Homélie du 10 décembre 2023   2ème dimanche de l’Avent   année B

Isaïe 40,1-5+9-11   Psaume 84   2Pierre3,8-14   Marc 1,1-8

Depuis dimanche dernier, nous sommes entrés en Avent par la recommandation du Christ lui-même : « Veillez et priez ». Aujourd’hui nous sont donnés les premiers versets de st Marc : « Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Ou, autrement dit : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »

Nous sommes abreuvés de nouvelles. Et surtout de mauvaises nouvelles. Je ne vais pas en dresser la liste, vous la connaissez aussi bien que moi. En plus de ces mauvaises nouvelles, il y a les fake-news, les fausses informations qui créent des mouvements de panique ; souvenez-vous des débuts du covid : on ne trouvait plus ni moutarde ni farine à cause de rumeurs.

Comme on manque souvent d’éléments de discernement, on risque soit de privilégier un média qui devient alors parole d’évangile, soit de refuser toutes les sources d’information, et son se coupe du monde. On m’a cité le cas de quelques personnes qui ferment leur radio au moment du journal.

Tout cela pour dire que dans cet environnement nous risquons de ne pas recevoir à sa juste valeur la nouvelle qui nous est annoncée aujourd’hui. Bien sûr, nous croyons cette nouvelle ; nous croyons qu’elle est vraie, qu’elle nous concerne, qu’elle concerne le monde. Nous croyons en Jésus, fils de Marie, Fils de Dieu. Nous croyons qu’il est Christ, ce qui veut dire Messie. Nous croyons qu’il est mort et ressuscité. Nous croyons que nous communions à sa vie lorsque nous recevons le pain consacré lors de la messe. Nous croyons tout le credo même si nous butons parfois sur telle ou telle expression comme « les enfers », ou la « résurrection de la chair ». Oui, nous croyons tout cela mais comme si nous étions fatigués d’y croire. Où est l’enthousiasme des premiers chrétiens qui leur permit de gagner à la foi chrétienne le bassin méditerranéen ? Où est en nous la fraîcheur qui habite nos frères et sœurs les catéchumènes ?

Notre évangile met en scène Jean-Baptiste qui « proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. »  Une des manières de préparer Noël est de demander et de recevoir le pardon du Seigneur. Le sacrement du pardon n’est pas très populaire à notre époque, contrairement à d’autres époques. Il y a de nombreuses raisons à cela qu’il serait trop long de développer ici ; mais en voici au moins une : on ne veut plus se confesser car on ne sait plus comment faire. Pourtant, le « Je confesse à Dieu » est très explicite. Il nous permet de dire que nous péchons en pensée lorsque nous pensons du mal d’autrui, en parole lorsque nous disons du mal contre autrui, par action, et même par omission quand nous aurions pu faire du bien à quelqu’un et que nous ne l’avons pas fait. Pensée, parole, action, omission, voici une bonne grille de réflexion pour évaluer notre vie et demander pardon au Seigneur.

Oui, le sacrement du pardon est une des formes de conversion que nous offre le Seigneur. Mais il y a une autre conversion, plus profonde et plus essentielle qui nous est suggérée aujourd’hui : accepter que la venue du Fils de Dieu en notre chair soit une nouvelle absolue, et que cette nouvelle est bonne pour chacun de nous et pour l’humanité. La vie spirituelle, c’est-à-dire la vie selon l’Esprit de Jésus-Christ, comporte bien sûr une nécessité d’amélioration morale ; mais il n’est pas nécessaire d’être croyants pour vouloir s’améliorer ; il est probable que nous connaissions des personnes plus justes et plus droites que nous alors qu’elles ne sont pas chrétiennes. La vie spirituelle, c’est-à-dire la vie animée par l’Esprit de Jésus-Christ est une vie toute tournée vers le Christ. Alors, la conversion que nous avons à vivre aujourd’hui est d’accueillir Noël comme si nous ne le connaissions pas. Accueillir Noël avec un regard d’enfant qui découvre ce qu’il n’a jamais vu. Accueillir Noël comme une nouvelle radicalement neuve. Accueillir Noël comme une réalité capable de rajeunir notre cœur trop vieilli par la lourdeur de la vie. Accueillir Noël comme une nouvelle bonne pour nous et pour tous les hommes.

Cette conversion, ce retournement de tout notre être vers Jésus aura comme effet une amélioration morale. Et parce que nous nous serons convertis à Jésus, nous saurons demander et accueillir le pardon de nos péchés.

Que l’Esprit Saint réalise en nous, durant les jours qui qui viennent, ce que disait la première prière du début de cette messe : « Dieu de puissance et de miséricorde …forme-nous à la sagesse d’en-haut qui nous fait entrer en communion avec ton Fils. »