pourra éprouver le besoin et le désir d’annoncer le Christ. C’est ainsi que je chacun peut se reconnaître apôtre du Seigneur. C’est la cinquième étape essentielle.

Voilà un chemin de croissance que chacun cherchera à vivre personnellement cette année, en acceptant de développer ces cinq potentialités dans sa vie de foi, sans oublier un seul de ces aspects. En effet, je ne peux pas prier et par ailleurs oublier de me former ou de vivre la fraternité qui est pourtant un commandement de Jésus. Je ne peux pas servir mes frères et ne pas chercher à évangéliser ceux qui sont à la porte de l’église et qui peut-être essaient del’entrouvrir avec inquiétude ou interrogation. Exercer ces cinq essentiels rendra ma foi vive et active et éveillera la foi des personnes que je rencontrerai.

Ce chemin de croissance est aussi un chemin pour toute la communauté. Je souhaite donc que chaque groupe paroissial, chaque activité, chaque rencontre soit l’occasion de mettre en œuvre ces cinq piliers. Comment voulez-vous être un véritable fils de Dieu, ou une véritable fille de Dieu, si vous n’êtes pas capable de vivre la fraternité, de partager la foi et de servir votre prochain ? Il manque nécessairement une corde à votre arc.

Ce cheminement se fait bien évidemment dans le temps, pour que chacun puisse vivre une conversion intérieure, grandisse en maturité, soit en communion avec ses frères et sœurs et devienne un vrai témoin du Christ. Jésus nous le demande : « Allez et de toutes les nations faites des disciples. » Il me semble donc que la multiplication de groupes de fraternité, où s’exerceront ces cinq essentiels, permettra à ce processus de se propulser en avant.

Voilà pourquoi ma vision pour la paroisse est la suivante. Je veux construire avec vous tous une communauté paroissiale composée de disciplesmissionnaires dans une dynamique de croissance grâce aux cinq essentiels. Qui que vous soyez, jeunes ou vieux, consommateurs ou acteurs dans la paroisse, je ne veux pas faire de vous seulement des disciples qui seraient enfermés dans l’organisation de la paroisse, je ne veux pas faire de vous non plus seulementdes missionnaires à l’extérieur qui n’auraient plus de vie intérieure dans le cœur de l’Église et à la table de l’eucharistie. Je veux faire de vous des disciplesmissionnaires. Enracinés dans le Christ, je veux que vous soyez habités par le désir de l’annoncer. Je dirais même davantage : plus vous serez enracinés dans le Christ, plus vous désirerez vivre en fraternité ecclésiale, servir votre prochain, affermir votre foi, et par voie de conséquence, annoncer l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas, ou si peu…

Voulez-vous me suivre sur ce chemin exaltant ? Peut-être avez-vous une incompréhension, une hésitation, une inquiétude, un instant de recul, un sentiment de vertige. Il est vrai que je veux vous embarquer au loin, vers l’inconnu. Pourtant ma vision est claire et large : je veux vous conduire au Christ ! Voulez-vous que nous soyons tous embrasés par l’Esprit du Christ et que nous embrasions aussi le monde ? Voilà qui donnera du souffle et du tonus à la vie !

Père Yvan Maréchal, curé

Homélie du dimanche 3 octobre 2021

27ième dimanche B

Rentrée paroissiale placée sous le signe de la création et de saint François

Lectures : Gn 2,18-24 ; Ps 148 ; Ap 22,1-7 ; Mc 10,2-16

« La beauté sauvera le monde. » Avez-vous déjà entendu cet adage ? Il s’agit d’une citation tirée de L’idiot, un roman de Dostoïevski. Aujourd’hui nous voulons justement chanter la beauté qui nous fait rejoindre celui qui en est la source : Dieu que nous glorifions. Même si la beauté réserve à chacun une sensation forte et subjective, qui fait dire à l’un qu’une chose est belle et à un autre qu’elle ne l’est pas, il existe des images, des objets ou des spectacles, qui transcendent le goût de chacun et désignent une sorte de beauté originelle et universelle.

La création est de cet ordre. Lorsque cet été je me trouvais sur un voilier devant un coucher de soleil sublime, où je voyais à l’horizon l’astre plonger dans la mer, j’étais subjugué par ce spectacle. Et ici chacun pourrait se lever à son tour, pour évoquer une impression esthétique qui l’a marqué à vie et nous communiquer cette émotion d’un instant qui se prolonge encore. Comment alors ne pas s’étonner que la Bible commence en Genèse par le récit de la création,pour exposer l’origine de l’espace et du temps où nous vivons, et que cette même parole de Dieu s’achève en Apocalypse sur la création avec une vision paradisiaque de l’arbre de vie qui donne des fruits en abondance en un jour infini dont la lumière n’est plus celle du soleil, mais de Dieu lui-même illuminant un monde transfiguré.

