Is 11,1-10 Ps 71(72) Ro 15,4-9 Mt 3,1-12
Par le père Jean Paul Cazes
Une bonne manière de lire une page de l’Ecriture sainte est de chercher quelle est la Bonne Nouvelle qui s’y trouve. L’Ecriture sainte entière est une Bonne nouvelle ; chaque page en contient un aspect.
Une autre manière de lire une page de l’Ecriture sainte, une manière plus scolaire, est de repérer les mots qui reviennent le plus souvent. Dans notre évangile de ce jour, c’est le mot conversion. Il revient trois fois sous des formes différentes : « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche ! …Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion …je vous baptise dans l’eau pour vous mener à la conversion… »
D’autres images, ou d‘autres mots viennent appuyer ce mot. Par exemple : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route …(ils reconnaissaient) leurs péchés …Produisez donc un fruit … il va nettoyer son aire à battre le blé. »
Depuis plusieurs jours, la neige a commencé de tomber sur les sommets. Les skieurs doivent se réjouir à la pensée de belles descentes et de belles conversions. Quand j’étais gamin, j’étais un piètre skieur (et je le suis encore) mais j’avais quand même appris le mouvement de conversion ; ce n’est pas de cette conversion dont il s’agit dans notre évangile, mais elle lui est apparentée, puisqu’il s’agit d’un retournement..
Il y a environ deux ans, j’ai eu la grande joie de baptiser un ami musulman. Accueilli par une communauté chrétienne chaleureuse, il a été conquis par la personnalité de Jésus. Il a changé de religion ; mais ce n’est pas non plus de cette conversion dont il s’agit dans notre évangile.
Et pourtant, il s’agit bien de conversion. Telle qu’elle est évoquée ici, cette conversion est une démarche en deux temps. Premier temps : reconnaître ses péchés ; « ils se faisaient baptiser par lui …en reconnaissant leurs péchés. » Second temps : exprimer par un changement de vie la grâce reçue : « Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion. »
Dans le chemin spirituel de l’Avent, où en sommes-nous de cette conversion ? Où en sommes-nous dans notre désir de reconnaître nos péchés par le sacrement du pardon ? Où en sommes-nous dans notre volonté d’améliorer quelque chose dans notre vie ? Peut-être nulle part encore, tant nous sommes submergés par les problèmes du quotidien, alors que le temps s’avance et que Noël s’approche.
Mais pourquoi reconnaître nos péchés, pourquoi vouloir améliorer quelque chose dans notre vie ? Est-ce pour être en règle avec les commandements de l’Eglise, et en paix avec notre conscience ? Ce serait déjà une bonne chose, mais bien insuffisante. La vraie conversion, pour nous qui sommes déjà pleinement baptisés, non pas par Jean-Baptiste, mais par le Christ, la vraie conversion ne peut nous habiter que si nous sommes conquis par Jésus. Nous confesser et produire une bonne œuvre, ce n’est pas pour répondre à un règlement, c’est pour nous précipiter dans les bras du Seigneur. Dimanche dernier, l’extrait de la lettre de St Paul aux chrétiens de Rome se terminait par l’image d’un vêtement : « Revêtez le Seigneur Jésus-Christ » écrivait l’Apôtre.
Au cours de cet Avent, avons-nous le désir d’être enveloppés de Jésus-Christ comme d’un manteau ? Souhaitons-nous être conquis par Jésus comme mon ami musulman l’a été ? Pour prendre une autre image : sommes-nous amoureux du Christ ? Si oui, alors, nous n’aurons pas peur de reconnaître nos péchés, et nous saurons quoi faire pour produire un fruit qui exprimera non pas une petite amélioration, mais bien plus : notre amour du Christ et de nos frères.