Homélie du 14 mars 2021   4ème dimanche de Carême   Année B

2 Ch 36, 14-16+19-23     Ps 136     Ep 2,4-10     Jn 3,14-21

Par le Père Jean Paul Cazes

La foi chrétienne est composée de deux aspects indissociables :

            1er aspect : elle vient de Dieu, elle a un contenu qui ne dépend pas de

            nous

            2ème aspect : elle est une réponse d’adhésion de notre part.

On retrouve là les deux aspects de la vie de prière tels que notre curé est en train de l’exposer le dimanche matin.

 

En ce qui nous concerne, la réponse de foi chrétienne est une certitude, pas une évidence.

Si c’était une évidence, tout le monde serait obligé de croire.

Par exemple, dans notre système mathématique, deux plus deux font quatre : il n’y a aucune échappatoire.

Or, la foi demande notre acceptation libre et aimante.

La foi n’est pas une évidence, mais une certitude.

Il y a toujours un saut dans la foi, une sorte de pari comme aurait dit Pascal.

C’est la même sorte de pari qui est celui de deux jeunes qui décident de s’aimer pour la vie.

La décision d’amour n’est jamais une évidence mathématique. Personne n’a jamais démontré scientifiquement le sentiment amoureux. Et pourtant, il n’y a rien de plus fort et de plus certain.

Par contre, on peut, et même on doit, réfléchir son amour afin de l’améliorer, de le corriger et de l’approfondir.

De la même manière – car amour et foi sont frère et sœur – la foi suppose un saut de confiance pour y entrer et demande ensuite à être améliorée, corrigée et approfondie.

On n’aime pas après un raisonnement, mais on trouve des raisons d’aimer.

De la même façon, on croit sans raisonnement, mais on découvre des raisons de croire.

Un de mes professeurs avait coutume de dire : la foi n’est pas rationnelle, mais elle est raisonnable.

Parce que nous croyons, nous devons chercher des raisons de croire. Or, Dieu lui-même, dans sa manière de se présenter à nous, nous donne des raisons de croire en lui.

 

Parfois, les journaux ouvrent leurs colonnes à ce qu’on appelle les « bonnes feuilles » d’un livre qui vient de paraître.

Les textes bibliques nous offrent aujourd’hui quelques « bons versets ». Je précise : tous les versets de l’Ecriture sont parole de Dieu et méritent notre attention, notre respect et l’effort de notre intelligence.

Il n’empêche que certains versets, plus que d’autres peut-être, peuvent nous aider, nous qui avons fait le saut de la foi, à trouver des raisons de croire. Ces raisons ne convaincront pas forcément celui qui ne croit pas, mais elles nous diront, à nous, que nous ne faisons pas fausse route.

 

D’abord, selon la première lecture, rien n’est jamais fermé pour notre Dieu. Dans la situation la plus terrible, notre Dieu ouvre toujours une issue. Depuis 70 ans, les Hébreux étaient captifs à Babylone ; contre toute espérance, le roi Cyrus permet à ceux qui le veulent de rentrer à Jérusalem et de rebâtir le Temple. C’est nous qui nous fermons à nous-mêmes les portes de l’espérance ; pas Dieu !

Passons ensuite à ce que dit Paul aux chrétiens de la ville d’Ephèse. Par deux fois, en 6 versets, il écrit : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés. » Etre sauvé, c’est être relié à Dieu pour toujours. Dans le salut, comme dans la foi, il y a deux aspects indissociables : le travail de Dieu et notre réponse. Du côté de Dieu, le travail est accompli, grâce au Christ. Du haut de la Croix, le salut est offert totalement et définitivement à tous les hommes. Nous ne sommes pas sauvés par l’accumulation de nos bonnes actions ; c’est Jésus, et lui seul, qui nous relie à son Père. Par contre, par nos bonnes actions, nous montrons au Christ que nous acceptons son salut et que nous ajustons notre vie à son double commandement d’amour.

Enfin, merveille des merveilles, ce verset de St Jean : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »   Quelqu’un me demandait un jour si je croyais que Dieu est Juge. Oui je le crois. Puisque Dieu est amour, comme l’écrit St Jean dans une de ses lettres, alors Dieu est juste. Mais la justice de Dieu ne consiste pas à condamner. Même les jugements humains peuvent se conclure sur un acquittement. Dieu est juge, mais sa justice consiste à nous rendre justes nous-mêmes. Par sa justice, nous sommes ajustés à son amour. Notre unique travail – mais il est fondamental – est d’accepter ce que nous offre Dieu à travers son Fils. De manière poétique mais tellement compréhensible, Dieu nous offre la lumière, celle du pardon, celle de la paix, celle de la justice, celle de l’amour fraternel. Il nous suffit de dire « Oui », comme la Vierge Marie.

 

Voici quelques raisons que nous avons de croire en Dieu notre Père. Dans le temps de Carême qui nous reste, il serait intéressant que chacun de nous essaie de découvrir en lui quelles sont les autres raisons qui le gardent dans la foi.  

