Auteur/autrice : camille
Père Marius DZANGUE
Noël 2025
HORAIREs DES MESSES DE NOËL À SAINT PIERRE SAINT PAUL
Messes de la veille de Noël
Mercredi 24 décembre : 17h 19h30 et 22h
Messes du jour de Noël
Jeudi 25 décembre : 9h30 11h00
Homélie du 1er novembre 2025 TOUSSAINT
Ap 7,2-4+9-14 Ps 23 1 Jn 3,1-3 Mt 5,1-12a
par le Père Jean Paul Cazes
J’imagine sans difficulté que beaucoup d’entre nous souhaitent qu’il y ait beaucoup de prêtres. Moi-même, chaque soir, je prie pour les prêtres que je connais tout en souhaitant que des jeunes répondent à cet appel.
Nous voulons des prêtres, mais pourquoi faire ? La réponse semble trèssimple : pour donner les sacrements.
Mais à quoi servent les sacrements ?
Je me souviens d’une rencontre avec des parents qui souhaitaient le baptême pour leur enfant. A la question tout simple : « Pourquoi voulez-vous que votre enfant soit baptisé ? » un papa m’avait répondu : « Pour qu’il soit protégé contre Dieu. »
Si cette réponse m’a chagriné, elle ne m’a pas étonné. Elle vient de très loin, du fond des siècles. Il y a des siècles et des siècles, je dirais même des millénaires, les hommes assimilaient à Dieu les forces de la nature. D’ailleurs on voit cela dans les passages les plus anciens de la Bible. Les forces de la natureétaient divinisées car souvent incontrôlables ; la pauvre Jamaïque vient de subir un terrible ouragan meurtrier. Si donc les forces de la nature étaient Dieu, il fallait s’en protéger ; et Dieu lui-même avait donné des moyens de se protéger de lui : ce sont toutes les incantations magiques qu’on peut trouver chez les religions antiques ou chez les peuples primitifs. Il suffisait alors de bien appliquer ces rites et ces prières magiques pour se mettre à l’abri de la colère divine.
Ces rites magiques ont perduré ; ils existent encore à notre époque, et dans notre pays. Car, sous des aspects chrétiens, beaucoup de nos concitoyens ne sont pas encore christianisés. Beaucoup de nos concitoyens ont peur de Dieu et viennent à l’église, ou demandent un sacrement, ou souhaitent des prières pour se protéger contre Dieu et se servir de lui : « Je te donne une prière, ou je te fais dire une messe, ou je vais en pèlerinage et toi, Dieu, en revanche, tu me donnes telle ou telle chose. » On conçoit Dieu comme une sorte de distributeur automatique, ou comme une immense force contre laquelle il est préférable de se protéger. Voilà à quoi servirait les sacrements, et voilà quel serait le ministère des prêtres.
Là, on fait fausse route !
Si les sacrements sont plus que nécessaires, ce n’est pas pour nous protéger de Dieu, mais, au contraire, nous rapprocher progressivement de Lui. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’Il nous aime, lui qui est notre Père. Jésus est venu pour nous délivrer de la peur de Dieu. Le brave papa dont je vous parlais tout à l’heure se trompait de Dieu ; il croyait en un Dieu tout puissant et terrible ; il n’était pas encore chrétien. Le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu dont la toute-puissance consiste à nous aimer. Dieu, tel que Jésus nous en parle, ne sait qu’aimer ; si j’ose dire, il ne sait faire que ça. C’est ce que nous dit st Jean dans notre seconde lecture : « Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. »
Les sacrements nous rapprochent de ce Dieu-là. Les sacrements nous emmènent vers la sainteté qui est la vie même de Dieu. La sainteté ne vient pas de nous, elle vient de Dieu, elle est un cadeau de son amour, elle n’est pas d’abord une perfection morale qui viendrait de nous. Les saints que nous honorons aujourd’hui ne sont pas devenus saints à la force du poignet ; ils ne sont pas devenus saints par leurs seuls mérites ; ils sont devenus saints parce qu’ils ont cru vraiment que Dieu les aime ; et ils ont accepté de répondre à son amour, même de façon maladroite.
