Père Henri Njongyang

« Oui, il est bon, il est doux pour des frères (et sœurs) de vivre ensemble et d’être unis » ! (Ps
132).
Nous voilà, de nouveau, ensemble et c’est ce verset du Psaume 132 qui m’habite au moment où je vous écris pour me présenter. C’est pour moi une immense joie et un vrai bonheur de revoir la beauté et la bonté qui transparaissent sur le visage de chacun de mes frères et de chacune de mes sœurs en Christ, de la Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie.
Je suis Henri DJONYANG, prêtre du diocèse de Maroua-Mokolo dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Je suis né le 13 juillet 1974 à Maroua. Je suis l’aîné d’une fratrie de 11 enfants. Papa et celui qui occupait le troisième rang de la fratrie nous ont précédés auprès du Père dans l’éternité en 2014. Maman, mes quatre petites sœurs et mes cinq petits frères vont bien et vivent tous au Cameroun.
J’ai été ordonné prêtre le 24 mai 2003 à Maroua. Après quelques années de services rendus dans mon diocèse, mon évêque m’a envoyé en France pour une mission d’étude en théologie. La Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul m’a accueilli, avec bras et cœur grandement ouverts, le 27 août2015. Après deux années de vie ensemble, je recevais du Collège d’Étude Doctorale de l’Institut
Catholique de Paris une bourse d’excellence qui me rapprochait de l’Institut Catholique. Me voici, à présent, de retour parmi vous, en cette nouvelle année pastorale 2022-2023, vers la fin de mes études, pour vivre avec vous et achever ensemble, la main dans la main, ce que nous avions si bien commencé : une connaissance mutuelle dans un amour fraternel à la suite de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous redit en ce 24ème dimanche ordinaire l’éternel amour
miséricordieux de son Père pour chacun et chacune de ses enfants que nous sommes.
Henri, votre frère !

Programme de la maison paroissiale (nouveau)

Bienvenue à la Maison paroissiale Pierre Hébert !
Les “Amis de la Maison paroissiale” vous proposent de nouvelles activités
Nous sommes tous invités !
N’ayez pas peur d’en parler à vos voisins et amis, ils pourront ainsi
découvrir ou redécouvrir les joies d’une communauté paroissiale !

Atelier d’aide à la recherche d’emploi

Mardi 8 octobre 2024 de 19h00 à 20h30 (puis chaque mercredi jusqu’au 14 janvier 25)


Que vous soyez sans emploi, en reconversion ou que vous souhaitiez changer de métier, cet atelier est fait pour vous ! Vous serez accompagné par une DRH et un ancien cadre dirigeant qui ont une solide expérience dans l’aide à la recherche d’emploi.

Inscription : emploi@spsp-courbevoie.fr

Exposition vente des œuvres des pères Jean-Paul et Thibaud


Dimanche 24 novembre de 15h à 18h


Venez découvrir les dessins, aquarelles et pastels du père Jean Paul, et les photos inspirantes du père Thibaud autour d’un thé ou d’un café.
Sans oublier la lecture de poèmes du père Jean- Paul !
Entrée libre. Les œuvres vendues contribueront, pour moitié, au financement d’une paroisse et de plusieurs écoles en Haïti.

Contes et chansons du temps d’hiver

Dimanche 1er décembre de 15h00 à 17h00


Une conteuse et un guitariste vous entraîneront dans la magie du conte et
le plaisir de chanter ensemble. Un moment d’émotion et de joie partagée
à l’approche de l’hiver, suivi d’un goûter offert par la paroisse.
Entrée libre. Possibilité de faire un don au Secours Catholique (pour financer une marche sur les chemins de Compostelle avec des personnes en situation de précarité).

Soirée “Carnaval”

Vendredi 7 février de 18h30 à 22h

Soirée costumée et dansante autour d’un apéritif dinatoire.
Venez seul ou en famille participer à cette soirée simple et joyeuse (n’achetez pas de tenue spéciale !).
Chacun apporte amuse-gueule, pizza, quiche, cake salé ou sucré, ou petits gâteaux. La paroisse fournit les boissons.

Café gourmand et ludique

Dimanche 19 janvier de 14h30 à 17h30

Café gourmand partagé et jeux “kermesse” tout l’après-midi !
Chacun apporte une galette des rois ou une pâtisserie. La paroisse fournit le café, le thé et les jus de fruits. S’il y a un jeu auquel vous aimez jouer en famille ou avec des amis, apportez-le !

