Hab 1, 2-3 ; 2,2-4 Ps 94 2Tm 1, 6-8+13-4 Lc 17,5-10
La liturgie de ce dimanche nous offre un passage du prophète Habaquq, un passage de la secondeépître de Paul à Timothée et un passage de l’évangile selon st Luc. Quel rapport entre ces trois passages ? La foi, et la foi sous plusieurs aspects.
Le dernier verset d’Habaquq est : « …le juste vivra par sa fidélité. » St Paul reprendra cette affirmation dans beaucoup de ses épîtres pour nous dire que c’est par la foi en Jésus-Christ, et par elle seul, que nous sommes en lien avec Dieu. C’est par la foi en Jésus-Christ que nous sommes sauvés. Certes, notre foi doit être active ; elle doit produire des fruits qui sont nos mérites. Mais nous pourrions avoir les plus grands mérites du monde, ils ne nous sauveraient pas. C’est le Christ lui-même, par sa mort et sa résurrection, qui nous offre le salut. Par contre, si la foi en lui, et non pas nos actes, nous offre le salut, c’est-à-dire l’union avec Dieu, nos actes peuvent nous séparer du Seigneur.
Dans notre seconde lecture, le même st Paul dit à son disciple Timothée : « Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. » La foi ne nous appartient pas, ; en rigueur de terme, nous ne pouvons pas dire « J’ai la foi » ; il serait meilleur de dire : « je suis croyant » ; la foi est d’abord un don de Dieu auquel nous répondons en la gardant et en la faisant croître comme une bonne plante. Souvent, tel ou tel d’entre vous m’a dit : mon petit-fils n’a pas la foi, pourquoi ? Il y a de multiples raisons à cela. Dieu ne demande qu’une chose pour donner la foi : une ouverture d’esprit et de cœur. Car la foi, il l’offre à tous. Pouvons-nous penser, un instant, que ce qui est si nécessaire à l’homme soit refusé par Dieu ? Pouvons-nous penser un instant que Dieu, qui est notre Père à tous, puisse, comme dans un jeu cynique, offrir la foi à certains et la refuser à d’autres ? Mais l’être humain est délicat à manier, même pour Dieu ; si notre Père offre la foi, il ne l’impose jamais ; la foi est offerte, mais la réponse de foi doit être libre. Parfois, tout simplement, la réponse de foi ne vient pas parce que tel ou tel n’a jamais entendu parler de Jésus-Christ, y compris dans nos propres familles.
Quant à Jésus, dans st Luc, il dit : « Si vous aviez la foi comme une graine de moutarde … » Là, il s’agit de l’efficacité, ou de la puissance de la foi. (Entre parenthèses, j’espère que vous avez remarqué l’humour de Jésus : vous voyez le bois de Boulogne qui se déracine pour aller piquer une tête dans laSeine ?) Jésus affirme que l’efficacité de la foi vient d’une foi minuscule. Ce qui veut dire que nous n’avons même pas une graine de moutarde de foi ; ou que nous ne savons pas nous en servir. En somme, nous ne croyons pas à la foi ! Nous ne croyons pas en son efficacité. Certes, si la foi avait en nous son origine, elle ne produirait pas grand-chose ; mais est-ce de nous qu’elle dépend ? Il dépend de nous de la recevoir, certes, mais nous n’en sommes pas l’origine. Or, dans la mesure où l’origine de la foi c’est le Seigneur, pourquoi douter de son efficacité ?
De ces quelques remarques, je tire trois prières possibles que je vous suggère.
Connaître, d’aimer et de croire dans le Christ. Comme l’écrit Paul aux Ephésiens : « C’est par la grâce … que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n’y êtes pour rien, c’est le don de Dieu.Cela ne vient pas des œuvres … (Eph 2,8-9)
vient d’être guéri par le Christ : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9,24)
suffisamment dans l’efficacité de la foi que tu nous donnes. Avec elle, nous pouvons réaliser bien plus et bien mieux que de transplanter des forêts, commePierre qui guérit l’infirme en lui disant : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ…marche ! » (Ac 3,6)