« La beauté sauvera le monde. » Et aujourd’hui, Jésus nous fait contempler cette beauté qui rayonne dans l’amour réciproque d’un homme et d’une femme. Dans l’Évangile, des pharisiens veulent piéger Jésus sur la question de la répudiation, permise par Moïse, disent-ils, à cause de la dureté du cœur de l’homme. C’est alors que Jésus fait surgir l’union sacrée des origines, il la fait remonter au projet que Dieu a voulu pour l’humanité : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. » Jésus rappelle ainsi l’importance de la dualité, de la différence sexuelle, de la relation établie dans le dialogue, faite de distance et d’intimité entre l’homme et la femme s’enrichissant mutuellement des dons qu’ils s’échangent.

C’est cette beauté de l’amour que décrit le second récit de la création, dans la première lecture, le deuxième chapitre de la Genèse. Au cœur d’un jardin où coule des fleuves d’eaux vives et où s’élève l’arbre de vie, précurseur de l’arbre de la croix du Christ, Dieu est présenté comme un potier, comme un artiste qui façonne l’homme primordial avec de la terre. Pour tromper la solitude de l’homme, Dieu doit ensuite lui amener une aide qui lui corresponde, une alliée qui sera à égalité face à lui. Écoutons le cri de jubilation de l’homme : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » La femme acquiert ainsi l’os et la chair de l’homme, c’est-à-dire ce qui constitue son intimité, elle devient l’être même de son être, elle est tenue pour une personne de sa parenté qui lui offre son achèvement, sa pleine humanité. Et tous deux se tiennent face-à-face dans la rencontre et le respect de l’autre. On peut dire que c’est seulement au moment où l’homme et la femme entrent en communion et deviennent une seule chair que la création est achevée vraiment et que l’image de Dieu est pleinement inscrite dans les créatures humaines. Tout seul l’être humain ne réalise pas entièrement ce qu’il est,car il ne l’accomplit qu’en existant avec quelqu’un ou en existant pour quelqu’un. Cette relation lui permet alors de vivre dans le don. C’est ainsi que l’union de l’homme et de la femme est l’image de l’union des trois personnes de la Trinité, l’union de l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. « Ce mystère est grand », dira un jour saint Paul.

« La beauté sauvera le monde. » Par conséquent, pour un chrétien, est-il abusif de dire que cette beauté qui sauvera le monde est le Christ sauveur, qui selon l’expression d’un Psaume est « le plus beau des enfants de l’homme » (Ps 44,3), venu rendre à l’homme sa beauté première ? C’est pourquoi, quand un chrétien regarde un visage, il voit le visage du Christ. Le regard qu’il porte sur lui dépasse le sensible pour rejoindre la profondeur de l’être, et partant la présence de Dieu. La philosophe française Simone Weil, décédée au milieu de la seconde guerre mondiale, écrivait : « Dans tout ce qui suscite en nous le sentiment pur et authentique de la beauté, il y a réellement la présence de Dieu. Il y a presque une incarnation de Dieu dans le monde, dont la beauté est le signe. » Et il y a quelques années, le pape Benoît XVIcommentait cet auteur en disant : « La beauté – de celle qui se manifeste dans l’univers et dans la nature à celle qui s’exprime dans les créations artistiques – peut devenir une voie vers le Transcendant, vers le Mystère ultime, vers Dieu, précisément en raison de sa capacité essentielle à ouvrir et élargir les horizons de la conscience humaine, à la renvoyer au-delà d’elle-même, à se pencher sur l’abîme de l’Infini. »

Nous comprenons alors que la beauté qui sauve est inséparable de la bonté. En Dieu beauté et bonté se confondent. Celui qui fait du bien produit en même temps du beau. Par son travail dans le jardin, Adam poursuit l’acte créateur beau et bon du Seigneur. Par leurs activités, par leurs techniques, par leurs arts, les hommes prolongent l’œuvre belle et bonne du créateur. Cependant, trop souvent ils se l’approprient et ils la détruisent par leur volonté de possession, de puissance et de domination. La beauté d’un paysage, la beauté d’une composition musicale, la beauté d’un geste humain, la beauté d’un visage jeune ou ridé, apaisent, guérissent et restaurent l’harmonie. L’harmonie ne se dit-elle pas cosmos en grec ? Si donc« la beauté sauvera le monde », c’est parce qu’elle nous oriente vers la création nouvelle, où seul le sauveur nous mène. N’avons-nous pas pour mission de témoigner de cette beauté qui élève vers le haut, vers le ciel ?

Quelques mois avant sa mort le 3 octobre 1226 à l’âge de 44 ans, saint François d’Assise devenu aveugle compose son Cantique de frère soleil, où il déclame son émerveillement devant le monde et son amour fraternel des créatures : « Laudato si ! Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour, la lumière ; il est beau. » Loué sois-tu pour sœur Lune, pour frère Vent, pour notre sœur Eau, pour frère Feu, pour sœur notre mère la Terre, pour ceux qui pardonnent, pour notre sœur la Mort corporelle. La création tout entière devient lumineuse depuis le surgissement de la lumière jusqu’à l’heure de la mort. Au milieu d’un siècle féodal déchiré par des guerres intestines entre les cités et leurs podestats, le poète saint François renonce àposséder le monde pour se diriger vers la contemplation. Il se réjouit en toute créature, parce qu’il s’abstient d’en posséder aucune. Il préfère s’évader dans la campagne, parler aux oiseaux ou sermonner le loup de Gubbio. Il préfère fréquenter les lépreux de son temps, répandre la joie parfaite sur ses frères mineurs ou discuter avec le sultan d’Égypte. Il découvre ainsi l’interaction entre le monde naturel et le monde humain. En restaurant l’Église de son temps, il veut plonger le monde entier dans un esprit de réconciliation, de fraternité et de louange.