La vocation de l’être humain, ce n’est pas de se marier et d’avoir des enfants, même si cela est très bon. La vocation de l’être humain, ce n’est pas d’accéder à un poste supérieur où il sera mieux payé, même si cela est utile. La vocation de l’être humain, ce n’est même pas de devenir religieuse, ou religieux, ou prêtre : la vocation de l’être humain, c’est de devenir un être totalement épanoui grâce à l’amour que lui porte Dieu. En un mot, la vocation de l’être humain est de devenir saint. Par pitié, merci d’enlever des têtes tout ce qui est du folklore : toutes les images bêtifiantes genre sulpicien qu’on voit souvent sur les tableaux ou dans les statues. Cela ne sert souvent qu’à nous éloigner de la vraie sainteté. La sainteté, c’est quelque chose de sérieux, de vital. La sainteté n’est pas quelque chose « en plus » de notre vie humaine. Elle est le sens fondamental de notre vie humaine, telle que Dieu, notre Père, nous l’offre. Nous sommes créés pour devenir saints. La réussite de la vie d’un être humain est de marcher vers la sainteté. St Jean le dit à sa manière : « Et quiconque met en (Dieu) une telle espérance se rend pur – c’est-à-dire saint – comme lui-même est pur. »
Si c’est pour cela que nous voulons des prêtres, si c’est pour cela que noussouhaitons recevoir par leur ministère les sacrements, alors nous sommes sur le bon chemin, le chemin de Celui qui nous a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » c’est-à-dire Jésus-Christ !
Homélie du 5 octobre 2025 27ème dimanche ordinaire Année C
Hab 1, 2-3 ; 2,2-4 Ps 94 2Tm 1, 6-8+13-4 Lc 17,5-10
La liturgie de ce dimanche nous offre un passage du prophète Habaquq, un passage de la secondeépître de Paul à Timothée et un passage de l’évangile selon st Luc. Quel rapport entre ces trois passages ? La foi, et la foi sous plusieurs aspects.
Le dernier verset d’Habaquq est : « …le juste vivra par sa fidélité. » St Paul reprendra cette affirmation dans beaucoup de ses épîtres pour nous dire que c’est par la foi en Jésus-Christ, et par elle seul, que nous sommes en lien avec Dieu. C’est par la foi en Jésus-Christ que nous sommes sauvés. Certes, notre foi doit être active ; elle doit produire des fruits qui sont nos mérites. Mais nous pourrions avoir les plus grands mérites du monde, ils ne nous sauveraient pas. C’est le Christ lui-même, par sa mort et sa résurrection, qui nous offre le salut. Par contre, si la foi en lui, et non pas nos actes, nous offre le salut, c’est-à-dire l’union avec Dieu, nos actes peuvent nous séparer du Seigneur.
Dans notre seconde lecture, le même st Paul dit à son disciple Timothée : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. » La foi ne nous appartient pas, ; en rigueur de terme, nous ne pouvons pas dire « J’ai la foi » ; il serait meilleur de dire : « je suis croyant » ; la foi est d’abord un don de Dieu auquel nous répondons en la gardant et en la faisant croître comme une bonne plante. Souvent, tel ou tel d’entre vous m’a dit : mon petit-fils n’a pas la foi, pourquoi ? Il y a de multiples raisons à cela. Dieu ne demande qu’une chose pour donner la foi : une ouverture d’esprit et de cœur. Car la foi, il l’offre à tous. Pouvons-nous penser, un instant, que ce qui est si nécessaire à l’homme soit refusé par Dieu ? Pouvons-nous penser un instant que Dieu, qui est notre Père à tous, puisse, comme dans un jeu cynique, offrir la foi à certains et la refuser à d’autres ? Mais l’être humain est délicat à manier, même pour Dieu ; si notre Père offre la foi, il ne l’impose jamais ; la foi est offerte, mais la réponse de foi doit être libre. Parfois, tout simplement, la réponse de foi ne vient pas parce que tel ou tel n’a jamais entendu parler de Jésus-Christ, y compris dans nos propres familles.
