DES TRUCS POUR AIDER A PRIER PERSONNELLEMENT

Des « trucs » : les miens ; les autres prêtres en ont certainement d’autres. Et vous aussi. Ceux que je vais dire sont mes trucs « à moi ».

  • Il ne faut pas les prendre tous, mais l’un ou l’autre maintenant. Et dans quelque temps, un autre, puis un autre …
  • Ils sont là pour aider non pas à dire des prières – vous savez en dire aussi bien que moi – mais pour favoriser un état de prière. Car il ne suffit pas de dire des prières pour prier.

Les gestes

« Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »

A quelle vitesse avons-nous dit ce signe de croix ?

Pourquoi le dire vite ?

Pas de théâtralisation, mais le dire comme une prière et non pas comme une simple introduction à la prière.

Nos gestes sont-ils beaux ?

Comment communier ? Difficile en ce moment avec le masque. Mais on peut peut-être améliorer le geste et non pas manger dans sa main, ce qu’on ne fait probablement pas chez soi.

Le corps

Etre bien assis, ou bien debout, ou bien à genoux.

L’attitude du corps est une prière : se présenter correctement devant le Seigneur. Alors évidemment on fait ce qu’on peut avec le corps qu’on a !

A genoux : mettre un coussin sous ses genoux pour penser à la prière et pas à ses genoux (St Thomas d’Aquin)

Assis : mettre son corps en silence (dans la mesure du possible quand on a mal quelque part).

Le silence

  • Après le signe de croix, prendre un court passage d’évangile (celui du jour ou du dimanche précédent …) : laisser la parole au Seigneur avant de parler. Le Notre Père est fait de deux parties : 1ère partie pour le Seigneur (le nom, le règne, la volonté) ; 2ème partie : pour nous.
  • Mettre du silence par notre corps (on vient de le voir) ; mettre du calme et du silence dans notre élocution.

Les distractions

Au moins deux sortes de distractions :

  • Celles qui nous viennent de nous.

= ou bien je les entretiens

= ou bien je les offre : Seigneur je viens de penser qu’il faut que j’achète du pain pour le dîner, je t’offre cette pensée POUR PENSER A TOI !

Je me sers de cette distraction pour me tourner vers le Seigneur.

  • Celles qui me viennent du Seigneur : une personne pour qui prier, une action de grâce, une demande de pardon …

Le temps et les moments

  • Utiliser les temps perdus : dans le métro ou le bus
  • Utiliser les événements de la journée : avant ou après un coup de fil, en préparation d’une rencontre ou d’un travail (un simple : « Seigneur, je te confie ce temps. »)
  • Le minutage : décider d’un temps précis / le tenir jusqu’au bout, même dans la sécheresse.
  • Le matin : signe de croix tout de suite en se levant
  • Le soir :

Mauvaise succession : repas / toilette / lecture / prière (on s’endort dessus)

Meilleure succession : repas / toilette / prière / lecture / signe de croix

  • Les grands temps de prière : peut-être une fois par semaine / une retraite par an
  • Attention aux vacances !

NB :

Le dimanche

  • Un ou deux jours avant : lire les textes bibliques. Si on a le temps, les annoter.
  • Préparer une (ou deux) intention qu’on dira, mentalement, au moment de la Prière universelle
  • Aider les enfants à faire la même chose.
  • Proposer à un voisin handicapé, un ami solitaire … de l’emmener à la messe. Proposer à son enfant de faire de même pour un de ses amis.
  • Prévoir de porter la communion, après la messe, à quelqu’un qui ne peut se déplacer.

 

 

Père Jean-Paul

Homelie du 4e dimanche de Paques

25 avril 2021   4ème dimanche de Pâques   Année B

Actes 4,8-12     Ps 117(118)     1 Jn 3,1-2     Jn 10,11-18

Par le Père Jean Paul Cazes


Grâce à l’évangile d’aujourd’hui, celui du Bon Pasteur, l’Eglise entière prie pour les vocations. Toutes les vocations, bien sûr, mais, plus particulièrement pour les vocations sacerdotales.

            Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de donner un titre à mon homélie.

Voici ce titre : « Du bon usage des prêtres. »

 

            Nous allons offrir cette messe pour demander au Seigneur de nouvelles vocations sacerdotales. Toutes les paroisses du monde entier vont prier à la même intention au même moment. Et cela, nous le faisons depuis des années et des années. Mais ça n’a pas l’air de changer grand-chose ! Cette année, dans notre diocèse, il y aura deux ordinations, dont celle de Thibaud, et c’est vraiment une belle joie. J’ai entendu dire qu’à Paris, il y aura douze ordinations. J’ai envie de dire ce que les Apôtres ont dit au sujet des cinq pains et des deux poissons pour 5000 hommes : « Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Effectivement, si la joie est grande d’accueillir ces nouveaux prêtres, leur nombre ne compense pas celui des départs à la retraite et des décès. Pourquoi notre prière semble-telle si peu efficace ? Pourquoi notre Père, qui voit les besoins de l’Eglise de son Fils, semble-t-il sourd et muet ? Nous prions et demandons beaucoup ; mais est-ce la bonne demande ?

