6 décembre 2020 2ème dimanche de l’Avent Année B
Isaïe 40, 1-5 + 9-11 Ps 84(85) 2 P 3,8-14 Marc 1, 1-8
Vous savez certainement que, depuis dimanche dernier, qui fut le premier jour de la nouvelle année chrétienne, nous sommes entrés dans l’année liturgique B durant laquelle les dimanches nous donneront l’évangile selon St Marc dont nous aujourd’hui avons les tout premiers versets : « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »
Certes, les évangiles nous aident à découvrir nos péchés et, surtout, à nous tourner vers celui qui pardonne ; cela est affirmé dès le verset 4 : « Alors, Jean, celui qui baptisait … proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » Que cela nous aide à nous confesser avant Noël.
Mais imaginons un instant que tous les hommes soient sans péché, pensez-vous que Jésus serait venu ? Car c’est bien lui qui est venu pardonner nos péchés. Alors, si nous étions purs de tout péché, que serait-il venu faire au milieu de nous ?
Je vais vous raconter une petite histoire. Ma filleule, Agnès, qui est actuellement maman de deux garçonnets, avait trois/quatre ans à l’époque. Ses parents vivaient dans les environs de Tours. J’essayais, comme je pouvais, d’aller voir ma filleule de temps à autre. Chaque fois, en bon parrain que j’étais, je lui apportais un petit cadeau. Cette fois-là, je n’avais pas eu le temps de faire mes courses. Je suis arrivé les mains vides. Agnès m’a fait comprendre qu’elle attendait un cadeau ; je lui ai dit : « Ma chérie, aujourd’hui, le cadeau, c’est moi ! » Elle a peu apprécié ! Nous sommes souvent des « Agnès » dans la vie chrétienne. Nous espérons des cadeaux sans faire attention au donateur.
Je reprends ma question : si les hommes étaient sans péché, pensez-vous que Jésus soit venu ? Sa venue aurait-elle une utilité ? Je pense que Jésus serait venu à notre rencontre ; car nous avons beaucoup plus besoin de lui que de ses cadeaux. C’est lui le cadeau ! La venue de Jésus au milieu de nous n’est pas d’abord utilitaire : elle est amoureuse. Aurions-nous été sans péché qu’Il serait venu tout simplement parce qu’il nous aime et veut nous dire l’amour de notre Père.
Les évangiles ne sont pas d’abord, et fondamentalement des livres de morale. Bien sûr, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Il est vrai que l’enseignement de Jésus a une valeur morale de premier ordre; Jésus nous aide à construire notre vie, à choisir entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice, entre la paix et la guerre, entre le pardon et la vengeance, entre l’amour et la haine. Les évangiles sont pour nous une source de sagesse. Mais ils ne sont pas des codes de bonne conduite. Ils sont la révélation d’une personne qui nous offre son amour afin que nous lui répondions par notre amour, d’où le titre de l’évangile selon st Marc : « Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. »
Ce titre est un programme. Il annonce le plan suivi par st Marc. Deux grandes parties dans son évangile. Première partie : Jésus est le Messie (ou le Christ, puisque vous savez que ces deux mots sont équivalents, l’un en hébreu, l’autre en grec). Seconde partie : Jésus est le Fils de Dieu. Ces deux parties s’articulent autour de la profession de foi de St Pierre au chapitre 8. La première partie va du baptême de Jésus à la profession de foi de Pierre. La seconde va de la profession de foi de Pierre à la Passion/Résurrection. En passant, remarquons que Marc commence son évangile non pas à la naissance de Jésus, comme Matthieu et Luc, mais à son baptême : c’est l’étendue de la mission de Jésus qui intéresse Marc. Et cette mission consiste à sauver l’humanité par l’adhésion à sa personne.
Marc veut nous mettre en présence de la personne de Jésus-Christ, bien plus que nous donner la totalité de son enseignement. D’ailleurs, même st Jean n’écrira pas la totalité de ce que Jésus a dit et fait puisqu‘il écrit : « Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. » (Jean 20, 30-31). St Jean résume dans ces deux versets l’intention de st Marc.
Ce qui nous sauve, nous les baptisés – et l’humanité à travers nous – ce n’est pas de suivre un enseignement moral à la lettre – même si cet enseignement est de première importance – mais d’être unis à la personne de Jésus, Christ, le Fils unique de Dieu son Père et notre Père.
Père Jean Paul Cazes