« La beauté sauvera le monde », écrivait Fiodor Dostoïevski. Huit cents ans après frère François, soyons certains que tout ce que nous entreprendrons localement et à notre mesure sera peut-être une goutte d’eau dans un océan, mais aura un retentissement au-delà des familles, des paroisses ou des localités où nous vivons. La haine produira encore de la haine. L’amour propulsera un élan d’amour. L’appropriation de tous les biens de la terre entraînera sa destruction. Le soin de la création qui nous a été confiée stimulera le souci de l’humanité, et surtout du plus faible et du plus pauvre. Le pape François, inspiré par la figure du Poverellod’Assise, ne nous enseigne rien d’autre de sa première encyclique Laudato si à sa dernièreencyclique Fratelli tutti. Suivons-le ! Amen !

Père Yvan Maréchal

Chants

Dimanche 26 septembre


Entree : L’ESPRIT DE DIEU REPOSE SUR MOI

L’Esprit de Dieu repose sur moi,
L’Esprit de Dieu m’a consacré,
L’Esprit de Dieu m’a envoyé proclamer la paix, la joie.

1. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR PROCLAMER LA BONNE NOUVELLE À SES PAUVRES.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !
 
2. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR CONSOLER LES CŒURS ACCABLÉS DE SOUFFRANCE.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !
 
3. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR ANNONCER LA GRÂCE DE LA DÉLIVRANCE.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !

COMMUNION : APPROCHONS-NOUS DE LA TABLE

 

1. Approchons-nous de la table Où le Christ va s´offrir parmi nous.
Offrons-lui ce que nous sommes, Car le Christ va nous transformer en lui.

2. Voici l´admirable échange Où le Christ prend sur lui nos péchés.
Mettons-nous-en sa présence, Il nous revêt de sa divinité.

3. Père, nous te rendons grâce Pour ton Fils, Jésus-Christ le Seigneur.
Par ton Esprit de puissance, Rends-nous digne de vivre de tes dons.

Sortie : RENDONS GLOIRE A NOTRE DIEU

Rendons gloire à notre Dieu ! Lui qui fit des merveilles,
Il est présent au milieu de nous Maintenant et à jamais !

1. Louons notre Seigneur, Car grande est sa puissance, Lui qui nous a créés, Nous a donné la vie.

2. Invoquons notre Dieu, Demandons-lui sa grâce, Il est notre Sauveur, Notre libérateur.

3. Oui le Seigneur nous aime, Il s´est livré pour nous.
Unis en son amour, Nous exultons de joie.

Homélie du 27 juin 2021 

Textes du 13ème dimanche   Année A

par le père Jean Paul Cazes

Sg 1,13-15 + 2,23-24     Ps 29 (30)     2 Co 8,7+9+13-15     Mc 5,21-43

Quel est le mot, ou la phrase, qui vous a personnellement touché en écoutant les trois passages bibliques de ce jour ? Quelle est la phrase que vous allez emporter de cette messe pour vous la répéter tout au long de la semaine, la ruminer pour en vivre ? Si l’Eglise prend la peine de nous donner trois textes chaque dimanche, c’est pour qu’ils nous servent dans la semaine qui suit.

Je vous cite quelques-unes de ces phrases.

Dans le livre de la Sagesse :

= Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.

= La puissance de la mort ne règne pas sur la terre

= Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité

Dans la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe :

  • = …vous avez tout en abondance : la foi, la Parole, la connaissance de Dieu
  • = (Jésus-Christ) qui est riche, s’est fait pauvre
  • à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.

Dans l’Evangile :

  • = Viens imposer les mains (à ma fille) pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive
  • = Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée
  • =Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui
  • = La femme, saisie de crainte … vint se jeter aux pieds (de Jésus)
  • = Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal.
  • = Ne crains pas, crois seulement
  • = Jeune fille, je te le dis, lève-toi.

Voilà ma sélection ; il est probable que la vôtre serait différente, mais peu importe ?

Est-ce l’une de ces phrases, ou une autre, que vous allez retenir tout au long de la semaine ?

Il existe plusieurs techniques pour se souvenir d’une phrase :

  • = on la surligne en couleur dans son missel ou son Prions en Eglise
  • = on l’écrit dans son agenda
  • = on la colle sur la porte du frigo
  • = on la place en évidence sur sa table de nuit

L’important, c’est qu’elle habite notre mémoire et nous serve de guide spirituel au long de la semaine.