            Au chapitre 9 de l’évangile selon st Matthieu, Jésus dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt 9,37-38) Jésus lui-même nous demande de prier le Père, ce qui veut dire que, dès les premiers moments de la vie de l’Eglise, les ouvriers étaient trop peu nombreux : à ce point de vue, la situation est donc semblable aujourd’hui. De plus, si on lit bien ce verset, on peut en tirer une bonne conséquence : la moisson sera toujours plus importante que le nombre des ouvriers. La moisson sera heureusement toujours plus abondante que le nombre des ouvriers. Imaginez la situation inverse : ce serait catastrophique. Trop d’ouvriers pour une moisson squelettique ! Alors, heureusement, la moisson est plus abondante que le nombre d’ouvriers et le sera toujours. C’était le cas hier, c’est le cas aujourd’hui et ce sera le cas demain. Et cette situation est d’abord un motif d’action de grâce avant d’être un motif de lamentation. Oui, merci Seigneur de nous donner une moisson abondante : il y a tant de choses à faire, tant d’évangélisation à entreprendre, ne serait-ce que dans nos quartiers, dans nos propres familles…

 

            C’est là où le titre de mon homélie trouve sa justification : « Du bon usage des prêtres. » Sur 50 ans de ministère actif, je fus curé durant 25 ans, responsable de communautés à Neuilly, à Rueil, à Vaucresson et Marnes. J’ai essayé de remplir honnêtement ma charge. Mais ma vocation n’était pas d’être curé. Ma vocation était – et est toujours – d’être prêtre. En tant que curé, il m’a fallu faire beaucoup de choses qui ne relevaient pas de ma compétence sacerdotale. Heureusement, j’ai toujours trouvé, auprès de moi, des collaboratrices et des collaborateurs efficaces. Pendant mes 25 ans de curé, la seule année où j’ai vraiment vécu ma vie sacerdotale sans qu’elle soit alourdie d’éléments secondaires, fut mon année à l’Arche, au milieu de personnes souffrant de handicap. Pendant un an – un an de bonheur – j’ai été prêtre sans être curé. L’Arche m’a utilisé – si je puis dire – comme prêtre et pas comme curé.

            Je transpose et je généralise cette expérience : j’ai le sentiment que les communautés paroissiales dans leur ensemble, du moins en France, n’ont jamais appris à bien utiliser leurs prêtres. Elles gardent les prêtres pour elles et pour la célébration des sacrements, la messe en particulier.

            Elles gardent les prêtres pour elles. Or Jésus nous dit aujourd’hui : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos : celles-là aussi il faut que je les conduise. »Je me souviens du Père Raymond Vankersbielck qui a longtemps vécu ici-même. C’était une force de la nature. Il passait une partie de ses nuits au milieu des jeunes de la rue. C’était du temps qu’il ne donnait pas à la paroisse, et pourtant, du temps vraiment utile pour la mission. Les paroisses accepteraient-elles aujourd’hui de grand cœur que leurs prêtres passent une bonne partie de leur temps sur les périphéries, comme dit le Pape François ?

            Les paroisses gardent leurs prêtres pour la célébration des sacrements, mais pas beaucoup pour la formation. Or – pardon de le dire sans nuance – une messe sans formation de la foi n’aide pas à vivre en chrétien-missionnaire dans le monde. Jésus a formé ses disciples durant trois ans avant de les envoyer porter la Bonne Nouvelle dans le monde.

            Pendant mes 25 ans de responsabilité curiale, j’ai fait beaucoup d’administratif et pas beaucoup de direction spirituelle. Or il me semble que les prêtres sont plus ordonnés pour guider spirituellement que pour remplir des papiers ou surveiller les ouvriers qui repeignent le presbytère. Beaucoup de chrétiens ont recours aux psychologues, et c’est une bonne chose ; mais les consultations spirituelles, pour parler ainsi, sont ignorées, délaissées, ce qui est dommage.

 

            En souriant – car il faut savoir sourire des choses graves – j’estime que cette journée de prière devrait servir non pour demander de nouveaux prêtres, mais pour que le St Esprit apprenne aux communautés chrétiennes à mieux se servir des prêtres qu’elles ont déjà.

Liens entre PRIERE et MISSION

avril 2021   St Pierre-St Paul de Courbevoie

par le Père Jean Paul

Eglise et mission

Quelques sens du mot mission

En Christ, prière et mission

La mission a besoin de la prière

La prière chrétienne est missionnaire parce que chrétienne

Dimanche prochain, mon sujet sera toujours la prière, mais sous un aspect très pratique : le temps, les distractions, la place du corps, etc.

Aujourd’hui, dans la suite de ce qui été dit les dimanches précédents , je souhaite évoquer le lien entre la prière et la mission. Ce sera le dernier entretien de ce type.

Je précise tout de suite que si j’aborde le lien entre prière et mission maintenant, ce n’est pas parce que la mission viendrait une fois qu’on aurait pu mettre en œuvre tout ce qui vous a déjà été dit. La mission vient maintenant parce qu’on ne peut tout dire en même temps. Mais le sujet d’aujourd’hui aurait pu être abordé tout autant lors du premier entretien, ou du second ; il aurait pu être abordé tout le temps car la mission n’est pas un sujet à part, mais un élément de foi qui colore tous autres éléments de la vie de l’Eglise. Et qui colore la prière, en particulier. Nous essaierons donc de voir que la mission ne peut se passer de la prière, et que la prière, en elle-même, a une couleur missionnaire.