Film “Sacerdoce” suivi d’un débat

Samedi 16 novembre de 20h à 22h30

Le film raconte la vie quotidienne de cinq prêtres aux profils et parcours très
différents. Il met en lumière l’histoire de leur vocation, leurs joies et les épreuves qu’ils traversent. Un film lumineux !
La projection sera suivie d’un débat avec le Pere Thibaud et Victor, un jeune séminariste.
La paroisse souhaite la participation de nombreux ados et jeunes adultes.

Atelier “Déco de Noël”

Dimanche 8 décembre de 15h00 à 17h30

Venez réaliser des cartes de Noël, des décorations pour la table, le sapin, la
maison… autant de créations simples et attrayantes pour petits et grands.
Cet atelier sera suivi d’un goûter offert par la paroisse.
Les enfants restent sous la surveillance constante de leurs parents.

Et toute l’année (Hors vacances scolaires)

Jardin partagé

Le samedi de 10h à 12h

Venez au jardin partagé de la Maison paroissiale pour (re)découvrir le plaisir de
jardiner ensemble, s’émerveiller et recueillir les fruits et fleurs du travail commun.

Appel à bénévoles : Nous avons quelques travaux qui nécessitent trois à quatre paires de bras
supplémentaires.
Contacts : anneclaude.rossignol@free.fr
marie-helene.alizer@orange.fr

Atelier Pierre et Paul

Le lundi de 14h à 17h

Jeux de société, papote et goûter pour un
après-midi de détente partagé !
Venez sans vous inscrire

Homélie du 4 juin 2023   Sainte Trinité 

Exode 34,4b-6+8-9     Ct Dn 3     2Co 1311-13     Jn 3,16-18

Par le Père Jean Paul Cazes 

Un philosophe, Gabriel Marcel, avait comparé un problème et un mystère. Sur un tableau noir, il avait tracé deux cercles égaux. L’intelligence faisait peu à peu le tour du premier ; et, quand le tour était achevé, le cercle disparaissait puisque le problème était résolu. Quant au second cercle, l’intelligence y entrait, car elle était faite pour cela, mais elle ne finissait jamais de découvrir l’ampleur du mystère et de s’en émerveiller.

Cela signifie que notre intelligence est faite pour le problème comme pour le mystère ; mais elle résout le premier et contemple le second. Elle fait disparaître le premier, et découvre sans cesse le second. Elle enferme le premier dans son raisonnement, elle est contenue par le second. Le problème est maîtrisé par notre intelligence, alors qu’elle s’émerveille et ne cesse de découvrir l’ampleur du mystère.

Je vous dis cela pour affirmer, une fois encore, que le mystère de la Sainte Trinité n’est pas une question de mathématique idiote ou 3 serait égal à 1. Il ne s’agit pas de mathématique, il s’agit de relation d’amour. Notre foi affirme que trois personnes distinctes, de même nature et d’égale dignité, s’aiment à ce point qu’elles ne forment qu’un seul Dieu ; ce n’est pas plus improbable que ce que disent tous les fiancés : ne faire plus qu’un par amour dans l’unité de leur nature humaine et le respect de leur égale dignité. Mais ce que le couple humain a tant de peine à réussir, les trois personnes divines le réalisent pleinement ; c’est pourquoi elles sont à l’origine de tout amour vrai.

Si le Dieu-Trinité est à l’origine de tout amour vrai, c’est parce qu’il vit cet amour de l’intérieur. Il ne peut nous demander d’aimer que parce que l’amour fait partie de sa propre vie ; mieux : l’amour est sa vie. St Jean écrit que Dieu est amour (1 Jn 4, 8, 16). Il ne s’aime pas lui-même égoïstement, comme s’il était renfermé sur lui, mais, entre les Trois personnes l’amour est une sorte de va et vient permanent. Et ce va et vient, cet échange permanent est fécond, comme est fécond l’échange d’amour entre les époux. L’amour en Dieu donne naissance au monde de manière permanente : Dieu ne cesse d’être créateur par amour comme les parents sont procréateurs par amour.

