Exode 17,3-7 Psaume 94 Romains 5,1-2+5-8 Jean 4,5-42
Vous connaissez la succession des évangiles du dimanche de l’année A : d’abord, les tentations de Jésus ; puis la Transfiguration ; suivent la samaritaine, comme aujourd’hui ; puis la guérison de l’aveugle-né ; et enfin la résurrection de Lazare. Qu’est-ce que cela nous dit du carême ?
Le Carême est un combat contre le mal à la suite du Christ. Mais le présenter uniquement comme un combat contre le péché en réduit le sens. C’est un combat en vue de retrouver notre beauté spirituelle. Le Carême n’est pas seulement un combat « contre », un combat en « vue de ». C’est un combat pour être transfiguré comme le Christ et avec lui. Car nous sommes fondamentalement beaux ; les péchés nous abiment, mais en surface seulement. Au plus profond de nous-mêmes réside la beauté qui nous a été donnée au Baptême : c’est ce qu’écrit Paul aux chrétiens de Rome quand il dit que nous sommes devenus justes par la foi et que nous avons l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu, à la beauté de Dieu. C’est cette même beauté qui va être donnée, par grâce, à nos amis catéchumènes, par les sacrements de la nuit de Pâques.
Pour accéder à notre beauté spirituelle dans le combat du Carême, des armes nous sont données : l’eau et la lumière. Durant la nuit pascale, nos amis catéchumènes recevront l’eau du baptême, la lumière de la confirmation pour communier au pain eucharistique, le pain de la vie.
Aujourd’hui, après la beauté de la Transfiguration de dimanche dernier, de quelle beauté spirituelle nous parle l’évangile de la samaritaine ? Un des moyens de de bien lire l’évangile pour qu’il ne soit pas seulement un texte, mais une parole vivante, c’est de nous identifier à un des personnages. Je ne vous suggère pas de nous identifier à Jésus, ou à la samaritaine ; je vous suggère de vous identifier au puits.
Vous connaissez la beauté d’un puits, non pas d’abord sa beauté physique, avec sa margelle, sa roue qui grince, sa corde et son seau. Non. Je parle de la beauté de ce qu’il incarne. Saint Exupéry le dit à merveille : « Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part. » Ce n’est pas le puits qui se donne l’eau à lui-même ; il la reçoit par la pluie ou par infiltration. De même, nous recevons comme un cadeau l’eau du baptême. Et l’eau que nous recevons est faite pour désaltérer. La beauté du puits vient de ce qu’il contient et de ce qu’il donne. Nous recevons le Christ pour donner le Christ. Notre beauté est d’être des disciples-missionnaires, comme le dit le pape François.
A tous, y compris à moi-même, mais surtout aux amis catéchumènes, je souhaite la beauté du puits, la beauté de celui qui reçoit et qui donne la Vie du Christ. « (Le Petit Prince) but, les yeux fermés. C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment…Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau. »