 

Semaine Sainte

Dimanche des Rameaux

Dimanche 28 mars

Avec bénédiction du buis sur le parvis
Messe : Samedi à 16h30 – Dimanche à 9h, 11h et 16h30 Rencontre des équipes de Carême autour de «Nous habitons tous
la même maison » de 14h à 16h dans l’église

Jeudi Saint

Jeudi 1 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 14h à 15h30
Messe en mémoire de la Cène du Seigneur à 16h

Vendredi Saint

Vendredi 2 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 13h à 15h Chemin de Croix à 15h Célébration de la Passion à 16h

Samedi Saint

Samedi 3 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 13h à 15h
Vigile pascale avec baptêmes d’adultes à 16h

Dimanche de Pâques

Dimanche 4 avril

Messes à 9h, 11h et 16h30

Homelie du 7 mars 2021   3ème dimanche de Carême B

Ex 20, 1-3+7-8+12-17     Ps 18b (19)     1 Co 1,22-25     Jn 2, 13-25

par le Père Jean Paul Cazes

J’entends souvent qu’on est gêné par le geste de Jésus qui chasse les marchands du Temple, alors qu’en même temps on regrette que les marchands envahissent Lourdes. D’ailleurs, c’est inexact : à Lourdes, les marchands de chapelets et autres colifichets religieux sont à l’extérieur du sanctuaire, alors qu’à Jérusalem ils étaient dans le Temple lui-même. Mais que ce soit pour Jérusalem ou pour Lourdes, on s’attache à ce qui est secondaire dans le texte sans voir le principal.

Que Jésus se soit mis en colère et qu’il ait chassé fermement les vendeurs est secondaire par rapport à ce qui est affirmé à cette occasion : « Lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite. »      

Ce que les disciples retiennent, ce n’est pas le coup de sang de Jésus, mais le fait que le vrai Temple de Dieu, le vrai lieu de la présence de Dieu, c’est Jésus lui-même dans son corps.

 

Beaucoup ont pleuré lors de l’incendie de Notre Dame, et moi parmi tant d’autres car c’est l’église de mon ordination. Je suis heureux de sa reconstruction. Mais un jour, comme toutes choses humaines, elle disparaîtra. St Pierre de Rome disparaîtra. Ste Sophie de Constantinople, qui est une église – n’en déplaise au président turc disparaîtra aussi. Mais la foi chrétienne ne disparaîtra pas pour autant.

Car le véritable lieu de la présence de Dieu n’est pas une construction humaine, si belle soit-elle. Le lieu fondamental de la présence divine est le Christ. St Paul écrit aux chrétiens de Colosses : « (Dans le Christ) habite toute la plénitude de la divinité… » Et il ajoute pour être certain d’être bien compris : « corporellement. » (Col 2,9) Dans le corps humain du Christ, ce corps conçu du St Esprit, né de la Vierge Marie, ce corps qui a partagé notre vie humaine, ce corps qui a souffert, qui est mort et ressuscité, dans le corps humain du Christ réside la plénitude la divinité.

C’est ce corps ressuscité qui se fait nourriture pour chacun de nous. C’est ce corps que nous recevons pour faire corps avec Jésus, pour faire Eglise avec Jésus. L’Esprit Saint fait du Christ individuel uni à son Eglise qui est son corps mystique le lieu où trouver la plénitude de la divinité.

 

Du temps du Christ, tous les peuples autour de la Méditerranée adoraient leurs dieux dans des maisons qui étaient la maison du dieu ou de la déesse. Même les Hébreux avaient construit le Temple de Jérusalem pour y abriter le Seigneur. Nul ne pouvait y entrer, à part le Grand Prêtre, et seulement une fois par an.

Jésus bouleverse cette façon de voir. Il offre à l’humanité un culte universel ; grâce à lui, chaque être humain peut approcher la divinité et pas seulement le Grand Prêtre. Il n’y pas besoin d’un lieu pour cela : c’est le Christ lui-même, c’est l’Eglise elle-même, qui sont les demeures de Dieu ; et chacun de nous l’est aussi par son baptême et sa confirmation.

En rigueur de terme, les églises que nous construisons ne sont pas les demeures de Dieu ; Dieu n’en a pas besoin.  Il a choisi d’avoir besoin de notre cœur. C’est le Christ, c’est l’Eglise, c’est nous qui sommes la demeure de Dieu. Par contre nous, pauvres humains, nous avons besoin d’un toit au-dessus de nos têtes. Les bâtiments de nos églises ne sont pas les demeures de Dieu, mais les demeures du peuple de Dieu ; pour aider notre prière, pour nous rassembler, pour faire corps, pour faire Eglise, il nous faut un bâtiment. Heureux sommes-nous, ici, d’en avoir un !

Je suis toujours un peu ennuyé d’entendre un adulte dire à un petit enfant : « Entrons dans la maison de Jésus. » Ce n’est pas ainsi qu’on éduque un enfant à la foi chrétienne. J’aimerais mieux entendre quelque chose comme : « Allons dire bonjour à Jésus. » Car la maison de Jésus, c’est le cœur de cet enfant, c’est le cœur de l’adulte qui l’accompagne. En regardant nos églises, en aimant nos églises, en aimant Notre Dame de Paris, ne retombons pas dans le paganisme qui faisait d’un temple bâti de main d’homme la demeure de Dieu.

Et ceci est capital puisque c’est lors de la Résurrection du corps de Jésus que les disciples crurent dans les paroles de l’Ecriture et en ce que Jésus avait dit. Ils se rappelèrent probablement ce que Salomon avait dit lui-même lorsqu’il construisit le Temple de Jérusalem : « Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter sur la terre ? Les cieux eux-mêmes ne peuvent te contenir ! Combien moins cette Maison que j’ai bâtie ! » (1 R 8, 27) Alors, si le bâtisseur du Temple de Jérusalem a dit cela, combien plus nous, chrétiens, qui connaissons le Fils de Dieu fait homme !