Le parallèle entre l’amour humain et l’amour qui unit les Trois personnes divines ne vient pas de moi, il est présent tout au long de la Bible depuis le début dans la figure d’Adam et Eve jusqu’au dernier chapitre de l’Apocalypse où l’Eglise est assimilée à une épouse qui attend impatiemment son époux (je cite) : « L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! » (Apo 22,17)

 

Une autre manière d’aborder la sainte Trinité serait de de voir comment tout ce que nous disons et pensons de la personne humaine trouve son origine en elle. Nous sommes fiers, à juste titre, de la déclaration des droits de l’homme. Nous nous en réclamons chaque fois que les états totalitaires bafouent ces droits. Nous attendons de nos dirigeants qu’ils aient le courage de les rappeler dans leurs négociations internationales. Or, tous ces efforts pour promouvoir les droits de la personne humaine ont pour origine lointaine la méditation des pères de l’Eglise sur ce qu’est une personne à l’intérieur de la Trinité. Peu à peu, ils ont réussi à préciser ce que sont les personnes divines, ce qui a eu comme conséquence une meilleure vision de ce qu’est la personne humaine à l’image de la personne divine. D’une certaine façon, on peut affirmer que notre civilisation de la personne trouve ses racines en l’affirmation des Trois personnes en un seul Dieu.

En tout cela, notre intelligence est à l’œuvre pour inventorier la richesse de la foi en la Sainte Trinité. Mais si nous pensions parvenir un jour à tout savoir à son sujet, nous serions dans l’erreur. Ce serait la même erreur que d’affirmer que la fresque qui orne le cul de four de notre église est la Sainte Trinité. Non, cette fresque n’est pas la Sainte Trinité ; elle essaie de la traduire par des formes et des couleurs ; mais la sainte Trinité est bien autre chose que cette fresque, et bien au-delà. Personne d’entre nous, et pas même l’Eglise y compris dans ses plus hautes instances, ne peut affirmer connaître totalement la Sainte Trinité. Nous ne connaissons même pas totalement les personnes avec qui nous vivons, et pourtant, nous continuons à les croiser, à leur parler, car leur fréquentation est pour nous source de vie. De même la Trinité à laquelle nous ne pensons pas tout le temps, mais que nous marquons sur notre corps chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix.

 

Même si, au point de vue esthétique, je n’apprécie pas spécialement notre fresque, je trouve très significatif qu’elle orne le chœur de notre église. Le simple fait d’entrer dans cette église est comme le symbole d’un cheminement spirituel : nous pénétrons par la porte d’entrée, nous cheminons vers le chœurpar la Parole et l’eucharistie ; grâce à Jésus crucifié et ressuscité, nous montons vers la Trinité. Et c’est finalement dans sa vie d’amour partagé que nous trouverons notre vie éternelle, nous dont la vocation est d’être divinisés.  

Alors, comme l’écrit Paul aux chrétiens de Corinthe, « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous », vous, chrétiens de Courbevoie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homelie du 23 avril 2023   3ème dimanche de Pâques

Par le Père Jean Paul Cazes 

Actes des Apôtres 2,14+22b-33     Psaume 15     2P 1,17-21     Lc 24,13-35

 

« Le même jour, dit notre évangile, c’est-à-dire le premier jour de la semaine », le dimanche, le jour de la résurrection du Christ. Nous avons fait du dimanche le dernier jour de la semaine, le weekend, alors qu’il est le premier, le jour du renouveau, le jour de la vie qui triomphe de la mort.

Deux des disciples, qui étaient probablement présents lors de la dernière Cène, et qui ont vu tout ce qui s’est passé depuis, quittent Jérusalem, cœur de la foi juive. Symboliquement, ils quittent leur foi, comme beaucoup de nos contemporains ; ils se dirigent vers l’ouest, vers le soleil couchant ; ils quittent aussi leur espérance : « Nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël ».On est probablement en milieu de journée; ils marcheront ainsi jusqu’au moment où le jour baisse.

Or, ils vont vivre le jour le plus extraordinaire de leur vie. Le Christ marche auprès d’eux mais ils ne le reconnaissent pas. Souvent on se demande pourquoi Cléophas et son compagnon n’ont pas reconnu Jésus. J’ignore la réponse exacte, mais je fais appel à notre expérience. Combien de fois, nous non plus, n’avons-nous pas reconnu Jésus présent dans notre vie ? Combien de fois, plongés dans nos difficultés et nos problèmes, n’avons-nous pas ressenti comme une absence de sa part alors qu’il marchait à nos côtés ?

