Homélie du 19 mars 2023   4ème dimanche de Carême  Année A

Par le Père Jean Paul Cazes

1 S 16 ,1b +6-7+10-13a     Ps 22(23)     Ep 5,8-14     Jn 9,1-41

 

Les tentations de Jésus ouvrent le Carême. Elles nous rappellent que ces quarante jours sont une période de combat. Mais trop souvent nous réduisons le sens et la valeur de ce combat. Il tourne autour de résolutions que nous avons du mal à suivre ; il tourne autour d’efforts et de sacrifices que nous reprenons chaque année sans parvenir à les appliquer.

Oui, le Carême est vraiment un combat, mais un combat dont le but est de voir enfin la beauté du Seigneur et la nôtre. Voilà pourquoi le second dimanche de Carême est celui de la Transfiguration. Les yeux de Pierre, de Jacques et de Jean s’ouvrent enfin pour découvrir que Jésus est infiniment plus qu’un grand prophète : il est le Verbe de Dieu fait chair. Les trois apôtres découvrent enfin la beauté du Christ, cette beauté qu’il nous offre dans le baptême : l’eau de la femme de Samarie est notre troisième dimanche de Carême.

Au lieu d’un combat étriqué autour de la suppression d’un carré de chocolat, le Carême est le merveilleux combat de l’ouverture de nos yeux pour qu’ils voient vraiment la beauté du Christ et la nôtre. Comme les apôtres, nous sommes des aveugles de naissance. Notre nature humaine, par elle-même, est incapable de voir que Dieu est beau et qu’il nous offre de partager sa beauté. Par nous-mêmes, nous sommes capables d’imaginer un Dieu de colère et de vengeance. Mais, par nous-mêmes, nous sommes incapables de concevoir unDieu qui soit uniquement amour, un Dieu qui pardonne. Nous sommes des aveugles de naissance; notre nature est trop limitée pour atteindre Dieu tel qu’il est.

Par la foi, le baptême nous ouvre les yeux. C’est par le baptême que nous pouvons enfin voir la beauté de Dieu, comme les apôtres l’ont vue lors de la Transfiguration. Le sens du combat du Carême consiste à garder les yeux ouverts. Chaque jour, il nous faut renouveler notre baptême, réouvrir les yeux sur les merveilles que le Seigneur produit dans notre vie et dans la vie de l’Eglise et du monde. C’est un vrai combat que de garder les yeux ouverts sur la beauté de Dieu, alors qu’ils sont si fascinés par la violence et par la haine. Certes, un chrétien n’est pas naïf : il connaît cette laideur, il doit la combattre parce qu’il croit qu’elle ne peut avoir le dernier mot. Il croit ce que Paul écrit aux chrétiens d’Ephèse : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

Si le Carême est un combat, c’est ce combat là qu’il faut mener jusqu’à Pâques.