 

L’unique temple de Dieu, c’est le corps du Christ, c’est-à-dire son corps total, l’Eglise dont Jésus est la Tête.

Aimons nos églises, nos petites églises de campagne comme nos cathédrales ; elles nous offrent la possibilité de faire corps autour du Christ qui est le véritable Temple du Dieu vivant. C’est vers ce temple-là, ce temple vivant, que nous fait avancer le Carême.

Homélie du 14 février 2021 6e dimanche ordinaire

Lv 13,1-2+45-46     Ps 31     1 Co 10,31-11,1     Mc 1,40-45

 

 

Dimanche dernier, nous avons laissé l’évangile sur ce dernier verset : « Et (Jésus) parcourut toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »  

C’est pour proclamer la Bonne Nouvelle que Jésus est sorti, comme il le dit lui-même. Il n’est pas seulement sorti de la maison de la belle-mère de Pierre ; il est sorti du Père pour venir chez nous annoncer l’Evangile.

Après ce verset, on s’attendrait à un discours. Or, la première chose que St Marc rapporte, ce n’est pas un discours de Jésus, ce n’est pas un enseignement en paroles, mais un enseignement en acte. Ce que St Marc raconte, c’est la guérison d’un lépreux. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu, en la personne de Jésus, s’est laissé toucher par un lépreux.

Vous savez ce que représente la lèpre pour les temps bibliques. Comme pour nous, c’est une maladie très contagieuse ; voilà pourquoi le malade doit se tenir à l’écart ; il n’a pas même le droit d’entrer dans les villages ; il doit signaler sa présence en agitant une crécelle ; les gens charitables lui laissent à manger en disposant de la nourriture à la limite des habitations. Mais, bien plus que cela, la lèpre exclue le malade de la communauté des croyants. Non seulement il ne peut plus entrer dans les synagogues, puisqu’il ne peut entrer dans les villages, mais il ne peut plus monter au Temple de Jérusalem pour les grandes fêtes juives. Le lépreux est non seulement exclu de la société civile, mais de la société religieuse. En ce temps-là, le civil et le religieux ne sont ni séparés ni séparables. L’un entraîne l’autre. L’exclusion du lépreux est une exclusion totale. Personne n’a le droit de le fréquenter, ni même de le toucher. Car le contact physique entraîne non seulement le risque de la contagion, mais rend celui qui touche aussi impur que celui qui est touché.

Le lépreux est un intouchable.

 

Jésus est donc sorti pour proclamer l’Evangile. Et la première Bonne Nouvelle que rapporte st Marc est le geste étonnant de Jésus : il touche le lépreux. Pour Dieu, en la personne de Jésus, aucun homme n’est intouchable. Pour Dieu, en la personne de Jésus, toute impureté, soit de corps, soit de cœur, est guérissable pour peu que le pécheur, dise, à sa manière : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir. »

La Bonne Nouvelle pour laquelle Jésus est sorti du Père est la nouvelle de notre guérison. Nous sommes des malades guérissables. Nous sommes des pécheurs pardonnables. Qui que nous soyons. Quel que soit notre péché. Voilà la Bonne Nouvelle à recevoir à l’aube du Carême.

Pour Dieu, en Jésus, aucun homme n’est intouchable.

 

De cela, on peut tirer plusieurs conséquences.

La première, c’est que Dieu, en Jésus, ne nous guérit pas, ne nous pardonne pas du haut de son ciel, comme Louis XIV du haut de son trône. Il vient chez nous, il vient jusqu’à nous ; il prend sur lui ce qui nous rend malades. Il se charge de nos maladies spirituelles. Il réalise ces paroles du prophète Isaïe que nous entendrons encore une fois lors du Vendredi saint : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était frappé. »

La seconde conséquence, c’est qu’aucun de nos péchés n’est impardonnable, qu’il soit petit ou grand. Souvent, nous nous jugeons nous-mêmes impardonnables, et nous n’osons pas nous approcher du sacrement du pardon. Il m’est arrivé, une fois, d’entendre une personne me dire que son péché était si gros que Dieu ne pouvait le lui pardonner. C’est elle qui se jugeait, c’est elle qui se condamnait. Jésus ne condamne personne : il est sorti pour nous annoncer la folie de son amour et donc la réalité de son pardon. A ses yeux, aucun péché n’est impardonnable ; il suffit que nous tombions à ses genoux en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Dieu, en Jésus, s’est laissé toucher par nos misères, et c’est pourquoi il nous touche à son tour pour prendre sur lui ce qui nous défigure.

La troisième conséquence est que, si pour Jésus, tout homme est fréquentable, si pour Jésus personne n’est intouchable, il serait bon d’utiliser le temps du Carême pour apprendre à regarder autrui comme il nous regarde. Dans notre seconde lecture, St Paul écrit : « Imitez-moi comme moi aussi j’imite le Christ. »  Pour le Christ, personne n’est intouchable. Comment l’imiter, comment nous inspirer de lui ? Peut-être déjà – et cela vaut pour chacun de nous– en prenant conscience de toutes les personnes qui sont à nos yeux intouchables, infréquentables. De toutes celles à qui il nous est si difficile d’accorder notre pardon. Le Carême ne serait-il pas le moment de réouvrir tous ces dossiers et de réexaminer la question ?

