Homélie du 21 août 2022   21ème dimanche Année C

Is 66,18-21     Ps 116     Hbx 12,5-7+11-13     Lc 13,22-30

Par le pere Jean Paul Cazes

A partir de l’évangile que je viens de lire, je souhaite soulever trois points de réflexion. A vous de saisir celui qui vous aidera à mieux vivre votre vie de foi durant la semaine.

 

Quelqu’un, dit notre évangile, pose une question à Jésus. Ce quelqu’un n’est pas nommé. Ce peut être chacun de nous. Nous avons le droit de poser des questions à Jésus. La prière est faite pour ça. Souvent, on pense qu’on a prié quand on a dit des prières. Or, prier, ce n’est pas dire des prières. Dire des prières est une aide pour prier, pour prier personnellement à la manière dont Jésus lui-même nous enseigne de prier. Et dans notre prière personnelle, nous avons le droit de poser des questions à Jésus. Les questions que nous nous posons à nous-mêmes, nous avons le droit de les poser à Jésus. Prier, c’est parler personnellement à Jésus, ou à Dieu notre Père, ou à l’Esprit Saint.

Et donc, premier point de réflexion pour la semaine à venir : tout en conservant les prières que nous connaissons et que nous aimons – en particulier le Notre Père et le Je vous salue Marie – pourrions-nous personnaliser notre prière en osant poser à Jésus les questions qui sont les nôtres ?

 

Second point. La question posée à Jésus porte sur le nombre de celles et ceux qui seront sauvés : combien seront admis dans les bras du Père ? C’est une question semblable à celle posée par un légiste : « Qui est mon prochain ? » Le légiste voulait une liste claire de prochains et de lointains pour accueillir les premiers et rejeter les seconds. Dans notre évangile, l’homme qui interroge Jésus veut savoir quel est le nombre de sauvés ; et peut-être – c’est la questions sous-jacente – s’il sera du nombre. Or, Jésus déplace la question ; il ne veut pas entrer dans cette question de nombre ; en ce qui concerne le salut, il n’y a pas de quota contrairement aux études de médecine. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, il ne veut en perdre aucun. Voilà pourquoi Jésus déplace la question. Il répond : « Efforcez-vous d’entrer … » Ce qui veut dire : ce n’est pas à mon Père ou à moi de faire le tri. C’est à vous de décider si oui ou non vous souhaitez être sauvés.

Et donc, second point de réflexion pour la semaine à venir : nous avons le droit de poser à Jésus toutes les questions que nous voulons ; mais nos questions sont parfois, ou même souvent, mal posées. Comme tout bon enseignant, Jésus les déplace. Nous posons une question et nous nous étonnons de ne pas recevoir une réponse ; nous voudrions une réponse dans les termes mêmes de notre question. Jésus répond, mais pas forcément dans les termes que nous attendons. Il faut accepter que notre question soit probablement mal posée ; il est nécessaire de chercher la réponse de Jésus.  Et de la chercher dans la prière confiante.  

 

Dernier point de réflexion que je ne ferai qu’effleurer tant il est vaste. Le brave homme de notre évangile se pose une question au sujet du nombre de celles et ceux qui seront sauvés. Mon point de réflexion est : qu’est-ce que le salut ? Le salut éternel est une question qui a beaucoup préoccupé nos ancêtres dans la foi, au point même de les mener à délaisser la vie de ce monde. Notre foi contemporaine a heureusement pris conscience qu’on ne peut vouloir être aimés de Dieu sans aimer son prochain ; qu’on ne peut vouloir la justice dans la vie éternelle sans essayer de l’appliquer dans cette vie ; qu’on ne peut désirer la paix du royaume de Dieu sans être dès maintenant des artisans de paix. Nous ne pouvons vouloir le royaume de Dieu en négligeant ce monde. Dieu lui-même a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique écrit St Jean (cf. Jn 3, 16). Mais la nécessaire gestion de la vie de ce monde nous entraîne parfois à repousser bien loin de nous la question du salut, comme si elle n’était bonne qu’au moment de notre mort. Or, cette question du salut n’est pas une question de l’après, mais une question liée à notre vie actuelle. Alors, qu’est-ce que le salut ? Beaucoup de définitions peuvent en être données. Chacun de vous a probablement la sienne. Je vous en suggère une : être uni à Dieu notre Père par la foi en Jésus. Ce n’est pas une définition mais seulement une suggestion. Mais elle est valable non seulement pour a vie éternelle mais pour notre vie actuelle.

Et donc, troisième point de réflexion pour la semaine à venir : est-ce que le salut, dont parle si souvent Jésus, est une question qui colore ma vie d’aujourd’hui ? Est-ce que le salut est une question importante de ma vie de foi ? Est-ce que le salut m’intéresse ?

 

Je résume : osons poser des questions dans la prière et chercher la réponse de Jésus ; n’opposons pas vie actuelle et vie future en ce qui concerne le salut. Voilà mes trois points de réflexion.

Mais il y en a peut-être un quatrième ou un cinquième qui vous est venu à l’esprit à l’écoute de notre évangile ! Alors, n’hésitez pas à l’approfondir dans votre prière au cours de la semaine à venir.