Eglise et mission

Peut-être, d’ailleurs, faut-il que nous nous entendions, même rapidement, sur ce qu’est l’Eglise et sur sa fonction. On peut dire que l’Eglise est le peuple des baptisés, le corps du Christ, le temple de l’Esprit saint. Gardons, par commodité, la première expression : l’Eglise, le peuple des baptisés.  Mais, de cette affirmation exacte, on en tire souvent la pensée que notre Père rassemble les baptisés pour les tirer du monde et les sauver ainsi. Ce n’est pas ce que dit Jésus dans la dernière grande prière qu’il adresse au Père : « Je ne te demande pas de les ôter ( = mes disciples) du monde, mais de les garder du Mauvais…Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. » (Jean 17, 16+18) L’Eglise n’est pas le peuple de ceux qui sont sortis du monde comme on sort de l’eau quelqu’un qui se noie. L’Eglise est le peuple de ceux qui sont liés au Christ, marqués par l’Esprit, pour aller dire au monde le salut offert à tous les hommes. Là est le rôle de l’Eglise peuple de Dieu, corps du Christ, temple de l’Esprit : annoncer le salut offert universellement par le mystère pascal. Les baptisés ne sont pas regroupés pour se protéger mutuellement du monde mais s’aider mutuellement à annoncer le Christ. C’est ce que nous entendons aujourd’hui même dans l’évangile : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jean 20, 21) En st Mathieu on lit dans les derniers versets du dernier chapitre : « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples … » (Mt 28,19) De même en st Marc : « Allez par le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les créatures. » (Mc 16,15) Et en st Luc : « …on prêchera (en mon nom) la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C’est vous qui en êtes témoins. » (Lc24,47-48)

L’Eglise n’est pas le club de ceux qui ont peur du monde et qui cherchent à s’en protéger. Elle est le peuple des témoins du mystère pascal offert à tous les hommes, de toutes les races et de toutes les nations. L’Eglise est faite pour annoncer l’Evangile du salut. Comme dirait le Pape, elle n’est pas une ONG supplémentaire, même si, dans son travail d’évangélisation, elle prend soin de la santé, de l’éducation, de la justice, de la paix… Car son annonce de l’Evangile n’est pas une annonce désincarnée.

L’Eglise est envoyée au monde pour lui annoncer l’Evangile. Elle est faite pour cela, c’est son travail. Mais c’est son travail, parce que – fondamentalement – c’est le travail du Christ et de l’Esprit. Annoncer l’Evangile n’est le travail et la mission de l’Eglise que parce que c’est le travail et la mission du Christ et de l’Esprit. Ce travail, cette mission, l’Eglise les reçoit du Christ par la force de l’Esprit.

 

Quelques sens du mot « mission »

Essayons de préciser quelques-uns des sens du mot mission.

Il y a, bien sûr, ce qu’on peut appeler les missions lointaines. Au siècle dernier, elles ont connu un grand essor en Afrique et en Asie. Et elles ne sont pas terminées : tant de contrées, tant de peuples ignorent encore le Christ !

Il y a aussi les missions de proximité. Par exemple : les catéchistes au service des enfants et des jeunes, les mamans qui apprennent le signe de croix à leurs petits Et tous ces gestes qui ne disent pas forcément le Christ à haute voix, mais qui disent quelque chose de son amour et de son attention pour les hommes à travers les relations de travail, les liens amicaux et familiaux

Toutes ces formes de la mission, et d’autres encore, reposent sur la certitude que le Christ est venu pour tous les hommes de tous les temps et de toutes les cultures. Si nous pensons que le Christ est un leader religieux parmi les autres, plus grand peut-être, mais au milieu des autres, alors la mission n’est pas nécessaire. Mais si nous pensons que le Christ est venu offrir quelque chose d’indispensable à l’humanité, la mission alors coule de source. Il ne s’agit pas de prosélytisme : il s’agit de proposer à tous les hommes – au moins à ceux que nous côtoyons- ce que nous croyons leur être indispensable, autant pour eux que pour nous.

 

En Christ, prière et mission

Mais si nous pensons la mission indispensable, ce n’est pas parce que nous sommes les plus généreux des hommes : c’est parce que nous la recevons de Dieu. Et nous la recevons dans la prière. Même très rapidement, regardons Jésus.

Mc 1, 35-38 : « Au matin, à la nuit noire, Jésus se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert ; là il priait. Simon se mit à sa recherche, ainsi que ses compagnons, et ils le trouvèrent. Ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » Et il leur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’Evangile : car c’est pour cela que je suis sorti. »

On voit bien ici le lien entre la prière et la mission. Ces deux éléments s’enchaînent logiquement : dans la prière, Jésus, le Fils unique, se relie vitalement à son Père qui l’envoie pour annoncer l’Evangile. Jésus est sorti non pas tant de la maison de Capharnaüm que du Père : il est l’Envoyé du Père pour annoncer aux hommes l’Evangile du salut.

Grâce à ces quelques versets, on perçoit le lien entre prière et mission.

Souvent, on pense que la vie missionnaire est une réalité, et la vie de prière une autre réalité. On connaît des missionnaires, on connaît des moines, et on a tendance à séparer les deux styles de vie. Il convient évidemment de distinguer la vie missionnaire et la vie d’un couvent ; mais distinguer n’est pas opposer. Chaque partie de la vie de l’Eglise a besoin des autres ; l’Eglise est un corps dont tous les membres, pour différents qu’ils soient, se complètent et s’entraident.  Derrière l’opposition que nous voyons spontanément entre vie missionnaire et vie au couvent, nous sentons poindre la vieille opposition entre action et méditation. Or, on ne peut les opposer l’une l’autre sans les détruire, comme on ne peut opposer Marthe et Marie. Chacun de nous est un subtil assemblage de Marthe et de Marie, un précieux mélange d’action et de méditation.

De même pour prière et mission. D’ailleurs, vous connaissez certainement la sainte patronne universelle des Missions ? C’est Ste Thérèse de Lisieux qui n’a jamais quitté son Carmel !

 

La mission a besoin de la prière

Il me semble – je me trompe peut-être – qu’on accepte assez volontiers l’idée que la mission a besoin de la prière.

