Actes des Apôtres 8,5-8+14-17 Ps 65 1P 3,15-18 Jn 14,15-21
Par le Père Jean Paul Cazes
St Pierre, dans l’extrait de sa première épître entendu il y a un instant, nous recommande d’être prêts, à tout moment, à rendre compte de notre foi à ceux qui en doutent ou même qui la combattent. Il précise qu’il faut le faire avec douceur et respect.
Nous savons tous que cela est difficile. Qui d’entre nous, au bureau, en famille, ou au cours d’une discussion, n’a pas hésité à prendre position pour défendre notre foi ? Pour ouvrir la bouche, il faut une bonne dose de courage et une grande confiance en l’Esprit Saint. Mais, quelles que soient les difficultés, la demande de St Pierre demeure toujours valable : nécessité de témoigner de notre foi.
Cependant, je me demande si nous témoignons bien de la foi chrétienne. Nous pensons à Dieu, nous prions Dieu, nous parlons de Dieu, mais est-ce à la Sainte Trinité que nous pensons ? Car la Trinité semble être une difficulté supplémentaire pour beaucoup de chrétiens. Croire à la Trinité, qu’est-ce que cela change dans la foi ? Est-ce que croire à la Trinité nous aide à mieux vivre notre foi au milieu des contraintes de la vie quotidienne ? Est-ce que cette manière de voir n’est pas seulement un sujet de théologiens, bien éloigné des sujets de la vie contemporaine ? N’est-ce pas se torturer l’esprit alors que tant de problèmes requièrent notre attention et nos forces ? Ne suffit-il pas de croire en Dieu, tout simplement, et, pour ce qui est de la vie quotidienne, suivre les enseignements de Jésus, ce qui est déjà assez dur comme ça ?
La Trinité serait-elle donc une difficulté inutile ? En disant cela, je m’inspire du titre d’un théologien actuel qui a fait paraître un livre tout à fait remarquable sous le titre : « Dieu, un détour inutile ? » (éditions du Cerf) avec un point d’interrogation.
Pourtant, tous ceux et celles qui sont baptisés le sont au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Nous avons commencé cette messe au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit et c’est ainsi qu’elle se terminera. Le Gloire à Dieu, le Je crois en Dieu nomment le Père, le Fils et l’Esprit. La prière eucharistique commence et finit par la glorification du Père, passe par l’invocation de l’Esprit sur le pain le vin et sur l’assemblée que nous sommes ; les paroles de la consécration actualisent les paroles de Jésus et le rendent sacramentellement présent au milieu de nous pour notre nourriture. Jésus, lorsqu’il forme ses disciples à la prière, ne leur apprend pas autre chose que le Notre Père ; et dans l’évangile d’aujourd’hui, il promet de nous donner l’Esprit de Vérité. Dans la même phrase, il évoque, avec lui, les deux autres personnes de la Trinité : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous … »
Est-ce donc si important de croire à la Trinité ? Dire Dieu, penser à Dieu, prier Dieu, n’est-ce pas suffisant ? Non, effectivement. Le mot de Dieu, la réalité de Dieu n’est pas spécifiquement chrétien ; toutes les grandes religions parlent de Dieu. Alors, autant être musulmans, c’est plus simple ! Mais je ne crois pas que Mahomet a sauvé l’humanité. C’est Jésus-Christ, fils de Marie et Fils de Dieu, lui qui est vrai Dieu et vrai homme, qui, en nous donnant de son Esprit, nous uni au Père et fait de nous des fils et des filles du Père, en même temps que des frères et des sœurs les uns pour les autres. Et ceci est typique du christianisme. Typique de notre foi, celle dont Jésus-Christ est venu témoigner.
Il est évident qu’une pauvre petite homélie de douze minutes est incapable de rendre compte de la plénitude de notre foi en la Trinité. Si j’évoque ce sujet c’est, d’une part, parce que Jésus en parle lui-même et nous prépare à la Pentecôte. Et que, d’autre part, hier, dans la groupe « Vivre la Bible », j’ai senti la difficulté exprimée par plusieurs de penser à la Trinité ; voilà pourquoi je soulève cette question.
Question à laquelle je répondrai par un seul élément alors qu’il serait nécessaire d’évoquer tout ce qui relie notre vie chrétienne et la Trinité. Le seul élément que je vous soumets est celui-ci : si notre foi est de croire seulement en Dieu, sans aucune autre précision, alors, nous ne pouvons pas dire, en toute vérité, que nous sommes ses fils et ses filles. Si nous croyons en Dieu, sans autre précision, alors nous ne pouvons pas dire qu’il a envoyé son Fils unique pour nous sauver et nous rendre participants de sa divinité. Au mieux, nous serons les serviteurs de Dieu, alors que Jésus est venu faire de nous ses amis. : c’est lui-même qui l’affirme.
Croire que le Dieu unique est une unité d’amour et de respect entre le Père, le Fils et le Saint Esprit a des répercussions profondes sur notre vie de foi : nous sommes fils et filles du Père, frères et sœurs de Jésus et entre nous, temples du Saint Esprit.
C’est cette foi que st Pierre nous incite à défendre, avec douceur et respect, aux yeux de nos collègues de travail, de nos familles et de nos amis, avec l’aide et la force de l’Esprit de Vérité.