 

Seigneur Jésus, il nous est aussi dur d’accorder le pardon que de le demander. Toi qui t’es laissé toucher par nos misères, accorde-nous de nous laisser toucher par toi et, à notre tour, de toucher nos frères à cause de toi.

 

Homélie du 7 février 5e dimanche du temps ordinaire

Jb 7, 1-4+6-7     Ps 146     1 Co 9, 16-19+22-23     Mc 1,29-39

Par le Père Jean Paul Cazes

A lire et relire la première lecture et l’évangile de ce jour, comment ne pas nous y reconnaître ? Les questions de santé nous ont toujours touché, à tel point que la formule spontanée des vœux que nous venons à peine d’échanger est « Bonne année, bonne santé ».

Les questions de santé sont en ce moment omniprésentes, à tel point que les informations à la radio ou à la télé ne parlent presque que de cela, comme si le reste du monde avait disparu. A part les élections américaines, nous ne savons plus guère ce qui se passe en Syrie, en Afghanistan ou en Birmanie. On nous parle de la fabrication des vaccins en Chine, mais on ne nous dit presque plus rien sur la situation à Hong Kong. On sait que Spoutnik V est un vaccin sûr, mais on ne sait plus trop où en sont les droits de l’homme en Russie.

Les problèmes de santé nous tracassent, plus peut-être aujourd’hui qu’à un autre moment. A cause des détresses qui sont les nôtres, nous nous tournons vers Jésus. C’est un réflexe normal.

La question que je me pose, quand même, est de savoir si notre piété sera la même une fois que nous serons sortis de la pandémie. Pour le dire plus crûment, et de façon un peu provocatrice : est-ce que nous utilisons bien Jésus ? Est-ce que nous l’utilisons pour ce pour quoi il est fait ? Pour prendre des images : nous n’utilisons pas une aiguille à broder pour coudre du cuir ; nous n’utilisons pas un marteau pour souder ; nous ne jouons pas au rugby avec une balle de tennis.

 

Certes, Jésus affirme avec force qu’il se fait notre serviteur ; il dit lui-même être «venu non pour être servi mais pour servir. » (Mt 20,28) Et il lave les pieds de ses disciples.

D’autre part, Jésus nous incite à demander. Demander des grâces au Seigneur, c’est reconnaître que nous ne pouvons rien sans Lui. C’est reconnaître qu’il est comme un Père à notre égard et qu’il prend soin de nous parce qu’il nous aime. « Demandez, on vous donnera …frappez, et on vous ouvrira. » (Mt 7,7) La prière de demande est une des formes de la prière que Jésus nous recommande. Par exemple, la seconde moitié du Notre Père est faite de prières de demande : Donne-nous aujourd’hui … Pardonne-nous … ne nous laisse pas entrer en tentation … délivre-nous du mal. Ce serait mal connaître le cœur du Père que de ne pas lui adresser toutes nos demandes.

 

Faisons le point : Jésus, qui s’est fait notre Serviteur, nous encourage à demander. Or, en ce moment, les questions de santé sont omniprésentes. Il est donc normal de les lui présenter, il est donc normal de lui dire nos détresses de santé, et toutes les détresses qui en découlent.

 

Cependant, je me demande si utilisons bien Jésus, comme il souhaite être utilisé. Encore une fois, je m’exprime de manière un peu provocante.

Pour illustrer ma question, examinons les intentions de prière qui sont demandées à chaque messe.  Il y a beaucoup de demandes – et c’est normal. Par contre, il y a peu de remerciements et d’actions de grâce. En bonne logique, il conviendrait qu’il y ait au moins autant de remerciements que de demandes.

Encore une fois, il est juste de présenter au Seigneur nos questions, nos problèmes, nos détresses. En particulier dans le domaine de la santé. Mais Jésus est-il venu pour être notre docteur-miracle ? Jésus est-il notre super-vaccin ?

De son temps, il a guéri des malades : l’évangile de ce jour en est témoin. Mais il n’a pas guéri tous les malades de son époque. Il a ressuscité Lazare, mais il n’a pas ressuscité tous ceux qui étaient morts à son époque. Il a pacifié ceux qui étaient habités par des esprits impurs ; mais pas tous.

Ce qui me fait dire : avons-nous bien compris et admis ce qu’il est vraiment venu faire au milieu de nous, ou bien sommes-nous uniquement en train d’utiliser sa puissance à notre service ? Ne sommes-nous pas comme ces juifs qui, après la multiplication des pains, voulaient que Jésus devienne leur roi ? (Jn 6, 14-15) C’est si pratique d’avoir un  roi qui donne à manger. C’est si pratique d’avoir un Seigneur qui guérit tout le monde.

Lorsque Simon le cherche et le trouve en train de prier, Jésus lui répond : « Allonsailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » Certes, de grand matin, il est sorti de la maison pour aller prier. Mais ce n’est pas de cette sortie-là qu’il veut parler. Il est sorti de son Père, il est venu jusqu’à nous. Et pourquoi ? Pour proclamer l’Evangile. Voilà sa mission. Il n’est pas venu pour être le docteur universel et guérir toutes les maladies physiques. Les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il a accomplies de son temps, les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il accompli du nôtre, sont les signes d’une autre guérison infiniment plus profonde et plus universelle qu’il est venu offrir à tous : la guérison de tout être et de l’être tout entier, la possibilité enfin réalisée d’être unis à notre Père et rassemblés dans un même peuple de frères et de sœurs. C’est ce qu’on appelle le salut.