Les deux disciples accumulent les signes de la résurrection sans pour autant percevoir la présence du Ressuscité. Ils citent les femmes qui sont allées au tombeau dès le matin ; ils citent les anges ; ils citent certains de leurs compagnons – certainement Pierre et Jean – et, malgré tous ces témoignages, leurs yeux restent fermés : ils ne reconnaissent pas Jésus ressuscité à leurs côtés. Une des raisons de leur cécité est probablement qu’ils s’étaient fait beaucoup d’idées sur ce que devait accomplir le Messie, justement comme délivrer Israël de la présence des romains. Comme nous lorsque nous enjoignons à Dieu d’accomplir telle guérison, de rétablir la paix dans un ménage ou entre pays en guerre, et que rien ne se passe comme nous voudrions que cela se passe. Alors, nous pleurons : « Où es-tu Seigneur ? Ne me laisse pas seul ! » Nous voudrions tellement que Dieu fasse ce que nous voulons ; nous avons tant de mal à voir qu’il fait autrement et tellement mieux !

Quelles sont les lunettes que nous suggère Jésus pour guérir notre cécité ? D’abord, notre intelligence. Je ne parle pas ici de QI, de quotient intellectuel. Je ne parle pas de diplômes et de connaissance de l’hébreu, du grec et du latin. Je parle de cette connivence que chacun de nous peut avoir avec l’Ecriture en la fréquentant de façon habituelle, ne serait-ce qu’ à travers les textes de chaque jour. Oui, l’Ecriture est difficile à comprendre, mais elle est d’autant plus difficile qu’elle est peu lue. Il en va de l’Ecriture comme d’une personne. Plus on fréquente quelqu’un, plus on partage sa vie et ses préoccupations, mieux on le connaît. Les premières lunettes que Jésus lui-même nous recommande est la lecture humble mais opiniâtre de l’Ecriture. Sinon, nous risquons, nous aussi, d’être des esprits sans intelligence, lents à croire tout ce que Matthieu, Marc, Luc et Jean ont écrit pour affermir notre foi.

Les secondes lunettes sont à l’évidence le partage du pain eucharistiquedont le récit d’aujourd’hui est un témoignage. Vous avez discerné, à l’écoute de cet évangile, la structure fondamentale de la messe que nous célébrons en ce moment : le temps de la Parole, durant lequel le Christ lui-même interprète l’Ecriture, puis le temps de l’Eucharistie pendant lequel, comme lors de la Cène, le Christ rompt le pain et le donne. Comme pour l’Ecriture, c’est la fréquentation assidue de la messe, et des autres sacrements, qui nous permet de comprendre le sens de ces gestes, non seulement avec notre intelligence, mais aussi avec le cœur.

« Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. » La messe n’est pas un acte magique ; c’est un acte pédagogique. Comme un bon instit, elle nous apprend peu à peu, à découvrir la présence du ressuscité dans la vie quotidienne comme il est présent dans la réalité eucharistique. Elle nous apprend à écouter avec attention les Ecritures ; elle nous apprend à découvrir le Christ vivant dans de très humbles réalités comme le pain et le vin ; elle nous apprend à devenir nous-mêmes nourriture pour autrui comme le Christ est nourriture pour nous ; elle nous apprend à pardonner comme le Christ nous pardonne. Elle nous apprend à témoigner du Christ auprès de nos familles, de nos amis, même si notre témoignage n’est pas reçu. Elle nous redonne foi et espérance : « A l’instant même ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem » pour découvrir qu’ils ne sont pas seuls à croire, alors qu’ils se sentaient si seuls dans leur tristesse.

Non, nous ne sommes pas seuls à croire : les baptisés de Pâques nous le disent, eux qui ont ouvert les yeux. Nous sommes l’Eglise du Christ, cette Eglise qui, malgré ses défaillances et ses fautes, se lève encore et encore pour affirmer : « Le Christ est ressuscité ; en vérité, il est ressuscité ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Homelie du 2 avril 2023    Dimanche des Rameaux   Année A

 

Isaïe  50, 4-7     Psaume 21     Ph 2,6-11     Mt 24,14 – 27,66

Par le Père Jean Paul Cazes

Nous sommes venus, ce matin, avec nos soucis, nos problèmes, nos peurs et nos questions. Nous sommes venus trouver un peu de réconfort, et nous avons raison.