La mission, qu’elle soit lointaine ou proche, a besoin de la prière pour trouver son origine : si j’annonce l’Evangile, ce n’est pas parce que je connais bien la doctrine catholique, que je sais bien parler et que j’ai fait des études. Si j’annonce l’Evangile, c’est parce que j’en reçois mission de la part du Seigneur. C’est ce qu’écrivait Paul aux chrétiens de Corinthe : « … Je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. » (1 Co 9,17)

Le missionnaire premier, fondamental, c’est le Christ ; c’est lui qui est l’Envoyé du Père ; c’est lui qui, à son tour nous envoie : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. » (Jn 17,18). Si le Christ renouvelle ses forces dans la prière, combien plus, nous aussi, devons-nous renouveler nos forces pour répondre au fait que Jésus nous envoie à sa suite pour annoncer l’Evangile.

La mission a besoin de la prière : elle a besoin d’être accompagnée à travers ses échecs, ses hésitations, ses succès.

La mission a besoin de la prière pour intercéder en faveur de celles et de ceux pour qui est menée la mission, tout autant qu’en faveur des missionnaires eux-mêmes.

La mission a besoin de la prière pour que les missionnaires, qui se sont donnés corps et âme à leur mission, soient capables de s’en détacher le moment venu, laissant à Dieu le champ libre ; la mission n’appartient pas aux missionnaires, ce sont les missionnaires qui appartiennent à Dieu.

Ces liens entre mission et prière que je viens seulement d’évoquer, je pense que nous les concevons assez facilement.

 

La prière chrétienne est missionnaire parce que chrétienne

Mais ce qui nous est peut-être moins aisé est de voir la portée missionnaire de la prière. Je veux dire : la composante missionnaire de la prière. Non pas seulement le fait que la prière aide et accompagne la mission, mais le fait que la prière, en elle-même, est missionnaire ou elle n’est pas.

Quand je parle de prière, c’est de la prière chrétienne que je parle. Prier est le fait de tout homme croyant ; prier n’est pas une caractéristique propre au christianisme. Mais la prière chrétienne, la prière à la suite et à l’imitation de la prière du Christ, possède ses caractéristiques propres. La prière chrétienne est animée par l’Esprit de Jésus qui nous tourne vers son Père. La prière chrétienne trouve sa source dans le mystère pascal du Christ qui est notre Grand Prêtre. Le Christ nous tourne, dans notre action comme dans notre prière, vers le Père et vers le prochain. Le double commandement du Christ est le fondement de notre action missionnaire et de notre prière. Encore une fois, on ne peut séparer Marthe et Marie, comme on ne peut séparer l’amour pour Dieu et l’amour pour les hommes !

L’action missionnaire – que ce soit celle du missionnaire en Chine, ou celle de la maman qui apprend à prier à son enfant – ne peut être mission pour Dieu que si elle est mission reçue de Dieu et orientée vers Dieu à chaque instant de son développement. La mission chrétienne ne peut être vécue sans la prière qui la réfère constamment à sa source, la relie au Christ mort et ressuscité et lui donne les forces de l’Esprit.

Disons, pour faire court, que la mission chrétienne est pétrie de prière.

Peut-on dire de la prière chrétienne qu’elle est missionnaire dans le sens où je viens d’essayer de le préciser ?

 

Regardons un instant la prière que nous connaissons le mieux : le Notre Père. Et considérons particulièrement ces deux premiers mots. J’imagine que, dans votre prière personnelle, il vous arrive de dire « Mon Dieu ». Cela m’arrive aussi, soyez tranquilles. Or, en rigueur de terme, ce n’est pas ainsi que nous devrions parler. Mardi dernier, lors de la messe du jour, la liturgie nous a donné à lire la merveilleuse apparition du Ressuscité à Marie-Madeleine. Comme elle voulait le retenir, ce qui se comprend, Jésus lui dit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »(Jn 20, 17) En rigueur de terme, seul le Christ a le droit de dire MON Dieu, MON Père. Il est Fils de Dieu unique par nature alors que nous sommes fils et filles de Dieu multiples par adoption. Il est le Premier né, nous sommes tous les cadets pour ainsi dire. Lui, par sa nature, il peut dire MON car il est le seul homme à posséder la nature divine. Nous, les baptisés, nous les fils et les filles de Dieu non par nature mais par grâce, nous pouvons comme le Christ dire Père au Père, mais nous le disons ensemble. Encore une fois, nous pouvons dire Dieu, nous pouvons dire Père, comme le Christ et avec lui ; mais, encore une fois, en rigueur de terme, nous devrions toujours dire NOTRE Dieu, NOTRE Père. Lorsque nous prions, même au fin fond de notre chambre, notre prière est toujours communautaire. Notre prière nous relie au Christ qui prie, et à tous les baptisés.

Regardons maintenant la messe. Par excellence, elle est l’acte de prière de tous ceux qui croient et adorent le Christ. Et si chacun d’entre nous reçoit le corps sacramentel du Christ, c’est pour que, tous ensemble, nous devenions le corps du Christ qu’est l’Eglise. Comme le dit une prière de la messe et un chant, en communiant, nous devenons ce que nous recevons ;nous devenons le Corps ecclésial du Christ en recevant son Corps sacramentel. Or, la fin de la messe est un envoi en mission : « Allez, dans la paix du Christ ! »Nous allons à la messe non pour y rester mais pour partir et annoncer ce que nous venons de vivre : le mystère pascal.