Jésus s’est fait notre Serviteur par amour pour nous permettre d’accéder, grâce à lui, à notre Père. Son outil : la prédication de l’Evangile. St Paul l’a parfaitement compris, lui qui écrit aux chrétiens de Corinthe dans notre seconde lecture: « Frères, annoncer l’Evangile … c’est une nécessité qui s’impose à moi. »

 

Il est normal de demander au Seigneur Jésus de nous aider dans nos détresses, et spécialement en ce qui concerne notre santé et celle de nos proches. Mais Jésus est venu nous offrir, par sa mort et sa résurrection, une toute autre guérison dont les guérisons physiques en sont le signe. Savons-nous demander la guérison du corps sans oublier celle de notre être entier ? Savons-nous autant remercier que demander ?

 

En résumé, savons-nous regarder Jésus et le prier pour ce qu’il est venu faire chez nous, c’est-à-dire : apporter l’Evangile du salut ?

Carême 2021

Une messe en plus pendant le Careme : à 7h le mercredi matin

Le Carême avec le chemin de croix

Un chemin de croix se déroulera chaque vendredi de Carême à 15 h, à partir du 19 février.

Le Carême avec les catéchumènes

Sept catéchumènes adultes recevront les sacrements de l’initiation pendant la nuit de Pâques : Elya, Hanjin, Herman, Keng, Kévin, Laura et Nicole. Leur Appel décisif sera célébré, dans l’église de l’Immaculée-Conception à Boulogne, le samedi 20 février après-midi, et leurs trois scrutins, dans notre église Saint-Pierre-Saint-Paul, les dimanches 7 mars à 11 h, 14 mars à 11 h et 21 mars à la messe du soir.

Le Carême avec saint Joseph

Dans notre église, la chapelle de gauche est dédiée à saint Joseph et, comme l’indique une plaque, une consécration de la paroisse y a été prononcée le dimanche 20 mars 1892. Le pape François place l’année 2021 sous le signe de saint Joseph dans sa récente lettre apostolique Patris corde (« un cœur de père »), qui se présente comme une série de sept méditations sur la figure du père adoptif de Jésus. C’est pourquoi, le vendredi 19 mars, nous renouvellerons la consécration à saint Joseph, pour que l’époux de Marie protège notre paroisse de la pandémie et de toutes sortes d’affliction. « Joseph est l’homme de la réponse sereine parce que croyante aux inattendus de la vie et de l’histoire. » (Mgr Rougé)

Le Carême avec Laudato si’

L’année 2021 est aussi une année consacrée à la relecture de l’encyclique de François sur la sauvegarde de la maison commune et la conversion écologique. Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement propose un parcours spirituel en six séances, intitulé « Nous habitons tous la même maison ». Il invite 1) à écouter l’appel du Seigneur à partir des lectures liturgiques ; 2) à contempler le monde à partir d’une citation de Laudato si’; 3) à chercher un chemin de conversion pour agir à partir des questions posées ; 4) à offrir une action de grâce au Seigneur à partir d’une prière.
Ce parcours de Carême, que vous trouverez dans les présentoirs de l’église, pourra être utilisé soit en petites équipes paroissiales de Carême

Le Carême avec la réconciliation

Il est possible de se confesser pendant l’adoration, chaque jeudi et chaque vendredi entre 16 h et 17 h 45. Des célébrations pénitentielles auront lieu dans l’église Saint-Adrien le mardi 23 mars de 15 h 30 à 17 h 30, dans l’église Saint-Maurice de Bécon le mercredi 24 mars de 15 h à 17 h et dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul le 25 mars de 15 h 30 à 17 h 45.

Le Carême avec le jeûne et l’aumône

 

Jeûner a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa Parole. De plus, jeûner en Carême n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à l’aumône. L’abstinence de viande s’impose tous les vendredis de Carême. Le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, le chrétien se prive substantiellement de nourriture. Nous proposerons une offrande de Carême en faveur de 3 actions : CCFD, les Chrétiens d’Orient et ceux de Birmanie.

Le Carême avec les entretiens sur la prière

 

Dimanche 7 mars : La part de l’homme dans l’oraison.

Dimanche 14 mars : La part de Dieu dans l’oraison et l’acte de foi.

Dimanche 21 mars : L’adoration du Saint-Sacrement.

Homélie du 31 janvier 2021 4ème dimanche Année B

Par le Père Jean Paul Cazes

Dt 18, 15-20     Ps 94     1 Co 7,32-35     Mc 1,21-28

​Le passage de l’évangile que nous lisons ce matin est situé au début de l’évangile selon st Marc : il s’agit des versets 21 à 28 du premier chapitre. Depuis le début du chapitre, en 20 versets, Marc a évoqué la prédication de Jean-Baptiste, puis le baptême de Jésus, sa tentation au désert, le début de sa prédication et l’appel de Simon, d’André, de Jacques et de Jean. 

