par le père Jean Paul Cazes
Gn 15, 5-12+17-18 Psaume 26 Phi 3,17-4,1 Luc 9,28b-36
(entrée en catéchuménat de Mélycia, Tara, Sandra, Lilian)
Pourquoi la Transfiguration n’a-t-elle pas droit, comme les autres événements de la vie du Seigneur, à une fête particulière ? Certes, ce passage est lu chaque année, durant le second dimanche de Carême, mais c’est le Carême qui prédomine ; la Transfiguration n’est ici qu’une sorte de faire-valoir. Certes, elle est fêtée le 6 août ; mais nous sommes en vacances, et, la plupart du temps, le 6 août tombe un jour de semaine. Si bien que nous ne percevons pas l’importance de cette fête pour la vie de Jésus et pour la nôtre.
Elle est importante à plusieurs titres. Elle résume la vie terrestre de Jésus et donc sa mission. On y trouve l’allusion à son baptême puisque la voix du Père dit à peu près la même chose, et Jésus parle de son « départ », c’est-à-dire de sa Passion : baptême, Passion, les deux bouts de la vie terrestre de Jésus. La Résurrection est signifiée par la gloire qui entoure Jésus, par son visage qui devient tout autre et par la blancheur de son vêtement. L’ancien Testament est représenté par Moïse et Elie, le nouveau Testamentest représenté par les trois Apôtres qui, d’ailleurs, seront présents aussi à Gethsémani ; ce qui veut dire que toute la Bible est présente. La vie du peuple juif est également représentée par l’allusion aux tentes, les tentes sous lesquels les Hébreux ont vécu quarante ans. La présence de l’Esprit se manifeste par une nuée paradoxale qui couvre les Apôtres de son ombre, alors qu’au baptême du Christ il s’est montré comme une colombe. Sans aller plus loin, vous pouvez déjà pressentir que ce passage, qu’il soit dans Matthieu, Marc ou Luc, est central pour la vie et la mission de Jésus.
Il faudrait aussi développer le fait que la Transfiguration est un des moyens que Jésus utilise pour sa mission de salut. Pour nous sauver, Jésus enseigne ; il guérit ; il pardonne ; il s’incarne dans le sein de Marie : il accepte par amour sa Passion…la liste n’est pas close. La Transfiguration est une autre manière de nous sauver. Car, tout ce que Jésus vit, il nous le donne. Il nous offre de nous transfigurer, c’est-à-dire de nous permettre d’atteindre notre identité profonde qui est souvent bien cachée : notre identité de fils et de filles de Dieu, celle que nos quatre amis de ce soir vont recevoir comme un cadeau le jour de leur baptême.
Pour vous quatre maintenant, vous qui commencez aujourd’hui, de manière officielle, votre marche vers la Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, je souhaite mettre en lumière lesrichesses contenues dans la première phrase qui dit : « En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. » Accueillez cette seule phrase comme le cadeau de ce jour. Vous aussi, Lilian, Melicya, Sandra et Tara, comme les trois apôtres, Jésus vous prend avec lui. Aujourd’hui, vous devenez ses compagnons de route. Il vous prend sur une route qui monte. Une route de montagne suppose des efforts. Suivre Jésus n’est pas de tout repos ; il est exigeant d’essayer d’aimer y compris nos ennemis, il est exigeant d’essayer de faire du bien à ceux qui nous haïssent et de tendre la main à ceux qui nous ignorent. Vous entrez aujourd’hui dans un temps d’essai, un temps de discernement : est-ce bien ce chemin que vous voulez suivre avec Jésus ? D’autant que Jésus, s’il nous même à la Transfiguration, nous mène d’abord à la croix sous une forme ou sous une autre. Je dis cela non pas pour vous décourager et vous effrayer mais pour vous dire la réalité de la vie à la suite de Jésus. Mais vous n’êtes pas seuls. Si Jésus vous prend aujourd’hui à sa suite, c’est qu’il vous a déjà appelés, depuis longtemps, même si vous l’ignorez encore. Et il vous donne des compagnons de route : vos accompagnateurs, le groupe entier du Catéchuménat, et les chrétiens qui composent cette assemblée et qui prient ce soir à votre intention. Non, vous n’êtes pas seuls sur cette route qui monte.
Jésus monte avec vous pour prier en haut de la montagne. Non pas pour dire des prières car, curieusement, on peut dire beaucoup de prières sans prier. Prier, c’est entrer en relation d’amitiépersonnelle avec Dieu notre Père, grâce à Jésus et dans la nuée de l’Esprit. Jésus vous emmène pour que vous puissiez découvrir et partager avec lui ce qui est le cœur de son cœur : son lien d’amour et de confiance envers celui qu’il nomme son Père. C’est ce lien d’amour et de confiance qu’il souhaite plus que tout partager avec nous, les hommes. Voilà pourquoi il vous emmène sur la montagne pour que vous deveniez ensuite ses témoins quand vous aurez reçu l’Esprit Saint lors de votre Confirmation.
Pour cette ascension avec Jésus, cette ascensiondans laquelle nous vous accompagnons, vous pouvez vous appliquer, sans fausse humilité, ce que st Paul écrivait aux chrétiens de la ville de Philippes et que nous avons entendu dans notre seconde lecture : « Ainsi, mes frères (et soeurs)bien-aimés Lilian, Melicya, Sandra et Tara, … vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. »