Ce peut être une phrase dans laquelle on se reconnaît, dans laquelle on reconnaît le problème ou la difficulté qui nous habite comme, par exemple :

« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »

Ou bien ce peut être un mot qui secoue notre faiblesse dans la foi, notre doute, nos peurs :

« Ne crains pas, crois seulement. »

Ou bien alors ce peut être une phrase qui heurte nos connaissances, ou notre expérience, du genre :

« Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. »

Je vais rester quelques instants sur cette phrase pour la méditer, en espérant ne blesser aucun d’entre vous qui serait dans la peine ou le deuil.

« Dieu n’a pas fait la mort ».

De quelle mort parle l’auteur du livre de la Sagesse ?

Si c’est de la mort physique, on peut légitimement penser que la mort est sinon créée par Dieu, du moins acceptée par lui comme une conséquence de la Création. La mort physique touche tous les êtres ; le Fils de Dieu fait homme n’y a pas lui-même échappé.

Dieu n’a peut-être pas créé la mort, mais il la permet.

Mais, encore une fois, est-ce de la mort physique dont parle la Sagesse ? N’est-ce pas plutôt de la mort spirituelle, c’est-à-dire du refus absolu de Dieu par l’homme ? Car la raison donnée est une indiction spirituelle mais pas une explication scientifique : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde. »

 Le fait d’évoquer la mort spirituelle n’est pas une méconnaissance ou un mépris de la souffrance et de la mort physique. Jésus en donne deux preuves : la guérison de la femme et la résurrection de la fillette.

Jésus n’a pas guéri de son temps toutes les femmes malades, il n’a pas ressuscité tous les enfants morts. Ces deux actions sont des signes de ce qu’il est venu faire dans l’humanité : nous donner à tous l’incorruptibilité en nous rendant semblables à lui.

Car Jésus, comme son Père, ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants, que ce soit de mort physique et, plus encore, de mort spirituelle.

Mais la question que pose le livre de la Sagesse est quelque chose de ce genre :

  • = croyons-nous vraiment que notre Dieu aime la vie ?
  • = n’avons-nous pas tendance à le relier à la souffrance et à la mort plus qu’à la vie ?
  • = avons-nous compris que la sauvegarde de la vie terrestre sous toutes ses formes est un acte profondément spirituel, c’est à dire inspiré par l’Esprit Saint ?

La lutte contre la souffrance et la mort ne nous empêche pas de mourir physiquement, mais nous rend semblables à Dieu qui aime la vie.

La lutte contre la souffrance et la mort sous toutes ses formes et selon nos moyens nous prépare et nous ouvre à la vie d’amour définitive en vue de laquelle Dieu nous a créés.

C’est en ce sens qu’on peut dire avec l’auteur du livre de la sagesse que Dieu n’a pas fait la mort et qu’il nous a créés pour partager sa propre vie.

Vous savez que les évangiles ont été écrits après la Passion et la Résurrection. Les évangélistes ont cela en mémoire. Lorsqu’ils racontent que Jésus opère une guérison ou une résurrection, c’est, pour eux, comme un avant-goût de la résurrection du Seigneur : Jésus s’est relevé d’entre les morts pour nous en relever, nous aussi : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi. Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher. »

Peut-être est-ce la phrase que vous allez conserver ?

Que St Pierre-St Paul nous guident dans ce choix.

Homélie 20 juin 2021   12ème dimanche du temps ordinaire

20 juin 2021   12ème dimanche du temps ordinaire   Année B

Job  38,1+8-11     Ps 106 (107)     2 Co 5, 14-17     Mc 4,35-41

par le père Jean Paul Cazes

Hier matin, grande fête : notre évêque a ordonné cinq prêtres pour le service de notre diocèse de Nanterre, dont Thibaud que vous connaissez. Ces cinq-là vont nous aider à « passer sur l’autre rive » comme dit Jésus.

Le sens global de notre évangile et de la première lecture porte, encore et encore, sur l’identité de Jésus : qui est-il celui-là pour que nous puissions croire en lui ? Qui est-il pour qu’il soit capable de menacer le vent et d’imposer silence à la mer ?

Vous savez que la mer, pour les Juifs, représente, symboliquement, le lieu du mal et du péché. Donc, si quelqu’un est capable de maîtriser la mer, c’est qu’il est capable de maîtriser le mal. Quand Jésus marche sur les eaux, il montre qu’il peut fouler le mal, le mettre sous ses pieds. Dans l’épisode d’aujourd’hui, il fait taire la tempête qui bousculait la barque des Apôtres. D’où leur question : « Qui est-il donc celui-ci ? » C’est la question centrale des évangiles. Les Juifs attendaient le Messie : serait-ce Jésus ?  Pouvons-nous croire en lui ? Dans l’évangile de Marc, plus que dans les trois autres, on perçoit cette difficulté de croire, difficulté qui ne sera finalement levée qu’au jour de la Pentecôte par le don de l’Esprit Saint. Durant les trois ans où les Douze ont accompagné Jésus, ils ne parviendront pas à dissiper les doutes. D’où la question de Jésus : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Non ! Ils n’ont pas encore la foi. Dans le passage parallèle qui se trouve en St Matthieu, Jésus traite ses Apôtres d’hommes de peu de foi. Le terme grec est joli : Jésus ne parle pas d’hommes de peu de foi, mais, littéralement, de « mini-croyants. » Ce terme rejoint ce que disait un père de famille dont Jésus venait de guérir le fils : « Je crois, Seigneur, mais viens au secours de mon manque de foi. » (Mc 9,24)