Quant à Jésus, dans st Luc, il dit : « Si vous aviez la foi comme une graine de moutarde … » Là, il s’agit de l’efficacité, ou de la puissance de la foi. (Entre parenthèses, j’espère que vous avez remarqué l’humour de Jésus : vous voyez le bois de Boulogne qui se déracine pour aller piquer une tête dans laSeine ?) Jésus affirme que l’efficacité de la foi vient d’une foi minuscule. Ce qui veut dire que nous n’avons même pas une graine de moutarde de foi ; ou que nous ne savons pas nous en servir. En somme, nous ne croyons pas à la foi ! Nous ne croyons pas en son efficacité. Certes, si la foi avait en nous son origine, elle ne produirait pas grand-chose ; mais est-ce de nous qu’elle dépend ? Il dépend de nous de la recevoir, certes, mais nous n’en sommes pas l’origine. Or, dans la mesure où l’origine de la foi c’est le Seigneur, pourquoi douter de son efficacité ?
De ces quelques remarques, je tire trois prières possibles que je vous suggère.
Connaître, d’aimer et de croire dans le Christ. Comme l’écrit Paul aux Ephésiens : « C’est par la grâce … que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n’y êtes pour rien, c’est le don de Dieu.Cela ne vient pas des œuvres … (Eph 2,8-9)
vient d’être guéri par le Christ : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9,24)
suffisamment dans l’efficacité de la foi que tu nous donnes. Avec elle, nous pouvons réaliser bien plus et bien mieux que de transplanter des forêts, commePierre qui guérit l’infirme en lui disant : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ…marche ! » (Ac 3,6)
Prière du pape LeonXIV sur la création
Seigneur, Tu aimes tout ce que Tu as créé,
et rien n’existe en dehors du mystère de Ta tendresse.
Chaque créature, même la plus petite,
est le fruit de Ton amour et a sa place dans ce monde.
Même la vie la plus simple ou la plus éphémère est entourée de Ton soin.
À l’exemple de saint François d’Assise, nous voulons Te dire aujourd’hui :
« Loué sois-Tu, mon Seigneur ! ».
À travers la beauté de la création,
Tu Te révèles comme source de bonté. Nous Te prions,
d’ouvrir nos yeux pour Te reconnaître,
d’apprendre, par le mystère de Ta proximité avec toute la création,
que le monde est infiniment plus qu’un problème à résoudre.
C’est un mystère à contempler avec gratitude et espérance.
Aide-nous à découvrir Ta présence en toute créature,
afin qu’en la reconnaissant pleinement,
nous nous sentions responsables de cette maison commune
où Tu nous invites à prendre soin, à respecter et à protéger
la vie sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités.
Loué sois-Tu, Seigneur !
https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2025-09/intention-priere-pape-protection-creation-saint-francois-message.html
Homélie du 10 août 2025 19ème dimanche ordinaire Année C
Sg 18,6-9 Ps 32 Hbx (lecture brève) 11,1-2+8-12
Lc (lecture brève) 12,35-40
par le père Jean Paul Cazes
Dans cette page d’évangile, Jésus parle beaucoup de service : « Restez en tenue de service… », « Heureux ces serviteurs… », « passera pour les servir. » Et encore, je ne vous ai lu que la première partie.
Le mot service, ou le verbe servir, est la devise de beaucoup d’organisations, depuis les scoutsjusqu’aux soldats, en passant par les pompiers, les infirmières et tant d’autres. Jésus parle de ce qu’il connaît par expérience puisqu’il est venu non pour être servi mais pour servir comme il le dit lui-même. Vous avez certainement remarqué ce renversement étonnant : c’est lui qui, la ceinture aux reins, servira à table les serviteurs qui auront veillé à son retour des noces. Lorsque j’étais curé à Neuilly, un de mes servants de messe était un ancien vice-amiral pour qui c’était un honneur de servir la messe. Lors de son enterrement, son épouse avait choisi notre évangile ; et, en souriant, je me suis plu à imaginer Jacques,tout gêné d’être servi par son Seigneur alors qu’il avait passé sa vie à servir.