​Et là, tout de suite, dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus enseigne et il guérit. Tout de suite, Marc nous dit que nous sommes en présence d’une manifestation divine , d’une sorte d’épiphanie. En effet, Jésus dit et Jésus agit. Rappelez-vous le premier chapitre du livre de la Genèse : « Dieu dit … et cela fut. » « Dieu dit : Que la lumière soit … Et la lumière fut… Dieu dit : Qu’il y ait un firmament … Il en fut ainsi… »

C’est la plus ancienne description de Dieu : un Dieu qui parle et dont la parole est efficace. Un Dieu dont la parole et l’action ne sont pas séparées. Un Dieu qui dit vrai, un Dieu à la parole de qui on peut faire confiance. 

D’où la stupéfaction de ceux qui sont présents ce jour-là dans la synagogue. Bien sûr, ils ne professent pas leur foi en la divinité de Jésus ; curieusement, celui qui reconnaît la divinité de Jésus, c’est l’esprit impur qui habite un pauvre homme malade . Les autres n’en sont pas encore là ; cependant, ils sont étonnés par l’enseignement de Jésus. Cet homme parle avec autorité, c’est-à-dire qu’il enseigne sans se référer aux scribes anciens, comme le font tous les scribes qui enseignent dans les synagogues. Habituellement, quand un scribe enseigne, il se réfère à ses prédécesseurs ; à la limite, il ne fait que répéter ce que les anciens ont dit ; il met leur enseignement au goût du jour, il n’innove pas. Jésus ne procède pas ainsi, et c’est cela qui crée la stupéfaction chez ses auditeurs. Sans le formuler de cette manière, ils se demandent qui est cet homme. C’est la question fondamentale de tous les évangiles : la question de   l’identité de Jésus. 

Marc écrit : « Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. » Souvent, dans les évangiles, on voit Jésus enseigner. Mais jamais, ou presque, on ne dit à ces moments-là quel est le contenu de son enseignement. C’est le cas aujourd’hui. Il enseigne, et il va guérir. Il enseigne d’une manière tout à fait inédite qui crée la stupéfaction chez les auditeurs, mais on ne sait pas ce qu’il enseigne.

Ou plutôt, si ! On voit bien ce qu’il enseigne en parlant et en guérissant, en parlant et en agissant comme Dieu au premier chapitre de la Genèse. Il enseigne : LUI ! Il enseigne QUI il est. Il enseigne que la promesse offerte à Moïse est en train de se matérialiser sous les yeux des fidèles de la synagogue. 

Dans la première lecture de ce jour, nous avons entendu ce que le Seigneur promet à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi… » 

Rappelez-vous ce que nous avons entendu, pendant l’Avent : « Les prêtres et les lévites posèrent à Jean-Baptiste cette question : « Qui es-tu ? Es-tu le Christ ? Es-tu Elie ? Es-tu le Prophète ? » (voir Jn 1, 19-21). On se demande souvent de quel Prophète parlent les prêtres. Très probablement de celui qui est annoncé dans notre première lecture, c’est-à-dire d’un Prophète qui parle et agit dans l’esprit de Moïse. Comme Moïse, Jésus est législateur, mais il fait plus que donner une loi : il est lui-même la Loi d’amour. Comme Moïse, il est libérateur, mais il ne libère pas seulement les Hébreux, il libère tous les hommes. Comme Moïse fait entrer en Terre Promise, Jésus fait entrer les hommes dans son Royaume. Jésus est un Prophète, mais bien plus qu’un Prophète : il est Dieu incarné. Son enseignement est autre chose qu’un code moral. Si nous cherchonsun code moral, nous le trouvons dans le Décalogue de Moïse. Ce que Jésus apporte, ce n’est pas un Décalogue mis au goût du jour, ce n’est pas une Loi améliorée, c’est la Loi d’amour du double commandement, cette Loi qu’il a lui-même totalement suivie en donnant sa vie pour tous les hommes de tous les temps, de toutes les races et de toutes les cultures. 

Le chrétien ne se définit pas par une loi morale, même si la morale est évidemment importante. Le chrétien se définit par son attachement à la personne de Jésus-Christ, par sa foi et sa confiance en la personne de Jésus-Christ, par son amour en la personne de Jésus-Christ. C’est l’amour du Christ pour nous, et notre amour pour lui qui nous donne la force d’aimer nos frères. 

Et c’est ainsi que sa renommée se répandra de plus en plus, non plus dans la région de Galilée, mais dans celle de  Courbevoie. 

Homélie du 3e dimanche du temps ordinaire – 24 janvier 2021

Par le Père Jean Paul Cazes

Jon 3, 1-5+10     Ps 24     1 Co 7,29-31     Mc 1,14-20

Ce troisième dimanche du temps ordinaire est devenu le dimanche de la Parole de Dieu par la décision du Pape François.

 

« Dieu dit … et cela fut. »

Vous connaissez ce refrain : on le trouve dix fois de suite dans le merveilleux poème de la Création du monde, au premier chapitre du livre de la Genèse.

« Dieu dit : Que la lumière soit … Et la lumière fut… Dieu dit : Qu’il y ait un firmament … Il en fut ainsi… »

C’est la plus ancienne description de Dieu : un Dieu qui parle et dont la parole est efficace. Un Dieu dont la parole et l’action ne sont pas séparées. Un Dieu qui dit vrai, un Dieu à la parole de qui on peut faire confiance.