Qui est Jésus ? Encore une fois c’est la question centrale des évangiles. Une question qui se double d’une autre : qui est Jésus pour nous ? Car il ne suffit pas d’affirmer que Jésus est le Messie pour être croyant. Pierre en a fait l’amère expérience. Il avait clamé sa foi dans la messianité de Jésus mais il refusait de penser que Jésus allait être un Messie souffrant et qu’il allait mourir. Jésus lui dit alors : « Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » (Mt 16,23)

Pour quelle mission nos cinq jeunes prêtres ont-ils été ordonnés hier ? Pour nous aider à découvrir, au cœur de notre vie, la vraie messianité de Jésus. Pour nous aider à passer sur la vraie rive, la rive de la foi. Ils ne sont pas prêtres pour administrer des paroisses, même s’ils le feront un jour ou l’autre. Ils ne sont pas prêtres pour animer des groupes, même si cela leur est déjà arrivé et leur arrivera encore. Et, même si cela doit vous heurter, je dirais qu’ils ne sont pas prêtres d’abord pour célébrer les sacrements : ils sont prêtres pour nous aider à découvrir qui est Jésus et à croire en lui. Ils le feront, évidemment, en célébrant les sacrements. Comprenons bien que les sacrements ne sont pas un but en soi. Les sacrements sont institués pour nous centrer sur Jésus, pour découvrir qui est Jésus. Si nous pensons – mais je sais que vous ne le pensez pas – si nous pensons que le but de la vie chrétienne est d’accumuler les sacrements pour nous présenter ainsi devant le Père éternel, nous serons cruellement déçus. Mieux vaudrait n’aller à la messe qu’une seule fois dans sa vie et croire au Christ de tout son cœur, que d’aller à la messe chaque jour sans croire au Christ et sans en tirer les conséquences.

Nos cinq nouveaux prêtres sont chargés de nous faire passer sur la rive de la confiance et de la foi malgré les tempêtes. Dans les évangiles, la barque de Pierre est le symbole de l’Eglise. Cette barque est malmenée par les tempêtes. Que cela ne nous inquiète pas : c’est l’état ordinaire de la vie de l’Eglise. Naviguer au milieu des tempêtes ! Tempêtes qui viennent du monde parce que le monde est instable par lui-même; tempêtes qui viennent des positions que prend l’Eglise et qui heurtent le monde ; tempêtes qui viennent de l’intérieur même de l’Eglise. Depuis sa naissance, l’Eglise traverse des tempêtes ; il est illusoire de rêver d’un temps calme. Nos sœurs et frères d’Orient le savent par expérience. C’est dans la tempête que nous devons passer sur l’autre rive. Parce que, si Jésus est dans la barque de l’Eglise, il est aussi celui qui nous attend, déjà, sur l’autre rive.

Je souhaite de tout mon cœur que ces cinq nouveaux prêtres ne deviennent jamais des routiniers de la foi, des blasés de la foi, mais que, remplis comme ils le sont aujourd’hui de l’amour pour le Christ, ils nous permettent d’affronter les tempêtes pour aborder le rivage où Jésus nous attend.

 

 

 

Homelie du 13 juin 2021

  11ème dimanche ordinaire   Année B

Ez 17, 22_24     Ps 91(92)     2 Co 5,6-10     Mc 4,26-34

Par le Père Jean Paul Cazes

Jésus est probablement un charpentier, comme son père Joseph, mais il est aussi paysan et poète.

Les deux paraboles qu’il nous donne aujourd’hui parlent de la croissance des plantes. C’est sous cet angle qu’elles ressemblent à la première lecture où Ezékiel parle aussi de la croissance d’un cèdre « sur la haute montagne d’Israël. »

Les paraboles sont des comparaisons. Jésus souhaite nous parler du Règne de Dieu et, pour cela, il utilise ce qu’il a remarqué dans la vie quotidienne des agriculteurs de Galilée. Ce sont des comparaisons, j’y insiste. Le Règne de Dieu n’est pas un homme qui jette en terre la semence ; le règne est comme un homme qui sème. Le règne de Dieu n’est pas une petite graine de moutarde, il est comme une graine de moutarde. Un peu comme le Saint Esprit n’est pas une colombe, mais comme une colombe.

De plus, la comparaison ne porte pas d’abord sur le semeur ou sur la graine. La comparaison porte, les deux fois, sur la croissance qui ne dépend pas du semeur, et sur la croissance inattendue pour une si petite graine.

Jésus est venu révéler l’existence du règne de Dieu à un peuple qui ne croyait pas à la vie éternelle. L’expression « royaume de Dieu », ou « royaume des cieux » est similaire à règne de Dieu mais elle a l’inconvénient d’indiquer un lieu ; or le royaume de Dieu n’est pas un lieu mais un état d’esprit. Il est donc préférable d’utiliser l’expression « règne de Dieu » qui met l’accent non pas sur un lieu, mais sur les valeurs que Dieu nous offre : l’amour, la joie, la paix, la justice ; et j’ose dire aussi : la vraie liberté, la vraie égalité et la vraie fraternité.

