par le père Jean Paul Cazes
So 3,14-18a Cantique Is 12 Phi 4,4-7 Lc 3,10-18
Ce troisième dimanche de l’Avent, comme le quatrième du Carême, est le dimanche de la Joie : « Pousse des cris de joie …éclate en ovations, réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie » écrit le prophète Sophonie. Le cantique du prophète Isaïe nous fait dire : « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. » Quant à Paul, il dit aux chrétiens de la ville de Philippe : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur. » Et, comme il n’est pas certain d’être bien compris, il répète : « je le redis : soyez dans la joie. »
En effet, Paul a raison de répéter : il n’est pas facile d’être dans la joie. Cela n’était pas facile du temps de Paul, ce n’est pas facile aujourd’hui au milieu des événements nationaux et internationaux. De plus, il est probable que certains d’entre nous viennent ce soir porteurs de lourds fardeaux.
Cependant, nous pouvons relever des raisons de joie. La première, pour nous, est d’accueillir Lucas et Christian qui vivent leur entrée officielle en catéchuménat ; bienvenue à chacun d’eux et, à travers eux, aux autres membres de notre catéchuménat. Tous, ils sont un signe de l’action de l’Esprit Saint, et de la vitalité de notre communauté paroissiale. Voilà d’ailleurs une occasion supplémentaire de vous dire combien nous avons besoin de nouveaux accompagnateurs pour ne pas laisser à la porte tous ceux qui frappent.
Autre raison de joie : la reconstruction de Notre Dame. Voilà une belle aventure commune menée par plusieurs milliers d’artisans. Si le général Georgelin était encore en vie – lui qui était paroissien de St Pierre-St Paul – il mériterait nos applaudissements ; que le Seigneur et la Vierge Marie l’accueillent dans la joie sans fin.
Enfin, réjouissons-nous pour nos amis corses qui accueillent aujourd’hui le saint Père. François se rend sur l’île pour mettre en honneur la piété populaire, c’est-à-dire non pas la foi du charbonnier, mais la foi profonde de celles et ceux qui, du fond de leur être, savent trouver des gestes et des mots que ne savent pas aisément trouver les plus grands théologiens.
Oui, nous avons des raisons objectives de pousser des cris de joie et d’éclater en ovations.
Mais, la plus grande raison de joie est que le Seigneur est proche, comme l’écrit Paul. Proche car dans dix jours nous fêterons sa naissance. Mais Sophonie dit mieux que Paul ; il dit : « Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. » Si Noël s’approche avec ses lampions, ses cadeaux, ses fêtes de famille – essayons de ne pas oublier ceux qui sont seuls et pour qui Noël est une épreuve – nous avons mieux qu’une fête annuelle : nous avons la messe qui nous donne la présence réelle du Christ. Chaque messe est une raison de bondir de joie, puisque le Seigneur est là et qu’il désire être en chacun de nous.
Cette joie de sa présence est aussi joie du salut car il est « le héros qui apporte le salut ». Comment décrire ce qu’est le salut ? Pour faire vite, je dirais que le salut est le fait d’être définitivement relié à Dieu grâce à Jésus. Aucun d’entre nous, même le plus grand des saints, ne peut, de lui-même, se hisser au niveau de Dieu ; si nous y parvenons, c’est un cadeau venant de l’amour du cœur de Dieu grâce à Jésus.
Alors, si la cause de notre joie est la présence en nous du Christ vivant, si sa présence nous donne d’être reliés par grâce à Dieu, comment pourrions-nous ne pas partager cette joie ? « (Jean-Baptiste) annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » La raison d’être de l’Eglise, est d’annoncer le Christ. Et quand je parle de l’Eglise, je parle de chacun de nous. Que faut-il faire pour cela ? Aux foules Jean-Baptiste demande de vêtir et de nourrir ceux qui sont dans le besoin ; aux percepteurs de son temps, d’être honnêtes ; aux soldats de son temps, de faire régner l’ordre sans violence. En somme, il demande à chacun de remplir son devoir d’état par amour et respect d’autrui. Là est la joie.
Encore dix jours avant Noël : que devons-nous faire, pour nous y préparer ? A chacun de nous, dans l’état de vie qui est le sien, de répondre à cette question. Alors, la joie du Christ sera la nôtre.