Homélie du 14 mars 2021   4ème dimanche de Carême   Année B

2 Ch 36, 14-16+19-23     Ps 136     Ep 2,4-10     Jn 3,14-21

Par le Père Jean Paul Cazes

La foi chrétienne est composée de deux aspects indissociables :

            1er aspect : elle vient de Dieu, elle a un contenu qui ne dépend pas de

            nous

            2ème aspect : elle est une réponse d’adhésion de notre part.

On retrouve là les deux aspects de la vie de prière tels que notre curé est en train de l’exposer le dimanche matin.

 

En ce qui nous concerne, la réponse de foi chrétienne est une certitude, pas une évidence.

Si c’était une évidence, tout le monde serait obligé de croire.

Par exemple, dans notre système mathématique, deux plus deux font quatre : il n’y a aucune échappatoire.

Or, la foi demande notre acceptation libre et aimante.

La foi n’est pas une évidence, mais une certitude.

Il y a toujours un saut dans la foi, une sorte de pari comme aurait dit Pascal.

C’est la même sorte de pari qui est celui de deux jeunes qui décident de s’aimer pour la vie.

La décision d’amour n’est jamais une évidence mathématique. Personne n’a jamais démontré scientifiquement le sentiment amoureux. Et pourtant, il n’y a rien de plus fort et de plus certain.

Par contre, on peut, et même on doit, réfléchir son amour afin de l’améliorer, de le corriger et de l’approfondir.

De la même manière – car amour et foi sont frère et sœur – la foi suppose un saut de confiance pour y entrer et demande ensuite à être améliorée, corrigée et approfondie.

On n’aime pas après un raisonnement, mais on trouve des raisons d’aimer.

De la même façon, on croit sans raisonnement, mais on découvre des raisons de croire.

Un de mes professeurs avait coutume de dire : la foi n’est pas rationnelle, mais elle est raisonnable.

Parce que nous croyons, nous devons chercher des raisons de croire. Or, Dieu lui-même, dans sa manière de se présenter à nous, nous donne des raisons de croire en lui.

 

Parfois, les journaux ouvrent leurs colonnes à ce qu’on appelle les « bonnes feuilles » d’un livre qui vient de paraître.

Les textes bibliques nous offrent aujourd’hui quelques « bons versets ». Je précise : tous les versets de l’Ecriture sont parole de Dieu et méritent notre attention, notre respect et l’effort de notre intelligence.

Il n’empêche que certains versets, plus que d’autres peut-être, peuvent nous aider, nous qui avons fait le saut de la foi, à trouver des raisons de croire. Ces raisons ne convaincront pas forcément celui qui ne croit pas, mais elles nous diront, à nous, que nous ne faisons pas fausse route.

 

D’abord, selon la première lecture, rien n’est jamais fermé pour notre Dieu. Dans la situation la plus terrible, notre Dieu ouvre toujours une issue. Depuis 70 ans, les Hébreux étaient captifs à Babylone ; contre toute espérance, le roi Cyrus permet à ceux qui le veulent de rentrer à Jérusalem et de rebâtir le Temple. C’est nous qui nous fermons à nous-mêmes les portes de l’espérance ; pas Dieu !

Passons ensuite à ce que dit Paul aux chrétiens de la ville d’Ephèse. Par deux fois, en 6 versets, il écrit : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés. » Etre sauvé, c’est être relié à Dieu pour toujours. Dans le salut, comme dans la foi, il y a deux aspects indissociables : le travail de Dieu et notre réponse. Du côté de Dieu, le travail est accompli, grâce au Christ. Du haut de la Croix, le salut est offert totalement et définitivement à tous les hommes. Nous ne sommes pas sauvés par l’accumulation de nos bonnes actions ; c’est Jésus, et lui seul, qui nous relie à son Père. Par contre, par nos bonnes actions, nous montrons au Christ que nous acceptons son salut et que nous ajustons notre vie à son double commandement d’amour.

Enfin, merveille des merveilles, ce verset de St Jean : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »   Quelqu’un me demandait un jour si je croyais que Dieu est Juge. Oui je le crois. Puisque Dieu est amour, comme l’écrit St Jean dans une de ses lettres, alors Dieu est juste. Mais la justice de Dieu ne consiste pas à condamner. Même les jugements humains peuvent se conclure sur un acquittement. Dieu est juge, mais sa justice consiste à nous rendre justes nous-mêmes. Par sa justice, nous sommes ajustés à son amour. Notre unique travail – mais il est fondamental – est d’accepter ce que nous offre Dieu à travers son Fils. De manière poétique mais tellement compréhensible, Dieu nous offre la lumière, celle du pardon, celle de la paix, celle de la justice, celle de l’amour fraternel. Il nous suffit de dire « Oui », comme la Vierge Marie.

 

Voici quelques raisons que nous avons de croire en Dieu notre Père. Dans le temps de Carême qui nous reste, il serait intéressant que chacun de nous essaie de découvrir en lui quelles sont les autres raisons qui le gardent dans la foi.