Au cours de la messe, à la jonction entre la fin de la liturgie de la Parole et le début de la Prière eucharistique, se trouve la Prière universelle que Paul VI et le Concile ont restaurée pour chaque messe dominicale. Il est toujours malaisé de rédiger une Prière universelle dimanche après dimanche. Pourtant, c’est simple ; elle a trois axes : la prière pour le monde, la prière pour l’Eglise, la prière pour la communauté locale. Ces trois axes peuvent être développés en plusieurs intentions. Ce qu’il faut souligner ici c’est ceci : au cœur de la messe, après avoir entendu les lectures bibliques, après avoir réaffirmé sa foi, le peuple de Dieu prie aux intentions du monde juste avant d’offrir le pain et le vin qui deviendront Corps et Sang du Christ, « versé pour (nous) et pour la multitude. » Les paroles de la consécration sont ouvertes au monde : la mission d’évangéliser le monde jaillit du côté transpercé du Christ avec le sang et l’eau. « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. » (Mt 28, 19-20)

 

Pour clore cet exposé trop rapide et trop succinct, je ne peux mieux faire qu’en rappelant quelques-uns des versets de st Jean qui me semblent ici particulièrement à leur place dans ces rapports entre la prière et la mission : « Dieu … a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 16-17)

 

 

 

Semaine Sainte

Dimanche des Rameaux

Dimanche 28 mars

Avec bénédiction du buis sur le parvis
Messe : Samedi à 16h30 – Dimanche à 9h, 11h et 16h30 Rencontre des équipes de Carême autour de «Nous habitons tous
la même maison » de 14h à 16h dans l’église

Jeudi Saint

Jeudi 1 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 14h à 15h30
Messe en mémoire de la Cène du Seigneur à 16h

Vendredi Saint

Vendredi 2 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 13h à 15h Chemin de Croix à 15h Célébration de la Passion à 16h

Samedi Saint

Samedi 3 avril

Office des ténèbres à 8h30 Confessions de 13h à 15h
Vigile pascale avec baptêmes d’adultes à 16h

Dimanche de Pâques

Dimanche 4 avril

Messes à 9h, 11h et 16h30

Homélie du 14 février 2021 6e dimanche ordinaire

Lv 13,1-2+45-46     Ps 31     1 Co 10,31-11,1     Mc 1,40-45

 

 

Dimanche dernier, nous avons laissé l’évangile sur ce dernier verset : « Et (Jésus) parcourut toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »  

C’est pour proclamer la Bonne Nouvelle que Jésus est sorti, comme il le dit lui-même. Il n’est pas seulement sorti de la maison de la belle-mère de Pierre ; il est sorti du Père pour venir chez nous annoncer l’Evangile.

Après ce verset, on s’attendrait à un discours. Or, la première chose que St Marc rapporte, ce n’est pas un discours de Jésus, ce n’est pas un enseignement en paroles, mais un enseignement en acte. Ce que St Marc raconte, c’est la guérison d’un lépreux. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu, en la personne de Jésus, s’est laissé toucher par un lépreux.

Vous savez ce que représente la lèpre pour les temps bibliques. Comme pour nous, c’est une maladie très contagieuse ; voilà pourquoi le malade doit se tenir à l’écart ; il n’a pas même le droit d’entrer dans les villages ; il doit signaler sa présence en agitant une crécelle ; les gens charitables lui laissent à manger en disposant de la nourriture à la limite des habitations. Mais, bien plus que cela, la lèpre exclue le malade de la communauté des croyants. Non seulement il ne peut plus entrer dans les synagogues, puisqu’il ne peut entrer dans les villages, mais il ne peut plus monter au Temple de Jérusalem pour les grandes fêtes juives. Le lépreux est non seulement exclu de la société civile, mais de la société religieuse. En ce temps-là, le civil et le religieux ne sont ni séparés ni séparables. L’un entraîne l’autre. L’exclusion du lépreux est une exclusion totale. Personne n’a le droit de le fréquenter, ni même de le toucher. Car le contact physique entraîne non seulement le risque de la contagion, mais rend celui qui touche aussi impur que celui qui est touché.

Le lépreux est un intouchable.

 

Jésus est donc sorti pour proclamer l’Evangile. Et la première Bonne Nouvelle que rapporte st Marc est le geste étonnant de Jésus : il touche le lépreux. Pour Dieu, en la personne de Jésus, aucun homme n’est intouchable. Pour Dieu, en la personne de Jésus, toute impureté, soit de corps, soit de cœur, est guérissable pour peu que le pécheur, dise, à sa manière : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir. »

La Bonne Nouvelle pour laquelle Jésus est sorti du Père est la nouvelle de notre guérison. Nous sommes des malades guérissables. Nous sommes des pécheurs pardonnables. Qui que nous soyons. Quel que soit notre péché. Voilà la Bonne Nouvelle à recevoir à l’aube du Carême.

Pour Dieu, en Jésus, aucun homme n’est intouchable.

 

De cela, on peut tirer plusieurs conséquences.

La première, c’est que Dieu, en Jésus, ne nous guérit pas, ne nous pardonne pas du haut de son ciel, comme Louis XIV du haut de son trône. Il vient chez nous, il vient jusqu’à nous ; il prend sur lui ce qui nous rend malades. Il se charge de nos maladies spirituelles. Il réalise ces paroles du prophète Isaïe que nous entendrons encore une fois lors du Vendredi saint : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était frappé. »

La seconde conséquence, c’est qu’aucun de nos péchés n’est impardonnable, qu’il soit petit ou grand. Souvent, nous nous jugeons nous-mêmes impardonnables, et nous n’osons pas nous approcher du sacrement du pardon. Il m’est arrivé, une fois, d’entendre une personne me dire que son péché était si gros que Dieu ne pouvait le lui pardonner. C’est elle qui se jugeait, c’est elle qui se condamnait. Jésus ne condamne personne : il est sorti pour nous annoncer la folie de son amour et donc la réalité de son pardon. A ses yeux, aucun péché n’est impardonnable ; il suffit que nous tombions à ses genoux en lui disant : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Dieu, en Jésus, s’est laissé toucher par nos misères, et c’est pourquoi il nous touche à son tour pour prendre sur lui ce qui nous défigure.