Oui, tout ce qui tourne autour du service revient souvent dans la bouche de Jésus. Pourtant, ce n’est pas une leçon de bonne morale qu’il veut nous donner. En jouant avec les mots, je dirais que la notion de service est ici au service d’une réalité infiniment plus importante, une réalité que Jésus nousoffre dès le début : « …votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Vous savez que l’expression royaume de Dieu, ou royaume des cieux,revient souvent dans l’enseignement du Seigneur. Par de nombreuses paraboles, il nous en parle commed’une réalité qui, pour lui, est tangible, j’allais dire concrète, sensible. Ce royaume n’est autre que la vie absolue, la vie d’amour, de paix et de justice qu’il est venu instaurer par son enseignement, sa vie, sa mort et sa résurrection. Nous sommes entrés dans cette vie par notre baptême ; nous ne la méritons pas, quelle que soit l’importance de nos bonnes actions. Cette vie qui est la vie même de Dieu, est un don gratuit, un don d’amour de notre Père. Ce n’est pas une vague promesse mais une affirmation : « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. »
Est-ce que ce cadeau nous intéresse ?
Pour nous aider à répondre, Jésus avance deux séries de propositions, l’une à propos de ce que nous possédons, l’autre en ce qui concerne notre manière de vivre. Deux séries de propositions sur notre avoir et sur notre être.
D’abord sur notre avoir. Les propos de Jésus sont excessifs dans leur forme, mais ils veulent nous secouer en disant : votre vie future ne dépend pas de ce que vous avez. Le Seigneur sait que nous avons besoin de biens matériels ; il ne nous demande pas de devenir de nouveaux François d’Assise. Mais il nous rappelle, un peu brutalement, que, finalement, la valeur de notre vie ne vient pas de ce que nous possédons mais de la manière et dans quel esprit nous les gérons. Le véritable pauvre est celui qui accepte de gérer ses biens en vue de Dieu comme nous l’a rappelé l’évangile de dimanche dernier. Où est notre vrai trésor ? S’il est dans l’espérance d’entrer, un jour un venir, dans la vie du Père, apprenons alors peu à peu à vivre l’esprit de pauvreté, l’esprit de ceux qui ne veulent pas « posséder ».
Ensuite sur notre être, notre manière de vivre. C’est là que Jésus nous parle du service. Il nous en parle en faisant allusion à deux réalités qui ont du prix pour ceux qui l’écoutent : la fin de l’esclavage et l’Alliance. Il dit d’abord que nous devons nous tenir en tenue de service, ceinture autour des reins et lampes allumées. C’est la tenue des Hébreux le soir même de la sortie d’Egypte, le soir où leur esclavage a cessé : notre première lecture y fait allusion.Apprendre à gérer nos biens sans en être esclaves.
Puis le Seigneur nous invite à être comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces. A travers toute la Bible, les relations entre Dieu et son peuple, que ce soit Israël ou l’Eglise, sont des relations d’Alliance. L’Alliance est la caractéristique même des relations que Dieu souhaite établir avec nous. Nous ne sommes pas les esclaves de Dieu, nous ne sommes pas ses employés ; si nous sommes ses serviteurs, c’est par amour, et non par devoir. D’ailleurs, Jésus nous dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs …je vous appelle amis… » (Jn 15,15)
Est-ce que le cadeau du Royaume nous intéresse ? Est-ce que la vraie richesse nous intéresse ? Est-ce que l’Alliance d’amour nous intéresse ?
En ce cas, nous n’avons rien à craindre : « Sois sans crainte, petit troupeau » disait Jésus au petit nombre de ses disciples. Nous n’avons rien à craindre du moment où Jésus viendra nous faire entrer définitivement dans la vie d’amour de la Sainte Trinité.
Homélie du 6 juillet 2025 14ème dimanche temps ordinaire Année C
Par le père Jean Paul Cazes
Is 66,10-14c Ps 65 Ga 6,14-18 Lc 10,1-12+17-20 (lecture brève : 10,1-9)
Dans cet évangile, nous sommes facilement obnubilés par ce que dit Jésus quant au nombre des ouvriers : » La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Et nous rêvons à l’heureux moment où il y aurait assez d’ouvriers.
Mais permettez-moi quelques remarques.
