Homélie du 5 janvier 2025 EPIPHANIE DU SEIGNEUR

Isaïe 60, 1-6 Psaume 71 Eph 3,2-3a+5-6 Matthieu 2,1-12
 
Par le père Jean Paul Cazes
 

Jésus est né de la Vierge Marie ; il a été déposé par elle dans une mangeoire qui se trouvait, selon toute vraisemblance, dans une de ces grottes naturelles utilisées par les bergers de Bethléem. Des anges ont chanté sa naissance. Des bergers – probablement ceux qui gardaient leurs troupeaux dans les environs – sont venus adorer l’Enfant.

Bien plus tard, des étrangers sont venus, eux aussi, adorer l’Enfant. Personne ne connaît leurs noms ; on ne sait pas combien ils étaient. Guidés par une étoile, et sur les indications des scribes convoqués par le roi Hérode, ils arrivent non pas dans une grotte mais dans une maison. Jésus avait peut-être déjà un an ou même deux ; on peut le supposer puisqu’après le départ des mages, Hérode fait massacrer les enfants de Bethléem âgés d’environ deux ans : cela est rapporté par Matthieu, au verset 16 de son chapitre 2.

Matthieu est le seul des quatre évangélistes à raconter cet épisode. Ne cherchons pas chez les trois autres à apprendre le nom des mages, leur nombre et leur rang social. Personne ne met en cause la vérité de ce que Matthieu raconte ; mais la vérité de cette visite est aussi, en même temps, symbolique ; car il ne faut pas opposer la vérité et le symbole ; le symbole s’appuie sur la vérité. Quel est le symbole ? Nous le trouvons clairement énoncé dans notre seconde lecture qui est de st Paul aux chrétiens de la ville d’Ephèse :

« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile.»

Au passage, laissez-moi vous rappeler que le mot «mystère», chez st Paul, ne signifie pas quelque chose de caché ; bien au contraire, Paul dit lui-même que ce mystère, ignoré par les générations passées, a été révélé aux apôtres. Il est révélé, mais c’est toujours un mystère. Pour donner un équivalent, il convient de dire : réalité de foi. Le mystère, dans le Nouveau Testament, est une réalité de foi. C’est exactement ce que nous chantons après la consécration : « il est grand le mystère de la foi. »

Donc Paul écrit : « Cette réalité de foi, c’est que  toutes les nations ont été associées à l’héritage » du peuple juif grâce au Christ Jésus. Il écrit cela aux
chrétiens d’Ephèse qui sont, pour la plupart, issus du peuple grec, donc non-juif. Toute son action missionnaire a consisté dans l’annonce de l’Evangile
aux non-juifs, aux païens. Si nous sommes chrétiens aujourd’hui, c’est en grand partie à Paul que nous le devons, nous qui sommes issus de peuples non-juifs.
Soupesons bien ce qui nous est dit : le fait que les étrangers au peuple juif aient été associés au salut est une réalité de foi ; c’est bien plus, et bien autre chose
qu’une réalité sociologique ou qu’un simple hasard.
Voilà que se réalise l’antique bénédiction offerte à Abraham, le père de toutes les nations (Gn 17, 4-6); voilà que se concrétise le dernier ordre du Christ :
«Allez donc: de toutes les nations faites des disciples… » (Mt 28,19)
La visite des mages est tout autre chose qu’une jolie histoire destinée à placer de nouveaux santons dans nos crèches et à manger des galettes. L’Epiphanie
est une réalité de foi – un mystère – absolument essentielle, une réalité missionnaire. Voilà pourquoi l’ADN de tous les membres de l’Eglise est missionnaire.
Car il est urgent d’inviter tous les peules à partager, grâce à Jésus, les richesses de foi portées par le peuple juif. On ne peut pas placer les mages dans nos crèches sans vouloir que notre voisin découvre, un jour, que le Christ l’aime et a donné sa vie pour lui aussi.

Les mages ont été guidés par une étoile.

Notre étoile à nous, c’est Jésus lui-même ; comme le dit d’une manière si poétique le livre de l’Apocalypse, il est l’étoile resplendissante du matin. (Apo 22,16)