Le Dieu que nous acclamons avec nos rameaux n’est pas un Dieu de colère mais de miséricorde. Il n’est pas un Dieu de vengeance, mais de pardon. Il n’est pas du côté de la mort mais de la vie.

Si quelqu’un d’entre nous pense venir adorer Jupiter, il se trompe : qu’il change son regard, qu’il se convertisse. Si quelqu’un d’entre nous a peur de Dieu, il se trompe : qu’il change son regard, qu’il se convertisse.

Nous sommes venus chercher des rameaux. C’est une bonne chose ; ils vont nous accompagner durant toute une année en étant accrochés à un crucifix, ou à une image, ou au-dessus d’une porte. Ils seront là non pas parce qu’ils portent bonheur car, par eux-mêmes, ils ne peuvent rien ; ce ne sont même pas des plantes médicinales. Par contre, ils seront là pour nous rappeler en quel Dieu nous croyons. Ils seront là pour nous rappeler que Dieu, par Jésus-Christ, se donne à nous. Jésus-Christ fait toujours le premier pas : il vient toujours vers nous, il se donne à chacun de nous, il donne sa vie, il donne sa présence. En réponse, il attend de nous que nous agissions de la même manière entre nous. Il attend que nous acceptions de nous pardonner, de nous respecter, de nous entraider. En un mot : de nous aimer. Non pas en nous embrassant d’une manière superficielle, mais en donnant notre vie les uns pour les autres.

Surtout, si vous n’êtes pas d’accord – et c’est votre droit – ne prenez pas de rameaux ; leur présence muette vous rappellerait trop le Dieu d’amour et de pardon auquel nous sommes tous appelés à nous convertir.

Mais, si vous êtes venus ce matin en espérant trouver un peu de réconfort au milieu de vos soucis, de vos problèmes, de vos peurs et de vos questions, alors, partez en paix avec vos rameaux, et que le Dieu de miséricorde vous accompagne tout au long de l’année.

Homélie du 26 février 2023    1er dimanche de Carême   Année A

Genèse 2,7-9 ; 3,1-7a     Ps 50    Romains 5,12-19     Matthieu 4,1-11

par le Père Jean Paul Cazes 

Quarante jour pour nous tourner vers Dieu ! C’est beaucoup et peu à la fois.

Quarante jours pour l’accueillir, Lui, et l’accepter comme le pivot de notre vie !

Bien sûr, il a une place dans notre vie, dans la vôtre comme dans la mienne. Mais le problème est bien là : on lui donne sa place, petite ou grande ; mais, en dehors de cette place, on fait tout sans lui. Un peu comme ceux qui viendraient, honnêtement, à la messe et qui, la messe terminée, vivraient leur vie sans aucun lien avec l’évangile.

Alors, quarante jours nous sont offerts pour nous permettre de découvrir que sans le Seigneur notre vie serait totalement différente. Je précise tout de suite ce que j’entends par « différente » en prenant un exemple que je pense vous avoir déjà donné. Un fiancé m’a dit un jour : Nous nous aimons, ma fiancée et moi. Avant, j’allais au travail, je payais mes impôts, je faisais du sport ; aujourd’hui, je vais au travail, je paye mes impôts, je fais du sport : rien n’est changé mais tout est différent.

C’est de cette différence-là dont je veux parler.

Croire dans le Seigneur Jésus-Christ, ne changera pas nos impôts, nos problèmes financiers, nos difficultés de santé, notre appréciation de l’action gouvernementale, notre anxiété face à la guerre en Ukraine... Notre foi ne changera pas cela, mais elle nous fait regarder tout cela d’une manière différente. Il ne s’agit pas de donner au Seigneur une place déterminée au milieu de nos activités, une place en dehors de laquelle il n’aurait, pour ainsi dire, pas moyen de sortir. Il s’agit par contre de colorer toutes nos activités avec le Seigneur, comme, au Moyen-Age, un chevalier se revêtait des couleurs de sa dame. La conversion n’est pas fondamentalement une question de quantité (dire plus de prières, aller plus souvent à la messe, donner plus aux mouvements caritatifs, même si toutes ces choses sont excellentes) ; c’est une question de coloration de toute notre vie. Ne rien changer, mais tout transformer, tout transfigurer.