La moisson sera toujours plus importante que le nombre d’ouvriers nécessaires. Heureusement ! Réjouissons-nous devant la moisson abondante au lieu de pleurer sur le petit nombre des ouvriers. Regardons, par exemple, le nombre croissant des catéchumènes, que ce soit dans notre paroisse, ou, plus largement, en France. Jésus ne dit pas : les ouvriers sont peu nombreux, car la moisson est abondante. Il dit : la moisson est abondante. C’est cela qui est premier, et qui est réjouissant. Le Père nous donne une moisson abondante : sachons le remercier pour cela avant de nous désoler du petit nombre d’ouvriers.
Prions-le pour que la moisson soit toujours plus abondante ; et si nous savons le remercier, alors notre demande d’ouvriers sera bien accueillie.
Car, c’est vrai, les ouvriers sont peu nombreux au regard de la moisson à entreprendre. Cette année, pour notre diocèse de Nanterre, il y a eu une seule ordination. Pour l’an prochain, aucune. Alors oui, il faut prier le maître de la moisson.
Mais il faut le prier pour obtenir des ouvriers de la moisson, pas uniquement des prêtres. Dans notre évangile, Jésus envoie 72 disciples ; il ne s’agit pas des Douze apôtres, mais de 72 parmi tous ceux qui suivaient Jésus. Ce qui veut dire que tout baptisé est appelé à la moisson. C’est là que se vérifie la pertinence de l’expression « disciples-missionnaires » chère au Pape François. Encore une fois, c’est la moisson qui est importante en même temps que la mission. Si les mots « disciple » et missionnaire » marchent ensemble, les mots « moisson » et « mission » aussi. Les 72 sont envoyés pour annoncer que le Règne de Dieu s’est approché de nous : le temps de la moisson est arrivé.
Rien ne sert de demander des ouvriers si nous n’acceptons pas de l’être nous-mêmes. Chacun de nous, par son baptême et sa confirmation, est légitime pour faire partie des moissonneurs. Ce qui est urgent, ce n’est pas le nombre des prêtres ; ce qui est urgent, c’est la moisson-mission.
Si chaque paroisse, si chaque communauté chrétienne avait la passion de la moisson-mission, alors le Seigneur ferait se lever au milieu d’elle un nombre suffisant de moissonneurs.
Que le Seigneur fasse de chacun de nous, et de notre paroisse entière, une communauté de disciples-missionnaires, une communauté passionnée par la moisson-mission pour que se lèvent au milieu de nous les ouvriers et les ouvrières dont l’Eglise a besoin pour le salut du monde.
Homélie du 4 mai 2025 3ème dimanche de Pâques
Par le père Jean Paul Cazes
Ac 5,27b-32+40b-41 Ps 29 Apo 5,11-14 Jn 21,1-19
Vous savez tous que nous sommes dans le temps pascal, ce temps de 49 jours qui se conclut par la fête de la Pentecôte. 49 jours, c’est à dire 7 fois sept jours, sept fois une semaine. Vous connaissez aussi la symbolique du chiffre sept dans la Bible : il signifie la plénitude. Donc, la liturgie nous offre, dans ces sept semaines, une image de la plénitude des temps. En effet, les temps sont accomplis grâce à la Résurrection du Christ, notre Seigneur. Dans ce temps pascal, dans ces sept fois sept jours, nous vivons, par anticipation et dans la foi, la vie pleine et entière qui nous est promise auprès de Dieu.
Je vous dis cela pour essayer de bien mesurer l’importance du temps pascal par rapport au carême. Chaque année, quand le carême s’approche, nous nous demandons tous comment nous allons le vivre, quels efforts nous allons essayer de mettre en œuvre pour nous préparer à fêter Pâques. Et chaque année, nombreux sont celles et ceux qui se reprochentd’avoir laissé filer le temps sans mettre en œuvre ce qu’ils s’étaient promis de faire. En disant cela, il est évident que je ne critique personne ; je veux seulement souligner le poids spirituel et psychologique du carême. Chaque année, nous voulons mieux faire. Nous condensons notre vie spirituelle sur ces 40 jours. Dès que Pâques arrive, il y a chez beaucoup, pour ne pas dire chez nous tous, une sorte de détente. Comme si, en arrière de notre tête, nous nous disions : le temps de l’effort est passé, il est derrière nous ; soufflons un peu ! Et le temps pascal se déroule calmement, marqué par les beaux jours et l’espoir du temps de vacances qui s’approche.