Toutes ces valeurs ont été semées dans notre terre par un homme, Jésus. Lui-même se compare à un semeur lorsqu’il dit dans son enseignement : « Ecoutez. Voici que le semeur est sorti pour semer. » (Mc 4, 3)

Jésus, par sa vie, son enseignement, ses gestes, sa mort et sa résurrection, a semé toutes ces semences. Elles sont déjà dans notre terre. La vie humaine de Jésus a été efficace. Devant les possibilités de découragement, de désespoir qui peuvent nous habiter, il y a là un premier acte de foi suggéré par Jésus : il a semé dans notre terre l’amour, la paix, la justice. L’acte de foi est nécessaire car nous voyons mieux et plus souvent autour de nous et en nous la haine, la rancune, la guerre et l’injustice. Nous sommes appelés à croire qu’amour, joie, paix, justice sont présents en nous et autour de nous et qu’ils travaillent la terre comme des ferments positifs.

Mais leur début est minuscule. On m’a dit quelques fois : : « Je regrette de ne pas avoir vécu du temps de Jésus ; je l’aurais suivi. » Peut-être. Moi, je pense plutôt que je ne l’aurais pas remarqué. Car, en réalité, peu l’ont vu au cours de sa brève vie terrestre. Pourtant, ça ne l’a pas empêché de semer toutes ses semences qui sont appelées à grandir.

La seconde parabole est très facile à faire comprendre aux petits enfants de 3 à 6 ans, non pas par des explications, mais en leur faisant mimer. Qu’est-ce que souhaitent les enfants, sinon grandir ? Ils sont comme une graine. Vous les asseyez par terre, et vous leur demandez de se faire le plus petit possible, de se recroqueviller sur eux-mêmes. Puis, par exemple sur un fond musical très léger, vous leur demander de se déplier lentement, puis de se lever, puis d’étendre les bras. Et lorsque leurs bras sont tendus, vous y accrochez ce que vous avez découpé à l’avance : des nids d’oiseaux, des feuilles, des fleurs … Je vous assure qu’ils comprennent très bien cette parabole de la croissance du règne de Dieu.

C’est par exemple de cette manière qu’on peut honorer la dernière remarque de Jésus : « Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre …dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. » Jésus est un excellent pédagogue. Il est venu nous révéler l’existence du Règne de Dieu et nous donner les moyens d’y accéder. Mais cette vérité, il ne nous l’assène pas en nous disant : « C’est la vérité, tant pis si vous ne la comprenez pas ! » Toute vérité est bonne à dire si elle est dite avec délicatesse ; toute vérité est bonne à dire mais si elle est dite pour le bien de l’auditeur. Et Jésus, qui est pédagogue, ne délivre pas la vérité sans faire attention à la manière dont ses auditeurs sont capables de l’accueillir. Pour être bonne pour nous, la vérité de Jésus nous est donnée avec charité, c’est-à-dire avec délicatesse et pédagogie. La vérité sans la charité risque de blesser ; la charité sans la vérité risque de n’être que de la guimauve. Le psaume 84 affirme avec beauté : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. » (Ps 84,11)

Voilà pourquoi le règne de Dieu a des débuts si petits : pour ne pas nous effrayer. Les débuts du règne de Dieu sont aussi petits que Jésus dans sa crèche.Mais leur croissance nous mène, avec Jésus, jusqu’au cœur de Dieu.

 

 

 

 

Homelie du 6 juin 2021    SAINT SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

Exode 24, 3-8     Ps 115 (116b)     Hbx 9,11-15     Mc 14,12-16+22-26

par le Père Jean Paul Cazes

Le temps pascal s’est terminé voici quinze jours. Dimanche dernier, nous fêtions la Sainte Trinité, c’est-à-dire le but de notre vie éternelle ; aujourd’hui, nous fêtons le Corps et le Sang du Christ, c’est-à-dire le moyen pour parvenir au but.

Dimanche prochain, nous retrouverons les dimanches appelés « ordinaires », les dimanches en vert, après cette longue séquence de violet en Carême et de blanc au temps pascal. Après le sommet du temps pascal, nous redescendrons dans la vie spirituelle habituelle. Un peu comme Pierre, Jacques et Jean sont redescendus dans la vallée après le sommet de la Transfiguration. Dans cette vie, on ne peut pas rester indéfiniment au sommet : il faut redescendre car c’est là qu’est notre vie, notre travail, notre engagement chrétien. Mais on ne descend pas dans l’état où on est monté : dimanche prochain, nous retrouverons la vie habituelle en étant formés et armés pour cela par le sacrement que nous fêtons aujourd’hui.

Je souhaite souligner trois points, sans pouvoir, malheureusement, les développer suffisamment : Vivre avec le saint sacrement, vivre personnellement comme le saint sacrement, vivre communautairement comme le saint sacrement. Il y aurait une quantité extraordinaire d’aspects à soulever, mais on ne peut tout dire.