La troisième conséquence est que, si pour Jésus, tout homme est fréquentable, si pour Jésus personne n’est intouchable, il serait bon d’utiliser le temps du Carême pour apprendre à regarder autrui comme il nous regarde. Dans notre seconde lecture, St Paul écrit : « Imitez-moi comme moi aussi j’imite le Christ. »  Pour le Christ, personne n’est intouchable. Comment l’imiter, comment nous inspirer de lui ? Peut-être déjà – et cela vaut pour chacun de nous– en prenant conscience de toutes les personnes qui sont à nos yeux intouchables, infréquentables. De toutes celles à qui il nous est si difficile d’accorder notre pardon. Le Carême ne serait-il pas le moment de réouvrir tous ces dossiers et de réexaminer la question ?

 

Seigneur Jésus, il nous est aussi dur d’accorder le pardon que de le demander. Toi qui t’es laissé toucher par nos misères, accorde-nous de nous laisser toucher par toi et, à notre tour, de toucher nos frères à cause de toi.

 

Homélie du 7 février 5e dimanche du temps ordinaire

Jb 7, 1-4+6-7     Ps 146     1 Co 9, 16-19+22-23     Mc 1,29-39

Par le Père Jean Paul Cazes

A lire et relire la première lecture et l’évangile de ce jour, comment ne pas nous y reconnaître ? Les questions de santé nous ont toujours touché, à tel point que la formule spontanée des vœux que nous venons à peine d’échanger est « Bonne année, bonne santé ».

Les questions de santé sont en ce moment omniprésentes, à tel point que les informations à la radio ou à la télé ne parlent presque que de cela, comme si le reste du monde avait disparu. A part les élections américaines, nous ne savons plus guère ce qui se passe en Syrie, en Afghanistan ou en Birmanie. On nous parle de la fabrication des vaccins en Chine, mais on ne nous dit presque plus rien sur la situation à Hong Kong. On sait que Spoutnik V est un vaccin sûr, mais on ne sait plus trop où en sont les droits de l’homme en Russie.

Les problèmes de santé nous tracassent, plus peut-être aujourd’hui qu’à un autre moment. A cause des détresses qui sont les nôtres, nous nous tournons vers Jésus. C’est un réflexe normal.

La question que je me pose, quand même, est de savoir si notre piété sera la même une fois que nous serons sortis de la pandémie. Pour le dire plus crûment, et de façon un peu provocatrice : est-ce que nous utilisons bien Jésus ? Est-ce que nous l’utilisons pour ce pour quoi il est fait ? Pour prendre des images : nous n’utilisons pas une aiguille à broder pour coudre du cuir ; nous n’utilisons pas un marteau pour souder ; nous ne jouons pas au rugby avec une balle de tennis.

 

Certes, Jésus affirme avec force qu’il se fait notre serviteur ; il dit lui-même être «venu non pour être servi mais pour servir. » (Mt 20,28) Et il lave les pieds de ses disciples.

D’autre part, Jésus nous incite à demander. Demander des grâces au Seigneur, c’est reconnaître que nous ne pouvons rien sans Lui. C’est reconnaître qu’il est comme un Père à notre égard et qu’il prend soin de nous parce qu’il nous aime. « Demandez, on vous donnera …frappez, et on vous ouvrira. » (Mt 7,7) La prière de demande est une des formes de la prière que Jésus nous recommande. Par exemple, la seconde moitié du Notre Père est faite de prières de demande : Donne-nous aujourd’hui … Pardonne-nous … ne nous laisse pas entrer en tentation … délivre-nous du mal. Ce serait mal connaître le cœur du Père que de ne pas lui adresser toutes nos demandes.

 

Faisons le point : Jésus, qui s’est fait notre Serviteur, nous encourage à demander. Or, en ce moment, les questions de santé sont omniprésentes. Il est donc normal de les lui présenter, il est donc normal de lui dire nos détresses de santé, et toutes les détresses qui en découlent.

 

Cependant, je me demande si utilisons bien Jésus, comme il souhaite être utilisé. Encore une fois, je m’exprime de manière un peu provocante.

Pour illustrer ma question, examinons les intentions de prière qui sont demandées à chaque messe.  Il y a beaucoup de demandes – et c’est normal. Par contre, il y a peu de remerciements et d’actions de grâce. En bonne logique, il conviendrait qu’il y ait au moins autant de remerciements que de demandes.

Encore une fois, il est juste de présenter au Seigneur nos questions, nos problèmes, nos détresses. En particulier dans le domaine de la santé. Mais Jésus est-il venu pour être notre docteur-miracle ? Jésus est-il notre super-vaccin ?

De son temps, il a guéri des malades : l’évangile de ce jour en est témoin. Mais il n’a pas guéri tous les malades de son époque. Il a ressuscité Lazare, mais il n’a pas ressuscité tous ceux qui étaient morts à son époque. Il a pacifié ceux qui étaient habités par des esprits impurs ; mais pas tous.

Ce qui me fait dire : avons-nous bien compris et admis ce qu’il est vraiment venu faire au milieu de nous, ou bien sommes-nous uniquement en train d’utiliser sa puissance à notre service ? Ne sommes-nous pas comme ces juifs qui, après la multiplication des pains, voulaient que Jésus devienne leur roi ? (Jn 6, 14-15) C’est si pratique d’avoir un  roi qui donne à manger. C’est si pratique d’avoir un Seigneur qui guérit tout le monde.