Nous ressemblons à des gens qui se préparent à recevoir un trésor chez eux et qui balaient leur maison mais qui, ayant reçu ce trésor, le range soigneusement dans un coin du salon sans en tirer le moindre profit. Ou, pour prendre une image plus contemporaine, nous sommes comme celles et ceux qui se sont battus pour obtenir une bonne retraite mais qui restent ensuite dans leur fauteuil alors qu’ils ont la santé et les moyens d’accomplir des choses intéressantes.
Dans notre tête et dans notre pratique, le carême a une bien plus grande importance que le temps pascal. Or, je pense que c’est le contraire. Je ne veux pas amoindrir le carême : par contre, je souhaite que nous acceptions de rendre au temps pascal son importance centrale. Le carême n’est qu’un temps de préparation ; le temps pascal est un temps d’accomplissement et de plénitude. L’auteur de la lettre aux Hébreux écrit que nous sommes dans la « période finale » (Hbx 1,2); il veut dire par là non pas que la fin du monde est pour aujourd’hui, mais que les temps sont accomplis puisque le Messie attendu depuis si longtemps est enfin venu. Les dimanches du temps pascal sont illuminés par les récits de la résurrection et le rappel des points fondamentaux de la vie chrétienne. Ce pour quoi nous avons essayé, maladroitement, de nous préparer durant 40 jours, nous est donné dimanche après dimanche tout au long de ces 49 jours. Qu’en faisons-nous ? Si j’en crois mon expérience, je crains que nous n’en fassions pas grand-chose, et que nous nous contentions de posséder le trésor sans ouvrir le coffre.
Mais alors, que faire ? Comment vivre ce tempsdans l’attente du don de l’Esprit le jour de la Pentecôte ? Comment lui rendre son importance, non seulement en y réfléchissant, mais, surtout, dans le concret de notre vie quotidienne ? Comment faire pour que la résurrection du Christ marque notre vie et lui donne une saveur particulière ? Je pourrais donner une liste d’actions à entreprendre, mais chacun est capable d’en faire autant. Et si on a une liste sans avoir une raison de la mettre en œuvre – un déclic, une flamme originelle – la liste restera lettre morte. Alors ?
Alors, que l’évangile de ce jour soit, pour chacun de nous, cette flamme qui met le feu aux poudres, si je puis dire. Que chacun de nous accueille, pour lui-même, le mot que Jésus dit à Pierre : « Suis-moi. » Le temps pascal, c’est cela : la suite du Christ. Chacun de nous a une manière personnelle de suivre le Christ ; et la suite du Christ est autre chose qu’une liste à remplir ; la suite du Christ est une réponse d’amour à un amour offert.
Malgré l’imperfection de notre réponse, dans l’humilité de notre réponse, faisons de ce temps pascal une réponse d’amour à l’amour que le Christ offre à chacun. Et suivons-le !
Homélie du 16 mars 2025 2ème dimanche de Carême Année C
par le père Jean Paul Cazes
Gn 15, 5-12+17-18 Psaume 26 Phi 3,17-4,1 Luc 9,28b-36
(entrée en catéchuménat de Mélycia, Tara, Sandra, Lilian)
Pourquoi la Transfiguration n’a-t-elle pas droit, comme les autres événements de la vie du Seigneur, à une fête particulière ? Certes, ce passage est lu chaque année, durant le second dimanche de Carême, mais c’est le Carême qui prédomine ; la Transfiguration n’est ici qu’une sorte de faire-valoir. Certes, elle est fêtée le 6 août ; mais nous sommes en vacances, et, la plupart du temps, le 6 août tombe un jour de semaine. Si bien que nous ne percevons pas l’importance de cette fête pour la vie de Jésus et pour la nôtre.