Vivre avec le saint sacrement. Encore une fois, je ne vais vous apporter aucune explication scientifique. L’Eglise ignore, et moi aussi, comment le pain et le vin consacrés deviennent corps et sang sacramentels du Ressuscité.  Il n’existe aucune formule biologique ou chimique qui expliquerait la réalité spirituelle qui nous rassemble ce matin. Et heureusement ! Car si une telle formule existait, nous serions obligés de croire, ce qui ne serait plus la foi. Car la foi est essentiellement une adhésion libre. Mais il y a d’autres chemins que les explications scientifiques pour connaître la vérité, heureusement ; connaître quelqu’un ne se fait pas par formules mathématiques mais par une vie commune. La vie commune avec le Christ revêt beaucoup d’aspects : la prière, la lecture de la Bible, les actes de charité. Et, au sommet, l’Eucharistie reçue pendant la messe et vénérée durant les temps d’adoration. C’est en fréquentant le saint sacrement, comme on fréquente quelqu’un, qu’on apprend à le connaîtreet à le comprendre.

Vivre personnellement comme le saint sacrement, c’est mon second point. Si nous allons à la messe, ce n’est pas pour accumuler des jetons de présence comme les députés à l’Assemblée nationale. Il ne nous sera pas demandé combien de fois nous sommes allés à la messe ; il nous sera demandé si la messe nous a vraiment transformés, convertis. En exagérant, mieux vaut aller à la messe une fois dans sa vie et être enflammé par l’amour du Christ et des autres, qu’y aller 10.000 fois sans progresser d’un millimètre. Car un des buts de la messe c’est de nous permettre de devenir semblables au Ressuscité. Par le baptême, nous sommes fils et filles de Dieu, frères et sœurs du Christ ; par la confirmation, le même Esprit circule en Dieu et en chacun de nous. Mais comment ressembler au Christ qui, seul, a su plaire au Père ? C’est là où le saint sacrement vient à notre aide. Nous mangeons le pain consacré pour devenir nourrissants pour nos semblables. Nous communions au Christ ressuscité pour devenir comestibles, mangeables, pour nos semblables. Un des buts de la messe est de nous faire devenir ce que nous recevons. Nous recevons le pain vivant pour devenir à notre tour un pain vivant.  

Vivre communautairement comme le saint sacrement : c’est mon troisième point. Le corps du Christ est donné à chacun de nous pour que, tous ensemble, nous construisions le corps du Christ. Non, je ne bafouille pas ! Le sacrement de l’Eucharistie est donné à chacun de nous pour que nous construisions le corps du Christ qu’est l’Eglise. Les forces de chacun sont limitées ; les capacités de chacun sont limitées ; chacun n’a pas reçu tous les dons : ce sont des constatations de bon sens. Mais celui qui, après avoir communié, se retrancherait derrière ses limites pour ne pas coopérer à la construction de l’Eglise et à sa mission, celui-là n’aurait rien compris au sacrement reçu, il rendrait nulle sa communion, il viderait sa communion de sa signification et de sa portée. Si nous recevons le corps sacramentel du Christ sans aider à construire, chacun à sa manière, le corps du Christ qu’est l’Eglise, mieux vaut s’abstenir de communier jusqu’à ce qu’on ait décidé de retrousser ses manches. Prenons l’exemple de notre propre corps : si nous mangeons sans dépenser nos forces, nous risquons une mauvaise obésité. De la même façon, si nous nous contentons de « manger » le Christ sans nous dépenser pour son Eglise, notre vie spirituelle ne sera pas en bonne santé. Il y a mille façons d’être au service de l’Eglise : il suffit de prendre pour soi les annonces paroissiales de chaque dimanche et voir laquelle convient à nos capacités.

 

Vivre avec le saint sacrement, vivre personnellement comme le saint sacrement, vivre communautairement comme le saint sacrement : tout cela est très bien exprimé dans une des prières de la messe du 27ème dimanche ordinaire qui sera ma conclusion : « Accorde-nous, Seigneur notre Dieu, de trouver dans cette communion notre force et notre joie, afin que nous puissions devenir ce que nous avons reçu, c’est-à-dire le corps du Christ. »

 

Homelie du 30 mai 2021   Sainte Trinité   Année B

Dt 4, 32-34+39-40     Ps 32     Ro 8,14-17     Mt 28, 16-20

Par le Père Jean Paul Cazes

Nous avons commencé notre messe comme d’habitude par un signe de croix dit au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit : tel est le condensé de notre foi chrétienne. La Trinité, révélée par le mystère pascal ! C’est ce que représente devant vous la fresque peinte sur le cul de four de notre église. Vous y voyez le Père sous les traits d’un vieillard plein de sagesse qui tient le globe de l’univers. Le Fils est assis à sa droite comme nous le disons dans le Credo ; il tient sa croix et le livre des évangiles. Et l’Esprit, sous l’aspect d’une colombe, les baigne de ses rayons de feu.

 

La Sainte Trinité !

