28 novembre 2021 1er dimanche de l’Avent Année C
Jr 33,14-16 Ps 24(25) 1 Th 3,12-4,2 Lc 21,25-28+34-36
Nous n’avons plus à attendre la venue du Messie.
Le peuple juif, le peuple de l’Alliance, attendait depuis longtemps la venue du Messie, celui qui allait rétablir définitivement l’Alliance avec Dieu. Les prophètes, depuis Moïse, en passant par Isaïe, Jérémie, David, espéraient le Messie. Selon les uns, les jours du Messie seraient les jours terribles du jugement de Dieu. Dans le livre du prophète Sophonie, on trouve les expressions qui ont donné naissance à un chant grégorien qu’on chantait lors des obsèques : « Dies irae, dies illa : Jour de fureur que ce jour, jour de détresse et d’angoisse, jour de désastre et de désolation … » (So 1, 15) et ainsi de suite. Jérémie voit le jour du Messie d’une tout autre façon, nous venons de l’entendre : « Voici venir des jours … où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. »
Qui a raison, Jérémie ou Sophonie ? Qui faut-il croire ? Les deux, bien sûr. Les jours du Messie attendus par le peuple juif sera un jour de bonheur où seront dévoilés le chemin du bien et celui du mal. C’est ce que le vieillard Syméon dit à Marie lors de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple : « Il (Jésus) est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilées les pensées secrètes de bien des cœurs. » (Lc 2,34-35)
Ce jour est arrivé il y a deux mille ans. Nous avons la grâce de le reconnaître dans le jour de la Nativité. La naissance de Jésus est un jour de bonheur parce qu’en sa personne le chemin du bien et celui du mal sont rendus visibles ; en Jésus, tout nous est donné pour que nous choisissions le chemin du bien. « Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin » dit le psaume d’aujourd’hui.
Nous n’avons plus à attendre la venue du Messie.
Nous pouvons attendre de fêter Noël, comme on fête un moment important de la vie de quelqu’un qu’on aime. Nous pouvons attendre de fêter Noël parce que c’est une fête de famille.
Mais le Messie attendu est venu. Il a pris chair dans le sein de la Vierge Marie. De cela, remercions notre Dieu qui non seulement nous donne son Fils, mais nous donne de le connaître et de le reconnaître en un homme véritable, né véritablement d’une femme comme tout être humain.
Nous n’avons plus à attendre le Messie puisqu’il est venu. Et pourtant, sa venue n’est pas une fin ; la date de sa naissance n’est pas une date butoir.
Jésus est venu pour nous enseigner ses voies, nous faire connaître sa route. Il nous tient la main, il nous dirige par sa vérité, il nous enseigne : il nous conduit sur la route du salut.
Noël n’est pas une fin en soi, mais un début, une aurore, un commencement, une ouverture. Si les juifs ont attendu le Messie, si, nous, nous avons la grâce de reconnaître le Messie dans la personne de Jésus, fils de Marie, fils de Dieu, nous attendons maintenant son retour définitif.
Le temps de l’Avent, qui commence aujourd’hui, n’est pas le temps de l’attente du Messie, mais le temps de l’attente de son retour définitif qui sera le jour de notre salut.
Mais si Dieu nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. Il nous envoie son Fils pour montrer son chemin aux pécheurs que nous sommes. Par Jésus, notre Père nous enseigne l’amour et la vérité, deux moyens – si je puis dire – pour préparer, à travers la rectitude de nos vies, le retour du Messie que nous affirmons tout de suite après la Consécration : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.
Ainsi, le temps de l’Avent est bien un temps d’attente, mais d’attente du retour du Messie.
A vrai dire, nous ne sommes pas très à l’aise avec cette attente. Nos ancêtres l’étaient beaucoup plus, eux qui ne rêvaient que d’entrer dans le royaume de Dieu. Pour nous, l’attente du retour du Messie, l’attente du royaume de Dieu nous donne l’impression de nous évader du monde. Or, c’est bien dans ce monde que notre Père lui-même nous demande de travailler. Comment concilier l’attente du retour glorieux du Messie et notre travail en ce monde ? Tout simplement en regardant notre travail comme une façon de préparer notre monde à s’ajuster au Royaume de Dieu. Si le Messie est venu nous faire connaître ses voies qui sont amour et vérité, c’est parce que son Royaume est amour et vérité.
(Frères et sœurs), que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant…Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs … lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ avec tous les saints.
C’est ce que St Paul nous souhaite, à travers les chrétiens de la ville de Thessalonique, en ce premier dimanche de l’Avent.