Homélie de la Vigile Pascale

 Les textes que nous avons lu dans cette vigile nous ont fait parcourir l'histoire sainte du peuple de Dieu. Nous avons lu plusieurs récits : récit de la création, du passage de la mer Rouge, de la résurrection dans l'Évangile. J'espère que vous êtes sensible à ce langage de la liturgie, et que vous percevez la valeur de cette démarche de mémoire. Mais certainement, nous sommes moins sensible que nos pères. La culture contemporaine se soucie très peu de la faire mémoire. Elle se soucie non pas du passé, de la tradition mais de l'avenir, du progrès. Plus d'intérêt pour la sagesse de nos pères. Plus de sentiment d'être héritier de nombreuses générations. 
Pourquoi nous chrétiens ne pouvons-nous pas nous satisfaire de cela ? Surtout parce que Dieu s’est révélé à nous dans le passé : il a parlé par des hommes tel que Moïse, par des événements tel que le passage de la mer rouge, et enfin par le Christ qui est Dieu lui-même. Cette révélation c'est close vers le deuxième siècle. Nous croyons que cette révélation a une valeur divine qu'aucun progrès simplement humain ne peut atteindre. Il y a bien un sens chrétien du progrès, mais il est d'abord assimilation de cette héritage, et réalisation du projet divin. La parabole du bon grain et de l’ivraie nous dit que le bien et le mal croissent jusqu'à la moisson qui est image de la fin du monde. Cela signifie que notre monde marche vers un accomplissement, un achèvement. Notre histoire a un but. 
Nous ne sommes pas rescapé sur un radeau au milieu de l'océan, comptant sur nos propres forces et sur le hasard pour notre salut.
Nous sommes fils, nous connaissons notre origine et notre destination. Nous avons lu deux textes prophétiques, d’Isaïe et Ézéchiel, ils témoignent que Dieu connaît l'avenir, qu'il est maître de l'histoire. En faisant mémoire nous pouvons entrer dans ce projet, coopérer à l'œuvre de Dieu. En tenant notre place, en vivant notre vie quotidienne, nous pouvons participer à cette œuvre. C'est tous ensemble que nous réalisons cette œuvre commune, formée de liens entre générations et entre les hommes d'une même époque. Ce que chacun apporte à la réalisation du monde, est partagé est commun. Ainsi tous les élus dans le royaume peuvent se réjouir de ce que chacun apporte. Ces liens de dépendance deviennent liens de charité, pour le plus grand bonheur des élus. Les catéchumènes qui vont être baptisé s'apprêtent à entrer dans ce corps, corps en croissance depuis la création jusqu'à la fin du monde.

Thibaud Guespereau