Il a fallu dix siècles d’histoire, dix siècles de prière et de méditation, dix siècles de sainteté et d’infidélités, dix siècles de péché et de pardon pour que le peuple de Dieu, en la personne de St Jean, disciple de Jésus, puisse écrire ces mots fabuleux : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1,1)

Il a fallu dix siècles pour arriver à concevoir que la Parole de Dieu n’était pas quelque chose mais quelqu’un. Cette Parole de Dieu, ou ce Verbe de Dieu, c’est Jésus, fils de Marie, mort et ressuscité pour tous les hommes. La Parole de Dieu a pris chair ; et dès lors elle a pu traduire en mots humains la pensée éternelle de son Père. La Parole de Dieu qui a créé le monde a accepté de devenir créature pour se mettre à notre portée.

On lit dans le livre du Deutéronome (Dt 8,3) : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu ». Ce qui était une merveilleuse image, Dieu lui-même l’a prise au mot : c’est de la bouche de Jésus que sort toute parole nourrissante pour nous.  Pour nous, Jésus, vraie Parole de Dieu faite chair, est devenu aussi notre vrai Pain. Pain et Parole sont intimement liées dans la messe que nous célébrons. On ne peut pas célébrer l’Eucharistie et communier au Pain vivant si on ne célèbre pas d’abord la Parole de Dieu. C’est ainsi que la phrase du Deutéronome que je viens de vous citer est en quelque sorte prémonitoire ; elle annonce, avec quelques siècles d’avance, la forme du culte qui nous rassemble aujourd’hui pour nous nourrir. La messe contient, de façon inséparable, le temps de la Parole et le temps de l’Eucharistie. « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » Pour la vérité de notre foi, nous ne pouvons pas nous contenter de recevoir l’Eucharistie si nous ne lisons jamais au moins les Evangiles.

 

Lorsqu’à la fin de la lecture de l’Evangile, le prêtre dit : « Acclamons la Parole de Dieu », ce n’est pas un livre que nous acclamons, c’est le Christ dont les paroles viennent d’être proclamées. Le livre est vénérable, la Bible est vénérable, mais elle renvoie à Celui qui est la Parole véritable, le Christ Jésus. Quand nos frères musulmans parlent de nous, ils disent que nous sommes la religion du Livre. Ils n’ont pas saisi ce qui est le fondement de notre foi. Ce n’est pas un Livre, si saint soit-il :  c’est Dieu fait homme et rempli d’Esprit Saint. Je vous ai déjà cité mon ancien professeur d’Ecriture sainte, le Père Trinquet, un savant, très méticuleux sur la connaissance du texte biblique. Ce savant nous a dit un jour : « Mes amis, notre religion ne repose pas sur de vieux bouts de papyrus. Elle repose sur l’Esprit Saint. » Nous ne croyons pas en un texte, mais en Dieu le Père, en Dieu le Fils mort et ressuscité, en Dieu l’Esprit Saint. Par contre, le texte, lu et relu, étudié, discuté, « mâchonné », est le témoignage le plus précieux de la pédagogie de Dieu qui, à travers l’histoire très concrète d’un petit peuple, nous amène jusqu’à rencontrer la Parole de Dieu faite chair. Voilà pourquoi lire la Bible, toute la Bible, et pas seulement le Nouveau Testament, est si important pour nourrir notre foi. Toute la Bible, y compris à travers ses difficultés, est le chemin que Dieu a pris pour nous mener à rencontrer, à écouter, à communier et à suivre sa propre Parole devenue homme pour que, en échange,  nous soyons divinisés.

 

Comme je vous l’ai dit, et comme vous le savez certainement, ce troisième dimanche du temps ordinaire est le dimanche de la Parole de Dieu. Une des raisons de cette qualification est que ce dimanche est fêté pendant la Semaine de prière universelle pour l’unité des chrétiens. Si beaucoup de sujets nous séparent encore des protestants, des orthodoxes et des anglicans, des sujets fondamentaux nous unissent déjà : le même baptême, le même Notre Père, la même Bible, le même amour et la même foi en la personne de Jésus, né de Marie, notre Seigneur, mort et ressuscité pour tous les hommes. Longtemps, nous, catholiques, nous avons pensé que la Bible était « protestante ». La Bible n’est ni protestante, ni orthodoxe, ni catholique : elle appartient à tous ceux qui reconnaissent en Jésus-Christ la Parole de Dieu faite chair. Anglicans, catholiques, orthodoxes, protestants, malgré nos différences encore sensibles, nous sommes rassemblés par la même Parole de Dieu, cette Parole vivante qui a dit juste avant de mourir : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient un en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17,21)

 

Telle est la Parole de Dieu : une Parole de vérité et de réconciliation en vue de la foi du monde. Et cette Parole est efficace : voilà pourquoi je crois que l’unité entre baptisés est en marche pour que le monde croie en Jésus-Christ. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire 17 janvier 2021

1 S 3, b-10+19     Ps 39     1 Co 6,13c-15a+17-20     Jn 1,35-42

Par le Père Jean Paul Caze

Une fois n’est pas coutume : je vais laisser de côté la première lecture et l’évangile pour m’intéresser à la  première lettre de St Paul aux chrétiens de Corinthe.

 

Les mots « âme, esprit, corps » n’ont pas été inventés par Descartes. Mais Descartes les utilise à sa manière. Pour lui, l’être humain est composé de trois éléments bien distincts, presque séparés et antagonistes.

