Homelie du 13 octobre 2024     28ème dimanche ordinaire   Année B

Par le pere Jean Paul Cazes

Messe des familles

Sg 7,7-11     Psaume  89     Mc10, 17-30

 

La question centrale de l’évangile d’aujourd’hui est la manière d’acquérir la vie éternelle, cette vie de justice et d‘amour dans laquelle Jésus lui-même est entré depuis sa résurrection. Jésus va dire à ses disciples qu’il est difficile aux riches d’entrer dans cette vie.

Pour éviter une erreur, il faut tout de suite préciser que Jésus est venu sauver les riches comme les pauvres. La lutte des classes n’existe pas dans l’évangile ; elle existe chez Karl Marx que Jésus n’a pas lu. Jésus aime tous les hommes, il est venu leur offrir à tous son amour et la possibilité d’entrer dans sa vie, c’est-à-dire la vie éternelle. Mais il observe qu’il est plus difficile aux riches qu’aux pauvres d’y entrer. Et comme il souhaite que tous accèdent à sa vie, il propose aux riches une chose très simple à dire mais plus difficile à faire : à cause de lui, à cause de notre amour pour lui, quitter nos biens :  « Amen, je vous le dis, nul n’aura quitté à cause de moi et de l’Evangile une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »

Alors, là aussi, attention aux mauvaises interprétations. Jésus ne nous demande absolument pas de vivre solitaires et dans le dénuement. Nous ne sommes pas des St François d’Assise. Pour vivre, il nous faut un logement, et ceux qui se battent pour loger les sans-abris font une belle œuvre aux yeux de Dieu. Nous avons tous une famille, et même moi qui n’ai pas fondé de famille, j’ai une famille à laquelle je suis très très attaché ; et ceux qui promeuvent la beauté de la famille font une belle œuvre aux yeux de Dieu ; sinon on ne comprendrait pas que l’Eglise honore la Sainte Famille quelques jours après Noël.  Alors, essayons de bien comprendre ce que souhaite Jésus.

Si on regarde les quatre évangiles avec soin, on s’aperçoit que Jésus bénéficiait de la maison de Pierre à Capharnaüm, de celle de Marthe, de Marie et de Lazare à Béthanie. On s’aperçoit qu’il a vécu dans une famille, qu’il n’a pas rejeté sa mère et qu’il a honoré son père Joseph. Certes, il n’a pas eu d’enfants et n’a pas été propriétaire. Mais alors, si lui-même a bénéficié d’un logement, si lui-même était membre d’une famille, comment le comprendre quand il dit qu’il faut quitter tout cela ? Comme dit notre première lecture, demandons le discernement.

Qu’on soit chrétien ou non, on a besoin d’un logement, on a besoin de moyens de vivre, et il est bon de vivre au milieu d’une famille. Mais la valeur de notre vie ne se mesure pas à la taille de notre maison, ni à notre richesse financière, ni à la puissance de notre famille. Pour nous, chrétiens, la valeur de notre vie se mesure à notre attachement à Jésus-Christ. Voilà pourquoi il dit : « nul n’aura quitté à cause de moi et de l’Evangile … » Le critère d’une vie réussie, c’est notre amour pour lui.

Dans notre première lecture, l’auteur ne nous dit pas qu’il a renoncé à la puissance ; il ne nous dit pas qu’il a renoncé à la lumière ; Il nous dit qu’il a préféré la sagesse et que tous les biens lui sont venus par elle et, par ses mains, une richesse incalculable. Préférer Jésus, ce n’est pas regarder ce qui est humain comme négligeable ou mauvais ; préférer Jésus c’est le prendre comme critère fondamental de la réussite de notre vie. En l’aimant, lui, le premier, nous aimons véritablement nos frères, nos sœurs, nos parents et nos biens matériels.

Notre évangile ne nous dit pas de sortir nus de cette église.  Il nous dit que le critère d’une belle vie, le critère pour aimer saintement nos familles et nos biens et ne pas en faire des absolus, c’est notre amour pour Jésus. Seul Jésus, avec son Père et l’Esprit Saint, est un absolu. Et c’est lui qui nous permet d’entrer dans la vie éternelle et d’y faire entrer ceux que nous aimons.

La bonne question à nous poser aujourd’hui peut être celle-ci : quel est notre vrai trésor ? En y répondant, nous saurons si nous sommes sur le chemin de la vie éternelle à la suite de Jésus.