Lorsque Simon le cherche et le trouve en train de prier, Jésus lui répond : « Allonsailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » Certes, de grand matin, il est sorti de la maison pour aller prier. Mais ce n’est pas de cette sortie-là qu’il veut parler. Il est sorti de son Père, il est venu jusqu’à nous. Et pourquoi ? Pour proclamer l’Evangile. Voilà sa mission. Il n’est pas venu pour être le docteur universel et guérir toutes les maladies physiques. Les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il a accomplies de son temps, les quelques guérisons physiques et psychiques qu’il accompli du nôtre, sont les signes d’une autre guérison infiniment plus profonde et plus universelle qu’il est venu offrir à tous : la guérison de tout être et de l’être tout entier, la possibilité enfin réalisée d’être unis à notre Père et rassemblés dans un même peuple de frères et de sœurs. C’est ce qu’on appelle le salut.

Jésus s’est fait notre Serviteur par amour pour nous permettre d’accéder, grâce à lui, à notre Père. Son outil : la prédication de l’Evangile. St Paul l’a parfaitement compris, lui qui écrit aux chrétiens de Corinthe dans notre seconde lecture: « Frères, annoncer l’Evangile … c’est une nécessité qui s’impose à moi. »

 

Il est normal de demander au Seigneur Jésus de nous aider dans nos détresses, et spécialement en ce qui concerne notre santé et celle de nos proches. Mais Jésus est venu nous offrir, par sa mort et sa résurrection, une toute autre guérison dont les guérisons physiques en sont le signe. Savons-nous demander la guérison du corps sans oublier celle de notre être entier ? Savons-nous autant remercier que demander ?

 

En résumé, savons-nous regarder Jésus et le prier pour ce qu’il est venu faire chez nous, c’est-à-dire : apporter l’Evangile du salut ?

Carême 2021

Une messe en plus pendant le Careme : à 7h le mercredi matin

Le Carême avec le chemin de croix

Un chemin de croix se déroulera chaque vendredi de Carême à 15 h, à partir du 19 février.

Le Carême avec les catéchumènes

Sept catéchumènes adultes recevront les sacrements de l’initiation pendant la nuit de Pâques : Elya, Hanjin, Herman, Keng, Kévin, Laura et Nicole. Leur Appel décisif sera célébré, dans l’église de l’Immaculée-Conception à Boulogne, le samedi 20 février après-midi, et leurs trois scrutins, dans notre église Saint-Pierre-Saint-Paul, les dimanches 7 mars à 11 h, 14 mars à 11 h et 21 mars à la messe du soir.

Le Carême avec saint Joseph

Dans notre église, la chapelle de gauche est dédiée à saint Joseph et, comme l’indique une plaque, une consécration de la paroisse y a été prononcée le dimanche 20 mars 1892. Le pape François place l’année 2021 sous le signe de saint Joseph dans sa récente lettre apostolique Patris corde (« un cœur de père »), qui se présente comme une série de sept méditations sur la figure du père adoptif de Jésus. C’est pourquoi, le vendredi 19 mars, nous renouvellerons la consécration à saint Joseph, pour que l’époux de Marie protège notre paroisse de la pandémie et de toutes sortes d’affliction. « Joseph est l’homme de la réponse sereine parce que croyante aux inattendus de la vie et de l’histoire. » (Mgr Rougé)

Le Carême avec Laudato si’

L’année 2021 est aussi une année consacrée à la relecture de l’encyclique de François sur la sauvegarde de la maison commune et la conversion écologique. Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement propose un parcours spirituel en six séances, intitulé « Nous habitons tous la même maison ». Il invite 1) à écouter l’appel du Seigneur à partir des lectures liturgiques ; 2) à contempler le monde à partir d’une citation de Laudato si’; 3) à chercher un chemin de conversion pour agir à partir des questions posées ; 4) à offrir une action de grâce au Seigneur à partir d’une prière.
Ce parcours de Carême, que vous trouverez dans les présentoirs de l’église, pourra être utilisé soit en petites équipes paroissiales de Carême

Le Carême avec la réconciliation

Il est possible de se confesser pendant l’adoration, chaque jeudi et chaque vendredi entre 16 h et 17 h 45. Des célébrations pénitentielles auront lieu dans l’église Saint-Adrien le mardi 23 mars de 15 h 30 à 17 h 30, dans l’église Saint-Maurice de Bécon le mercredi 24 mars de 15 h à 17 h et dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul le 25 mars de 15 h 30 à 17 h 45.

Le Carême avec le jeûne et l’aumône

 

Jeûner a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa Parole. De plus, jeûner en Carême n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à l’aumône. L’abstinence de viande s’impose tous les vendredis de Carême. Le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, le chrétien se prive substantiellement de nourriture. Nous proposerons une offrande de Carême en faveur de 3 actions : CCFD, les Chrétiens d’Orient et ceux de Birmanie.

Le Carême avec les entretiens sur la prière

 

Dimanche 7 mars : La part de l’homme dans l’oraison.

Dimanche 14 mars : La part de Dieu dans l’oraison et l’acte de foi.

Dimanche 21 mars : L’adoration du Saint-Sacrement.

Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire 17 janvier 2021

1 S 3, b-10+19     Ps 39     1 Co 6,13c-15a+17-20     Jn 1,35-42

Par le Père Jean Paul Caze

Une fois n’est pas coutume : je vais laisser de côté la première lecture et l’évangile pour m’intéresser à la  première lettre de St Paul aux chrétiens de Corinthe.

 

Les mots « âme, esprit, corps » n’ont pas été inventés par Descartes. Mais Descartes les utilise à sa manière. Pour lui, l’être humain est composé de trois éléments bien distincts, presque séparés et antagonistes.