Au bout de quarante jours, le Christ avait faim et soif, première tentation : il est vraiment un être humain, soumis aux exigences de la vie biologique, comme nous. Il a senti, comme nous, seconde tentation, le besoin d’être reconnu : n’est-ce pas pour nous sauver qu’il a partagé notre existence ? Il a senti aussi, troisième tentation, que le pouvoir lui était nécessaire, comme à nous, pour accomplir son œuvre.

Les besoins qu’il a ressentis sont les nôtres. Nous avons faim de pain, qu’il soit matériel ou spirituel ; nous avons faim de reconnaissance dans nos engagements comme dans notre propre famille; et, sans vouloir devenir chefs d’état, nous avons besoin d’un minimum de pouvoir pour accomplir notre devoir d’état. Tout cela, nous pouvons le vivre comme n’importe quel homme à peu près civilisé ; nous pouvons aussi le vivre comme un chrétien.

La tentation de Jésus a été d’employer pour lui-même la puissance qu’il a reçue pour nous. Or, il n’est pas venu dans ce monde pour se servir lui-même, mais pour nous servir et servir son Père. Alors, tous ses besoins de faim, de reconnaissance et de pouvoir, au lieu de les tourner vers lui, il les a tournés vers son Père. C’est ainsi que se termine la troisième tentation : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »

Ne rien changer dans notre vie (sauf ce qui est contraire à l’évangile, évidemment), mais tout orienter vers le Père, dans l’Esprit de Jésus.

Tout transfigurer, tout orienter : c’est la description même d’une conversion qui exige un combat perpétuel.

 

Je vous laisse sur une citation de St Augustin que j’ai lue ce matin dans le bréviaire : « (Jésus) pouvait écarter de lui le diable ; mais s’il n’avait pas été tenté, il ne t’aurait pas enseigné, à toi qui dois être soumis à la tentation, comment on remporte la victoire. »

 

 

Homélie du 12 février 2023    6ème dimanche ordinaire    Année A

Ben Sira  15,15-20     Ps 118     1 Co 2,6-10     Mt 5,17-37 (lecture brève)

Par le Père Jean Paul Cazes

Notre Parlement se prépare à modifier – en bien ou en mal – toute une série de lois de grande importance : loi sur les retraites, loi sur l’immigration, loi sur la fin de vie, inscription ou non dans la Constitution d’une liberté laissée aux femmes d’avorter. L’ensemble de nos lois modèle la société française et nous donne, normalement, les éléments qui nous permettent de vivre ensemble sans nous entre-déchirer. On sent bien qu’il est nécessaire de promulguer des lois même si on a le droit de ne pas être d’accord avec telle ou telle loi. Ce qui est vrai pour la société civile est-il vrai pour la société Eglise ?

En d’autres termes, et pour être bref, la miséricorde dont Jésus est le messager et l’acteur peut-elle se passer de lois ? Dans les cas le plus souvent très délicats et douloureux de mésentente familiale, on trouve les lois de l’Eglise en ce qui concerne le remariage et l’impossibilité à recevoir les sacrements. Dans les cas de morale sexuelle, on trouve les lois de l’Eglise en ce qui concerne la difficulté à recevoir les sacrements. Moi qui accompagne le catéchuménat de notre paroisse, je rencontre des personnes qui souhaitent ardemment recevoir le baptême mais dont le style de vie est délicat. Faut-il alors passer au-delà de ces situations et ne tenir compte que du désir de ces personnes à recevoir le baptême ?

Ou autre manière de dire : l’Eglise est-elle du côté des lois, et Jésus du côté de la miséricorde ? Est-ce que les lois et la miséricorde sont opposées ? Est-ce que l’Eglise dénature le message de Jésus en imposant des lois ?

D’une certaine manière, le désir qu’il n’y ait plus de lois, ni dans la société civile, ni dans l’Eglise, vient du désir d’une société harmonieuse, ou toute personne serait intégralement respectée, ou la force serait une servante et non un levier pour écraser autrui Cette société-là est le désir même de Dieu : elle est racontée de manière symbolique dans les récits de la Création avant le premier péché ; elle est promise sous la description de la Jérusalem d’en haut qui nous est donnée dans le livre de l’Apocalypse. Une société d’amour et de respect, où la justice sera pleinement vécue sans lois.