Certains chrétiens disent : pourquoi se compliquer les affaires avec la Trinité ? Il est suffisant de prier Dieu, de parler de Dieu. Pardon de le dire : mais, en ce qui concerne le langage, il n’y a pas de différence entre ces chrétiens et les musulmans.

D’autres chrétiens disent : « Je prie Jésus car le Père est trop lointain. » D’autres encore disent : « Je m’attache à l’Esprit parce qu’il est plein de dynamisme alors que le Christ est trop sévère. »

Peu s’adressent directement au Père et pourtant Jésus lui-même nous invite à utiliser ce mot de « Père ».

Que l’on passe par le Fils ou par l’Esprit Saint, la prière emprunte un bon chemin, dans la mesure où on la laisse aller jusqu’au bout. Et le bout du chemin de la prière, c’est le Père.

A la Pentecôte, nous avons compris que l’Esprit n’est pas là pour lui-même, mais pour nous rappeler ce que Jésus nous a dit. Et Jésus n’est pas là pour lui-même puisqu’il nous conduit vers le Père d’où il est sorti.

L’Eglise ne s’amuse pas à compliquer la foi. Elle se veut fidèle au Christ qui nous donne l’Esprit et nous conduit vers le Père. Et pour chacun de nous, c’est être fidèle au Christ et à l’Eglise que de recevoir l’Esprit et de vivre en enfants du Père.

 

Oui et pardon de me répéter – un certain nombre de chrétiens estime que croire en la Trinité est une complication inutile. Et pourtant, la foi en la Trinité correspond tellement à ce que nous sommes ! La Bible nous dit que nous sommes à l’image de Dieu ; qu’est-ce que cela veut dire ? Beaucoup de choses, par exemple : nous sommes nés de l’amour et faits pour l’amour puisque Dieu est amour ; nous sommes appelés à la liberté puisque Dieu est souverainement libre ; en nous et en Dieu existe le même Esprit, celui qu’il a insufflé dans les narines d’Adam selon le poème extraordinaire de la Création...

Je m’arrête sur un autre aspect de notre ressemblance avec la Trinité. Chacun de nous est en même temps fils, frère et père ; ou, pour le dire au féminin : fille, sœur et mère. Ces trois aspects existent en chacun de nous, même si, pour de multiples raisons, nous sommes fils unique et que nous n’avons pas d’enfants. D’une manière ou d’une autre, ces trois capacités de relation existent en nous : relation filiale, relation fraternelle, relation paternelle. Chacun de nous, dans l’unité de sa personne, est capable de vivre en même temps des relations de fils, de frère et de père.

 

En disant cela, ne pensez pas, s’il vous plaît, que je viens d’expliquer le mystère de la Sainte Trinité. Je ne viens pas de l’expliquer, mais de la suggérer. On n’explique pas un mystère comme on explique un problème de maths. Par contre, on le suggère pour mieux le découvrir, l’admirer, le chanter, l’adorer et en témoigner car les mystères de la foi chrétienne nous correspondent.

Il y a, évidemment, des différences entre la Trinité et nous ; il n’empêche que nous lui correspondons. Oui, nous sommes différents de la Trinité, mais nous lui sommes adaptés. Si bien qu’en méditant sur ce que nous sommes, nous entrevoyons ce qu’elle est. Le couple humain, là où deux personnes différentes construisent une unité d’amour, nous permet de comprendre que les trois personnes divines, différentes, sont unies par un unique amour.

Le fait d’être, en même temps fils, frère et père nous dit quelque chose de la Trinité. Car, encore une fois, nous lui correspondons.  Admirer quelque chose de la Trinité, c’est découvrir quelque chose de nous. Dire quelque chose de nous, c’est, par analogie, pressentir quelque chose d’elle.  

Pour souligner en souriant cette correspondance, qui est en même temps ressemblance et différence, j’évoque un tableau de René Magritte que vous connaissez certainement. Ce tableau représente une pipe accompagnée de la légende suivante : « Ce n’est pas une pipe. » La pipe est peinte avec beaucoup de réalisme, mais ce n’est pas une pipe qu’on peut bourrer de tabac et fumer. Entre le tableau et l’objet, il y a des différences évidentes, et pourtant le tableau et l’objet se correspondent.

D’une manière analogue, il existe entre la Trinité et nous de multiples correspondances. Au cas, donc, où l’un de nous serait tenté de brader la Sainte Trinité, soi-disant pour simplifier notre foi, qu’il fasse attention à ne pas brader et abimer l’être humain qu’il est lui-même. Car la Trinité – grâce à la diversité des trois personnes et à leur unité la Trinité dit quelque chose de ce que nous sommes, nous, les êtres humains.

Méditer la Trinité, c’est découvrir qui est l’homme, découvrir qu’il est une personne c’est-à-dire bien plus qu’un simple individu.

Permettre à l’homme d’augmenter ses capacités de relations filiales, fraternelles et paternelles, c’est rendre gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit.

 

Un théologien disait en une formule condensée : « La Trinité, c’est mon programme social. »

J’espère vous l’avoir suggéré.