La Bible n’utilise pas ces trois mots de la même manière. Lorsqu’elle parle du corps, comme Paul le fait aujourd’hui, elle désigne l’être humain tout entier, et pas seulement une de ses composantes. A tel point que le mot grec « soma » (d’où nous en avons tiré le verbe somatiser, l’adjectif somatique) le mot grec « soma » peut être traduit en français non seulement par le mot corps, mais par le mot vie, ou par le mot homme. Le corps, pour la Bible, n’est pas un des trois composants de l’homme, mais l’homme tout entier regardé sous son aspect physique.

Pour essayer d’être clair, prenons l’exemple d’une fleur. Nous pouvons la considérer sous plusieurs aspects : l’aspect esthétique, l’aspect botanique, l’aspect économique. Ces trois aspects sont liés : cette fleur a été cultivée (aspect botanique), voilà pourquoi elle est belle (aspect esthétique), et voilà pourquoi elle coûte cher (aspect économique). Mais cette fleur est unique ; elle revêt en même temps ces trois aspects, mais il est possible de la regarder sous l’un d’eux sans ignorer les autres.

Il en est de même dans la Bible lorsqu’elle parle de l’être humain.

Dans la Bible, le corps humain n’est pas une composante séparée, et encore moins opposée, de l’âme et de l’esprit. Le mot corps est une façon de parler de tout l’être humain à partir de son aspect physique. A cause de Descartes, nous avons réduit le corps à être seulement une composante de l’être humain. Et, pire, lorsque nous parlons aujourd’hui du corps, nous avons tendance à le réduire non seulement à la sexualité, mais à la sexualité économique ; il n’y a qu’à regarder les affiches publicitaires pour s’en convaincre.  Je ne sais plus qui remarquait qu’à l’approche de l’été, une devanture de pharmacie risque de devenirplus voyeuriste qu’une devanture de sex-shop. Je pense qu’il est faux de dire : « J’ai un corps » ; le corps n’est pas une chose qu’on possède et qu’on peut traiter n’importe comment, y compris le réduire en marchandise. Par contre, il est vrai de dire : « Je suis mon corps ».

La Bible dit la grandeur du corps parce qu’elle dit la grandeur de l’être humain aux yeux de notre Dieu.

Le passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe nous le suggère de trois manières.  

 

D’abord, le corps, notre corps, est promis à la résurrection. Ne me demandez pas comment cela se fera, je n’en sais pas plus que vous, et Jésus ne le dit pas. Mais soyons logiques : si nous croyons que Dieu notre Père est Créateur, si nous croyons qu’il a créé l’univers entier, si nous croyons qu’il est le créateur de l’être humain, pourquoi serait-il plus difficile de croire qu’il a la faculté de nous ressusciter ? Il n’a pas été plus difficile à Jésus de dire au paralytique : « Tes péchés sont pardonnés », que de lui dire : « Lève-toi et marche. »(Mc, 2,9) De la même façon, il n’est pas plus incroyable de penser que Dieu nous appelle à la résurrection comme il nous a appelés à l’existence. Notre corps – c’est à dire notre être tout entier – est promis à la résurrection, celle que Jésus a inauguré le matin de Pâques.

 

Car nous sommes unis au Christ. C’est le second point de la réflexion de Paul. Il s’adresse aux chrétiens de Corinthe dont la vie n’est pas moralement irréprochable. Il aurait pu leur adresser un discours très moralisateur. Or, il ne leur parle ni de permis ni de défendu. Il leur dit : par votre baptême, vous êtes liés au Christ.   Vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont liés au Christ mort et ressuscité. Voilà pourquoi vos corps – c’est-à-dire vous tout entiers – sont promis à la résurrection.

 

Vient alors le troisième point de réflexion de Paul : notre corps – y compris dans son aspect le plus matériel, le plus charnel – notre corps est le temple de l’Esprit Saint. Plus encore que le tabernacle de bois doré devant lequel beaucoup d’entre nous viennent s’incliner puisqu’il contient le Saint Sacrement, notre corps est le vrai tabernacle de la présence divine. C’est notre corps qui a reçu l’eau du baptême. En rigueur de terme, nous devrions nous incliner les uns devant les autres après la communion. Le vrai tabernacle, c’est nous, chacun de nous.

 

Quelle est la raison fondamentale des trois points de réflexion de Paul ? Si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est promis à la résurrection, si notre corps – c’est-à-dire nous tout entiers – est membre du Christ par le baptême, si notre corps – y compris dans son aspect le plus charnel – est le véritable tabernacle de la présence divine, c’est pour une seule raison que Paul énonce de cette façon : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. » De même que les époux ne s’appartiennent plus à eux-mêmes puisqu’ils se sont donnés l’un à l’autre, y compris dans leurs corps, ainsi les baptisés que nous sommes ne s’appartiennent plus à eux-mêmes – y compris dans leur corps – mais sont membres du Christ. Car le Christ a payé le prix fort, si je puis dire, pour nous libérer de tout esclavage et nous lier à lui par amour. Le montant qu’il a versé, c’est sa Vie tout entière, sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Comme le dit Paul : le Christ nous a achetés à grand prix.

D’où la phrase finale qui est une sorte de cri de triomphe : « Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »

 

Notre religion est une religion d‘incarnation, pas une religion de purs esprits sans consistance. Nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie et qui, par sa chair crucifiée et ressuscitée, nous attache solidement et définitivement, tout entiers, à notre Père et Créateur. Comme le dit un théologien contemporain (A. Guesché), le corps est un chemin de Dieu vers l’homme, et un chemin de l’homme vers Dieu. Puisque nous sommes plongés par le baptême dans le Christ, Dieu fait chair, prenons ce chemin pour rendre gloire à notre Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur, dans la lumière de l’Esprit.