Homélie du 13 novembre 2022   33ème dimanche   Année C

Mal 3,19-20a     Ps 97 (98),5-9     2Th 3,7-12     Lc 21,5-19

Par le Père Jean Paul Cazes

Je ne vous apprends rien si je vous dis que le mot grec « évangile » signifie « bonne nouvelle ». La bonne nouvelle fondamentale est celle du salut offert à tous les hommes par la Passion de Jésus-Christ, lui en qui nous croyons, lui qui est né d’une femme et qui est totalement Dieu et totalement homme.

Souvent, j’entends dire que l’évangile est difficile à lire et à comprendre. Pourtant, nous connaissons quelle est la manière de le lire ; nous savons quelle est la clef qui ouvre la compréhension de chaque page. Puisque l’évangile est globalement une bonne nouvelle, il suffit de chercher, dans chacune des pages, la bonne nouvelle particulière qu’elle nous offre.

Quelle est la bonne nouvelle de ce dimanche ? « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » Entendons bien de quelle vie Jésus nous parle : il s’agit de la vie qu’il est venu nous offrir, la vie dans l’Esprit, la vie avec le Père dans le royaume de Dieu. En un mot, la vie éternelle qui a commencé de germer en nous le jour de notre baptême.

C’est donc à la lumière de cette bonne nouvelle que nous pouvons lire cette page d’évangile pour ne pas nous laisser égarer par tous ceux qui se présentent comme de nouveaux messies, ou comme des réincarnations du Christ. Internet en est rempli !

Ne nous laissons pas effrayer non plus par ce que dit Jésus au sujet de la vie du monde comme au sujet des difficultés rencontrées par ses disciples. Tout cela, nous le savons, il n’y a qu’à lire les journaux. Nous pouvons même ajouter d’autres catastrophes, des catastrophes dans le monde comme des catastrophes dans l’Eglise. Je ne vais pas en dresser la liste, vous saurez le faire aussi bien que moi.

Toutes ces catastrophes – que ce soit le covid, la guerre en Ukraine, la faute du cardinal Ricard et de tant de prêtres – tout cela bouscule notreconfiance. Sur qui, en quoi, en qui notre confiance repose-t-elle ? la question est éternelle. Déjà, au temps du prophète Malachie – c’est-à-dire environ 450 ans avant le Christ – les Hébreux traversaient une période de grand découragement et de doute. Il serait trop long de détailler ce qui leur a permis de sortir de ce découragement ; notre première lecture ne donne que quelques versets du livre de Malachie. Ces versets redisent l’espérance de la venue du Seigneur et la certitude que craindre le Seigneur – c’est-à-dire non pas avoir peur de lui, mais le respecter, l’adorer, suivre ses préceptes – apportera la guérison du cœur.

Nous, chrétiens, nous avons bien plus que Malachie. Le Christ nous a été donné, lui qui est bien plus qu’un prophète. Nous savons que le jour du Seigneur est venu et qu’il ne cesse de venir car notre Dieu est celui qui vient toujours à notre rencontre, il fait toujours le premier pas. Le jour du Seigneur est aujourd’hui, comme ce sera demain, puisque chaque jour le Christ nous offre les dons de son Esprit qui sont amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur et maîtrise de soi (Ga 5,22)

Notre confiance personnelle et communautaire repose-t-elle vraiment sur le Christ, dans le Christ ? Devant les difficultés, les menaces, notre seul rempart est le Christ. Bien sûr, ce n’est pas le Christ qui va trouver des solutions à la crise économique, ce n’est pas lui qui va remplir les paniers de la ménagère, ni résoudre la crise de l’énergie, ni trouver des vaccins nouveaux contre le covid, ou trouver des solutions diplomatiques entre Kiev et Moscou. Ce n’est pas lui, non plus, qui effacera d’un coup de baguette magique les crimes commis dans l’Eglise. C’est à nous de relever les manches. Mais, si nous manquons d’espérance, aurons-nous la force de chercher des solutions ? Si nous ne sommes pas accrochés à Jésus-Christ, unis à lui, nourris de lui, où trouver la persévérance nécessaire pour garder notre vie ?

Jésus-Christ n’est la solution de rien, mais l’espérance et la force pour chercher des solutions. Nous, chrétiens, nous n’avons que le nom du Christ à dire au monde. Encore faut-il être liés à lui. Comment ? Nous en connaissons les moyens :  prière personnelle, familiale, communautaire ; lecture de la Bible ou, au moins, des évangiles ; fréquentation des sacrements en général, de l’Eucharistie en particulier ; engagement au service d’autrui et particulièrement des plus pauvres Nous savons tout cela ; c’est tout cela qui nous nourrit de Jésus-Christ.

 

Dans deux semaines, l’année chrétienne nouvelle s’ouvrira. Voilà une splendide occasion pour faire le point de notre comportement de disciples ; une splendide occasion de nous préparer à accueillir le Jour du Seigneur en vivant plus intensément notre désir d’être unis au Christ. Car, nous le croyons : c’est lui qui apporte dans son rayonnement la guérison de nos découragements et de nos doutes.