Par le père Jean Paul Cazes
Is 66,10-14c Ps 65 Ga 6,14-18 Lc 10,1-12+17-20 (lecture brève : 10,1-9)
Dans cet évangile, nous sommes facilement obnubilés par ce que dit Jésus quant au nombre des ouvriers : » La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Et nous rêvons à l’heureux moment où il y aurait assez d’ouvriers.
Mais permettez-moi quelques remarques.
La moisson sera toujours plus importante que le nombre d’ouvriers nécessaires. Heureusement ! Réjouissons-nous devant la moisson abondante au lieu de pleurer sur le petit nombre des ouvriers. Regardons, par exemple, le nombre croissant des catéchumènes, que ce soit dans notre paroisse, ou, plus largement, en France. Jésus ne dit pas : les ouvriers sont peu nombreux, car la moisson est abondante. Il dit : la moisson est abondante. C’est cela qui est premier, et qui est réjouissant. Le Père nous donne une moisson abondante : sachons le remercier pour cela avant de nous désoler du petit nombre d’ouvriers.
Prions-le pour que la moisson soit toujours plus abondante ; et si nous savons le remercier, alors notre demande d’ouvriers sera bien accueillie.
Car, c’est vrai, les ouvriers sont peu nombreux au regard de la moisson à entreprendre. Cette année, pour notre diocèse de Nanterre, il y a eu une seule ordination. Pour l’an prochain, aucune. Alors oui, il faut prier le maître de la moisson.
Mais il faut le prier pour obtenir des ouvriers de la moisson, pas uniquement des prêtres. Dans notre évangile, Jésus envoie 72 disciples ; il ne s’agit pas des Douze apôtres, mais de 72 parmi tous ceux qui suivaient Jésus. Ce qui veut dire que tout baptisé est appelé à la moisson. C’est là que se vérifie la pertinence de l’expression « disciples-missionnaires » chère au Pape François. Encore une fois, c’est la moisson qui est importante en même temps que la mission. Si les mots « disciple » et missionnaire » marchent ensemble, les mots « moisson » et « mission » aussi. Les 72 sont envoyés pour annoncer que le Règne de Dieu s’est approché de nous : le temps de la moisson est arrivé.
Rien ne sert de demander des ouvriers si nous n’acceptons pas de l’être nous-mêmes. Chacun de nous, par son baptême et sa confirmation, est légitime pour faire partie des moissonneurs. Ce qui est urgent, ce n’est pas le nombre des prêtres ; ce qui est urgent, c’est la moisson-mission.
Si chaque paroisse, si chaque communauté chrétienne avait la passion de la moisson-mission, alors le Seigneur ferait se lever au milieu d’elle un nombre suffisant de moissonneurs.
Que le Seigneur fasse de chacun de nous, et de notre paroisse entière, une communauté de disciples-missionnaires, une communauté passionnée par la moisson-mission pour que se lèvent au milieu de nous les ouvriers et les ouvrières dont l’Eglise a besoin pour le salut du monde.