Une justice sans lois : ici-bas, pour l’Eglise comme pour la société, il semble que ce ne soit pas possible. Notre nature humaine est trop marquée par les limites et par le péché pour que nous puissions nous passer de lois. Pour l’Eglise, le problème n’est pas d’ignorer les lois, mais de les conformer sans cesse à la pensée et aux gestes de Jésus. Jésus qui n’est pas seulement le messager de la miséricorde, mais qui est la miséricorde faite chair, ne se détourne jamais de la nécessité de la loi. Le double amour qu’il nous donne – l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain – est présenté par lui comme une loi fondamentale. Ce qui signifie que lui-même n’oppose pas miséricorde et loi puisque ce double amour est une loi.

Je vous ai fait grâce de la lecture complète de l’évangile puisque j’en ai seulement retenu la lecture brève. Dans le verset 17 – que je n’ai donc pas lu – Jésus affirme : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Et, ce qui est étonnant, c’est qu’à chaque fois, il a l’air de durcir la Loi de Moïse : « Vous avez appris …Eh bien moi je vous dis… » Et il va jusqu’à affirmer : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. »

Alors, comment nous, chrétiens, dans nos rapports entre nous, dans nos questions de mariage, de vie sexuelle, de justice, de respect de la vie et de tant et tant de questions vitales, devons-nous être encore plus durs que les scribes et les pharisiens ? En ce cas, comment penser la miséricorde ?

Si la miséricorde de Jésus inclut la compréhension, la tendresse, l’écoute, elle s’adresse aux personnes, pas aux actes ; la dureté de Jésus vise les actes, pas la personne. En accueillant la femme adultère, il relève la personne, mais réprouve son adultère et lui demande de ne plus pécher. En demeurant chez Zachée, il restaure sa dignité de fils d’Abraham mais l’aide à changer de vie. La Loi de Moïse, que Jésus n’est pas venu détruire mais mener à son accomplissement – à son épanouissement n’est pas là pour brimer notre liberté ou pour empêcher la miséricorde. Elle est là comme un chemin de choix entre l’eau et le feu, entre la vie et la mort, comme le dit Ben Sira le Sage qui ne fait que reprendre les paroles magnifiques de Moïse dans le livre du Deutéronome : « Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, moi qui te commande aujourd’hui d’aimer le Seigneur ton Dieu, de suivre ses chemins, de garder ses commandements, ses lois et ses coutumes. Ainsi tu vivras … et le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays où tu entres pour en prendre possession. » (Dt 30,15-16) Ce pays, c’est bien autre chose que la terre d’Israël : c’est le Royaume de Dieu. Miséricorde et lois sont faits pour faciliter notre accession au Royaume.

 

Il n’est jamais facile, que ce soit pour l’Eglise en général, ou pour chacun de nous en particulier, de lier avec justesse, à la suite du Christ, la miséricorde et les lois ; mais c’est le seul chemin qui nous soit possible avec l’aide de l’Esprit Saint. Pour rester fidèles au Christ, c’est le chemin ardu qu’il faut suivre en Eglise selon la belle phrase de Ben Sira : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. »

 

 

 

 

 

 

Homélie du 29 janvier 2023   4ème dimanche  temps ordinaire   Année A

So 2,3 ; 3,12-13     Ps 145     1 Co 1,26-31     Mt 5,1-12a

Par le Père Jean Paul Cazes

Il y a une bonne douzaine d’années, en quittant Rueil, j’ai vécu 10 mois au milieu de personnes souffrant d’un handicap, dans un des foyers de l’Arche, près de Saumur, en pleine campagne. Là, j’ai commencé à apprendre la sagesse des pauvres, la sagesse de ceux qui ne sont ni puissants, ni de haute naissance. J’ai appris, avec eux, à chanter les paroles de Paul : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi. Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi. »