Elle est importante à plusieurs titres. Elle résume la vie terrestre de Jésus et donc sa mission. On y trouve l’allusion à son baptême puisque la voix du Père dit à peu près la même chose, et Jésus parle de son « départ », c’est-à-dire de sa Passion : baptême, Passion, les deux bouts de la vie terrestre de Jésus. La Résurrection est signifiée par la gloire qui entoure Jésus, par son visage qui devient tout autre et par la blancheur de son vêtement. L’ancien Testament est représenté par Moïse et Elie, le nouveau Testamentest représenté par les trois Apôtres qui, d’ailleurs, seront présents aussi à Gethsémani ; ce qui veut dire que toute la Bible est présente. La vie du peuple juif est également représentée par l’allusion aux tentes, les tentes sous lesquels les Hébreux ont vécu quarante ans. La présence de l’Esprit se manifeste par une nuée paradoxale qui couvre les Apôtres de son ombre, alors qu’au baptême du Christ il s’est montré comme une colombe. Sans aller plus loin, vous pouvez déjà pressentir que ce passage, qu’il soit dans Matthieu, Marc ou Luc, est central pour la vie et la mission de Jésus.
Il faudrait aussi développer le fait que la Transfiguration est un des moyens que Jésus utilise pour sa mission de salut. Pour nous sauver, Jésus enseigne ; il guérit ; il pardonne ; il s’incarne dans le sein de Marie : il accepte par amour sa Passion…la liste n’est pas close. La Transfiguration est une autre manière de nous sauver. Car, tout ce que Jésus vit, il nous le donne. Il nous offre de nous transfigurer, c’est-à-dire de nous permettre d’atteindre notre identité profonde qui est souvent bien cachée : notre identité de fils et de filles de Dieu, celle que nos quatre amis de ce soir vont recevoir comme un cadeau le jour de leur baptême.
Pour vous quatre maintenant, vous qui commencez aujourd’hui, de manière officielle, votre marche vers la Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, je souhaite mettre en lumière lesrichesses contenues dans la première phrase qui dit : « En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. » Accueillez cette seule phrase comme le cadeau de ce jour. Vous aussi, Lilian, Melicya, Sandra et Tara, comme les trois apôtres, Jésus vous prend avec lui. Aujourd’hui, vous devenez ses compagnons de route. Il vous prend sur une route qui monte. Une route de montagne suppose des efforts. Suivre Jésus n’est pas de tout repos ; il est exigeant d’essayer d’aimer y compris nos ennemis, il est exigeant d’essayer de faire du bien à ceux qui nous haïssent et de tendre la main à ceux qui nous ignorent. Vous entrez aujourd’hui dans un temps d’essai, un temps de discernement : est-ce bien ce chemin que vous voulez suivre avec Jésus ? D’autant que Jésus, s’il nous même à la Transfiguration, nous mène d’abord à la croix sous une forme ou sous une autre. Je dis cela non pas pour vous décourager et vous effrayer mais pour vous dire la réalité de la vie à la suite de Jésus. Mais vous n’êtes pas seuls. Si Jésus vous prend aujourd’hui à sa suite, c’est qu’il vous a déjà appelés, depuis longtemps, même si vous l’ignorez encore. Et il vous donne des compagnons de route : vos accompagnateurs, le groupe entier du Catéchuménat, et les chrétiens qui composent cette assemblée et qui prient ce soir à votre intention. Non, vous n’êtes pas seuls sur cette route qui monte.
Jésus monte avec vous pour prier en haut de la montagne. Non pas pour dire des prières car, curieusement, on peut dire beaucoup de prières sans prier. Prier, c’est entrer en relation d’amitiépersonnelle avec Dieu notre Père, grâce à Jésus et dans la nuée de l’Esprit. Jésus vous emmène pour que vous puissiez découvrir et partager avec lui ce qui est le cœur de son cœur : son lien d’amour et de confiance envers celui qu’il nomme son Père. C’est ce lien d’amour et de confiance qu’il souhaite plus que tout partager avec nous, les hommes. Voilà pourquoi il vous emmène sur la montagne pour que vous deveniez ensuite ses témoins quand vous aurez reçu l’Esprit Saint lors de votre Confirmation.
Pour cette ascension avec Jésus, cette ascensiondans laquelle nous vous accompagnons, vous pouvez vous appliquer, sans fausse humilité, ce que st Paul écrivait aux chrétiens de la ville de Philippes et que nous avons entendu dans notre seconde lecture : « Ainsi, mes frères (et soeurs)bien-aimés Lilian, Melicya, Sandra et Tara, … vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. »