La Bible n’utilise pas ces trois mots de la même manière. Lorsqu’elle parle du corps, comme Paul le fait aujourd’hui, elle désigne l’être humain tout entier, et pas seulement une de ses composantes. A tel point que le mot grec « soma » (d’où nous en avons tiré le verbe somatiser, l’adjectif somatique) le mot grec « soma » peut être traduit en français non seulement par le mot corps, mais par le mot vie, ou par le mot homme. Le corps, pour la Bible, n’est pas un des trois composants de l’homme, mais l’homme tout entier regardé sous son aspect physique.

Pour essayer d’être clair, prenons l’exemple d’une fleur. Nous pouvons la considérer sous plusieurs aspects : l’aspect esthétique, l’aspect botanique, l’aspect économique. Ces trois aspects sont liés : cette fleur a été cultivée (aspect botanique), voilà pourquoi elle est belle (aspect esthétique), et voilà pourquoi elle coûte cher (aspect économique). Mais cette fleur est unique ; elle revêt en même temps ces trois aspects, mais il est possible de la regarder sous l’un d’eux sans ignorer les autres.

Il en est de même dans la Bible lorsqu’elle parle de l’être humain.

Dans la Bible, le corps humain n’est pas une composante séparée, et encore moins opposée, de l’âme et de l’esprit. Le mot corps est une façon de parler de tout l’être humain à partir de son aspect physique. A cause de Descartes, nous avons réduit le corps à être seulement une composante de l’être humain. Et, pire, lorsque nous parlons aujourd’hui du corps, nous avons tendance à le réduire non seulement à la sexualité, mais à la sexualité économique ; il n’y a qu’à regarder les affiches publicitaires pour s’en convaincre.  Je ne sais plus qui remarquait qu’à l’approche de l’été, une devanture de pharmacie risque de devenirplus voyeuriste qu’une devanture de sex-shop. Je pense qu’il est faux de dire : « J’ai un corps » ; le corps n’est pas une chose qu’on possède et qu’on peut traiter n’importe comment, y compris le réduire en marchandise. Par contre, il est vrai de dire : « Je suis mon corps ».

La Bible dit la grandeur du corps parce qu’elle dit la grandeur de l’être humain aux yeux de notre Dieu.

Le passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe nous le suggère de trois manières.  

 

D’abord, le corps, notre corps, est promis à la résurrection. Ne me demandez pas comment cela se fera, je n’en sais pas plus que vous, et Jésus ne le dit pas. Mais soyons logiques : si nous croyons que Dieu notre Père est Créateur, si nous croyons qu’il a créé l’univers entier, si nous croyons qu’il est le créateur de l’être humain, pourquoi serait-il plus difficile de croire qu’il a la faculté de nous ressusciter ? Il n’a pas été plus difficile à Jésus de dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés », que de lui dire : « Lève-toi et marche. »(Mc, 2,9) De la même façon, il n’est pas plus incroyable de penser que Dieu nous appelle à la résurrection comme il nous a appelés à l’existence. Notre corps – c’est à dire notre être tout entier – est promis à la résurrection, celle que Jésus a inauguré le matin de Pâques.

 

Car nous sommes unis au Christ. C’est le second point de la réflexion de Paul. Il s’adresse aux chrétiens de Corinthe dont la vie n’est pas moralement irréprochable. Il aurait pu leur adresser un discours très moralisateur. Or, il ne leur parle ni de permis ni de défendu. Il leur dit : par votre baptême, vous êtes liés au Christ.   Vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont liés au Christ mort et ressuscité. Voilà pourquoi vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont promis à la résurrection.

 

Vient alors le troisième point de réflexion de Paul : notre corps – y compris dans son aspect le plus matériel, le plus charnel – notre corps est le temple de l’Esprit Saint. Plus encore que le tabernacle de bois doré devant lequel beaucoup d’entre nous viennent s’incliner puisqu’il contient le Saint Sacrement, notre corps est le vrai tabernacle de la présence divine. C’est notre corps qui a reçu l’eau du baptême. En rigueur de terme, nous devrions nous incliner les uns devant les autres après la communion. Le vrai tabernacle, c’est nous, chacun de nous.

 

Quelle est la raison fondamentale des trois points de réflexion de Paul ? Si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est promis à la résurrection, si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est membre du Christ par le baptême, si notre corps – y compris dans son aspect le plus charnel – est le véritable tabernacle de la présence divine, c’est pour une seule raison que Paul énonce de cette façon : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. » De même que les époux ne s’appartiennent plus à eux-mêmes puisqu’ils se sont donnés l’un à l’autre, y compris dans leurs corps, ainsi les baptisés que nous sommes ne s’appartiennent plus à eux-mêmes – y compris dans leur corps – mais sont membres du Christ. Car le Christ a payé le prix fort, si je puis dire, pour nous libérer de tout esclavage et nous lier à lui par amour. Le montant qu’il a versé, c’est sa Vie tout entière, sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Comme le dit Paul : le Christ nous a achetés à grand prix.

D’où la phrase finale qui est une sorte de cri de triomphe : « Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »

 

Notre religion est une religion d‘incarnation, pas une religion de purs esprits sans consistance. Nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie et qui, par sa chair crucifiée et ressuscitée, nous attache solidement et définitivement, tout entiers, à notre Père et Créateur. Comme le dit un théologien contemporain (A. Guesché), le corps est un chemin de Dieu vers l’homme, et un chemin de l’homme vers Dieu. Puisque nous sommes plongés par le baptême dans le Christ, Dieu fait chair, prenons ce chemin pour rendre gloire à notre Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur, dans la lumière de l’Esprit.