Pour chanter cela en vérité, il m’a fallu vivre un lent mouvement de conversion, conversion qui n’est d’ailleurs pas achevée. Deux paroles bibliques ont marqué mon chemin. La première m’a été donnée par le psaume 138 qui dit : « C’est toi… qui m’a tissé dans le sein de ma mère. Je reconnais devant toi …l’être étonnant que je suis. ». Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais je sais que j’ai du mal à me reconnaître comme un être étonnant, même pour le Seigneur ; c’est probablement de la fausse humilité. Voilà que, depuis 3 ou 4 mois, je partageais la vie d’une trentaine de personnes souffrant de handicaps mentaux et physiques divers. Je les voyais avec leurs visages déformés, leurs gestes malhabiles, leurs difficultés à parler, leurs raisonnements simplistes. Je commençais à connaître les peurs de celui-là, les blessures d’une autre, les raisons du mutisme d’un troisième. Et le psaume me disait : « Je reconnais devant toi l’être étonnant que je suis. »  Vraiment, ces personnes : étonnantes ? Il m’a fallu du temps pour l’admettre. Et je ne l’ai admis que parce que c’est devant le Seigneur que ces êtres sont étonnants ; moi, j’avais plus de mal que le Seigneur. Mais, je commençais à être apprivoisé. Il faut du temps pour être apprivoisé, dit le renard au Petit Prince. Il faut du temps pour accepter d’être cœur à cœur avec de telles personnes. C’est comme un nouveau langage à apprendre :  celui du cœur. Il devrait être naturel, mais il ne l’est pas. Il a fallu que je l’apprenne au milieu d’eux. Un langage fait de gestes simples et de sourires. Un langage où la foi aussi est toute simple ; j’ai reçu des confessions magnifiques ; j’ai célébré deux baptêmes extraordinaires ainsi que des premières communions remplies de joie. Je parle là de personnes adultes, pas d’enfants. Oui, je vivais au milieu d’êtres étonnants.

Et pourtant, il a fallu que je franchisse une autre marche de conversion, grâce encore, là aussi, à la Bible. Un jour, dans la lettre que Paul écrit aux chrétiens de Philippe, j’ai lu ceci : « avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous. » (Ph 2, 3) Je me suis battu avec cette phrase des mois durant. Comment reconnaître, non seulement avec humilité, mais en vérité, que ces personnes étaient supérieures à moi ? Moi, j’ai été éduqué par mon père dans le culte de l’intelligence, l’intelligence rationnelle, celle qui avance dans la résolution de problèmes et la mise en œuvre de solutions techniques.

Je me refusais à redire le verset des Philippiens comme un perroquet. Je voulais pouvoir le dire en vérité, mais je n’y parvenais pas.

Il a fallu que l’Esprit Saint s’en mêle. J’ai été invité à partir avec une quinzaine de personnes handicapées vivre une retraite de trois jours dans un monastère près de Bordeaux. Je n’animais pas cette retraite, j’y étais présent seulement pour la vivre avec toutes ces personnes et dire la messe pour elles. J’y ai vécu des expériences extraordinaires, par le langage des gestes et par le regard. Et un jour où j’étais seul dans ma cellule, en train de repasser en moi ce que je vivais par cette retraite, j’ai vu clair, et cette lumière ne m’a pas quitté depuis. J’ai compris quelque chose de tout simple : j’ai compris que nous étions tous supérieurs les uns aux autres, et que cette supériorité n’était pas là pour écraser les autres mais pour servir. La supériorité des personnes au milieu desquelles j’avais le bonheur de vivre était celle du cœur, cette fraîcheur qui ne juge pas, cette spontanéité qui sait accueillir. Je vivais au milieu des Béatitudes, mais il m’a fallu un long temps, et une bonne dose d’Esprit Saint pour le découvrir.

Je précise : ce n’est pas parce que ces personnes souffrent d’un handicap qu’elles sont parfaites. Comme tout le monde, elles ont besoin de conversion car, comme tout le monde, elles ont des défauts et commettent des péchés. Mais Jean Vanier leur répétait souvent qu’il y a en chacune d’elles une vraie beauté : la beauté des « pauvres de cœur », la beauté des « humbles du pays ». Cette beauté est en chacun de nous, souvent recouverte par de fausses supériorités.

Je souhaite et j’espère que notre prochain Carême soit le moment privilégié pour redécouvrir cette beauté intérieure à la suite de Jésus, doux et humble de cœur.

 

 

Marche de Saint-Joseph 2022

(Les informations sur la prochaine Marche de Saint-Joseph (chapitre Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie) sont sur cette page.)

Le chapitre de la paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie a réuni 20 participants lors de l’édition 2022 de la Marche de Saint-Joseph. Quelques photos:

Au parc de Bagatelle :

À Saint-Augustin :

Devant et à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre :

 

Quelques photos de l’édition 2019 sur cette page.